09 03 18 Le Soft International – Thèrèse Pakasa Tulula, la Dame d'acier
Elle décline toutes les dates avec précision. «La prison de lAND, je connais comme ma chambre à coucher», rappelle-t-elle sans remords, au «Soft International» (n°1000, daté 3 août 2009), quelle choisit pour raconter une histoire qui vaudrait un film à Hollywood. Elle nargue le régime comme jamais auparavant. Elle est reléguée dans son Gungu natal. Mais ne laisse pas prise. Cest en 1987, à Brazzaville, quelle rencontre Antoine Gizenga délaissé par des camarades réfugiés et opposants arrivés de Kinshasa. Elle arrache de lancien Vice-premier ministre de Lumumba déifié à Gungu mais comme à son ordinaire jamais déterminé, lautorisation de défier publiquement Mobutu au faîte de son pouvoir afin de sauvegarder un PALU devenu un champs des ruines. Quand en 1992, Gizenga met fin à son exil brazzavillois, il déclenche lOTT, Opération Tremblement de terre, en remettant pied dans son pays, qui fait esclaffer dun rire fou un Mobutu triomphant et fait flop. Quimporte! Thérèse Pakasa Tulula est là. Elle accueille le couple Gizenga éreinté par des années de braise épuisantes, offre sa maison, sa chambre à coucher, son lit, une cuillère et une fourchette, mais se fait évincer dans lincompréhension peu après de ce parti quil a fait exister. Cette femme dacier Pende de Gungu – issue du secteur de Lonzo quand Gizenga, Pende comme elle, vient de Kandale – depuis cette même petite et modeste maison de Matete, lutte, désormais, entre la vie et la mort. Abandonnée!
Venue du Kwilu où elle vit avec son mari, sa fille Anne-Marie Mafuta est à son chevet dans cette chambre jadis prêtée au couple lumumbiste quelle ne quitte plus doù elle lance un appel pathétique à toutes les personnes de bonne volonté. «Ma mère est une grande icône pro-démocratie de ce pays. Elle ne peut sen aller sans que nul ne sen soucie, dans un tel état doubli total».
Ci-après, linterview-confession de Maman Thérèse Pakasa Tulula parue dans «Le Soft International» (n°1000, daté 3 août 2009). Aucun doute possible: la crise qui sévit au PALU, partenaire clé de la Majorité Présidentielle AMP, nira pas sans laisser des traces sur la configuration politique du pays. Elle a fait irruption avec la fronde des jeunes qui réclamaient plus de considération et voulaient décider du sort de certains de leurs aînés disqualifiés à leurs yeux. Gizenga a fait mine de lâcher du lest avant de se rebiffer. Mais voilà que les Vétérans entrent en lice en annonçant lincroyable: léviction du Patriarche accusé de tous les péchés suivie dune campagne médiatique surréaliste pour un parti jusque là sans histoires. Et de deux: la rentrée arrive à pas de géant avec ses promesses et ses incertitudes. Alors que «le Soft» passe la barre du millième, en attendant ses vingt ans, notre journal est choisi par Mme Pakasa, licône Palu des années de plomb. Une interview exclusive et historique qui fait comprendre les jeux qui se jouent et les alliances qui se nouent. La dure Dame du PALU des années Mobutu fait un procès à charge. Signe que le changement a la peau dure au sein du PALU. Dans une interview exclusivement réservée au «Soft International» – «refusée à dautres», nous révèle-t-elle – elle évoque avec peine ses années tristesse, les peines quelle a endurées, lingratitude. Elle est très sévère avec la gestion du PALU dAntoine Gizenga Fundji. Signe que la guerre au sein du mouvement lumumbiste est déclenchée, les divergences réelles et profondes.
Thérèse Pakasa nous reçoit chez elle, à Matete. Elle parle français – quelle maîtrise parfaitement. Elle a quelques questions «personnelles, sensibles», mais dénude lessentiel.
