1997 – Les derniers jours de Mobutu Sese Seko
La Division Speciale Presidentielle a tenté de tuer Mobutu. Le Colonel
Motoko, assisté du Capitaine Ngani, a fait le récit de lépopée de Gbadolite oû
le Maréchal Mobutu a failli être abattu par ses propres hommes, ceux-là mêmes
qui étaient chargés dassurer sa sécurité !
Lhistoire a commencé, selon le Colonel Motoko, à Kinshasa. Je voudrais ici
rapporter très fidèlement ce que ces deux officiers, à la fois très proches du
Maréchal et de leur chef le Général Nzimbi, mont raconté.
rapporter très fidèlement ce que ces deux officiers, à la fois très proches du
Maréchal et de leur chef le Général Nzimbi, mont raconté.
Je ne le fais pas dans le but de charger qui que ce soit. Mais jestime que
ce récit, rapporté par des officiers qui sont restés fidèles à Mobutu jusquau
dernier jour de sa vie, révèle le résultat du climat de larmée et de létat
desprit que nous avons longuement décrit dans les chapitres précédents. Cest
le fruit dun long processus de pourrissement.
ce récit, rapporté par des officiers qui sont restés fidèles à Mobutu jusquau
dernier jour de sa vie, révèle le résultat du climat de larmée et de létat
desprit que nous avons longuement décrit dans les chapitres précédents. Cest
le fruit dun long processus de pourrissement.
Le vendredi 16 mai 1997 à laéroport de Ndjili, le Maréchal Mobutu a
échappé à un attentat. « Quelques minutes avant lembarquement dans lavion, me
dit le Colonel Motoko, un officier de bataillon Sécurité vint me prévenir que le
commandant DSP a envoyé une jeep avec des missiles sol-air à la Ferme Lokali
(appartenant à Seti Yale) pour abattre lavion du Maréchal au décollage et
mettre laction sur le compte des rebelles de lAFDL. Dès que les pilotes ont
voulu sengager dans la grande piste, je suis allé leur donner lordre de
décoller dans le sens de Masina et non dans celui de Nsele. Les pilotes ont
voulu discuter le sens du vent, mais jai élevé le ton et le Maréchal leur a dit
de faire ce que je leur demandais. Dès que lavion a tourné dans le sens de
Nsele pour aller prendre sa position de vol vers Masina, il y a eu une forte
agitation chez le Général Nzimbi qui ordonna au véhicule basé à la Ferme de
faire rapidement mouvement du côté de la vallée de Masina, pour y attendre
lavion présidentiel. Dans la précipitation, le chauffeur du véhicule, par excès
de vitesse, a perdu le contrôle de son engin et a provoqué un accident, qui a
fait un mort. Cest lors de son interrogatoire que lintéressé a lâché le
morceau.
échappé à un attentat. « Quelques minutes avant lembarquement dans lavion, me
dit le Colonel Motoko, un officier de bataillon Sécurité vint me prévenir que le
commandant DSP a envoyé une jeep avec des missiles sol-air à la Ferme Lokali
(appartenant à Seti Yale) pour abattre lavion du Maréchal au décollage et
mettre laction sur le compte des rebelles de lAFDL. Dès que les pilotes ont
voulu sengager dans la grande piste, je suis allé leur donner lordre de
décoller dans le sens de Masina et non dans celui de Nsele. Les pilotes ont
voulu discuter le sens du vent, mais jai élevé le ton et le Maréchal leur a dit
de faire ce que je leur demandais. Dès que lavion a tourné dans le sens de
Nsele pour aller prendre sa position de vol vers Masina, il y a eu une forte
agitation chez le Général Nzimbi qui ordonna au véhicule basé à la Ferme de
faire rapidement mouvement du côté de la vallée de Masina, pour y attendre
lavion présidentiel. Dans la précipitation, le chauffeur du véhicule, par excès
de vitesse, a perdu le contrôle de son engin et a provoqué un accident, qui a
fait un mort. Cest lors de son interrogatoire que lintéressé a lâché le
morceau.
Cest ainsi que le commandant DSP, après avoir quitté laéroport, nest
plus rentré au Camp Tshatshi. Il avait déjà fait ses valises pour quitter le
pays après la mort du Maréchal. Le coup ayant échoué, il a traversé
immédiatement le Fleuve Congo pour Brazzaville ».
plus rentré au Camp Tshatshi. Il avait déjà fait ses valises pour quitter le
pays après la mort du Maréchal. Le coup ayant échoué, il a traversé
immédiatement le Fleuve Congo pour Brazzaville ».
