20 04 17 – Depuis son Diocèse de Kilwa-Kasenga. RDC : Mgr Fulgence Muteba insiste sur la signature rapide de l’Arrangement Particulier

EXTRAITS DE SON HOMÉLIE DE PÂQUES
Chers frères et sœurs,
Chers diocésains,
Pendant quarante jours, nous nous sommes préparés à célébrer la Pâques du Seigneur, solennité des solennités dans la vie de l’Eglise, sommet de notre foi. Nous y voici parvenus dans la joie. En effet, comme l’a si bien dit l’Apôtre Paul : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi » (1 Co 15, 16). Cette parole de l’Apôtre des Gentils souligne avec clarté que la résurrection de notre Seigneur est le cœur de la foi de l’Eglise. De fait, Christ est au centre de notre foi. Il est vraiment ressuscité. Il est à jamais vivant. Nous le confessons et nous le proclamons avec la plus solide conviction.
JESUS, DIEU VIVANT, TRIOMPHE SUR LES TENEBRES
Dieu, en qui nous croyons, est un Dieu vivant. Dans la résurrection de son Fils Jésus Christ, que nous commémorons aujourd’hui, nous en avons la preuve la plus irréfutable. Christ est vivant. Il est apparu à ses disciples. Avec une vive émotion et une assurance exceptionnelle, Pierre témoigne : « Mais Dieu l’a ressuscité ; pendant de nombreux jours, il est apparu à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, ceux-là même qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple » (Ac 13, 30-31).
Jésus Christ est vivant parmi nous, dans sa Parole que nous écoutons chaque jour, nous interpelle, nous réconforte et nous console. Il est vivant dans cette Parole qui nourrit notre foi et nous rendcapables de nous pardonner les uns autres oude poser des actes de justice et de charité. Il est vivant dans les sacrements de l’Eglise, à travers lesquels Il nous transmet la vie qui vient du Père. Dès lors, nous sommes appelés à l’annoncer au monde entier. Saint Paul ne nous dit-il pas que l’essentiel de sa prédication, c’est l’annonce de Jésus Christ mort et ressuscité (Cf. 1 Co 15, 1-12) ? Voilà pourquoi il dit encore : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16).
En ressuscitant, Jésus Christ notre Seigneur a vaincu la mort. Il a triomphé des ténèbres. Cette victoire historique traverse tous les temps et donne la force à tous les chrétiens. Forts de cette victoire, nous qui croyons en Lui, nous n’avons plus rien à craindre dans ce monde. Le ressuscité nous rend forts, de la même manière qu’il a sorti les Apôtres de la peur et de la torpeur au lendemain de sa résurrection. Il faut préciser, cependant, qu’il ne s’agit pas d’une force physique d’abord, mais bien évidemment de la force de la foi. C’est la foi en la résurrection qui nous rend victorieux avec le Christ. C’est elle qui est notre arme la plus redoutable devant le péché et aussi devant toutes les forces des ténèbres qui nous rendent esclaves. Répétons-le : la foi en Jésus ressuscité est notre arme. Par elle, le Christ nous libère de toutes sortes d’esclavages qui nous tiennent prisonniers. Ces esclavages ne sont pas que de type spirituel, mais aussi culturel, social, économique et politique. C’est de tout cela que le Christ, en ressuscitant, nous libère.(…).
CHRIST RESSUSCITE NOUS ILLUMINE
Chers frères et sœurs,
Chers diocésains,
La solennité de Pâques nous rappelle également que Jésus Christ est lumière du monde (Cf. Jn 8, 12). Telle est la signification du culte de la lumière qui a introduit notre célébration de la veillée pascale et dont le cierge pascal est le symbole le plus éclatant. Non seulement que cette lumière éclaire le chemin qui nous conduit à la vie éternelle, mais aussi elle illumine les conditions dans lesquelles nous vivons. 
