21 09 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
Sommaire
En ce samedi 21 septembre 2019, la vague de commentaires sur le voyage de Fatshi tebd à retomber et la presse revient à la diversité de sujets ordinaire. Hommage de l’UDPS à ses combattants tués en 2016, Processus électoral, violence à l’Est la gratuité de l’enseignement sont, entre autre, des sujets qui ont alimenté les médias en ligne consultés ce matin à Kinshasa.
Fatshi en Belgique
Sangoyacongo.com croit savoir «Ce que pensent vraiment les hommes d’affaires belges de la Présidence Tshisekedi »
« A l’occasion de la visite officielle du président de la RDC, Antoine Félix Tshisekedi en Belgique, la libre Afrique.be a sondé les hommes d’affaires belges pour savoir s’ils sont prêt à investir au Congo.
Sont-ils, comme le gouvernement belge, content mais prudent, après neuf mois de Présidence Tshisekedi? Ont-ils une autre attitude ? Autant des questions qui ont permis aux hommes d’affaires belges, chacun dans son domaine d’activité, de s’exprimer en toute liberté à libre Afrique.be en ce qui concerne l’investissement en RDC.
– Un opérateur économique du secteur maritime: « Il y a certaines opportunités puisqu’il y a une nouvelle équipe. Celle-ci doit être découverte, mais le changement apporte toujours du positif. C’est donc le moment de s’intéresser au Congo, mais pas à l’aveuglette évidemment. Toute l’économie du Congo dépend du maritime, mais c’est compliqué: les marchandises entrent soit par Mombasa (Kenya); Matadi, ce n’est pas un port, c’est un… Je ne peux pas dire ça. Mais comprenez que c’est particulièrement difficile d’y travailler. Il y a aussi le chemin de fer de Benguela, parfait jusqu’à la frontière entre l’Angola et la RDC. Mais les 40 km au Congo bloquent tout ».
– Un avocat: « Je note de l’intérêt et de la prudence. Les hommes d’affaires se précipitent dans notre cabinet de Kinshasa, pour voir. Le récent achat de la banque BCDC (NDLR: où le groupe Forrest est majoritaire) par la banque kényane Equity a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Bon, Equity est une grosse banque, BCDC une petite, mais quand même… Il y a en tout cas une grosse attente pour que le niveau de corruption diminue au Congo».
– Un économiste: « Quand il y un changement, il y a toujours des gens qui veulent profiter du brouillard pour faire un gros coup. Il serait intéressant que la Belgique propose d’avoir un outil efficace de promotion des investissements ».
– Un opérateur travaillant dans le transport maritime: « Je suis très optimiste, après une année de tension. Nous allons investir plusieurs dizaines de millions, parce que les besoins vont accroître. On le voit d’ailleurs déjà depuis quelques mois: à Banana, Matadi, Kinshasa et Kisangani, le marché est en croissance – et on va vers plus de demande en raison de la croissance démographique. A Matadi, le trafic s’est accru cette année de 17% par rapport à la même période en 2018. C’est très encourageant ».
– Un opérateur économique œuvrant dans le matériel de laboratoire: « On ne sait jamais ce que ça va donner. Mais le monde des affaires et plus pragmatique que le monde institutionnel. On a des espoirs, mais il faut d’abord voir ce qui se passe. Sur le terrain, il y a un très grand écart entre le monde de l’Etat congolais et le monde de la population. Beaucoup de Congolais ne sont pas convaincus que les choses vont changer, surtout à l’est. Nous non plus, mais on a quand même de l’espoir. On travaille avec l’équipe au pouvoir au Congo, même si elle n’a pas gagné les élections, parce qu’il y a quand même une ouverture vers la Belgique et que la Belgique reçoit M. Tshisekedi et essaie, elle aussi, de renouer les liens. Mais il y a aussi une note de désespoir parce qu’il y a déjà des « affaires » de corruption. Cela dit, les hommes d’affaires n’ont pas besoin de grands changements, mais de stabilité: ils veulent être sûr que leurs investissements ne seront pas détruits dans six mois ».
– Un opérateur du secteur agro-alimentaire: « Si les liaisons s’améliorent entre les deux pays, que le nombre de vols réguliers augmente et qu’obtenir le visa congolais ne prend plus 3 ou 4 semaines comme aujourd’hui, je serai content. Pour Tshisekedi, tout le monde sait comment il est arrivé au pouvoir. On est dans l’expectative. En tout cas, c’est mieux que Kabila. Mais je crois que c’est le prochain Président qui fera le vrai changement. Tshisekedi doit garder le calme et l’équilibre dans le pays jusque-là. J’espère qu’il est là comme transition entre une longue ère dictatoriale et non pas la démocratie à proprement parler, mais l’ouverture au commerce mondial et le développement d’une classe moyenne au Congo ».
