27 07 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum-

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Sommaire

Encore quelques heures et le suspense pour connaitre la composition du Bureau définitif de la chambre haute du parlement sera terminé. Le duel fratricide final opposera deux anciens amis d’hier encore au sein du Front Commun pour le Congo (FCC) avec d’un côté l’exclu Modeste Bahati, et de l’autre le choix personnel de Kabila, Alexis Thambwe Mwamba qui n’est plus sûr de l’emporter dès le premier tour. Le déplacement de Félix Tshisekedi à Abuja, le plan d’ation de la CPI et le meeting de Moïse Katumbi à Kolwezi sont également parmi les sujets qui ont intéressé les médias kinois au matin de ce samedi 27 juillet 2019. La maladie d’Ebola figure égaleme,t parmi les sujets du jour, en particulier dans la presse internationale.

Élection du Bureau du Sénat

Pour Afriwave, c’est «  le suspens jusqu’au bout ! »

« C’est en âme et conscience que ce samedi 27 juillet 2019, les sénateurs voteront pour la crédibilité ou non de leur assemblée face à la Nation et à l’histoire » commente un connaisseur de la scène politique de Kinshasa. « Ni les intimidations, encore moins les menaces ne devront des sanctions ne devront les détourner de la voix de la raison » poursuit-il.

Il se murmure qu’à la réunion convoquée ce vendredi 26 juillet 2019 à Kingakati, 81 sénateurs étaient présents à côté de leur collègue à vie Joseph Kabila. L’échec retentissant de Lambert Mende battu samedi au poste de gouverneur de la province de Sankuru dans le centre du pays alors qu’il avait la majorité mathématique des députes provinciaux continue de hanter les esprits au point que personne n’en dort plus chuchote-t-on dans les rangs du FCC malgré les apparences.

L’homme de 66 ans, sous sanction de l’Union européenne (UE), a été battu par un jeune indépendant, Joseph-Stéphane Mukumadi, dans un suffrage indirect avec 17 des 25 voix des grands électeurs, les députés de l’Assemblée provinciale. Une sanction électorale que redoute le FCC eu égard à l’échec de Ramazani Shadary à la présidentielle de 2018 et celui de Mende au gouvernorat en 2019.

La corruption dénoncée par l’inamovible et ancien porte-parole du régime Kabila ((2008-2018), n’est-elle pas celle-là même qui a fait le lit de l’élection de la majorité des sénateurs siégeant aujourd’hui à la chambre haute du parlement de Lingwala ?

Une chose est certaine, la victoire annoncée de Thambwe Mwamba risque de se transformer en une bérézina (sic) de plus pour le camp de l’ancien président et ainsi précipiter le naufrage complet de son regroupement politique ».

7/7.cd qui fait parler Modeste Bahati, un des candidats au perchoir, titre : « Bahati : « même si demain, ils peuvent tricher, exercer des menaces ou obliger les sénateurs à utiliser les stylos caméra pour justifier leurs votes, je serai élu président du Sénat ».

A l’issue de l’entretien, en rapport avec la confirmation de sa plainte contre Néhémie Mwilanya et consorts, qu’il a eu, ce vendredi à Kinshasa, avec le procureur général de la République près la Cour de cassation, Modeste Bahati Lukwebo a fait savoir qu’il sera élu président du Sénat, même si, selon ses propres termes, le camp de son challenger, Alexis Thambwe Mwamba, essayait de tricher.

Fatshi au Nigéria

Le Bulletin de l’ ACP titre sur le voyage du chef de l’Etat et écrit : « Le Président Félix Tshisekedi au forum au Nigeria sur l’entrepreneuriat en Afrique ».

« Le président de la République, Félix Tshisekedi, arrivé vendredi 26 juillet, à Abuja, au Nigeria, va prendre part ce samedi 27 juillet 2019 au Forum sur l’entrepreneuriat en Afrique.

Le Chef de l’Etat congolais va intervenir lors de cette rencontre, devant plusieurs Chefs d’Etat africains et d’un panel d’entrepreneurs pour exposer et démontrer sa vision sur l’entrepreneuriat et sa vision d’une Afrique rayonnante et prospère qui offrira des opportunités dans l’esprit d’entreprise dans un contexte gagnant-gagnant.

Félix Tshisekedi saisira une fois de plus, l’occasion pour évoquer les nombreuses opportunités entrepreneuriales qu’offre son pays, la RDC.

Il sied de noter que l’entrepreneuriat est considéré comme un moteur de croissance en Afrique. La création d’un environnement propice au développement des entreprises est primordiale pour assurer une durabilité à long terme.

Les assises de Lagos seront axées essentiellement sur la participation aux débats les plus approfondis en ce qui concerne les problèmes actuels de l’entrepreneuriat en Afrique.

Parmi les autres invités de marque à ce forum, on cite les Présidents Paul Kagame du Rwanda, Macky Sall du Sénégal, Dr. Akinwimi Adesina, président du groupe de la BAD, Dr. Bénédict Oramah et Mme A.V Elumelu de CEO Avon Médical.

Forum d’entrepreunariat

Organisé par la Fondation Tony Elumelu (TEF), le plus grand défenseur de l’entrepreneuriat en Afrique, ce forum se tient du 26 au 27 juillet 2019 à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, et connait la participation des principaux décideurs, dirigeants d’entreprises, agences de développement et l’ensemble de l’écosystème de l’entreprenariat, y compris les anciens bénéficiaires du programme d’entreprenariat de la Fondation.