Comment vous présenter?
Je suis une Pende, du secteur de Lozo, territoire de Gungu, district du Kwilu, province du Bandundu. Jai eu six enfants. Deux sont morts suite à tout ce que jai vécu. Dures épreuves. Jai étudié jusquen deuxième Normale – comme on le disait en ce moment-là, à la mission catholique Leverville, aujourdhui Sowa. Je suis une ménagère. Les capacités que jai viennent de Dieu. Chacun de nous naît avec. Ces qualités sont divines. Puis, un jour, elles se manifestent. Cest question de les utiliser à bon escient.
Êtes-vous du village de Gizenga?
Lui, il est Pende, de Kandale. Son village cest Makala. Certes, dans le Gungu…
Quand vous parlez de qualités divines. à qui pensez-vous?
Lumumba na pas fait de grandes études. Voyez ce quil a pu représenter et ce quil représente. Il na fait que cinq ans de primaire. Sa pensée politique nen fut pas moins sublime. Il valait plus quun universitaire. Moi, qui vous parle, je nai pas été à lUniversité. Jai pourtant eu à gérer le PALU, fort bien. Pour gérer, diriger, il faut avoir ces capacités divines…
Vous êtes une figure bien connue au sein du PALU. Avez-vous de la force physique pour continuer la lutte politique qui est dure?
Je suis restée en marge de tout, quinze ans durant. Et je pense que jai beaucoup de force, aujourdhui. Beaucoup plus quavant. La force cest moral, mental, spirituel. Le mental ne vieillit pas. Cest le physique qui vieillir.
Le mental reste intact, toujours plus fort. Quand on est dans la vérité, on exprime des qualités morales, spirituelles, et cela vous aide à être chaque jour plus fort. Jai encore toutes les capacités de mener la lutte. Il ne sagit pas seulement de lutter contre ces gens du PALU mais contre tous ceux qui nous empêchent de nous développer. Nous luttons contre le colonialisme qui sest mué en néocolonialisme. Nous avons eu lIndépendance mais nous navons pas un système de Gouvernement approprié ni un mode daction approprié. Colonialisme et néocolonialisme, cest du pareil au même. Donc, il faut maintenant lutter pour changer. Il nous faut désormais créer un état indépendant et souverain. Ceux qui pensent que jai vieilli se trompent.
Quinze ans, loin de la politique, cela ne vous a-t-il pas fait perdre des repères…
Ces années de silence ont été des années de travail. Quand Antoine Gizenga était en exil, cest moi – et moi seule – qui avais organisé le parti. Jai implanté le parti. Jai organisé les manifestations aux risques et périls de ma vie. Quand il est revenu en 1992, il a pris ma place. Nous avons travaillé avec lui mais, plus tard, il y a eu des divergences. Et il ma destituée de mes fonctions. Et je me suis retirée. Mais je regardais tout ce qui se passait dans ce parti, le mien, le nôtre.
On vous appelle la Dame de fer. Comment vous vous êtes laissé débarquer du PALU, parti que vous avez dirigé des années durant?
Gizenga avait le regard tourné ailleurs. Il trompait lopinion. Il se faisait proclamer nationaliste. En réalité, il nen est pas un. Moi, je lai découvert. Gizenga na que les intérêts en tête. Vous pouvez voir cela aujourdhui.
Vous pensez à lingratitude…
Il ny a pas un autre mot. Cest de ça quil sagit. Je leur ai tout laissé: ma chambre à coucher, mon lit, mes draps, etc. Renseignez-vous auprès des voisins. Javais transformé ma maison en permanence du PALU, puisquà lépoque, le parti ne disposait de rien. Même pas dune chaise.
