08 01 18 – DECLARATION DU CARDINAL LAURENT MONSENGWO EN MARGE DE LA MARCHE DU 31 DECEMBRE 2017

Nous
sommes témoins d’incidents malheureux survenus le dimanche 31 décembre 2017
lors de la marche pacifique et non violente organisée par le comité laïc de
coordination, dans le but de réclamer l’application réelle de l’Accord
politique global et inclusif du Centre Interdiocésain de Kinshasa (Accord de la
Saint-Sylvestre), accord violé volontairement.  Ceci crée un malaise
socio-politique que traverse notre cher et beau pays, la RD Congo (cf. Message
de l’Assemblée plénière extraordinaire des Evêques de la Cenco, 24 novembre
2017).

Nous
ne pouvons que dénoncer, condamner et stigmatiser les agissements de nos
prétendus vaillants hommes en uniforme qui traduisent malheureusement, et ni
plus ni moins, la barbarie.  Nous en voulons pour preuves : le fait
d’empêcher les fidèles chrétiens d’entrer dans les églises pour participer à la
messe suivant l’ordre reçu d’une certaine hiérarchie militaire, le jet de gaz
lacrymogène pendant la célébration eucharistique dans les différentes paroisses
de Kinshasa, le vol d’argent, d’appareils téléphoniques, la poursuite, la
fouille systématique des personnes et de leurs biens dans l’église et dans les
rues, l’entrée des militaires dans les cures de quelques paroisses sous
prétexte de rechercher les semeurs des troubles, les tueries, les tirs à balles
réelles et à bout portant sur des chrétiens tenant en mains bibles, chapelets
et crucifix, les arrestations des prêtres et fidèles, etc.

Nous
demandons aux uns et aux autres de faire preuve de sagesse et de retenue. 
Que des mystifications présentées comme informations véridiques et
fiables.  Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique,
que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo.

Comment
ferons-nous confiance à des dirigeants incapables des protéger la population,
de garantir la paix, la justice, l’amour du peuple ?  Comment ferons-nous
confiance à des dirigeants qui bafouent la liberté religieuse du peuple,
liberté religieuse qui est le fondement de toutes les libertés (cf. Benoît XVI,
Liberté religieuse, chemin vers la paix) ?

Le
sait-on, la liberté religieuse est un élément essentiel de l’Etat de droit, on
ne peut la nier sans porter atteinte à tous les droits et aux libertés
fondamentales.  L’instrumentalisation de la liberté religieuse pour
masquer des intérêts occultes comme par exemple l’accaparement des ressources,
des richesses, le maintien au pouvoir par des méthodes anticonstitutionnelles,
peut provoquer et provoque des dommages énormes aux sociétés, en l’occurrence
la nôtre.

Nous
voulons un Congo des valeurs et non d’antivaleurs.

Puisse
le Seigneur accorder à notre pays une paix durable dans la justice et la
vérité, et à nos morts pour la liberté, le salut éternel.

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