Ce Forum, rappelle-t-on, marque l’aboutissement du programme annuel d’entrepreneuriat de la Fondation Tony Elumelu qui a, cette année, encadré, formé et financé plus de 3 000 jeunes entrepreneurs africains sélectionnés parmi plus de 216 000 candidats.

Cet événement offre une occasion unique aux jeunes femmes et hommes, issus des 54 pays africains, de se rencontrer, d’apprendre et de créer des réseaux au sein du vaste écosystème entrepreneurial africain et mondial. Il s’agit également d’une occasion cruciale pour les dirigeants politiques et les décideurs de rencontrer une nouvelle génération de dirigeants d’entreprises africains qui sont en train de transformer la trajectoire économique de l’Afrique.

Il offre aussi une opportunité pour les entrepreneurs africains présents, de s’entretenir étroitement et directement avec des dirigeants politiques au plus haut sommet de l’Etat pour témoigner de l’importance du rôle que les pouvoirs publics peuvent et doivent jouer pour catalyser la croissance et encourager l’ambition des entreprises.

Le forum comporte également une séance de plaidoyer, au cours duquel des entrepreneurs sélectionnés feront des présentations passionnantes sur leurs produits et services devant un jury de marque. ».

Katumbi

CasInfo.ca se focalise sur le déplacement de Moïse Katumbi et titre : « Kolwezi: devant une foule en liesse, Katumbi promet de faire une ‘‘opposition républicaine’’ ».

Selon ce média en ligne, Moïse Katumbi a réitéré vendredi son engagement à faire une opposition républicaine, écrit le site. « Le leader de Ensemble en visite à Kolwezi, ville de la riche province du Lualaba s’est offert un long bain de foule. Devant ses sympathisants réunis à la sixième avenue, au siège de l’UNAFEC de Gabriel Kyungu, le coordonnateur de Lamuka a répété le même discours que celui tenu lundi à Kalemie. », constate Cas-Info.

Ebola

Par ailleurs, Touteheure.com se penche sur la riposte contre la maladie à virus Ebola et titre : « Ebola : Julien Paluku propose de nouvelles stratégies pour une efficacité de la riposte ».

Il faut des nouvelles stratégies pour renforcer le travail des équipes de riposte contre la maladie à virus Ebola, dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. C’est l’appel du député national, ancien gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, fait remarquer le site. Parmi ces stratégies, il propose notamment la mise en place d’une seule coordination de riposte contre Ebola et une nouvelle approche de communication sur le terrain.

CPI

Top Congo titre « Le Bureau du Procureur de la CPI publie son Plan stratégique pour la période 2019-2021 »

« Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale a, dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi 26 juillet, annoncé la publication de son Plan stratégique pour la période 2019-2021, à la suite des consultations qu’il a menées notamment auprès des États parties et d’acteurs de la société civile.

« Le Bureau a évalué avec minutie les résultats de ses activités et dressé le bilan y afférent, en tenant également compte de facteurs internes et externes qui ont contribué à la bonne marche du Bureau ou freiné ses performances », indique le communiqué.

Ce nouveau Plan stratégique, indique le document, permettra au le Bureau du procureur de la CPI de s’appuyer « sur les bons résultats issus du précédent Plan stratégique (2016-2018), en poursuivant les méthodes qui ont porté leurs fruits en matière d’enquête et de poursuites et en s’inspirant, le cas échéant, des enseignements à tirer pour revoir ses procédures ».

« Ce Plan stratégique nous montre la voie à suivre et nous propose une vision prometteuse pour la prochaine période stratégique, et représente notre volonté incessante de remplir efficacement la mission qui nous a été confiée en vertu du Statut de Rome et de nous améliorer en permanence », estime le Procureur Fatou Bensouda.

Qui précise que ce nouveau Plan stratégique « tient également compte des obstacles rencontrés par le Bureau dans le cadre de ses activités et des difficultés auxquelles il risque d’être confronté à l’avenir, et recherche activement des solutions pour y remédier ».

Cette nouvelle planification s’articule autour de six objectifs stratégiques à savoir (1) obtenir un taux de réussite élevé à l’audience, (2) accélérer la cadence et accroître l’efficacité des examens préliminaires, des enquêtes et des poursuites, (3) élaborer avec les États des stratégies et des méthodes renforcées visant à augmenter le taux d’arrestations des personnes visées par des mandats d’arrêt de la CPI, (4) améliorer et renforcer sa démarche centrée sur les victimes, notamment les victimes de crimes sexuels et à caractère sexiste et de crimes commis contre des enfants ou ayant un impact sur eux, (5) renforcer la capacité du Bureau à gérer ses ressources de façon efficace, transparente et responsable et enfin (6) renforcer la capacité du Bureau et de ses partenaires à mettre fin au fléau de l’impunité.

Le Bureau aspire à la mise en œuvre de son nouveau Plan stratégique dans la mesure et compte sur le soutien et la coopération continus des États parties et de l’ensemble de la communauté internationale.

Plan stratégique du Bureau du Procureur (2019-2021)

Le Bureau du Procureur de la CPI mène des examens préliminaires, des enquêtes et des poursuites à propos du crime de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et du crime d’agression, en toute impartialité et en toute indépendance.