Le PALU est aujourdhui aux affaires, vous souffrez den être éloignée…
Je suis abandonnée à moi-même. Je vis dans ces conditions que vous pouvez voir. Ils ont tous, tout oublié. Cela prouve quils ont la mémoire courte. Jai fait la prison pour le PALU, pour Gizenga. Toute ma famille a fait la prison avec moi: ma mère – une vieille dame -, un bébé de deux semaines. Gizenga connaît tout. Certes, limportant est de défendre le PALU. Gizenga et son groupe ont trahi le peuple, le parti et toutes les valeurs du PALU dont ils faisaient semblant de porter.
Alors!
Nous nous battons pour les valeurs du PALU. Les valeurs que Lumumba a prônées. Quand il était en exil à Brazzaville, jétais en contact permanent avec lui. Il le sait. Mais je ne comprends pas pourquoi a-t-il agi ainsi. On lappelle Patriarche. Chez les Bantous, cela signifie Sage. Malgré le poids de lâge, il devait se souvenir de tout ça. Cest lhistoire du parti.
Gizenga sétait aussi rendu en Union Soviétique…
Ca, je nen sais rien. Moi, je lai connu à Brazzaville. Pas ailleurs. Il a passé son exil à Brazzaville. Il sétait rendu en URSS certes. Mais avant lexil. Il est reparti en URSS pour un court moment avant son retour définitif au pays. Puis, il sest rendu au Canada pour des soins médicaux.
Quels rapports avez-vous avec son nouvel entourage?
On lappelle Patriarche. Cest-à-dire un vieux. Pensez-vous quun jeune puisse changer ses idées, à son âge? Cest lui qui, au contraire, dirige ces jeunes, qui leur montre la ligne à suivre. Mais les intérêts égoïstes se sont tout simplement croisés. Comme moi aujourdhui, jai une vision de vie, lidéal. Personne ne peut changer ma voie à cause des intérêts égoïstes. Non!
Quand avez-vous commencé votre lutte?
Jai commencé ma lutte en 1987 au sein du PALU. Javais alors cinquante ans.
Comment avez-vous connu Gizenga?
Je me trouvais à Brazza à la rencontre de mon frère. Alors commando et chauffeur de Mobutu, il allait faire un coup contre Mobutu. Malheureusement pour lui, les choses nont pas bien marché. On ignorait où il se trouvait. Un jour, nous avons reçu un message quil sétait exilé à Brazzaville. En 1985, je suis allé encore voir mon frère et, là, japprend que Gizenga sy trouvait en détention. Il venait dAngola. En 1986, on lavait libéré. Le gouvernement du Congo Brazzaville lui avait donné une villa à Mikalu et il en avait profité pour organiser des rencontres avec des réfugiés de R-dC. Avant déjà, je le connaissais bien en 1960, parce quil était le président du PSA et mon défunt mari Christian Mafuta était secrétaire provincial alors que Cléophas Kamitatu était président provincial et Marc Katsunga vice-président provincial. à lépoque, comme président du PSA, il avait initié des tournées. Il sétait rendu à Feshi, Popokabaka… et, enfin, à Gungu où il fut logé chez nous. Puis, je lai revu en 1960 quand il est devenu Vice-Premier ministre. Aussitôt après, il est parti en exil.
Javais perdu toute trace de lui jusquà cette rencontre de 1986 à Brazzaville lorsquil tentait de mettre en place une machine avec ces réfugiés de R-dC. Au fond, je ne leur ai pas trouvé de grandes idées. Tout ce quils faisaient cétait de saccuser mutuellement. Tel a fait ceci, tel cela… Jai suivi et jai compris que Gizenga nirait pas loin. Je me suis mise à poser des questions du type: sont-ce ces gens-là qui allaient réellement libérer le Congo? Et jai dit: «non, je ne pense pas». Après, je suis retournée chez mon frère. Deux semaines plus tard, Gizenga a envoyé sa femme Anne Bumba à ma recherche. Sa femme ma dit: «le vieux a dit «même Thérèse aussi ma fui», parce que tous ces réfugiés lavaient aussi quitté. Moi, jai dit non. Jétais dégoûtée. Puis, jai préparé un repas et leur ai amené. Je lui ai dit à lui et à sa femme tout le mal que je pensais de leurs discussions de ce jour-là et que je ne pensais pas quavec ces gens-là, il pouvait libérer le Congo.
