09 011 19 – Chronique de Patrick Mbeko: Les Tshisekedi et la trahison de la RDC : une histoire ancienne
À son retour au Congo, il conclut une alliance avec le RCD–Goma, « rébellion » créée de toute pièce et entretenue par Kigali. La suite on la connaît : il n’obtiendra rien, le Rwanda ayant propulsé Azarias Ruberwa, un Tutsi, à la vice–présidence de la République dans le gouvernement 1+4 de triste mémoire. Furieux, Étienne Tshisekedi décide de rompre avec le RCD–Goma, au grand dam de Ruberwa.
Pour ramener l’opposant historique et président de l’UDPS
à la raison, le Rwandais fait appel à Adolphe Onusumba, homme de main
de Kagame au Congo et dont la tante serait mariée à un frère d’Étienne Tshisekedi. Mais ce dernier refuse la main tendue de son ancien allié, exigeant d’être nommé premier ministre avant d’amorcer toute négociation.
Pour Étienne Tshisekedi, c’est
le pouvoir ou rien. Il a tout fait pour occuper la primature, en vain.
Joseph Kabila lui a ravi un pouvoir qui lui revenait pourtant de droit
suite à l’élection présidentielle de 2011. Souffrant, il ne peut continuer la lutte.
C’est alors que le fils, Félix Tshilombo Tshisekedi, décide de reprendre le flambeau.
À la différence du père, il n’est
ni charismatique ni brillant. Intellectuellement inapte, il a juré de
réussir où son père a échoué. Pour y arriver, il va directemet négocier
avec le régime honni de Joseph Kabila, qu’il prétend pourtant combattre. En 2015, les délégués de l’UDPS
rencontrent secrètement les émissaires du pouvoir à Ibiza, Monaco et
Paris. Il est question de partage du pouvoir dans un gouvernement d’union nationale. À la question de savoir si l’UDPS négocie en catimini avec la Kabilie, Félix nie avec véhémence. Septembre 2015, la vérité éclate au grand jour lorsqu’Étienne Tshisekedi demande aux délégués de l’UDPS « de quitter la table des négociations » avec le pouvoir. Les Congolais sont choqués; Félix est confus, mais tient bon.
En décembre 2016, alors que le mandat de
Joseph Kabila tire à sa fin, Félix Tshisekedi, toujours déterminé à
réussir où son père a échoué, décide d’amorcer une nouvelle phase de négociation avec le régime, en espérant être gratifié cette fois d’un
poste à la primature. Joseph Kabila, qui a compris que le fils
Tshisekedi est prêt à toutes les compromissions pour arriver à ses fins,
va lui faire miroiter le poste de premier ministre en échange d’un accord politique qui lui permette de « glisser » au–delà de son mandat censé s’achever en décembre 2016.
Le 31 décembre de la même année, l’accord du glissement de la Saint–Sylvestre est signé. Les Congolais sont outrés. Félix Tshisekedi, lui, se régale, persuadé d’occuper la primature dans les jours à venir. Seulement voilà : Joseph Kabila, qui a atteint son objectif, en plus d’être plus rusé que le cousin du diable, jette son dévolu sur une autre personne : Sami Badibanda, un proche de Félix. C’est le deuil à Limeté. L’UDPS est divisée. Félix Tshisekedi est inconsolable.
Mais déterminé à réussir où son père a échoué, Tshisekedi fils ne désespère pas pour autant, continuant d’entretenir des rapports pour le moins étranges avec le régime qu’il prétend combattre. À la mort de son père, en février 2017, il marchande le corps de ce dernier en échange d’une nomination à la primature. L’opinion
publique est abasourdie. Même Joseph Kabila, habitué à tuer les
Congolais et à les livrer aux marionnettes de Kigali qui opèrent à l’est, est outré et le chasse. Les relations avec le pouvoir sont rompues… jusqu’aux
élections de décembre 2018 qui ont vu surgir, contre toute attente, un
certain Martin Fayulu, pressenti pour devenir le prochain président de
la République à démocratiser du Congo.
Pour le pouvoir, qui est acculé au pied du mur, la solution s’appelle… Félix Tshisekedi. C’est la carte maîtresse, dit–on,
à la Kabilie. À la MONUSCO et dans les chancelleries étrangères, les
contacts entre CACH, la plateforme dirigée par Tshisekedi fils, et le
pouvoir sont suivis de très près. Comme en 2002, 2015 et 2016, un
Tshisekedi est prêt à toutes les compromissions pour trahir le peuple
congolais afin d’atteindre
un objectif qui fera par ailleurs la part belle aux ennemis de la
République à démocratiser du Congo. Pour cela, il pourra toujours
compter sur la base fanatisée et tribalisée de l’UDPS pour laquelle la tribu passe avant la patrie.
À Kingakati, où l’on craint un soulèvement populaire au cas où Martin Fayulu n’est pas déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre dernier, on rit à gorge déployé. Certains caciques du régime ont décidé de s’abandonner au Christ. Ne dit–on
pas que la foi déplace les montagnes ? Comme pour dire que le nom
Tshisekedi peut aussi faire des miracles et aider un régime honni et
vacillant à se pérenniser contre la volonté de tout un peuple…