Depuis 2003, le Bureau enquête sur plusieurs situations relevant de la compétence de la CPI, notamment au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Darfour (Soudan), en Géorgie, au Kenya, en Libye, au Mali, en Ouganda, en République centrafricaine (deux situations distinctes) et en République démocratique du Congo.

Le Bureau conduit également des examens préliminaires à propos des situations en Colombie, en Guinée, en Iraq/Royaume-Uni, au Nigéria, en Palestine, aux Philippines, en Ukraine et au Venezuela ».

Presse et documents étrangers

Election du gouverneur du Sankuru : Joseph-Stéphane Mukumadi surclasse Lambert Mende

Alain Diasso – ADIAC – le 20 Juillet 2019

L’indépendant Joseph-Stéphane Mukumadi (dix-sept voix sur vingt-cinq votants) a été élu le 20 juillet gouverneur de la province du Sankuru, devançant le ministre honoraire et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui n’a réuni que huit voix. C’était au terme d’un scrutin organisé par la Céni à l’Assemblée provinciale du Sankuru.

Fini le suspense sur l’élection du gouverneur de la province du Sankuru. Après le dernier report du 10 juillet pour cause d’insécurité, à en croire les explications de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), c’est finalement le 20 juillet que ce scrutin a eu lieu à l’Assemblée provinciale du Sankuru. Coup de théâtre. Alors que d’aucuns s’attendaient à l’élection de Lambert Mende Omalanga, ancien porte-parole du gouvernement sous Joseph Kabila, c’est plutôt son challenger Joseph-Stéphane Mukumadi qui a été élu à la surprise générale. Dans un hémicycle où le Front commun pour le Congo (FCC) est largement majoritaire avec plus d’une vingtaine des députés sur les vingt-cinq que compte l’Assemblée provinciale, il est clair que Lambert Mende partait avec les faveurs des pronostics. C’était sans compter avec la réalité du vote. Le ministre honoraire et porte-parole du gouvernement (huit voix) n’a pu faire mieux que son adversaire qui a réuni à lui seul dix-sept voix sur les vingt-cinq votants. Ainsi donc, Joseph-Stéphane Mukumadi succède à Berthold Ulungu à la tête du Sankuru devenant ainsi le deuxième gouverneur élu de la nouvelle province issue du découpage territorial.

Ayant mal digéré cette défaite qu’il impute aux députés provinciaux du FCC qui, d’après lui, se sont fait corrompre, Lambert Mende a toutefois déclaré prendre acte. Il s’étonne néanmoins qu’un indépendant proche de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) qui n’a aucun député au Sankuru puisse se payer le luxe de s’approprier cette province. « Je ne pense même pas que je ferai appel bien qu’il y a eu beaucoup d’irrégularité (…) Ce n’est pas normal qu’un parti qui n’a aucun député puisse prendre la province. Ce qu’il y a eu la décision des députés du FCC qui ont pris la décision de trahir leur famille politique », a-t-il déclaré à la presse quelques instants après la publication des résultats.

Pour Lambert Mende, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les députés provinciaux de son regroupement politique se sont laissé corrompre. Et il voit l’ombre de l’UDPS derrière la victoire de Joseph-Stéphane Mukumadi. « Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. Un indépendant ? Mon œil ! C’est l’UDPS. Nous le savons bien », a-t-il dénoncé avant de s’incliner sur ce verdict. Il entend poursuivre sa carrière politique au niveau de la chambre basse du Parlement en récupérant son siège avec promesse de s’occuper de sa circonscription électorale de Lodja. Et d’annoncer une descente imminente sur place pour remercier ses électeurs et tous ceux qui lui ont fait confiance lors des législatives du 30 décembre 2018. Rappelons que la candidature de Joseph Mukumadi avait été, dans un premier temps, invalidée par la Cour d’appel de Lusambo « pour détention d’une double nationalité » sur une requête de Lambert Mende, avant d’être réhabilitée par le Conseil d’État.

Battu dans le Sankuru, Lambert Mende dénonce la « corruption » dans sa famille politique
Jeune Afrique / AFP – le 20 juillet 2019

Le porte-parole du régime de l’ex-président Joseph Kabila, Lambert Mende, a été battu samedi à l’élection au poste de gouverneur d’une province du centre de la République démocratique du Congo, où il a dénoncé la « corruption » dans son propre camp.

Lambert Mende, 66 ans, sous sanction de l’Union européenne (UE), a été battu par un indépendant, Joseph-Stéphane Mukumadi, dans la province du Sankuru, riche en diamant. Au suffrage indirect, son rival a obtenu 17 des 25 voix des grands électeurs, les députés de l’Assemblée provinciale.

« Cela s’appelle de la corruption », a réagi Lambert Mende joint par l’AFP, affirmant que les élus de son propre camp ont été achetés pour le faire perdre. Il rappelle que « 22 députés provinciaux sur 25 » sont du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de l’ancien président Joseph Kabila dont il a été le porte-parole pendant la campagne présidentielle fin 2018.

À la presse congolaise, il a déclaré que son adversaire « indépendant » était en fait un candidat de l’UDPS, le parti du président de la République Félix Tshisekedi. « Je renonce à exercer quelque recours que ce soit », a ajouté l’ex-ministre de la Communication (2008-2018), par ailleurs député national.

