13 09 16 – Pour quelle raison Monsieur Vital Kamerhe a-t-il choisi de se brûler dans un dialogue non inclusif ? Par M. Fwele Diangitukwa, chercheur, politologue, écrivain, auteur de nombreuses publications

Les compatriotes, qui suivent avec intérêt l’évolution de la situation politique dans notre pays, observent, avec regret, l’inconstance de M. Vital Kamerhe. Sans vouloir remonter loin dans le passé, tous les Congolais savent qu’en 2006 ce dernier a « vendu » au prix le plus fort la candidature de M. Joseph Kabila qui l’a très bien remercié, financièrement et politiquement car il a fait de lui le président de l’Assemblée nationale, même si lui-même s’attendait à être nommé Premier ministre. Pour pousser les Congolais à voter pour son candidat, il a non seulement écrit tout un livre intitulé « Pourquoi j’ai choisi Kabila », mais il est allé plus loin jusqu’à faire croire à l’opinion publique que ce dernier était porteur d’un diplôme universitaire obtenu dans une université privée américaine, alors que, selon les enquêtes menées par les compatriotes vivant aux États-Unis, il n’en était rien. Tout le monde sait que M. Kamerhe a servi le régime avec zèle pendant qu’il a été président de l’Assemblée nationale et c’est pendant cette période que l’idée de se positionner comme futur candidat à l’élection présidentielle est née en lui. Tout le monde sait qu’il serait resté à l’Assemblée nationale s’il n’a pas été défenestré de ce poste.
En quittant M. Kabila, il s’est déclaré, très rapidement, opposant au régime qu’il venait à peine de quitter. Cela a créé un doute et des soupçons, c’est pourquoi beaucoup de Congolais ont préféré l’observer avant de se prononcer non seulement sur la cohérence de son choix mais surtout sur sa constance.
Tout le monde sait que M. Vital Kamerhe s’est rapproché de M. Étienne Tshisekedi pendant les élections de 2011, en espérant qu’il prendrait la direction de l’opposition. Mais lorsqu’il a réalisé qu’il n’avait aucune chance de le convaincre, il a pris la résolution de s’éloigner de lui pour aller frapper à la porte de M. Léon Kengo wa Dondo tout en gardant le même espoir de le dribbler pour prendre la tête de l’autre aille de l’opposition. Là aussi, il a essuyé un autre échec. Faisant cavalier seul, il s’est mis à convaincre certains Congolais de l’accompagner dans sa lutte pour un Congo nouveau. Beaucoup ont cru en lui mais beaucoup d’autres ont continué à marquer des doutes, attendant le long terme pour trancher sur sa constance.
Au début de 2016, M. Vital Kamerhe a pris position contre le dialogue convoqué par le président Kabila, le qualifiant de dialogue-piège. Des Congolais ont applaudi et l’ont suivi car M. Vital Kamerhe a clairement épousé le choix des Congolais dans leur majorité. La vidéo suivante reprend les propos fermes qu’il a tenus pour refuser d’aller à un dialogue dont l’issue était connue d’avance. Suivez :
https://www.facebook.com/bulakatyndongala.somosomo/videos/vb.100000824542843/1089616664409141/?type=2&theater
Alors qu’il prônait l’union de l’opposition pour vaincre la tyrannie actuelle, à la grande surprise de tous, M. Vital Kamerhe a refusé d’aller à Genval en Belgique où les opposants s’étaient réunis en « Conclave » pour construire ensemble l’union de l’opposition qui faisait toujours défaut.
Alors que beaucoup de Congolais croyaient que celui qui se dit être l’homme le plus populaire à l’Est était toujours cohérent avec son refus de dialoguer avec le régime dictatorial, M. Vital Kamerhe a surpris les Congolais et le staff de son parti – l’UNC – en acceptant le même dialogue qu’il refusait auparavant, dirigé par le même facilitateur – Edem Kodjo – qu’il récusait auparavant. Que s’est-il passé dans sa tête ? Quelle promesse lui a-t-on faite ? Répondant aux questions de M. Christian Lusakweno, M. Vital Kamerhe, oubliant complètement les propos qu’il a tenus auparavant pour refuser le dialogue, et devenu subitement second modérateur du dialogue, a demandé et obtenu la suspension des travaux après le 1er jour d’ouverture afin de convaincre le camp de M. Étienne Tshisekedi de rejoindre le dialogue. La vidéo suivante reprend les propos fermes qu’il a tenus pour appeler les opposants restés en dehors du dialogue de le rejoindre. Suivez :
https://www.youtube.com/watch?v=piqa4A2sx_w&spfreload=10
Malheureusement, personne n’a répondu à son appel. Comment expliquer que M. Vital Kamerhe a préféré poursuivre ses travaux à la Cité de l’ONU, sans démissionner pour rester cohérent avec lui-même et prouver à l’opposition qui refuse le dialogue qu’il est de cœur avec elle ? A-t-il cessé de se considérer opposant ou préfère-t-il rejoindre le camp de « l’opposition républicaine » chère au président du Sénat, M. Léon Kengo wa Dondo ou la mouvance présidentielle ? La question reste ouverte.