Alors?
Je ne voyais pas en eux de grandes philosophies politiques. Jai senti quils nétaient pas prêts à mener des actions et jai clairement dit à Gizenga quil devait compter sur une relève, une nouvelle génération. Dans le pays, tout avait changé. Il fallait quil évacue la mentalité de Léopoldville quil avait connue. Une nouvelle mentalité sétait mise en place au pays. Il nous fallait des gens très courageux qui connaissent les nouvelles réalités du pays pour faire du travail. Et, il me demande: «Cest ça les nouvelles réalités du pays?» Je lui ai dit oui.
Voulez-vous dire quil avait perdu toute réalité du pays?
Il ne maîtrisait plus rien. Il était hors de tout. Je lui ai dit: est-ce que nous ne pouvons pas organiser des manifestations de rejet de ce régime Mobutu? Il me dit: «Est-ce vraiment cest ce quil faut? Cest donc ce quil faut entreprendre?» Jai répondu par laffirmative. Puis, jai passé un long moment à Brazzaville sans penser le revoir un jour.
Mais voilà quil menvoie à nouveau sa femme, la même, Anne Bumba. Il voulait me rencontrer. Jai dit ne trouver aucun inconvénient. Arrivée chez lui, il me demande si je nétais pas prête à prendre mon adhésion au parti. Je lui ai demandé de quel parti il parlait? Il me répond: le PALU. Je lui demande de me donner les documents du parti – statuts, règlement intérieur, projet de société, etc. – afin que je puisse prendre connaissance de ce que ce parti envisage. Il me remet les statuts du parti et autres documents. Ce qui me touche en prenant connaissance de ces textes, cest le discours de Lumumba et sa dernière lettre écrite à Pauline, sa femme. Jai aussitôt pris mon adhésion. à lépoque, Gizenga était tout seul. Il était à la recherche des gens puisquil avait été abandonné par tous ses anciens camarades.
Pourquoi lont-ils quitté?
Je nen sais rien. Peut-être ny avaient-ils pas vu davenir au PALU. Mais il faut aussi savoir que dans la vie, il y a des gens qui lisent les événements à venir. Peut-être avaient-ils cerné son comportement. Moi, en tout cas, jai pris ma carte de membre. Elle porte le n°8. Comme jétais déjà dans lorganisation, il ma confié des responsabilités. Il a adhéré à mon projet de marches contre le régime et ma demandé de repartir au pays en vue de lancer ces mouvements de protestation. Le 8 mars 1987, jai traversé le fleuve dans le sens contraire. à lépoque, les gens avaient peur de Mobutu. Je nai trouvé que trois femmes plus moi-même. Nous étions quatre. La première manifestation a eu lieu le 23 juillet 1987. Nous avons commencé notre action à lambassade de Belgique et nous avons progressé jusquau niveau de la SONAS. La police nous a arrêtées, on nous a jetées dans les cachots de Mobutu, à lAND, lAgence nationale de documentation, lactuelle ANR. Nous y avons passé un mois et demi avant dêtre libérées. Quand on est sorti de ces cachots, nous avons repris avec le recrutement des femmes, décidées de braver la dictature. Mais, nous nétions plus que deux à mener ces actions. Les deux autres femmes ont été découragées par leurs maris. à nouveau, nous avons été arrêtées, puis torturées.
Chez moi, le mécontentement montait. Ma mère avait trop peur. Elle craignait dêtre abattue par le régime. Je me suis alors mise à leur expliquer les droits fondamentaux, la Déclaration Universelle des Droits de lhomme, etc.