Trois reports

Le Sankuru était la dernière des 26 provinces de la RDC où l’élection du gouverneur n’avait pas eu lieu. Le FCC a emporté la majorité des sièges ailleurs. Le scrutin avait été reporté trois fois. Lambert Mende avait saisi la Cour constitutionnelle pour protester contre le rétablissement de la candidature de son adversaire. Celle-ci avait été invalidée pour détention d’une nationalité étrangère (française ou belge selon les sources). Or le droit congolais interdit la double nationalité.

Le rival de Lambert Mende avait finalement été rétabli par le Conseil d’État. Après un dernier report le 10 juillet, un haut-représentant de l’Union européenne (UE) à Kinshasa avait accusé Lambert Mende « encore une fois » de faire « obstacle à la tenue d’élections », ce qui « justifie les sanctions imposées à son égard par l’UE ». Mende est une des 14 personnalités sous sanctions de Bruxelles, pour entrave au processus électoral dans les deux dernières années du régime Kabila (fin 2016-fin 2018).

Ebola et le risque de la contagion

Christophe Rigaud – Afrikarabia – le 21 juillet 2019

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’état d’urgence mondiale pour lutter contre Ebola, qui continue sa propagation dans l’Est du Congo. Mais la lutte contre l’épidémie se heurte aux groupes armés, à la désinformation de la population, et menace les pays de la région. Le cas d’un pasteur touché par Ebola à Goma inquiète les habitants de la métropole du Nord-Kivu

Le virus tueur poursuit sa route mortelle dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces derniers jours, une vingtaine de décès a été enregistrée, portant à 1728 le nombre de morts victimes de l’épidémie d’Ebola, déclarée en août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette crise sanitaire, la plus grave enregistrée en RDC depuis 1976, a été décrétée « urgence sanitaire mondiale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), preuve de l’extrême inquiétude que suscite la rapidité de propagation du virus. L’alerte rouge mondiale fait craindre une épidémie proche de celle qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016… avec plus de 11.000 morts.

Une propagation éclair

L’OMS avait refusé à trois reprises de déclarer « l’urgence mondiale » au Congo, mais le cas d’un prêtre signalé à Goma, la capitale du Nord-Kivu de plus d’un million d’habitants, a clairement changé la donne. L’histoire de ce prêtre congolais est un cas d’école, et éclaire de la rapidité de diffusion du virus. Le pasteur, originaire du Sud-Kivu, prêchait dans les églises de Butembo, épicentre du virus, « où il apposait régulièrement ses mains sur ses fidèles », ont expliqué les autorités congolaises. Les premiers symptômes sont apparus le 9 juillet. Il se rend alors à Goma en bus le 14 juillet et passe les contrôles sanitaires en dissimulant son identité. A Goma, il est diagnostiqué positif à Ebola et décède le 15 juillet lors de son transfert dans un centre spécialisé de Butembo. L’homme d’église n’a survécu que 7 jours après l’apparition des premiers symptômes.

Risque d’épidémie transfrontalière

L’inquiétude gagne alors la métropole de Goma, jusque-là épargnée par l’épidémie. Une liste de 97 personnes, entrées en contact avec le pasteur, est établie par le ministère de la Santé. Elles seront toutes rapidement vaccinées, mais le risque de contagion dans cette ville-frontière avec le Rwanda préoccupe autorités et habitants. Si la ville de Goma était touchée, le risque de diffusion aux pays de la région est considérable selon les spécialistes de l’OMS. La proximité avec le Rwanda voisin, un pays à très forte densité de population, augmenterait considérablement le risque de contagion régionale au Soudan du Sud et à l’Ouganda. « Plus la transmission est longue, plus il est probable qu’il atteindra l’un de ces pays » estime Ray Arthur, directeur du CDC’s Global Disease Detection Operations Center au site The New Humanitarian. Chaque mois, 100.000 personnes traversent la frontière avec le Rwanda.

Soudan, Rwanda, Ouganda menacés

Si les autorités rwandaises semblent avoir pris la mesure du danger en identifiant 15 zones où le virus pourra être traité, ce n’est pas le cas du Sud-Soudan, englué dans un conflit sans fin. La mauvaise qualité des infrastructures, l’insécurité et la crise politique, font craindre une mauvaise prise en charge de l’épidémie. En Ouganda, qui possède une longue frontière avec la RDC, les autorités ont mis en place des scanners de températures aux entrées du pays et des milliers d’agents ont été vaccinés. Chaque mois, près d’un million de personnes passent la frontière entre les deux pays. En dehors du risque sanitaire, la menace de la fermeture des frontières entre la RDC et ses voisins de l’Est pourrait également provoquer une importante crise économique. La zone du Nord-Kivu et de Goma constitue en effet un noeud commercial régional vital pour les populations de l’Est congolais. L’Union africaine, consciente des risques économiques, « déconseille toute restriction de voyage dans la zone ».