La lumière de la résurrection nous amène à porter un regard éclairé sur nos conditions de vie dans notre société. Elle nous conduit à mesurer à quel point notre pays est enchaîné dans les ténèbres du péché, asservi par la volonté de certains d’entre nous, corrompu et plongé dans une crise profonde. Au plan politique, toutes les institutions électives sont au-delà de leur mandat constitutionnel ; ce qui est d’une extrême gravité en démocratie. L’économie nationale est en déliquescence. Notre monnaie connaît une inflation sans précédent. La pauvreté se généralise. L’inquiétude et le doute s’installent dans les cœurs et les esprits des Congolais. Ici,  même à Kilwa, manger le foufou de maïs, la nourriture de base préférée des Katangais, tend à devenir un luxe pour certaines familles. Nous sommes au bord de la famine. L’argent ne circule pas. Dès lors, beaucoup de gens s’interrogent : que doit-on faire pour sortir de cette impasse ?
Ces problèmes sont complexes et demandent sans doute des années entières pour être résolus. Pour le moment, il est urgent d’éviter le chaos. Nous affirmons avec force la primauté de l’Accord de la saint Sylvestre, contenant des acquis incontestables sur lesquels toutes les parties prenantes aux négociations du Centre Interdiocésain de Kinshasa se sont mises d’accord.  Cet Accord est un compromis politique, négocié au prix d’immenses sacrifices. Il est indispensable pour sauver la République, en cette période où toutes les institutions à mandat électif ont perdu leur légitimité.
Conformément à la volonté des participants à ces négociations directes entre le Pouvoir et l’Opposition, nous recommandons son application intégrale, et non sélective, dans l’immédiat, pour sortir la République Démocratique du Congo de la crise et arrêter sa décente aux enfers ; avant qu’il ne soit trop tard. Une application partiale ou partielle, et donc sélective, dénature cet Accord et peut être porteuse des germes de conflits qui risquent d’aggraver une situation politique déjà très tendue.
L’application intégrale de l’Accorde de la saint Sylvestre doit commencer concrètement par la signature solennelle de l’Arrangement particulier. Pour rappel, celui-ci fait partie intégrante de l’Accord de la saint Sylvestre. Dès lors, on ne peut pas prétendre appliquer l’Accord sans en même s’engager à signer l’Arrangement particulier. Ce serait une contradiction flagrante.
Les deux points de divergences ayant conduit à l’impasse actuelle,et devant trouver solution dans le dialogue, ne diminuent en rien la valeur juridique et politique de cet Accord que tout le peuple congolais et toute la communauté internationale ont salué. Il serait illogique, voireinsultant autant aux parties prenantes qu’à la médiation, de passer outre cet Arrangement particulier, fruit d’intenses concertations et de multiples concessions de part et d’autre.
Outre la signature de l’Arrangement particulier, l’application de l’Accord doit consister à mettre en application les mesures de décrispation politiquearrêtées par tous les participants de manière consensuelle. Le bon sens nous amène à croire que sans cette décrispation, l’Accord ne pourrait résorber la crise actuelle, dont la gravité se mesure à la détérioration affligeante des conditions de vie de notre peuple et à la montée inquiétante de l’insécurité.
L’exécution de ces mesures est, à coup sûr,une préparation judicieuse de la cogestion apaisée du pays par les parties prenantes aux négociations pendant cette période délicate. Tout bien considéré, c’est un gage d’apaisement et une preuve de patriotisme pour consolider l’unité de la nation congolaise ; en tout cas une garantie de la tenue d’élections réellement transparentes, crédibles et démocratiques.
Par contre, la non-exécution de ces mesures de décrispation politique traduit, à n’en point douter, la volonté implicite du Pouvoir en place d’écarterdélibérément certains candidats gênants, qui sont maintenus en dehors du pays pour des motifs peu convaincants, ou de priver des moyens de propagande à ceux qui sont dans l’Opposition. Pareille tactique affecte inexorablement la crédibilité des scrutins à venir et n’augure nullement leur apaisement. Comment ne pas croire qu’il s’agit là d’une manœuvre pour éviter une compétition électorale réellement démocratique,ouverte à tous?  