– Un homme d’affaires travaillant dans la numérisation: « Moi je ne suis pas prudent. Je travaille au Congo depuis plusieurs années et je crois qu’il faut voir ce qui se passe non comme une révolution, mais comme une évolution; il n’y a donc pas de raison d’être prudent. Il faut encourager cette évolution et l’ouverture. Faire des affaires au Congo a toujours été un problème, mais ça évolue en mieux. Cette évolution avait déjà commencé durant les derniers mois du régime Kabila – depuis septembre 2018, je dirais – en raison des pressions sur le régime. Aujourd’hui, cette évolution prend de l’ampleur, mais les problèmes pratiques demeurent: des contrats qui se perdent, la paperasse qui n’est pas le point fort des Congolais (si ça se trouve, les 15 millions de dollars disparus n’ont pas été détournés, mais perdus quelque part!)… Mais il me semble que la bonne volonté existe, même si, pour chaque dossier, ils essaient de prendre une commission: il y a quand même eu quelques personnes interpellées par la justice; c’est nouveau ».
– Un opérateur import-export: « Nous sommes contents parce qu’un compromis comme celui-ci était peu probable il y a 9 mois. On sait tous ce qui s’est passé aux élections, mais compte tenu des risques énormes de conflit ouvert si le vainqueur de l’élection avait été proclamé, on apprécie la sauvegarde de la paix. Pour un opérateur économique, la stabilité prévaut sur la démocratie. Les relations bilatérales doivent permettre au pays de reprendre le standing perdu. Il faut reprendre un système d’assurance-crédit à l’exportation. Tshisekedi tend la main; la Belgique et l’Union européenne vont-elles prendre cette main? Ce n’est pas sûr. Donc je suis aussi un peu prudent, même si, ces trois derniers mois, mon impression a été plutôt bonne ».
– Un opérateur dans le transport: « Il y a un coup à tenter parce qu’il y a une nouvelle équipe. Je ne sais pas ce que seront les relations entre le Président et le gouvernement congolais. On va l’observer. Le Premier ministre Ilunga sera jaloux de ses pouvoirs et il n’a rien à perdre. Donc je suis optimiste. Mais on peut toujours se prendre une claque ».
– Un opérateur du secteur médical: « Tshisekedi est porteur d’espoir. C’est difficile, mais il a la volonté d’y parvenir. C’est donc maintenant que nous devons l’encourager. S’agissant de bonne gouvernance, on est peut-être mal placés, en Belgique, pour leur faire la leçon; c’est facile de voir la paille dans leur œil quand nous avons une poutre dans le nôtre. Nous ne devons plus être paternalistes, mais traiter les Congolais en égaux ».
7/7.cd revient sur la réplique du président Félix Tshisekedi à Martin Fayulu. Pour Félix Tshisekedi cité par ce média, Martin Fayulu a « le droit de dire ce qu’il veut mais ce que je prouve sur le terrain démontre que je ne suis pas une marionnette ». « D’abord, j’ai libéré tous les prisonniers politiques ce que lui n’avait pas fait, j’ai ramené tous les exilés politiques y compris un de ses adversaires le plus acharné. Donc je ne crois pas qu’une marionnette peut faire ça« , a dit Félix Tshisekedi
Toujours sur Félix Tshisekedi, le Bulletin de l’ACP rapporte son entretien avec les étudiants congolais en Belgique et titre : « Le Président Félix Tshisekedi invite les étudiants congolais de Gembloux à participer au développement de l’agriculture en RDC ». ACP note que le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a invité les étudiants congolais à regagner le pays après leurs études pour participer au développement de l’agriculture, à l’issue de sa visite jeudi au Centre Terra (Terra Teachning and Research Center) sur le site de l’Université de Liège (ULG) à Gembloux.
UDPS
CasInfo.ca rend compte des hommages de l’UDPS à ses « martyrs », titre : « Ce samedi à St Dominique : L’UDPS rend hommage à ses combattants tués en 2016 ».