Gagner la bataille de la confiance

Mais pour l’instant, le plus grand danger de propagation du virus se situe à l’intérieur des frontières congolaises, et s’appelle… la rumeur et la désinformation. Depuis le début de l’épidémie en août dernier, la population se montre extrêmement méfiante envers la maladie et les personnels de santé, surtout lorsqu’ils viennent de pays étrangers. Plus de 120 « incidents » et attaques d’agents de santé ont été recensés dans la région, rendant l’épidémie encore plus difficile à contrôler. De nombreux congolais pensent que le virus « n’existe pas » et que les vaccins proposés par la communauté internationale sont « dangereux » et uniquement destinés à enrichir les laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Certaines familles préfèrent également enterrer leurs morts clandestinement pour procéder à des funérailles « traditionnelles », mais extrêmement dangereuses pour la propagation du virus. La confiance des populations constitue l’une des principales batailles à gagner pour l’OMS. Lorsque que l’on rajoute à cela des dizaines de groupes armés qui pullulent dans la région et entravent la circulation des ONG et des personnels de santé… la guerre contre Ebola prendra du temps au Congo. Un temps précieux, puisque plus la crise dure, plus il est probable qu’elle se propage dans les autres pays de la région… reste à savoir quand.

Eradiquer la maladie d’Ebola : « C’est un travail de longue haleine »

A. Lechien – RTBF – le lundi 22 juillet 2019

Le virus Ebola est de retour en Afrique. Il y était apparu en 1976, dans le nord-est du Congo à l’époque. C’est un virus tueur : depuis son apparition, 15.000 personnes en sont mortes. L’OMS a donc décrété une nouvelle épidémie et l’urgence sanitaire mondiale. Interrogée sur La Première, Axelle Ronsse, coordinatrice des activités Ebola chez Médecins sans frontières, explique que « le virus Ebola est un virus qui peut donner une fièvre hémorragique et qui a surtout un taux de létalité très important. Plus de 70% des patients peuvent en mourir et il n’y a pas encore de médicaments qui ont été validés à ce stade pour traiter cette maladie. C’est donc ça qui fait qu’elle est effectivement une maladie compliquée ».

« C’est une maladie qui ne se transmet que quand on est malade et elle se transmet via tout ce qui est sécrétions — le sang, les urines, la sueur. Ça veut donc dire que les premières personnes infectées sont généralement les travailleurs de santé qui prennent en charge ces patients ou les gens de la famille pendant les enterrements. Elle est effectivement très contagieuse quand on est en contact avec ces liquides », poursuit-elle.

On n’a toujours pas trouvé de moyen pour éradiquer cette maladie, « il y a eu l’épidémie de 2014-2016. La neuvième épidémie au Congo a eu lieu l’année passée, entre mai et juillet, et elle avait été assez vite contrôlée. Ici, effectivement, elle dure depuis presque un an maintenant. Pourquoi met-elle tellement de temps à être réglée ? D’abord parce qu’on est dans un endroit du Congo qui n’est pas facile. On est dans le Nord-Kivu, l’est du Congo, en guerre depuis une vingtaine d’années, avec la préoccupation d’une population qui est beaucoup plus au conflit et à d’autres choses qu’à la maladie d’Ebola. C’est une maladie qui demande surtout qu’on ait la population avec nous, qui doit être au centre du jeu et ce n’est pour le moment pas encore le cas. On n’a pas encore pu expliquer à la population que, si quelqu’un de sa famille est tombé malade, ce serait bien qu’il soit pris en charge le plus vite possible dans un centre Ebola. C’est donc vraiment ça qui est au centre du dispositif, c’est normalement d’avoir la population à bord », dit-elle.

Vaccination

« Le vaccin est un des nouveaux outils, qui est nouveau par rapport aux épidémies précédentes, et qui est assez prometteur. Mais effectivement, le vaccin ou la technique pour laquelle la vaccination est utilisée et la façon dont on l’utilise est que dès qu’un patient est déclaré Ebola, on doit à ce moment-là déterminer toutes les personnes avec lesquelles il a été en contact et vacciner toutes ces personnes. C’est un travail de longue haleine, c’est tout un pilier de la réponse Ebola, c’est normalement toute la surveillance, donc avoir tout ce tracé des patients. Normalement, dans une épidémie d’Ebola, si elle était sous contrôle, on devrait avoir une idée de toute la chaîne de transmission, voir qui transmet à qui. Pour le moment, ce qu’il y a, c’est qu’on voit qu’il y a encore énormément de décès communautaires, donc de personnes dans la communauté qu’on n’avait pas vues qu’elles tomberaient malades avant. On a toutes ces personnes qui se contaminent dans les structures de santé et on a pour le moment un trou dans ces chaînes, donc on n’arrive pas à suivre. La vaccination est basée sur un système de surveillance correct et si le système de surveillance n’est pas correct, on loupe effectivement des choses. La stratégie n’est pas mauvaise, il n’y a pas de nouveauté là-dedans, mais par contre il faut peut-être qu’il y ait une meilleure qualité sur cette stratégie. »

Le virus est présent dans plusieurs pays, poursuit Axelle Ronsse : « En Asie, il y en a un similaire, mais le virus Ebola est né en Afrique, du nom d’une rivière là-bas, et c’est effectivement en Afrique, mais pas seulement au Congo, il y avait d’autres pays. En Afrique de l’Ouest, ça a touché d’autres pays, mais il n’est pas présent dans nos contrées ici en tout cas ».

Ebola: démission du ministre de la Santé sur fond de refus d’un vaccin belge

La Libre Afrique, le 23.07.19

Derrière le conflit d’organisation de la riposte contre la maladie d’Ebola né après la décision du président Félix Tshisekedi de s’appuyer sur une équipe d’experts dans la conduite de la lutte contre cette épidémie dans l’est de la République démocratique du Congo, il y aussi le refus de l’expérimentation d’un vaccin belge.