Appliquer l’Accord du 31 décembre 2016, c’est également mettre en œuvre son Conseil National de suivi (CNSA). A ce propos, le tour de force herméneutique et les supputations sur la présidence de cette importante institution, après la mort du regretté Etienne Tshisekedi, relèvent de la mauvaise foi. Il est absurde qu’un poste de quelques mois fasse l’objet de tant de convoitises. 
En somme, l’application de l’Accord nécessite, de part et d’autre, la confiance mutuelle, la bonne foi, l’honnêteté et surtout la volonté politique, sans lesquelles on ne saurait bâtir une nation. Ces vertus, qu’il faut à juste titre considérer comme des qualités politiques, sont impérieuses dans le monde politique,surtout en ce temps de crise, pour garantir le bien commun du peuple congolais. A cet effet, il ne sert à rien de tergiverser:la nomination récente d’un premier ministre sans le consentement du chef de file de l’Oppositionest, sans plus ni moins, un faux pasdans l’application de l’Accord. C’est une violation pure et simple de cet Accord, dont tout le monde se réclame des bouts des lèvres. A vrai dire, ce faux pas n’est que l’autre paire de manche d’une stratégie politique de sabotage de l’Accord qu’augurait déjà la signature « sous réserve » du même Accord par la Majorité présidentielle dans la nuit du 31 décembre 2016. Manifestement, il y a carence de volonté politique de cette famille politique qui, par moment, souffle le chaud et le froid.
Pour nous, la période actuelle de l’histoire de notre pays est un tournant, un virage que la classe politique dans son ensemble doit négocier avec sagesse. Pour cela, il faut absolument repousser d’une part la tentation des fausses solutions aux vrais problèmes, auxquels nous faisons face et, d’autre part, éviterde développer la paranoïa de créer des boucs émissaires. Séduisantes, les fausses solutions sont par nature et par essence aléatoires. Ce sont des raccourcis alléchants, des « provisoires », qui ont tort d’esquiver les vrais enjeux. Parallèlement, en occultant les solutions aux vrais problèmes, la tentation de fausses solutions conduit, très souvent,à créer et à charger des boucs émissaires en s’innocentant. Telle nous paraît l’attitude de la frange de la classe politique qui est au pouvoir face aux divergences qui ont bloqué la signature l’Arrangement particulier de l’Accord du 31 Décembre 2016. Nous avons l’impression que les querelles intestines du camp de l’Opposition ont servi de prétexte pour amplifier la crise par la nomination d’un premier ministre, chef de gouvernement, en violation des prescrits de l’Accord.Il faut se hâter pour revenir aux bons sentiments en empruntant le chemin de l’application sans-faute de l’Accord, seule feuille de route crédible pour garantir des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées, dans le délai convenu.
L’Opposition, quant à elle, doit faire preuve de plus de sens de responsabilité en évitant d’offrir des prétextes de blocage à la frange de la classe politique qui est au pouvoir. Le spectacle qu’elle présente actuellement au peuple congolais ne contribue pas au bien commun. La cogestion de la nation avec les adversaires politiques n’est pas une sinécure. Elle nécessite une politique de la prévention de crises qu’il faut anticiper ou, lorsque celles-ci adviennent, de les résorber sans perdre la face. Une Opposition digne de ce nom se construit autour et avec des hommes d’honneur et des convictions, capables de résister à la tentation de la corruption et de l’enrichissement facile.
Que les uns et les autres profitent de la grâce du ressuscité pour sortir notre beau pays de cette crise qui ne nous honore point.
DEVENIR DES HOMMES NOUVEAUX ET DES FEMMES NOUVELLES
Chers frères et sœurs,
Chers diocésains,
Le Christ ressuscité nous invite à devenir des hommes et des femmes nouveaux. Nous devons nous défaire du vieil homme avec ses habitudes pour revêtir l’homme nouveau (Cf. Col 3, 10), munis de la grâce de la résurrection(…).
Mgr Fulgence MUTEBA
Evêque de Kilwa-Kasenga 

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