« Es-tu sûr de ce que tu me dis ? » demandai-je, incrédule. Mais le Major
Ngani enchaîna : « Ce nest pas tout, Spécial. Un agent de la sécurité, en la
personne du Colonel Ndoma Moteke, est venu jusquici à Gbadolite pour tenter
dabattre le Président en kamikaze !
Ngani enchaîna : « Ce nest pas tout, Spécial. Un agent de la sécurité, en la
personne du Colonel Ndoma Moteke, est venu jusquici à Gbadolite pour tenter
dabattre le Président en kamikaze !
Depuis le 16 Mai, le Maréchal cherchait « Corbeau » (le nom de code du
Général Nzimbi) au téléphone pendant deux jours. Sans succès. Personne ne savait
oû il se trouvait. Mais voilà que le 17 mai, à 18 heures, le Colonel Ndoma
Moteke profite de mon déplacement pour demander aux jeunes militaires en faction
à la résidence (Gbadolite), la position du Maréchal pour lui parler.
Général Nzimbi) au téléphone pendant deux jours. Sans succès. Personne ne savait
oû il se trouvait. Mais voilà que le 17 mai, à 18 heures, le Colonel Ndoma
Moteke profite de mon déplacement pour demander aux jeunes militaires en faction
à la résidence (Gbadolite), la position du Maréchal pour lui parler.
Un des jeunes nous le signale. Nous linterpellons pour savoir comment il
était en contact avec « Corbeau », car plus personne dans le bataillon ne
connaissait sa position. Nous lui avons demandé de nous livrer le message de «
Corbeau » pour que nous le transmettions nous-mêmes au Maréchal. Le bonhomme
navait aucun message à transmettre. Nous lavons désarmé et mis au cachot. Le
lendemain matin, avant le départ du Président, lui-même a avoué son forfait et a
demandé pardon au Maréchal.. Il le fit quelques minutes seulement avant notre
décollage précipité ! »
était en contact avec « Corbeau », car plus personne dans le bataillon ne
connaissait sa position. Nous lui avons demandé de nous livrer le message de «
Corbeau » pour que nous le transmettions nous-mêmes au Maréchal. Le bonhomme
navait aucun message à transmettre. Nous lavons désarmé et mis au cachot. Le
lendemain matin, avant le départ du Président, lui-même a avoué son forfait et a
demandé pardon au Maréchal.. Il le fit quelques minutes seulement avant notre
décollage précipité ! »
Le Colonel Motoko poursuit son récit : « Ce matin du dimanche 18 mai, jai
été alerté par mes hommes, qui mont signalé que léquipe des commandos de la
Division Spéciale Présidentielle (DSP) envoyée à Yakoma et à Wapinda pour
contrer lavancée des rebelles avait rebroussé chemin et progressait vers
Gbadolite, dès le moment oû les militaires ont appris que Nzimbi avait fui et
quil était à Brazzaville. Ils ont estimé que le Général Nzimbi les avait
exploités et que le moment venu, il les envoyait à la mort alors que lui-même
senfuyait. Ils ont décidé de venir prendre le Maréchal en otage, car cest lui
qui a couvert tous les abus de Nzimbi en refusant de le limoger. Dès que jai
vérifié cette information, je suis monté réveiller le Maréchal pour que nous
quittions immédiatement Gbadolite. Mais le Maréchal attendait son avion qui
était parti à Brazzaville chercher les enfants. Lavion ne pouvait pas revenir à
Gbadolite, car lopérateur de la tour de contrôle a violemment menacé les
pilotes en leur faisant comprendre que sils revenaient, lavion serait abattu
en lair. Pris de peur, léquipage a abandonné lavion à laéroport
Semaka-Maya-Maya et sest rendu à lhôtel. »
été alerté par mes hommes, qui mont signalé que léquipe des commandos de la
Division Spéciale Présidentielle (DSP) envoyée à Yakoma et à Wapinda pour
contrer lavancée des rebelles avait rebroussé chemin et progressait vers
Gbadolite, dès le moment oû les militaires ont appris que Nzimbi avait fui et
quil était à Brazzaville. Ils ont estimé que le Général Nzimbi les avait
exploités et que le moment venu, il les envoyait à la mort alors que lui-même
senfuyait. Ils ont décidé de venir prendre le Maréchal en otage, car cest lui
qui a couvert tous les abus de Nzimbi en refusant de le limoger. Dès que jai
vérifié cette information, je suis monté réveiller le Maréchal pour que nous
quittions immédiatement Gbadolite. Mais le Maréchal attendait son avion qui
était parti à Brazzaville chercher les enfants. Lavion ne pouvait pas revenir à
Gbadolite, car lopérateur de la tour de contrôle a violemment menacé les
pilotes en leur faisant comprendre que sils revenaient, lavion serait abattu
en lair. Pris de peur, léquipage a abandonné lavion à laéroport
Semaka-Maya-Maya et sest rendu à lhôtel. »
Mais le Président refusa de quitter Gbadolite : « Sils veulent me tuer, je
préfère mourir ici chez moi.. Je ne fuirai pas ! ». Le Colonel Motoko lui
répondit : « Maréchal, vous connaissez très bien notre consigne et notre serment
: Si vous refusez, je serai obligé de vous emmener par la force, car je ne peux
pas vous laisser mourir ici sans rien faire ».