Le ministre de la Santé, Dr Oly Ilunga, a justifié sa décision estimant avoir été désavoué par la décision du président Félix Tshisekedi de prendre le contrôle de la riposte contre l’épidémie d’Ebola, qui a tué 1.737 personnes en un an dans l’est de la RDC et dont le cumul des cas est de 2.578, dont 2.484 confirmés et 94 probables, selon le bulletin du ministère de l’Intérieur daté de dimanche.

« Tirant ainsi les conséquences de votre décision de placer la conduite de la riposte à l’épidémie à virus Ebola sous votre supervision directe et anticipant la cacophonie préjudiciable à la riposte qui découlera inévitablement de cette décision, je viens par la présente vous présenter ma démission de mes fonctions de ministre de la Santé », a écrit le ministre, dans une lettre au président Tshisekedi.

« Comme dans toute guerre, car c’est bien de cela dont il s’agit dans cette lutte, il ne peut y avoir plusieurs centres de décision au risque de créer des confusions (…) L’unicité dans la gestion d’une telle riposte répond ainsi au triple impératif de l’efficacité, de la cohérence des décisions prises et de la redevabilité », a expliqué le Dr Ilunga.

Pour lui, la confusion pointe à l’horizon. « La crise d’Ebola en cours n’est pas une crise humanitaire. C’est une crise de santé publique qui intervient dans un environnement caractérisé par des problèmes de sécurité ».

Il a déploré « des pressions de toutes parts qui tendent à en faire une crise humanitaire dont les logiques d’intervention consacrent la mise en place d’un système parallèle qui ne renforce jamais le système de santé existant ».

En conséquence, selon le Dr Ilunga, « de fortes pressions se sont exercées depuis plusieurs mois pour la mise en oeuvre d’une nouvelle expérimentation en RDC » dans la lutte contre Ebola.

« Le seul vaccin à être utilisé dans cette épidémie est le vaccin rVSV-ZEBOV fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck », a rappelé lundi le bulletin du ministère de la Santé, en indiquant que 169.976 personnes ont été vaccinées.

« Manque d’éthique »

Le ministre s’était opposé dans une circulaire à l’introduction du deuxième vaccin produit par le laboratoire belge Janssen, filiale de l’Américain Johnson&Johnson, a indiqué son entourage.

« Il serait illusoire de croire que le nouveau vaccin (à deux doses administrées à 56 jours d’intervalle), proposé par des acteurs qui ont fait preuve d’un manque d’éthique manifeste en cachant volontairement des informations importantes aux autorités sanitaires, puisse avoir une incidence déterminante sur le contrôle de l’épidémie en cours », affirme le ministre Ilunga.

Samedi, le président Tshisekedi a nommé une équipe d’experts dirigée par le Dr Jean-Jacques Muyembe, le directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa (INRB), pour assurer la « conduite » de la riposte contre Ebola en RDC sous sa « supervision ».

Le Dr Muyembe « a fait partie de l’équipe de recherche ayant enquêté sur la première flambée connue de maladie à virus Ebola en 1976 », peut-on lire sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dans son entourage, on indique que certains membres du comité pourraient défendre l’introduction du deuxième vaccin, d’où l’enjeu profond de la démission.

Un autre contentieux entre les deux hommes existe: le Dr Oly Ilunga a été exclu du parti UDPS après avoir intégré le gouvernement Kabila fin 2016, soit près de 45 jours avant la décès à Bruxelles du vieil opposant, père du président actuel.

Pour le parti du défunt fondateur de l’UDPS, Étienne Tshisekedi, il s’agissait d’une haute trahison parce que Tshisekedi-père était soigné dans un hôpital en Belgique où le Dr Oly Ilunga exerçait des hautes fonctions.

La démission du ministre de la Santé intervient aussi après la décision de l’OMS d’élever l’épidémie d’Ebola en cours au rang « d’urgence de santé publique de portée internationale ».

RDCongo-délinquance-police : RDC: le nord de Goma paralysé après le meurtre de quatre personnes

AFP- le 24 Jul 2019

Des habitants d’un quartier de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, ont barricadé mercredi les routes, paralysant toutes les activités, pour protester contre le meurtre de quatre personnes, dont deux adolescents, tués dans la nuit par des bandits armés, a constaté une équipe de l’AFP.

Des poteaux électriques ont été arrachés pour bloquer toute possibilité de circulation des taxis-motos et des bus dans ce quartier de la capitale du Nord-Kivu, ont constaté deux journalistes de l’AFP.

Des jeunes en colère occupaient les rues en condamnant « l’inaction des autorités face à ces tueries qui durent » depuis le début de l’année et qui ont fait au moins sept morts en six jours, sans que l’identité des assaillants ne soit connue.

« Le soir, un véhicule a déposé des gens qui sont entrés dans un point de recharge de téléphone, ont tiré sur le propriétaire, un adolescent qui tentait de fuir a été atteint à la tête, ensuite ils ont tiré sur une femme qui vendait ses légumes à l’extérieur », a témoigné à l’AFP Yannick Choukourou présent lors de la fusillade.

