26 09 18 Discours de Joseph Kabila à l'ONU

Je salue, ensuite,
le leadership incontestable du Secrétaire Générale Antonio GUTERRES dans la
défense d’un multilatéralisme fort influencé par une ONU réformée. En même
temps, j’adresse mes très
vives et
chaleureuses félicitations à vous,
Madame la Présidente, pour votre brillante élection, reconnaissance évidente de
votre expérience en qualité de diplomate.

Madame la Présidente,

Lors de mon intervention à la 72ème
Session ordinaire de notre auguste Assemblée, j’avais brossé la situation
interne de mon pays en affirmant, sur le plan sécuritaire, que grâce aux
efforts entrepris, nous avions réussi à inverser la tendance dangereuse au
centre du pays et à améliorer significativement la situation, pendant qu’au
Nord-Est, les efforts méritoires fournis par les forces de défense et sécurité,
nous permettaient de contenir les attaques terroristes.

Aujourd’hui, la paix s’est consolidée au
centre du pays, en témoigne la réinsertion très avancée des familles qui
avaient été forcées de se déplacer à l’intérieur du territoire national, ou de s’exiler dans les pays limitrophes, du
fait des violences déplorées.

Le défi de la sécurité reste cependant
entier dans la région du Nord-Est, à cause de la persistance des activités
terroristes qui n’ont pas endeuillé seulement le territoire de Beni, le 23
Septembre dernier, mais aussi d’autres pays de la région.

En tout état de cause, ces attaques qui
constituent un défi de plus, à tous ceux qui ont à cœur la défense d’un monde
libre, débarrassé de toute violence aveugle, ne nous empêcheront pas de
poursuivre notre action en faveur de la paix et de la stabilité de notre pays
et surtout, d’engager d’autres efforts supplémentaires, en vue de la
sécurisation du processus électoral en cours.

Madame la
Présidente,

Au plan politique,
en saluant les efforts fournis par toute
la classe politique, traduits à travers
un consensus global sur le processus électoral, avec pour objectif ultime l’organisation des élections, j’avais
mentionné les progrès réalisés notamment, dans la constitution du fichier
électoral et l’imminence de la publication du calendrier électoral.

En
dépit des défis énormes qui jonchent encore son parcours sur tous les plans,
comme l’année passée, je réaffirme le caractère irréversible de la tenue des
élections prévues à la fin de cette année.

Ainsi,
la situation politique de Mon pays gagne en
lisibilité, toutes les échéances prévues au calendrier électoral, en vue des
prochains scrutins, étant à ce jour tenues.

Tout sera mis en œuvre afin de garantir le caractère apaisé et
crédible desdits scrutins, gage de la consolidation de la stabilité politique
et économique dont la République Démocratique du Congo a tant besoin pour son
émergence.

Madame la Présidente,

« Faire de l’ONU une organisation pour tous :
une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de
sociétés pacifiques, équitables et durables 
», tel
est le thème du débat général de la présente session.

Cela suggère un regard sans
concession sur notre Organisation, en
invitant ainsi chaque Etat membre à valoriser sa contribution au bénéfice de la
collectivité universelle et à protéger les valeurs qui font des Nations Unies
le rempart de la solidarité, de la paix et du progrès partagé, face aux
profondes mutations survenues sur la scène internationale, marquée par
l’émergence de nouveaux pôles de développement et l’apparition de nouvelles
menaces, dont certaines ont des répercutions planétaires.

Ce qui justifie, une fois de plus, tout
l’intérêt de réflexions engagées et partagées autour de la réforme de notre
organisation, afin d’en assurer un meilleur fonctionnement.

Pour autant, l’efficacité de notre organisation dans ce nouveau
contexte demeure également tributaire de sa capacité à préserver les idéaux sur
lesquels repose l’édifice de l’équilibre mondial issu de San Francisco.

Madame la Présidente,

Nous ne saurons pas faire de l’ONU une organisation pour tous si
l’ingérence caractérisée de certains gouvernements dans les affaires relevant,
sans aucun doute, de la politique intérieure des États, en violation des règles
qui la régissent, est dangereusement tolérée, sinon banalisée.

Voilà qui explique la position de Mon pays de dénoncer et de
s’opposer à toute ingérence dans le processus électoral en cours, et de
financer l’entièreté de ses coûts opérationnels.

Par ailleurs, Mon pays exige le retour aux fondamentaux en
matière de démocratie et des droits de l’homme, un des  sujets à la base de la diplomatie à géométrie
variable, instrumentalisés à outrance par certains pour affaiblir sciemment des
pays qui ont pourtant décidé, de se tourner résolument vers le progrès.

La République Démocratique du Congo, quoique vieille seulement
de 58 ans d’âge et d’une quinzaine d’année de démocratie, est fière,
aujourd’hui, de partager son expérience, en la matière, tant au sein du Conseil
des droits de l’homme, dont il est membre, que dans d’autres fora régionaux et
internationaux, et ce, en toute humilité, mais sans complexe ; ayant
présent à l’esprit que le chemin à parcourir reste encore long.

Nous ne pouvons faire, enfin, de l’ONU, une organisation pour
tous au profit des sociétés durables tant que la faune et la flore des pays
détenteurs des grands massifs forestiers ne serviront que d’ornement, sous le
prétexte bien choisi de constituer le poumon de l’humanité, sinon de
réparateurs des dégâts environnementaux causés par les industries du Nord, si
en même temps aucune volonté réelle d’allouer des contreparties conséquentes à
nos populations, ne cristallise des engagements maintes fois souscrits mais
jamais tenus.

Madame la Présidente,

Il
y a près de quinze ans, le continent africain s’était exprimé d’une seule voix
pour demander son entrée au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, en qualité de
membre permanent, à l’issue d’une réforme de notre organisation.

Compte
tenu des changements multiformes constatés depuis de nombreuses années, au nom
de l’équité mise aujourd’hui en exergue dans le cadre de nos présentes assises,
l’Afrique souhaite mieux faire entendre sa voix, en écho aux attentes de ses populations,
qui réclament davantage de représentativité au sein de cette Organisation de
portée universelle, dont l’essentiel de ses actions de maintien de la paix
concernent le continent.

Aussi, vingt ans après le déploiement des
forces onusiennes dans Mon pays, et en raison de leurs résultats largement
mitigés au plan opérationnel, Mon Gouvernement réitère son exigence du début
effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale.

Et pour conclure, Madame la Présidente, je
mesure les progrès réalisés, aujourd’hui, par Mon pays qui, il y a encore
quelques années était confiné au rang d’état failli, mais aujourd’hui, affiche
des ambitions d’émergence incontestable, tant les signaux économiques,
sécuritaires et politiques sont encourageants.

Les défis qui se dressent devant nous ne sont,
certes pas, les moindres. Mais ils ne peuvent infléchir ma foi en un avenir
radieux pour Mon pays, où le peuple sait déjouer les pièges de l’histoire, et
affirmer, avec force, son attachement à son unité, à son indépendance et à sa
souveraineté.

Je voudrais aussi vous assurer que la
République Démocratique du Congo se tiendra toujours aux côtés de notre
organisation, aussi longtemps que celle-ci restera, elle-même, à notre côté,
parce qu’elle incarne l’aboutissement le plus concret des efforts de tous, pour
la paix et le bien-être de notre
planète.

Il revient cependant aux Etats membres
d’œuvrer en faveur d’une organisation plus forte, en préservant dans leur agir,
les valeurs qui l’ont vu naître et dont la portée se trouve, sans conteste,
dans la préservation de l’humanité.

Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie.

 

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