Création d’une banque de l’habitat: vers une fin de l’imbroglio entre bailleurs et locataires (Mediacongo)
KINSHASA – La ville de Kinshasa aura très bientôt une banque de l’habitat. C’est le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, qui en a fait l’annonce le week-end dernier lors d’une rencontre avec les différents bourgmestres de la capitale et leurs adjoints, les commissaires de la police et les chefs de la division urbaine.
La banque de l’habitat aura pour mission d’accorder des crédits aux tiers pour la construction des maisons. Elle compte également s’investir dans la construction des logements sociaux, apprend-on d’une dépêche de l’hôtel de ville de Kinshasa.
Selon la même source, le premier citoyen de la ville attend de cette initiative innovatrice la mutualisation de la garantie locative. L’effectivité de cette innovation va constituer des fonds pour la ville, un capital susceptible de mener des actions de grande envergure dans le secteur à visée sociale. Pour ce faire, les garanties locatives à destination des bailleurs logeront dans un compte en banque.
Les impôts sur les revenus locatifs seront également versés à la banque de l’habitat afin d’assurer leur bonne gestion. Gentiny Ngobila a également annoncé que ces impôts seront revus à la baisse, sans en définir le taux, et la quotité pour les communes sera respectée selon la loi.
Les détails sur la disponibilité de ce service qui va énormément soulager la population et renflouer les caisses de l’Etat n’ont pas été communiqués.
La protection de la population pour le succès du projet
L’initiative présentée par le premier citoyen de la ville est une mesure salutaire dans la mesure où, espère-t-on, va contenir le désordre qui entoure l’application de la loi sur les baux à loyer, fixant la garantie locative à 3 mois pour les maisons résidentielles. Cette loi n’est respectée que du bout de doigts par une pincée de bailleurs.
En 2007, le ministre de l’urbanisme a rendu disponible le livret des baux à loyer, méconnu de la population faute de vulgarisation. Et jusqu’à ce jour, les locataires sont soumis au diktat des bailleurs dans des contrats léonins dont l’avantage ne reviendrait strictement qu’à l’acquéreur le plus coriace qui aurait l’audace de faire valoir ses droits en faisant recours à la justice. Malheureusement, ce n’est souvent pas le cas. La majorité des locataires impatients, ne suivent le cours de la procédure, trouvent refuge dans le « règlement à l’amiable ».
Sans moyens conséquents, armés d’un manque de confiance sans précédent en la justice, certains redoutent l’affrontement au risque d’être préjudiciés par des bailleurs susceptibles d’user d’une influence négative sur les services compétents, plient simplement bagages et évacuent le lieu, conservant ainsi leur dignité et intégrité.
Face à ces pressions, les locataires impuissants sont contraints de faire profil bas devant leurs bourreaux qui les matent dans des expressions devenues courantes telles que « est-ce l’Etat qui a construit ma maison ? Avec combien de sacs de ciments a contribué l’Etat ? Quand je construisais ma maison, à l’époque où le sac de ciment était vendu à 50usd, où était l’Etat ? »… c’est en ces termes que le bailleur justifie la garantie locative des maisons résidentielles dépassant largement les 3 mois requis, 6 à 12 mois, selon que le loyer va 100usd à 500usd, le mois.
Face à ces quelques exemples qui en réalité ne sont qu’une infime description de l’affront que subissent les locataires, d’aucuns attendent un suivi rigoureux de tous les services mis à contribution pour l’accomplissement de ce projet pour qu’au final, locataire et bailleur s’alignent dans le respect de la loi d’une part, et que l’Etat qui est l’unique bailleur et la population se retrouvent dans un partenariat gagnant-gagnant, d’autre part.
© Mediacongo, 05.08.19
Image – source: ANAPI