« Dans leur fuite, un adolescent qui a crié +au voleur+ dans une maison voisine a été criblé de balles », a-t-il encore ajouté. Trois autres témoins présents interrogés par l’équipe de l’AFP ont donné une version semblable des faits. « Comment peut-on faire preuve d’autant d’incapacité à maitriser des criminels qui tuent des enfants? », a tempêté entre deux sanglots Janvier Katembo, l’oncle d’un des adolescents tués.

« La police est arrivée après trente minutes. Ils n’ont pas osé poursuivre les bandits armés et ont rebroussé chemin », a encore déploré M. Katembo. Aucune autorité n’était disponible pour répondre aux sollicitations de l’équipe de l’AFP.

Au moins dix personnes ont été tuées par des bandits armés dans des braquages ou au hasard dans les rues de Goma depuis mars. Les autorités n’ont arrêté ni donné l’identité des assaillants.

Repaire de milices et groupes armés, la province du Nord-Kivu est en proie à une forte insécurité depuis plus de deux décennies.

Six mois après les élections présidentielles l’ONU juge le bilan mitigé

UN News – le 25 juillet 2019

Plus de six mois après la tenue des élections de décembre 2018, la situation en République démocratique du Congo (RDC) est à la fois satisfaisante et préoccupante, a indiqué mercredi la Représentante spéciale de l’ONU dans le pays.

« Le Président Tshisekedi a clairement exprimé son intention d’initier des réformes audacieuses, lesquelles, si elles sont totalement mises en œuvre, devraient conduire au renforcement des institutions congolaises et à l’amélioration des conditions de vie des Congolaises et des Congolais », s’est félicitée Leila Zerrougui lors de son exposé devant le Conseil de sécurité.

La Représentante spéciale qui intervenait par vidéoconférence a également noté une amélioration progressive des relations entre la République démocratique du Congo et ses voisins depuis la prise de fonction de Félix Tshisekedi, soulignant que le Chef de l’État est activement engagé dans des initiatives diplomatiques afin de faire de la région des Grands Lacs « un havre de paix et de développement grâce à la promotion de bonnes relations de voisinage et d’une intégration économique régionale ».

Mme Zerrougui a toutefois regretté que le nouveau gouvernement ne soit toujours pas formé, malgré la nomination du Premier ministre le 20 mai dernier.

« L’absence d’un gouvernement opérationnel est préjudiciable à la mise en place de relations solides avec les partenaires et à la mise en œuvre d’importantes réformes de la gouvernance et des institutions, qui pourraient contribuer à la consolidation d’un processus de transition encore fragile », a averti la cheffe de la Mission de l’ONU en RDC.

La Représentante spéciale a dit avoir rencontré les principales parties prenantes à ce processus, les encourageant « à préserver les acquis engrangés lors des élections et de la passation pacifique du pouvoir et à faire les concessions nécessaires pour finaliser la composition du gouvernement ». Elle estime avoir observé des démarches constructives.

La violence demeure la principale cause des besoins humanitaires

Mme Zerrougui s’est inquiétée des violences qui persistent dans l’est du pays, y compris les attaques par les ADF, les groupes armés de Masisi et les violences intercommunautaires en Ituri, où plus de 350.000 personnes ont été déplacées et 733.000 ont besoin d’une assistance humanitaire.

« Je m’inquiète de la situation dans la province de l’Ituri où les perturbateurs alimentent les tensions ethniques en tentant de provoquer les violences intercommunautaires », a déploré la Représentante spéciale.

Elle a souligné que les violences demeurent la principale cause des besoins humanitaires en République démocratique du Congo. Le pays se retrouve ainsi confronté à de multiples situations d’urgence y compris des déplacements forcés et des menaces sécuritaires.

Epidémie d’Ebola

Leila Zerrougui a remercié les donateurs de leur généreuse contribution dans la riposte contre l’épidémie d’Ebola qui sévit également à l’est du pays et qui a tué au moins 1.700 personnes.

Elle a expliqué que l’apparition de cas à Goma et en Ouganda, en dehors de Beni et Butembo, avait mené l’Organisation mondiale de la santé à déclarer l’épidémie une « urgence de santé internationale ».

« Je saisis cette occasion pour souligner que les problèmes rencontrés dans l’éradication de cette maladie ne sont pas seulement de nature épidémiologique, mais qu’ils sont également liés à divers facteurs politiques et sociaux, dont les activités de groupes armés tels que l’ADF et les Maï-Maï, ainsi que la méfiance persistante de la communauté envers la réponse à l’épidémie », a déclaré Mme Zerrougui.

Face à ces situations, a affirmé la Représentante spéciale, la Mission des Nations Unies pour stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) utilise au mieux les fonds mis à sa disposition, même si nos défis budgétaires poussent nos ressources à l’extrême, a-t-elle fait valoir.

Devise: le dollar bientôt privé de son statut de monnaie de réserve mondiale ?

Sputnik (RU) – le 27.07.201

La devise américaine perdra prochainement son statut de monnaie de réserve mondiale selon les experts de JP Morgan Chase, l’une des plus grandes banques d’investissement au monde.

Les banques centrales se débarrassent de leurs réserves en dollars, et la politique créancière des États-Unis pourrait enterrer définitivement la devise américaine. Pourquoi les plus grandes institutions financières de la planète sont-elles prêtes à signer l’arrêt de mort du dollar? Éléments de réponse.