préfère mourir ici chez moi.. Je ne fuirai pas ! ». Le Colonel Motoko lui
répondit : « Maréchal, vous connaissez très bien notre consigne et notre serment
: Si vous refusez, je serai obligé de vous emmener par la force, car je ne peux
pas vous laisser mourir ici sans rien faire ».
« Le Président nous a demandé dentrer en contact avec vous à Lomé pour
savoir si le Président Eyadema lui a envoyé un avion, poursuit Motoko, alors que
plus aucun opérateur nétait à son poste. Dieu merci, javais eu lidée de
bloquer, la veille, le cargo Iliouchine de Savimbi qui voulait décoller. Cétait
le seul avion sur la piste et, selon les règles de sécurité, je ne pouvais pas
le laisser partir sans quaucun autre avion de rechange ne lait remplacé.
Ainsi, lorsquon me signala que les troupes de la DSP avaient atteint le centre
de Gbadolite et progressaient vers laéroport pour loccuper, jai ordonné à mes
hommes de prendre le Maréchal de force pour le mettre dans sa voiture, ainsi que
Madame la Présidente.
savoir si le Président Eyadema lui a envoyé un avion, poursuit Motoko, alors que
plus aucun opérateur nétait à son poste. Dieu merci, javais eu lidée de
bloquer, la veille, le cargo Iliouchine de Savimbi qui voulait décoller. Cétait
le seul avion sur la piste et, selon les règles de sécurité, je ne pouvais pas
le laisser partir sans quaucun autre avion de rechange ne lait remplacé.
Ainsi, lorsquon me signala que les troupes de la DSP avaient atteint le centre
de Gbadolite et progressaient vers laéroport pour loccuper, jai ordonné à mes
hommes de prendre le Maréchal de force pour le mettre dans sa voiture, ainsi que
Madame la Présidente.
Arrivés à laéroport, nous avons fait entrer le Président avec sa voiture
dans lavion dont les moteurs étaient déjà en marche et jai ordonné le
décollage immédiat. On entendait déjà les tirs darmes approcher de laéroport.
Le temps de faire le taxi et de décoller, la première équipe était déjà à
laéroport et elle sest mise à tirer sur lavion présidentiel lors du
décollage. ».
dans lavion dont les moteurs étaient déjà en marche et jai ordonné le
décollage immédiat. On entendait déjà les tirs darmes approcher de laéroport.
Le temps de faire le taxi et de décoller, la première équipe était déjà à
laéroport et elle sest mise à tirer sur lavion présidentiel lors du
décollage. ».
Ici, le Colonel Motoko sinterrompit, mamena vers lavion oû nous avons
compté six impacts de balles. Heureusement que ce nétait pas la Ville de Lisala
(lavion quutilisait habituellement le Maréchal Mobutu dans tous ses
déplacements).
compté six impacts de balles. Heureusement que ce nétait pas la Ville de Lisala
(lavion quutilisait habituellement le Maréchal Mobutu dans tous ses
déplacements).
Un des gardes du corps de lépouse du Maréchal Mobutu avait disparu à
Gbadolite avec les sacs à main contenant les passeports du couple présidentiel.
Sans cela, le Président Mobutu aurait pu regagner sa villa de Cap-Martin pour
poursuivre les soins auprès de ses médecins. Mais il navait plus de passeport
contenant son visa dentrée en France.
Gbadolite avec les sacs à main contenant les passeports du couple présidentiel.
Sans cela, le Président Mobutu aurait pu regagner sa villa de Cap-Martin pour
poursuivre les soins auprès de ses médecins. Mais il navait plus de passeport
contenant son visa dentrée en France.
Je nai fait aucun commentaire sur ce récit très douloureux et très triste
qui montre toute la décadence dun système de pouvoir qui na pas tenu compte du
développement des tares qui rongeaient inexorablement les racines et les
fondements mêmes de son essence et de sa raison dêtre.
qui montre toute la décadence dun système de pouvoir qui na pas tenu compte du
développement des tares qui rongeaient inexorablement les racines et les
fondements mêmes de son essence et de sa raison dêtre.