L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) « organise une messe d’actions de grâce, ce samedi 21 septembre à la paroisse saint Dominique à 9h30 afin de se souvenir de ses militants, tombés au front lors des manifestations anti-Kabila des 19 et 20 septembre 2016 », écrit ce site. Il renseigne que l’ancien parti de l’opposition a été particulièrement touché lors de ces violences qui avaient éclaté dans le pays. « Six de ses membres avaient été brûlés vifs lors d’un incendie criminel dont l’origine n’a jamais été connue. », rappelle ce média.
Politique (Processus électoral et gratuité de l’enseignement)
Top Congo FM titre « CENT: le rapport général sera déposé au cours de cette cession parlementaire (Kalamba) »
« La Commission électorale nationale indépendante (CENI) dépose au cours de cette session « un rapport annuel qui devrait être nécessairement présenté au mois de mars. Nous présentons le rapport du premier cycle qui couvre notre mandat de 2013 à 2019. Le même rapport va faire aussi l’état de l’année 2018-2019 », annonce, sur Top Congo FM, Jean-Pierre Kalamba.
Le rapporteur de la CENI souligne que « le rapport que nous faisons est un rapport général de tout notre mandat. Il est, en même temps, le rapport annuel de 2018-2019 mais également le rapport de fin du premier cycle de trois élections convenues au dialogue ».
Jean-Pierre Kalamba rassure que « les députés ne partiront pas en vacances sans avoir examiné le rapport de la CENI qui sera déposé au cours de cette session » de septembre.
Il indique même que « nous sommes déjà prêts avec beaucoup de choses. Nous avons même, en plénière, examiné les voies et moyens pour accélérer les choses », précise-t-il.
Encore des contraintes
La présidente de l’Assemblée nationale avait estimé, à l’ouverture de cette session ordinaire de septembre, que toutes les contraintes ayant justifié le non dépôt de ce rapport étaient levées.
Jeanine Mabunda « n’a parlé que des élections directes et indirectes, qui étaient présentées comme difficultés pour ne pas présenter les rapports en mars », rétorque Jean-Pierre Kalamba.
Qui estime que « les contentieux continuent parce que l’article 27 de la loi électorale n’avait pas prévu que le Conseil d’État allait intervenir ».
Il rappelle donc que « c’est prévu à l’article 27 de la loi portant organisation de la CENI qui veut que chaque année la CENI dépose son rapport à l’Assemblée nationale. La même loi dit aussi qu’à la fin d’un processus, la CENI présente aussi un rapport. Cela peut être en mars ou non ».
Il insiste sur le fait « qu’un processus comprend aussi les contentieux. Au mois de mars, les contentieux [continuaient] et nous étions en train de [poursuivre avec] les élections indirectes [dans le] Sankuru, [dans le] Maï-Ndombe, au Nord-Kivu et Beni-Butembo ».
Ce qui est sûr, pense Jean-Pierre Kalamba, est que « les contentieux continuent encore au niveau du Conseil d’État. Il y a des députés provinciaux qui sont encore en train d’être invalidés »
Ouragan Fm annonce « Parlement : Les 31 députés omis appellent Félix Tshisekedi à trouver une solution politique rapide »
« Les 31 députés nationaux victimes des arrêts de superposition de la chambre spéciale sollicitent l’implication du président de la République, Félix Tshisekedi, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions et au regard de son serment constitutionnel ( art. 69 et 74 de la Constitution), d’user de son pouvoir constitutionnel pour que la solution politique envisagée soit clarifiée et devienne réalité.
Ils ont, dans une déclaration politique rendue publique mercredi, demandé à la présidente de l’Assemblée Nationale, Jeanine Mabunda, de s’en tenir au respect de sa parole donnée faite lors de la rencontre du mois d’Août dernier avec la délégation du Groupe de 31 devant les 1er et le 2ème vice-présidents de la chambre basse du parlement.
Tout en se considérant toujours comme de vrais élus proclamés dans le respect de la Constitution, ils dénoncent la validation des pouvoirs des députés nationaux proclamés de manière frauduleuse au terme de la fameuse correction des erreurs matérielles par la Chambre spéciale de la Cour Constitutionnelle.
A défaut de la concrétisation rapide de la solution politique proposée par les autorités, ils se réservent à dater de ce jour, le droit de recourir à des manifestations pacifiques de grande envergure et de saisir les instances internationales compétentes déjà suffisamment documentées sur ce dossier.