Jai fini par convaincre ma mère qui a marché avec moi. Cétait le 19 avril 1988. Battues, torturées, nous avons à nouveau été enfermées et, cette fois, nous avons passé trois mois en prison avant dêtre reléguées dans nos villages.
Jai fait cinq mois au village. Puis, je suis revenue dans la Capitale en vue de nouvelles manifestations. Malheureusement, une femme ma dénoncée. On ma encore arrêtée le 4 janvier 1989 à quatre heures du matin avec une femme du Kasaï, Christine Kasanji, qui vit désormais aux états-Unis. Nous avons fait trois mois de cachot. Puis, nouvelle arrestation – un certain 15 du mois. Toute la maison avec un bébé de deux semaines a été raflée avant de libérer les enfants. Moi, cette femme Kasanji, ainsi que son mari, avons encore fait trois mois de prison. La prison était devenue ma maison. Malgré tout, je navais pas lâché prise. Jai recruté dautres femmes. Le discours de Mobutu à la NSele a ouvert des opportunités. Gizenga a envoyé le modèle des cartes quon a imprimé. Quand il est revenu en 1992 au pays, nous leur avons tout laissé. Lui et sa femme. Même mon lit. On mangeait tous ensemble. Il aimait occuper cette place (quellle désigne du doigt, ndlr), regardant les passants. Plus tard, il a aménagé dans la commune de Limeté. On a continué de travailler ensemble – et je ne sais doù lui est venu la crainte quil a eu de moi. Il a commencé à me créer des problèmes. Je ne sais pas, peut-être quil a vu que jétais plus active que lui. Et il a voulu peut-être méloigner…
Quel type de relations avez-vous avec sa femme, Anne Mbuba?
Maman Anne ne ma jamais reçue. Mon fils est allé la voir et lui a proposé de lui passer mon numéro de téléphone, elle a refusé. Antoine Gizenga a aussi refusé, expliquant à mon fils que jétais trop orgueilleuse. Que javais laissé tomber le parti, que je navais plus de place au PALU et quil ne savait pas quelles responsabilités il me confierait. Gizenga a oublié que cest lui qui ma écarté du parti.
Vous paraissez très amère?
Jai en tout cas de nombreux reproches à lui faire. Le parti tel que je le faisais fonctionner a complètement changé. Cest devenu un parti des gens qui suivent les intérêts égoïstes. Avant, on disait aux membres que nous cherchons à vous libérer, un pays où chacun pourra être libre et bénéficier de ce que nous avons comme richesse. Les discours ont changé. On entend des discours où les dirigeants cherchent à senrichir et les militants sont de plus en plus poussés à la pauvreté. Aujourdhui, le discours – la voie de Lumumba que lon pensait suivre – nest plus le même. Les décisions qui émanent du peuple ne sont plus prises en compte. Référez-vous à laffaire Mayobo. Gizenga a boycotté toutes les décisions du CENAL, le Conseil de discipline… Cest de la dictature, cest du despotisme. Il réhabilite celui quil veut et chasse ceux quil naime pas. Le PALU nest plus un parti du peuple.
A-t-on désormais deux PALU?
Non, il ny a quun seul PALU. La lutte a lieu au sein du parti. Le PALU avec un seul dirigeant. Gizenga, nous le mettons de côté. Il a bien dit quil est fatigué. Bientôt, nous allons occuper le secrétariat général. La nature a dit non à Gizenga.
Vous avez créé un PALU Progressiste…
Quand Gizenga ma chassée, jai créé un mouvement. Puisque je ne voulais pas mécarter de la logique de Lumumba. Mais ce parti nexiste plus. Les services du ministère de lIntérieur ont écrit à Gizenga pour len notifier.
On mavait donné un délai de six mois pour changer la dénomination, jai refusé. Tous savent cela. Ils disent désormais nimporte quoi.
À quoi ressemble le PALU daujourdhui?