« Tout ce que lhomme sème, il le récolte », dit la parole de Dieu. Les
brimades, les négligences dont les gardes du corps ont été des victimes
silencieuses pendant longtemps ne pouvaient quexploser, un jour ou
lautre…
brimades, les négligences dont les gardes du corps ont été des victimes
silencieuses pendant longtemps ne pouvaient quexploser, un jour ou
lautre…
Dernier entretien avec le Maréchal Mobutu.
Lorsque lintendance du Palais fut prête, le Premier Ministre Togolais vint
me faire signe que nous pouvions enfin démarrer les véhicules pour nous rendre
en ville. Nous avions attendu plus dune heure à laéroport, et le Maréchal
était de plus en plus nerveux.
me faire signe que nous pouvions enfin démarrer les véhicules pour nous rendre
en ville. Nous avions attendu plus dune heure à laéroport, et le Maréchal
était de plus en plus nerveux.
Dès que nous sommes arrivés au Palais présidentiel togolais mis à sa
disposition, le Premier Ministre prit congé du Maréchal tout en lui souhaitant
un très bon séjour au Togo oû il devait se sentir chez lui. Il excusa son
Président qui se trouvait encore à Kara pour une journée. Immédiatement après le
départ du Premier Ministre Togolais, le Maréchal Mobutu minvita à nous retirer
dans un petit salon. Il demanda à son Epouse et à tout le monde de nous laisser
seuls. Ce fut le moment le plus fort de toute ma carrière auprès du Président
Mobutu. Car, en peu de temps et en peu de mots, je peux affirmer que, pour la
première fois, lHomme quétait le Président Mobutu ma ouvert son véritable
cœur. Il me donna son appréciation sur mes années passées auprès de lui, il me
révéla avec détails et clarté les différentes pressions, les intoxications dont
il a été à la fois objet et victime, il me fit part de certains « chantages »
politiques et surtout du large complot dont il a été la victime de la part de
ses collaborateurs, de ses proches et de ses collègues africains…
disposition, le Premier Ministre prit congé du Maréchal tout en lui souhaitant
un très bon séjour au Togo oû il devait se sentir chez lui. Il excusa son
Président qui se trouvait encore à Kara pour une journée. Immédiatement après le
départ du Premier Ministre Togolais, le Maréchal Mobutu minvita à nous retirer
dans un petit salon. Il demanda à son Epouse et à tout le monde de nous laisser
seuls. Ce fut le moment le plus fort de toute ma carrière auprès du Président
Mobutu. Car, en peu de temps et en peu de mots, je peux affirmer que, pour la
première fois, lHomme quétait le Président Mobutu ma ouvert son véritable
cœur. Il me donna son appréciation sur mes années passées auprès de lui, il me
révéla avec détails et clarté les différentes pressions, les intoxications dont
il a été à la fois objet et victime, il me fit part de certains « chantages »
politiques et surtout du large complot dont il a été la victime de la part de
ses collaborateurs, de ses proches et de ses collègues africains…
Il me remercia pour les services rendus et pour la fidélité, il me prodigua
des conseils portant sur ses propres erreurs et, à la fin, il me dit la phrase
que je noublierai jamais : « Dieu qui voit tout saura te rémunérer selon tout
ce que tu as fait pour moi et pour ton pays, même si les gens ne le savent pas.
»
des conseils portant sur ses propres erreurs et, à la fin, il me dit la phrase
que je noublierai jamais : « Dieu qui voit tout saura te rémunérer selon tout
ce que tu as fait pour moi et pour ton pays, même si les gens ne le savent pas.
»
A ces mots, jai craqué et jai sangloté. Jai senti sa main tremblotante
se poser sur mon épaule : « Courage et bonne chance ! Salue ta Femme et tes
Enfants pour moi ! ».
se poser sur mon épaule : « Courage et bonne chance ! Salue ta Femme et tes
Enfants pour moi ! ».
Jai quitté le Maréchal sans le saluer ni le regarder. Ce fut notre dernier
entretien en tête à tête – en dehors des contacts téléphoniques ultérieurs. Je
ne le reverrai quendormi dans son cercueil, à Rabat, au Maroc. « Hassan II :
lexemple dune amitié fidèle ».
entretien en tête à tête – en dehors des contacts téléphoniques ultérieurs. Je
ne le reverrai quendormi dans son cercueil, à Rabat, au Maroc. « Hassan II :
lexemple dune amitié fidèle ».