En tout cas, ce qui parait vraisemblablement être de l’incohérence lui a fait perdre le numéro 1 (Ewanga) et le numéro 2 (Lubaya) de son parti. En un mot, à cause de son inconstance, il s’est brûlé car il lui deviendra difficile de convaincre les Congolais de son appartenance à l’opposition. Si en 2006, M. Kamerhe a choisi ouvertement le candidat Kabila en menant sa campagne électorale (voir son livre cité plus haut), il vient de (re)choisir son ancien patron en défendant publiquement le glissement. Comment comprendre qu’il fasse ce choix alors que la Constitution est claire en matière du nombre de mandats présidentiels ? M. Vital Kamerhe a choisi de « déchirer » publiquement la Constitution (article 220) et de narguer ouvertement le peuple congolais qui ne veut pas d’un dialoguer qui ouvrirait les portes du glissement et/ou d’un troisième mandant par le vote du scrutin indirect en lieu et place du scrutin direct. Pour quelle raison M. Vital Kamerhe a-t-il préféré, sans aucun état d’âme, rejoindre le dialogue devant ce qui semblait être un choix cornélien ? Que va-t-il devenir ? Si, après le dialogue, il accepte d’être nommé Premier ministre (ou nommé à un poste important), il confirmera ce que tout le monde pensait, c’est-à-dire qu’il était un espion dans l’opposition. Si le dialogue échouait à cause de son maque d’inclusivité, ne risquera-t-il pas de rencontrer beaucoup de peine pour réussir son come back dans l’opposition ? Les ressortissants de l’Est (dans les deux Kivu), qui comptaient sur lui, ne risquent-ils pas de le honnir voire de le rejeter pour avoir choisi le camp des dirigeants véreux qui n’ont jamais organisé leur protection contre leurs bourreaux rwandais et ougandais qui les massacrent en les égorgeant comme de simples bêtes sauvages ?
Vers l’échec du dialogue ?
Pour qu’une négociation réussisse, il faut réunir les principaux acteurs en conflit. C’est un principe cardinal [J’y reviendrai dans un prochain article consacré exclusivement sur ce thème]. Je peux penser que MM. Edem Kodjo, Léon Kengo wa Dondo et Vital Kamerhe le savent. Mais pour quelle raison préfèrent-ils passer outre tout en sachant qu’ils perdent leur temps car les résolutions seront refusées par le peuple ? En tout cas, le Nonce Apostolique de l’Église catholique en RDC le leur a rappelé dans la vidéo suivante dans laquelle il dit clairement que le dialogue actuel est un échec car « il ne peut y avoir un dialogue inclusif sans Tshisekedi et Katumbi ». Et il a pleinement raison. Suivez cette vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=SSHl6m2mn1c&feature=youtu.be
L’avant-dialogue ressemblera-t-il à l’après-dialogue comme pour les concertations nationales ? Il faut attendre l’issue des travaux pour répondre avec objectivité. En tout cas, ce qui choque le plus lorsqu’on se penche sur l’organisation du dialogue, c’est de savoir que le « contenu » ou le programme des travaux qui se tiennent à la Cité de l’OUA a été boutiqué avant la convocation dudit dialogue et les délégués ne font qu’accompagner et confirmer les différents choix déjà faits par le régime en place. C’est M. Léonard (She) Okitundu qui l’explique dans la vidéo suivante à partir de la 12ème minute :
https://www.youtube.com/watch?v=ERuxk9fQXPk
Mais pourquoi avoir dépensé tant d’argent du Trésor Public dans des rencontres secrètes en Italie, en Espagne et à Paris si le contenu du dialogue a déjà été défini en l’absence des représentants du peuple ? La preuve de cette affirmation se trouve dans les revendications des membres du Rassemblement (dirigé par Étienne Tshisekedi) qui ne se reconnaissent pas dans le contenu du dialogue défini par le facilitateur. Ils l’ont fait savoir en envoyant leur cahier des charges aux autorités des Nations unies et de l’Union Africaine. Mais de quel droit le facilitateur s’est-il autorisé de convoquer des personnalités politiques pro pouvoir sur sa liste privée ? A-t-il agi ainsi dans le but de fabriquer un courant majoritaire en faveur du pouvoir sortant pour le favoriser ? Il faut le penser. Lorsque des Congolais le qualifient de partial, ils peuvent avoir raison, car M. Edem Kodjo ne joue pas franc jeu.