En outre, ils condamnent le silence de la communauté internationale sur cette situation et invitent par conséquent, le peuple congolais à considérer cette validation comme une preuve de plus de la violation de la Constitution en son article 151 car, disent-ils, l’arrêt définitif RCE 1168/DN transmis par la Chambre spéciale à l’Assemblée nationale est un faux parce que signé par le président de la Chambre spéciale et non le président de la Cour Constitutionnelle qui viole également l’article 75 de la loi.
Par ailleurs, les députés nationaux exigent la démission sans délai des cinq juges de la Cour Constitutionnelle, pour déni de justice davantage confirmé par le dernier arrêt RCONST 1007 relatif à l’inconstitutionnalité et interprétation des arrêts de violation des 31 députés nationaux. Arrêt à travers lequel la Haute Cour s’est déclarée incompétente d’interpréter nos arrêts de validation à la lumière de l’article 168 de la Constitution.
Pour eux, ceci est une preuve de plus de la violation intentionnelle politiquement planifiée pour porter préjudice au groupe de 31 députés nationaux parmi lesquels les élus du FCC, CACH et Lamuka ».
Actualité.cd se penche sur les difficultés de la gratuité et titre : « Enseignement de base : les 7ème et 8ème non concernées par la gratuité, l’ANAPECO appelle les parents à payer les frais scolaires ».
Dans les colonnes de ce média, le président de l’ANAPECO, David-Steve Diatezwa Mpongi affirme qu’une réunion des responsables d’écoles et Willy Bakonga, le ministre d’Etat en charge de l’Enseignement Primaire Secondaire et Technique (EPST) a tablé sur la question. «Nous exprimons le regret des parents par rapport à cette décision mais puisque nous devons vivre la réalité qui fait que le gouvernement n’a pas d’argent, c’est ce qu’on va faire. D’après le ministre d’Etat, le budget ne permet pas la prise en charge des classes de 7ème et 8ème, on doit attendre l’année prochaine pour que ces classes soient prises en compte, voilà la réalité sur terrain. », a-t-il expliqué dans Actualité.cd
Violences à l’Est
Habari RDC titre «Les enfants dans les milices, ça existe encore dans l’est du Congo ! »
« Le drame de l’est de la RDC n’est pas seulement la tragédie des femmes. C’est aussi celles de leurs enfants. Dans certains villages du Nord-Kivu, il est plus facile pour un enfant de se faire enrôler dans une milice que de s’inscrire à l’école. Il lui suffit juste d’aller à deux ou trois kilomètres du village pour rejoindre une milice.
Il existe deux façons pour les enfants d’intégrer un groupe armé : soit par eux-mêmes, soit de force. Mais dans les deux cas, l’âge n’est jamais demandé. Les garçons sont utilisés comme cuisiniers, éclaireurs, messagers, féticheurs, ou encore taxateurs dans les secteurs sous contrôle de la milice. Pour les contrôler, ils sont aussi initiés au sexe par des femmes mûres qui sont dans le maquis.
Les enfants filles, elles, sont les épouses des chefs, les « repos » des commandants, comme on les appelle. Leur résidence c’est la brousse, le parc des Virunga, les environnements hostiles où leurs étoiles sont éteintes, leur avenir compromis, leur destin gâché. La vie de ces enfants est en péril, et ce phénomène continue en RDC.
Au village, souffrance et misère
La vie dans plusieurs villages est une galère sans nom. Elle est très dure, il faut trimer pour avoir de quoi se mettre sous la dent. Il faut exercer des activités champêtres pour se faire à manger. Problème : les champs sont occupés par des groupes armés. On peut semer et bien travailler son champ, mais la récolte ira en entier à des miliciens. L’école, personne ne peut la payer. Ainsi, certains enfants empruntent le chemin de la facilité en se faisant enrôler dans des groupes armés où ils vivent du braconnage, de la drogue, de l’alcoolisme et du banditisme.
« Lorsqu’un enfant n’a aucun rêve utile à caresser, il rêve du pouvoir immense ou du plaisir exceptionnel que procure la kalachnikov ou le chanvre », écrivait le professeur Kitandala Zola dans son ouvrage Une saison au Kivu.
On leur vend du rêve pour les recruter
Se disant fièrement protecteurs de tribus, défenseurs de traditions, soldats de clans, les enfants rebelles sont persuadés que devenir milicien est le seul destin auquel ils sont appelés. Faute d’éducation, ils sont facilement manipulables au village où les chefs de différents groupes armés les appâtent avec de fausses promesses. On leur raconte par exemple :
« C’est vous les protecteurs de votre tribu. Il est de votre devoir de vous rallier à nous afin de combattre à nos côtés. »
On leur dit aussi que c’est eux qui libéreront le pays du régime des méchants, des voleurs, comme ce fut le cas lors de l’avènement de la milice AFDL de Mzee Kabila. En attendant que ce grand jour arrive, ils doivent s’entraîner davantage.