En perte de puissance

Selon le récent rapport du Fonds monétaire international (FMI), presque 62% des réserves de change mondiales sont stockées en dollars – soit plus du double que l’ensemble des actifs étrangers en euros, en yens et en yuans.

Toutefois, comme l’indique dans un récent article Jim Glassman, économiste en chef chez JP Morgan Chase, à l’heure actuelle l’accumulation de dollars à l’étranger est le résultat d’un déséquilibre commercial et un instrument de protection contre les conditions marchandes désordonnées, mais certainement pas une marque de confiance envers la devise américaine.

« Les déséquilibres commerciaux contribuent au renforcement des monnaies des pays émergents en rendant leurs exportations plus chères sur le marché mondial. Afin d’éviter cela, les marchés émergents réinvestissent souvent leur excédent d’actifs en dollars, comme les obligations estimées en dollars et vendues sur les marchés américains », explique-t-il.

L’analyste rappelle qu’aucune monnaie de réserve n’est éternelle. Le dollar domine dans le monde depuis presque un siècle, et même si l’on estime qu’il a remplacé la livre britannique en tant que monnaie de réserve internationale après la signature des accords de Bretton Woods, ce n’est pas tout à fait le cas. La valeur de la livre a ployé bien avant Bretton Woods, souligne l’économiste.

La menace asiatique

En plus de la Chine, les économies de l’Asie du Sud-Est, y compris l’Inde, ont le vent en poupe entraînées par une démographie plus jeune et la prolifération d’un savoir-faire technologique.

Le renforcement du dollar était dû à la création de la Réserve fédérale (Fed), qui a contribué à la formation de marchés des capitaux plus mûrs et d’une politique monétaire nationalement coordonnée – les deux piliers des États avec une monnaie de réserve.

Finalement, le dollar a acquis son statut grâce à la puissance de l’économie américaine, mais la situation actuelle ne profite pas du tout au renforcement de ses positions ni même à leur maintien. Le leadership du dollar est mis à mal par la politique chaotique de Donald Trump mais aussi par le puissant développement des économies asiatiques.

Comme le déclare Jim Glassman de JP Morgan Chase, actuellement la locomotive principale de la croissance économique se déplace vers l’Asie avec un épicentre en Chine, qui, en 70 ans, a multiplié par quatre sa part dans le PIB mondial, pratiquement jusqu’à 20% (24% pour les États-Unis).

« De cette manière, dans les décennies à venir l’économie mondiale passera de la domination des États-Unis et du dollar à un système où l’Asie dispose d’un plus grand pouvoir. Dans l’espace monétaire, cela signifie que le dollar perdra probablement de sa valeur par rapport au panier d’autres monnaies, notamment à l’or », indique l’auteur du rapport de JP Morgan.

Un record négatif

Les chiffres des réserves de change des banques centrales mondiales affichent un affaiblissement prolongé du rôle du dollar. En 2018, selon la Banque centrale européenne (BCE), la part de la monnaie américaine dans les réserves mondiales avait chuté jusqu’à 61,7%, son minimum depuis 20 ans.

La BCE indique dans sa revue de juin que le dollar reste une monnaie de réserve mondiale, mais que son leadership a été sérieusement ébranlé. Depuis la crise financière mondiale de 2008, quand les banques centrales détenaient une quantité maximale de monnaie américaine, il a fléchi de 7 points.

En 2018, les pays émergents ont vendu très activement des dollars et des obligations américaines, Russie en tête. Après de nouvelles sanctions de Washington, Moscou a vendu 100 milliards de dollars pour acheter presque 90 milliards d’euros et de yuans.

L’Argentine, la Chine, Hong Kong, l’Inde, l’Indonésie, la Thaïlande et la Turquie ont vendu des obligations pour près de 200 milliards de dollars. Certains ont eu besoin d’urgence de dollars en liquide pour stabiliser leur propre monnaie, d’autres ont renoncé aux actifs américains à cause des conflits avec Washington.

Une défaite reconnue

Les régulateurs américains reconnaissent que la perte du leadership mondial par la monnaie nationale risque d’engendrer de nombreux problèmes pour le pays.

« Le statut actuel du dollar en tant que monnaie de réserve principale permet d’isoler l’économie des troubles extérieurs. La perte du rôle dominant de la monnaie sur les marchés mondiaux conduirait à des conséquences négatives, surtout pour son émetteur – c’est-à-dire les USA », a déclaré en février Linda Goldberg, vice-présidente de la Banque fédérale de réserve de New York.

Pour le moment, les positions du dollar paraissent bonnes. Comme l’indique le célèbre économiste Ulf Lindahl, patron de la société A. G. Bisset Associates spécialisée dans l’étude des marchés monétaires, le cours de la monnaie américaine se maintient à un niveau record depuis 30 ans.

Cependant, affirme-t-il, cette situation changera bientôt et le dollar entrera dans une longue période descendante. Selon l’économiste, d’ici cinq ans la monnaie américaine perdra 40% de sa valeur par rapport à l’euro.

Selon les estimations de JP Morgan, une baisse générale commencera d’ici la fin de l’année, et la Fed ne parviendra à renverser cette tendance en aucune circonstance.

« Une chute du dollar pendant plusieurs années nous attend. D’ici le second semestre 2020 nous assisterons à un affaiblissement radical de la monnaie nationale », affirment les analystes de l’une des plus grandes banques de Wall Street.

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 © CongoForum, le samedi 27 juillet 2019

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