Gouverner c’est prévoir, dit-on. Pour quelle raison les dirigeants actuels n’ont-ils pas prévu au début de leur mandat ou à mi-mandat qu’il leur sera impossible d’organiser les élections en 2016 ? Pourquoi ont-ils attendu la fin pour le faire savoir ? Ce choix volontaire de leur part confirme ce que nous avons toujours soutenu, à savoir : leur volonté d’organiser le glissement pour se maintenir au pouvoir. Ainsi, les arguments avancés par M. Léonard Okitundu relèvent du colmatage pour camoufler les vraies intentions. Si les hommes du pouvoir reconnaissent l’impossibilité d’organiser les élections dans le respect des articles de la Constitution, ils doivent accepter de démissionner en bloc pour permettre à une nouvelle équipe, plus compétente et plus respectueuse des institutions, de relever le défi. Nous ne pouvons pas soutenir une République dans laquelle tous les dirigeants sont sans mandat électif, du chef de l’État jusqu’aux députés provinciaux. C’est du jamais vu dans une République qui se dit démocratique. Le régime actuel est arrivé à la fin de son second et dernier mandat, le temps est venu d’établir un ordre républicain nouveau pour sauver la Constitution. C’est l’unique moyen d’éviter l’anarchie généralisée. Dans le cas contraire, ce sera une porte ouverte à la révolte populaire que personne ne sera capable de gérer. Jouer au malin n’est plus possible, surtout lorsque le premier concerné se cache derrière un mutisme déroutant, rendant ceux qui s’expriment en son nom responsables à part entière de leur prise de position publique. Il faut que ceux-ci réfléchissent au risque qu’ils prennent inutilement en foulant publiquement au pied les prescrits (articles verrouillés) de la Constitution.
Lorsque les autorités gouvernementales ne respectent pas la Constitution ou lorsque M. Vital Kamerhe appelle publiquement les opposants de le rejoindre à la Cité de l’OUA pour organiser ensemble le glissement au mépris de l’article 220 de la Constitution, que peut-on attendre ? N’est-ce pas l’occupation des rues par le peuple qui rappellera avec raison le non-respect de la Constitution ? À qui incombera la faute ? N’est-ce pas à tous ceux qui s’expriment au nom du chef de l’État ? En tout cas, personne ne reprochera ce choix au peuple, car le pouvoir a déjà tout verrouillé et l’a trahi en ne respectant pas l’article 220. Devant l’impasse actuelle, les jeunes disent ceci : http://congomikili.com/frappe-ya-le-19-septembre-population-atomboki-alobi-kabila-il-faut-akende-kaka/
Comme le peuple congolais a toujours été pacifique et silencieux, le président Kabila s’est permis de déclarer qu’il ne se passera rien le 19 décembre 2016. Il faut croire qu’il s’est lourdement trompé car, si le peuple est déterminé à occuper la rue pendant longtemps, il vaincra et ceux qui bloquent l’ordre constitutionnel seront honnis, conspués, vilipendés à jamais. Le peuple en a marre d’être désabusé. Suivez les propos qui annoncent ce qui arrivera :
https://www.facebook.com/bulakatyndongala.somosomo/videos/1089616664409141/
C’est en bloquant la voie à l’alternance que les cadres du MPR avaient ouvert la voie à l’entrée de l’AFDL. Ce qui a été un bénéfice en 1987 risque de se retourner contre elle à cause de l’entêtement des dirigeants actuels issus de l’AFDL venue du Rwanda, avec, dans ses bagages, l’actuel chef de l’État, Joseph Kabila.
La trahison et l’abandon ont des limites. Le peuple congolais ne peut plus attendre. L’avenir du Congo est très incertain à cause des autorités qui défendent leurs propres intérêts en se coalisant contre le peuple congolais pour le maintenir dans la soumission. Ils sont aidés par un réseau occulte qui vole à leur secours, comme le montre les images de cette vidéo :
https://richzhh.bluewin.ch/cp/ps/main/richui/main_swisscom#
Peuple congolais, mettons-nous en marche pour préparer notre avenir en nous débarrassant du tyran et de ses suppôts.

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.