On leur raconte aussi que grâce aux rites qu’ils font quotidiennement en sollicitant la protection ancestrale, ils sont invulnérables aux balles d’armes à feu. Pour bénéficier continuellement de cette invulnérabilité, il leur faut respecter certaines règles bizarres et ridicules comme : ne pas manger certains aliments ou porter des habits avec des pièces métalliques, se faire des tatouages mystiques, etc. Convaincus de leur invulnérabilité, ils n’hésitent pas à se placer en premières lignes au front. Or en réalité, leurs chefs les utilisent simplement comme boucliers humains.
Il faut que ça s’arrête
La place de ces enfants n’est pas dans la brousse. Ils sont censés être à l’école pour apprendre à lire, à écrire et à raisonner afin de construire leur avenir. Espérons que la mesure de gratuité scolaire soit effective sur le long terme. Cela réduirait les chances que des enfants soient recrutés dans des groupes armés. Mais aussi, il faut créer de l’emploi pour les jeunes adultes, leur apprendre des métiers s’ils ne peuvent plus rentrer à l’école.
Les enfants c’est l’avenir de notre pays. Faites-les sortir des groupes armés ».
L’UNHCR annonce « Le militant des droits de l’homme Evariste Mfaume lauréat du prix Nansen du HCR pour les réfugiés.
« Quand Evariste Mfaume s’est rendu dans une ferme communautaire dans l’est de la République démocratique du Congo un jour de juin, les femmes ont arrêté de travailler et l’ont accueilli avec des chants et des danses. Sans lui, le fruit de leur travail, un champ de plants de manioc vert vif, n’aurait pas pu voir le jour.
« Nous sommes très reconnaissants envers Evariste parce qu’il a travaillé vraiment dur pour que nous bénéficions de cette terre », explique Ungwa Sangani, un fermier congolais.
Depuis des années, Evariste Mfaume, 46 ans, défend les droits des Congolais déplacés par les conflits, ainsi que ceux des réfugiés et des communautés d’accueil. Il plaide pour que des terres leur soient allouées afin qu’ils puissent en tirer des revenus et reconstruire leurs vies.
Pour son travail, il a été désigné comme lauréat régional pour l’Afrique de la distinction Nansen du HCR pour les réfugiés. Cette récompense annuelle prestigieuse rend honneur aux personnes pour leur travail inlassable afin de venir en aide aux personnes déracinées et apatrides.
Le nom du lauréat final sera annoncé le 2 octobre et il se verra remettre la distinction lors d’une cérémonie à Genève le 7 octobre.
Evariste Mfaume a fondé l’organisation Solidarité des Volontaires pour l’Humanité au Sud-Kivu, sa région d’origine, en 2003. La région connaît des troubles et des violences depuis des années.
« J’ai ressenti en moi cet appel à défendre la dignité humaine, à mobiliser mon énergie pour agir. »
« J’ai commencé ce travail dans un contexte politique très difficile », explique cet homme qui a lui-même été déplacé à plusieurs reprises avec sa femme et ses enfants. « J’ai vu des personnes se faire tuer, des femmes se faire violer, des biens être pillés et détruits », raconte-t-il. « Mais en tant qu’être humain, j’ai ressenti en moi cet appel à défendre la dignité humaine, à mobiliser mon énergie pour agir. »
Il a commencé par dénoncer les violations des droits de l’homme en République démocratique du Congo, puis dans les pays voisins en Tanzanie, au Burundi et au-delà.
Alors qu’il vivait dans le camp de Nyarugusu en Tanzanie en 2005, il a rencontré beaucoup de réfugiés congolais qui aspiraient à retourner chez eux mais qui n’avaient pas d’endroit où rentrer.
« Quand vous rentrez dans votre pays en tant que déplacé et que vous ne pouvez pas trouver d’endroit où redémarrer votre vie, vous êtes dans un état de confusion », dit-il.
Les agriculteurs congolais et les réfugiés burundais qui travaillent dans la ferme de manioc sont un cas d’espèce. Au total, 150 agriculteurs, dont des personnes déplacées, ont trouvé un moyen de se reconstruire grâce à la ferme – l’une des trois fermes communautaires installées sur trois hectares de terres qu’Evariste Mfaume a aidé à installer avec l’aide des autorités et des communautés locales.