Pas au nôtre en tout cas. Sans mâcher mes mots, le dynamisme nexiste plus dans ce mouvement. Ceux qui suivent ne suivent que pour les intérêts. Chacun cherche à tirer un dividende de ce quil fait. La démotivation des membres est due au fait que les dirigeants suivent deux voies à la fois. Ils cherchent des intérêts égoïstes et font semblant dêtre des nationalistes. Ça ne peut pas marcher. Ces gens-là fragilisent le parti.
Pour les militants du PALU, Gizenga est un demi Dieu…
Cest un demi Dieu pour les ignorants. Ceux qui ne comprennent rien. Sur base de quoi serait il un demi Dieu? Le mythe est tombé. Cest lorigine de la faiblesse du PALU actuellement. Du fait que Gizenga, chef de file, nincarne plus le parti. Tout mouvement dispose des compagnons de lutte et quand ceux-ci ne jouent pas leur rôle ou sont négligés cest le déclin. Vous ramassez des opportunistes, demblée vous tombez puisque ceux là ne recherchent que leurs intérêts égoïstes. Moi, je nai pas connu Mayobo, qui est arrivé bien plus tard. Tout comme Sylvain Ngabu et consorts. Jai commencé avec mes quatre femmes. Après le discours de Mobutu, il y a Fidèle Kianza, Ramazani décédé, docteur Minzia. Puis, dautres personnes nous ont rejoint. Je pense que toutes ces personnes ne sont pas avec lui. Sur le plan idéologique, politique, de la lutte, des combats, nous ne sommes plus ensemble.
Sil samende et redevient le nationaliste auquel jai toujours rêvé, nous pouvons nous retrouver autour dune table. Mais ce que les gens doivent savoir, même si vous êtes issus de la même tribu, cela nempêche pas les divergences. Dans nos villages, les tribunaux ne jugent que les frères et sœurs. La justice est la justice. On ne peut laisser lerreur progresser. Lerreur, nous devons la bannir.
Finalement, cest quoi votre combat politique?
Réaliser lidéal de Lumumba. Sarkozy lavait si bien dit que Lumumba a voulu faire du Congo, au cœur de lAfrique, une nation heureuse. Cest ça mon rêve. Gizenga est tombé de lautre côté mais moi, je continue la lutte. Et ce que nous devons savoir, dans un pays, nous devons avoir une pépinière politique. Et cest dans un parti quon peut trouver ça. Nous devons prêcher la bonne gouvernance.
Nêtes-vous pas coupée de Gizenga en vous annonçant à sa succession?
Gizenga doit être sincère. Il a dit que son état physique est défaillant. Il doit donc pourvoir à son remplacement. Et il ny a pas une autre personne pour le remplacer en dehors de moi. Parce que jai combattu avec lui.
Il a peur que jorganise mieux les choses! Si je prends sa place, il ne doit pas avoir peur. Il restera pour nous une autorité morale. On ne change pas lhistoire. Par contre, je ne suis pas sûre si je peux travailler avec les gens qui lentourent. Sauf sils samendent. Notre parti cest le parti de lunification. Le pouvoir vient du peuple. Cest un va-et-vient.
Que pensez-vous dAdolphe Muzitu?
Il est Premier ministre, cest tout. Je lai connu comme militant quand je coordonnais le PALU.
Je ne cherche pas à savoir la façon dont il gère le Gouvernement. Je sais aussi quil est de Gungu, secteur de Kobo. Mais, personne de ces gens ne cherche à me rencontrer. Même pas un Député du PALU. Jignore pourquoi. Je pense que pour eux, je suis une personne à abattre.
Comment jugez-vous les accords AMP PAU?
Ils auraient dû au préalable se mettre ensemble sur le programme, constituer une commission en vue dexaminer les points communs entre leurs programmes et dégager un programme commun de gouvernement. Si la question avait porté sur la nomination du PALU à la deuxième position de létat sans tenir compte du programme, ce fut une erreur.
PATIENCE. KIMVULA.