Dans la recherche dune dernière terre dasile, Mobutu, conspué par le
monde entier, y compris par ceux-là qui ont longtemps bénéficié de ses
nombreuses largesses, sera reçu par son vieil ami, le Roi Hassan II du Maroc. Il
na pas cherché à savoir un seul instant ce que penseraient les Américains, les
Belges, les Français ou lAfrique du geste courageux daccueillir ce « maudit de
la Terre », ce « scélérat » et ce « vomi », cet « indésirable » que le monde
fuyait comme la peste. Il a accueilli un ami de longue date, brisé par la
maladie, pourchassé par le destin de lhistoire des hommes.
monde entier, y compris par ceux-là qui ont longtemps bénéficié de ses
nombreuses largesses, sera reçu par son vieil ami, le Roi Hassan II du Maroc. Il
na pas cherché à savoir un seul instant ce que penseraient les Américains, les
Belges, les Français ou lAfrique du geste courageux daccueillir ce « maudit de
la Terre », ce « scélérat » et ce « vomi », cet « indésirable » que le monde
fuyait comme la peste. Il a accueilli un ami de longue date, brisé par la
maladie, pourchassé par le destin de lhistoire des hommes.
Jai fait un jour le bilan de lamitié des deux hommes : Hassan II a couru
au secours de Mobutu deux fois lorsque son pouvoir était menacé. Il a accueilli
dans ses académies militaires les meilleurs officiers zaïrois pour leur
formation : il a mis à la disposition de Mobutu ses meilleurs conseillers
militaires pour organiser larmée zaïroise. Je cite ici le très brave et très
fidèle Général Loubaris que jai vu pleurer comme un enfant devant le cercueil
du Maréchal Mobutu, insensible aux consolations de son épouse qui lui tenait la
main.
au secours de Mobutu deux fois lorsque son pouvoir était menacé. Il a accueilli
dans ses académies militaires les meilleurs officiers zaïrois pour leur
formation : il a mis à la disposition de Mobutu ses meilleurs conseillers
militaires pour organiser larmée zaïroise. Je cite ici le très brave et très
fidèle Général Loubaris que jai vu pleurer comme un enfant devant le cercueil
du Maréchal Mobutu, insensible aux consolations de son épouse qui lui tenait la
main.
Mobutu lui a rendu son amitié : il a suspendu la participation du Zaïre à
lOUA pour protester contre la reconnaissance « illégale » du Polisario comme
Etat membre de lOUA. Il a toujours exprimé un respect et une attention soutenue
pour son amitié envers Hassan II.
lOUA pour protester contre la reconnaissance « illégale » du Polisario comme
Etat membre de lOUA. Il a toujours exprimé un respect et une attention soutenue
pour son amitié envers Hassan II.
Quand jy regarde de très près, lamitié du souverain chérifien na rien de
commun avec celles qui sont basées sur les intérêts matériels et les mesquins
calculs politiciens. Il aime parce quil aime. Et cest ça la vraie amitié. Il
prend son ami comme il est, avec ses défauts et ses qualités. Il ne tient pas
compte du jugement des autres, car ce nest pas lami des autres, cest son
ami.
commun avec celles qui sont basées sur les intérêts matériels et les mesquins
calculs politiciens. Il aime parce quil aime. Et cest ça la vraie amitié. Il
prend son ami comme il est, avec ses défauts et ses qualités. Il ne tient pas
compte du jugement des autres, car ce nest pas lami des autres, cest son
ami.
Le Professeur Diomi a lui aussi exprimé son admiration pour la grandeur
dâme et lamitié que le Roi du Maroc avait pour Mobutu : « Savez-vous que mes
collègues marocains (il sagit des médecins personnels de Hassan II quil avait
détachés auprès du Maréchal Mobutu) mont dit que chaque jour, le Roi les
appelait pour senquérir personnellement de la santé du Président Mobutu ? Et
chaque fois, il leur demandait de ne rien négliger et de faire tout ce quil
faut pour que son ami ne manque de rien ! ». Mobutu ne fut pas le seul à
bénéficier de cette fidélité amicale du Roi. Le Shah dIran bénéficia de la même
marque damour, damitié et de sollicitude.
dâme et lamitié que le Roi du Maroc avait pour Mobutu : « Savez-vous que mes
collègues marocains (il sagit des médecins personnels de Hassan II quil avait
détachés auprès du Maréchal Mobutu) mont dit que chaque jour, le Roi les
appelait pour senquérir personnellement de la santé du Président Mobutu ? Et
chaque fois, il leur demandait de ne rien négliger et de faire tout ce quil
faut pour que son ami ne manque de rien ! ». Mobutu ne fut pas le seul à
bénéficier de cette fidélité amicale du Roi. Le Shah dIran bénéficia de la même
marque damour, damitié et de sollicitude.
Pendant des années, à côté de Mobutu, jai connu de nombreuses
personnalités tant africaines, européennes quaméricaines qui ont largement
bénéficié des largesses de Mobutu en « nature » et en amitié, mais qui sont
restées muettes comme des carpes tout le temps quil fut en difficulté, et
surtout après son départ humiliant du pouvoir.
personnalités tant africaines, européennes quaméricaines qui ont largement
bénéficié des largesses de Mobutu en « nature » et en amitié, mais qui sont
restées muettes comme des carpes tout le temps quil fut en difficulté, et
surtout après son départ humiliant du pouvoir.
Cest cela le monde des hommes. Surtout des hommes daujourdhui.
Je ne dis pas que Mobutu était bon et que ses amis devraient embrasser son
cadavre à la bouche. Mais je pense que ceux qui se présentaient comme ses amis,
et sen prévalaient au moment de sa gloire, savaient aussi que Mobutu navait
pas que des qualités quils louaient dailleurs, mais quil avait aussi, comme
tout être humain, des défauts. Et leur abandon de Mobutu, au moment oû il avait
le plus besoin de leur amitié, me paraît plus une forme de lâcheté et
dhypocrisie digne dune amitié mafieuse que des rapports amicaux entre
gentlemen.
cadavre à la bouche. Mais je pense que ceux qui se présentaient comme ses amis,
et sen prévalaient au moment de sa gloire, savaient aussi que Mobutu navait
pas que des qualités quils louaient dailleurs, mais quil avait aussi, comme
tout être humain, des défauts. Et leur abandon de Mobutu, au moment oû il avait
le plus besoin de leur amitié, me paraît plus une forme de lâcheté et
dhypocrisie digne dune amitié mafieuse que des rapports amicaux entre
gentlemen.
Lattitude du Roi Hassan II devrait servir de modèle aux dirigeants
africains qui chantent lamitié et la solidarité africaine sur toutes les
tribunes des Conférences africaines et dans les Forums internationaux.
africains qui chantent lamitié et la solidarité africaine sur toutes les
tribunes des Conférences africaines et dans les Forums internationaux.
« Adieu Maréchal ».
Je demande, une fois de plus, lindulgence du lecteur pour ne pas décrire
dans les détails, comme daucuns le désirent certainement, les circonstances de
la mort du Maréchal Mobutu, pour une raison simple : Lui-même et sa famille ont
voulu que sa mort et ses funérailles se fassent dans la plus stricte intimité,
pour le respect de sa mémoire. Je ne peux donc pas déroger à la volonté de la
famille et du défunt lui-même. Néanmoins, je voudrais simplement faire quelques
constats et émettre quelques réflexions personnelles, autour de la fin du règne
de ce géant que fut le Maréchal Mobutu, sur le plan africain et
international.
dans les détails, comme daucuns le désirent certainement, les circonstances de
la mort du Maréchal Mobutu, pour une raison simple : Lui-même et sa famille ont
voulu que sa mort et ses funérailles se fassent dans la plus stricte intimité,
pour le respect de sa mémoire. Je ne peux donc pas déroger à la volonté de la
famille et du défunt lui-même. Néanmoins, je voudrais simplement faire quelques
constats et émettre quelques réflexions personnelles, autour de la fin du règne
de ce géant que fut le Maréchal Mobutu, sur le plan africain et
international.
Le soir de loffice funèbre dans sa résidence privée de Rabat, jai vu
devant moi un morceau de bois posé sur une table basse, entouré des membres de
la famille et des enfants en pleurs. A lintérieur de cette boîte en bois, un
homme était endormi, vêtu dun costume, dune chemise, dune cravate et dune
paire de chaussettes sans chaussures. Jai bien regardé sa figure. Ses yeux,
dhabitude éclatants, étaient fermés. Son visage ressemblait à celui dun enfant
en paix et en repos.
devant moi un morceau de bois posé sur une table basse, entouré des membres de
la famille et des enfants en pleurs. A lintérieur de cette boîte en bois, un
homme était endormi, vêtu dun costume, dune chemise, dune cravate et dune
paire de chaussettes sans chaussures. Jai bien regardé sa figure. Ses yeux,
dhabitude éclatants, étaient fermés. Son visage ressemblait à celui dun enfant
en paix et en repos.
Le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, cétait lui !
Et pourtant, aucune fanfare ne jouait, sinon les sanglots de douleurs
sincères de ses enfants qui déchiraient le silence de la salle ! Aucune garde ou
haie dhonneur. Seules ses filles et les quelques femmes membres proches de la
famille entouraient le corps, assises par terre et poussant chacune des cris de
douleur qui perçaient les cœurs meurtris et ne laissaient personne
indifférent.
sincères de ses enfants qui déchiraient le silence de la salle ! Aucune garde ou
haie dhonneur. Seules ses filles et les quelques femmes membres proches de la
famille entouraient le corps, assises par terre et poussant chacune des cris de
douleur qui perçaient les cœurs meurtris et ne laissaient personne
indifférent.
La bousculade habituelle des autorités nationales et des « proches » pour
le simple anniversaire dun de ses enfants avait cédé la place à un vide total
et au calme de la cour dexécution dun meurtrier quon amène à léchafaud ! Et
pourtant, lun des plus grands baobabs dAfrique venait de tomber !
le simple anniversaire dun de ses enfants avait cédé la place à un vide total
et au calme de la cour dexécution dun meurtrier quon amène à léchafaud ! Et
pourtant, lun des plus grands baobabs dAfrique venait de tomber !
Au cimetière, après avoir mis le corps dans son caveau, la famille sest
retirée dans les pleurs. Cest alors que quelque chose de spontané et de
déchirant se produisit : les officiers de sécurité de Mobutu, autour de leur
Chef, le Capitaine Ngani, les Médecins personnels Diomi et Biamungu, les
responsables du Protocole Mena et Kasogbia, Seti Yale et moi-même, nous nous
sommes retrouvés seuls, autour de la dernière demeure du Maréchal. Chacun avait
certainement compris que le moment dadieu était venu. Alors, tous les efforts
de maîtrise de soi ont cédé sous la pression de lémotion. Militaires comme
Civils, nous avons tous éclaté en sanglots pendant près de trente minutes.
retirée dans les pleurs. Cest alors que quelque chose de spontané et de
déchirant se produisit : les officiers de sécurité de Mobutu, autour de leur
Chef, le Capitaine Ngani, les Médecins personnels Diomi et Biamungu, les
responsables du Protocole Mena et Kasogbia, Seti Yale et moi-même, nous nous
sommes retrouvés seuls, autour de la dernière demeure du Maréchal. Chacun avait
certainement compris que le moment dadieu était venu. Alors, tous les efforts
de maîtrise de soi ont cédé sous la pression de lémotion. Militaires comme
Civils, nous avons tous éclaté en sanglots pendant près de trente minutes.
Jentendis dans leurs pleurs les gardes du corps demander pardon au
Maréchal au nom de leurs amis : « Pardonne-nous, Maréchal, nous navons pas fait
notre travail et nous avons manqué à notre serment ! Sinon, tu ne serais pas là
maintenant ! Pardonne ton armée… ». Cétait simplement pénible, poignant et
dramatique…
Maréchal au nom de leurs amis : « Pardonne-nous, Maréchal, nous navons pas fait
notre travail et nous avons manqué à notre serment ! Sinon, tu ne serais pas là
maintenant ! Pardonne ton armée… ». Cétait simplement pénible, poignant et
dramatique…
La mort et les funérailles du Maréchal Mobutu ont été un grand signe de
lamour de Dieu et son enseignement. En tant que chrétien et serviteur de Jésus,
je ne pourrais pas ne pas témoigner de lamour immense du Christ envers les
pauvres pécheurs que nous sommes. Jésus était venu à la recherche des pécheurs
et de ceux que le monde a condamnés et rejetés par sa justice et son
jugement.
lamour de Dieu et son enseignement. En tant que chrétien et serviteur de Jésus,
je ne pourrais pas ne pas témoigner de lamour immense du Christ envers les
pauvres pécheurs que nous sommes. Jésus était venu à la recherche des pécheurs
et de ceux que le monde a condamnés et rejetés par sa justice et son
jugement.
Mais ma joie est grande de savoir que le Christ est venu à la rencontre de
Mobutu par le canal dun de ses humbles serviteurs, le Pasteur Jean-Louis Jayet
et Monique Jayet, son épouse, qui furent à son chevet pendant quinze jours, pour
le préparer à sa rencontre avec le Seigneur Jésus-Christ quil a librement
accepté comme son Seigneur et Sauveur.
Mobutu par le canal dun de ses humbles serviteurs, le Pasteur Jean-Louis Jayet
et Monique Jayet, son épouse, qui furent à son chevet pendant quinze jours, pour
le préparer à sa rencontre avec le Seigneur Jésus-Christ quil a librement
accepté comme son Seigneur et Sauveur.
Il lui a ouvert son cœur, il a confessé ses péchés, il sest repenti et a
obtenu le pardon et la paix de Dieu. Et le dernier jour, sans peur de la mort,
malgré la dure souffrance physique, il a quitté ce monde comme un enfant vient
au monde, cest-à-dire les mains vides, mais dans la paix et la joie daller à
la rencontre de son Père miséricordieux.. Peu importe ce que le monde retiendra
et dira de lui.
obtenu le pardon et la paix de Dieu. Et le dernier jour, sans peur de la mort,
malgré la dure souffrance physique, il a quitté ce monde comme un enfant vient
au monde, cest-à-dire les mains vides, mais dans la paix et la joie daller à
la rencontre de son Père miséricordieux.. Peu importe ce que le monde retiendra
et dira de lui.
Mais je sais et jaffirme que la meilleure fin est celle oû, après toutes
les vanités des choses de la Terre, le Père vous a accueille dans sa demeure
éternelle oû vous ne verrez plus et nentendrez plus jamais ni critiques, ni
méchancetés, ni jugements, ni trahisons, ni condamnations.
les vanités des choses de la Terre, le Père vous a accueille dans sa demeure
éternelle oû vous ne verrez plus et nentendrez plus jamais ni critiques, ni
méchancetés, ni jugements, ni trahisons, ni condamnations.
Jai eu le privilège de voir le Maréchal Mobutu au sommet de sa gloire et
de partager avec lui les grands moments de sa vie. Je lai suivi dans la
décadence de son pouvoir, jusquà sa mort dans la solitude la plus complète.
Pour un homme qui a connu les honneurs et les plaisirs de ce monde, je peux, en
toute modestie, et en guise de témoignage, et sans aucune peur de me tromper,
mettre dans sa bouche, comme une épitaphe, ces paroles du Livre de la Sagesse du
Roi Salomon :
de partager avec lui les grands moments de sa vie. Je lai suivi dans la
décadence de son pouvoir, jusquà sa mort dans la solitude la plus complète.
Pour un homme qui a connu les honneurs et les plaisirs de ce monde, je peux, en
toute modestie, et en guise de témoignage, et sans aucune peur de me tromper,
mettre dans sa bouche, comme une épitaphe, ces paroles du Livre de la Sagesse du
Roi Salomon :
« Jexécutai de grands ouvrages : je me bâtis des maisons, je me plantai
des vignes, je me fis des jardins et des vergers, et jy plantai des arbres à
fruits de toutes espèces, je me créai des étangs, pour arroser des forêts oû
croissaient mes arbres. Jachetai des serviteurs et des servantes, et jeus
leurs enfants nés dans ma maison ; je possédai des troupeaux et des bœufs et des
brebis, plus que ceux qui étaient avant moi dans Jérusalem. Je mamassai de
largent et de lor, et les richesses des rois et des provinces. Je me procurai
des chanteurs et des chanteuses, et les délices des fils de lhomme, des femmes
en grand nombre. Je devins grand, plus grand que tous ceux qui étaient avant moi
dans Jérusalem. Et même ma sagesse demeura avec moi. Tout ce que mes yeux
avaient désiré, je ne les en ai point privés, je nai refusé à mon cœur aucune
joie, car mon cœur prenait plaisir à tout mon travail, et cest la part qui men
est revenue. Puis, jai considéré tous les ouvrages que ma maison avait faits,
et la peine que javais prise à les exécuter; et voici, TOUT EST VANITE et
poursuite de vent, et il ny a aucun avantage à tirer de ce quon fait sous le
soleil ». (LEcclésiaste, chapitre 2, versets 4 à 11).
des vignes, je me fis des jardins et des vergers, et jy plantai des arbres à
fruits de toutes espèces, je me créai des étangs, pour arroser des forêts oû
croissaient mes arbres. Jachetai des serviteurs et des servantes, et jeus
leurs enfants nés dans ma maison ; je possédai des troupeaux et des bœufs et des
brebis, plus que ceux qui étaient avant moi dans Jérusalem. Je mamassai de
largent et de lor, et les richesses des rois et des provinces. Je me procurai
des chanteurs et des chanteuses, et les délices des fils de lhomme, des femmes
en grand nombre. Je devins grand, plus grand que tous ceux qui étaient avant moi
dans Jérusalem. Et même ma sagesse demeura avec moi. Tout ce que mes yeux
avaient désiré, je ne les en ai point privés, je nai refusé à mon cœur aucune
joie, car mon cœur prenait plaisir à tout mon travail, et cest la part qui men
est revenue. Puis, jai considéré tous les ouvrages que ma maison avait faits,
et la peine que javais prise à les exécuter; et voici, TOUT EST VANITE et
poursuite de vent, et il ny a aucun avantage à tirer de ce quon fait sous le
soleil ». (LEcclésiaste, chapitre 2, versets 4 à 11).
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