Selon l’OCHA, les années de conflit ont déplacé 4,5 millions de Congolais à l’intérieur du pays et forcé plus de 850 000 autres à franchir les frontières du pays. La République démocratique du Congo accueille aussi un demi-million de réfugiés originaires d’autres pays.
Evariste Mfaume a plaidé auprès du gouvernement pour qu’il alloue des parcelles de terres vacantes dans la brousse aux personnes de retour. Cela a conduit à la création des dénommés « villages de la paix » dans les villes de Baraka, Fizi, Sebele et Mboko au Sud-Kivu.
Depuis 2006, plus de 19 000 familles sont rentrées dans ces villages pour reconstruire leur vie.
« Ces zones étaient couvertes de forêts. Quand je les vois aujourd’hui cultivées et habitées, cela me remplit d’espoir et me donne la force de poursuivre ce travail », déclare-t-il.
Cette expérience l’a convaincu que l’accès dans des conditions d’égalité à des terres où les réfugiés et la population locale peuvent travailler ensemble est essentiel pour la paix et la stabilité. Cette approche est celle du Pacte mondial sur les réfugiés adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies l’année dernière.
Les femmes sont au cœur de la démarche.
« Les femmes sont très enthousiastes », dit-il. « Quand une personne fait face à beaucoup de difficultés, l’espoir est très important. »
Claudine Nyanzira fait partie des bénéficiaires de ce programme agricole. Elle a d’abord connu une situation difficile dans le camp de réfugiés de Lusenda à l’est de la République démocratique du Congo après avoir fui le Burundi en 2015.
« La vie était très difficile parce que nous n’avions pas beaucoup de nourriture ni de vêtements », explique cette femme de 29 ans. « Alors quand ce projet agricole a démarré, j’étais très heureuse d’y participer. »
Le camp accueille actuellement près de 30 000 réfugiés burundais dont plus de la moitié ont moins de 18 ans.
Claudine Nyanzira, enceinte de sept mois, se réjouit de la récolte qui aidera sa famille et l’ensemble du groupe.
« Nous apporterons le manioc récolté à la minoterie et l’argent que nous en tirerons nous aidera à payer les frais de scolarité de nos enfants », ajoute-t-elle.
Si Evariste Mfaume a aidé des milliers de personnes comme Claudine Nyanzira et Sangani grâce à son militantisme, il a également fait face à de nombreux défis.
« Quand nous nous battons pour les droits des femmes, nous nous heurtons souvent aux chefs traditionnels locaux qui pensent que nous allons changer la mentalité des femmes et rendre leur domination par les hommes plus difficile », précise-t-il.
Evariste Mfaume a également motivé d’autres personnes à rejoindre sa cause, dont Jacques Asunge qui a rejoint l’ONG il y a 5 ans et est devenu chef de projet.
« Evariste Mfaume est très courageux et il est déterminé à atteindre les objectifs qu’il s’est fixé », explique ce dernier. « Sa force provient de son désir d’aider les autres, une volonté qui l’habite depuis sa naissance. »
« Quand je rendrai mon dernier souffle, peu importe ce que j’ai fait, ce sera suffisant. »
Evariste Mfaume est déterminé à poursuivre l’œuvre de sa vie et à aider les autres.
« J’ai un objectif en moi et tant que je serai ici, je continuerai d’œuvrer pour cela », confie-t-il. « Quand je rendrai mon dernier souffle, peu importe ce que j’ai fait, ce sera suffisant. »
La distinction Nansen pour les réfugiés doit son nom à Fridtjof Nansen, un explorateur et humanitaire norvégien, qui a été le premier Haut Commissaire pour les réfugiés désigné par la Société des Nations en 1921. Cette distinction vise à récompenser les valeurs de persévérance et d’engagement face à l’adversité ».
Presse et documents étrangers
Histoires d’une cohabitation surprenante
Colette Braeckman – Le Soir – le 15 septembre 2019
« Le président Tshisekedi ? il ne ferait pas de mal à une mouche, mais attention… »
Vital Kamerhe, homme politique chevronné et tout puissant directeur de cabinet du 5e président de la RDC, a, depuis Mobutu jusque Joseph Kabila, une longue pratique des chefs d’Etat de son pays…Bienvenu Liyota Ndjoli, ancien ministre de l’environnement puis des PME dans l’ancienne majorité, n’en revient toujours pas et décrit le « miracle congolais »: « les deux présidents s’entendent bien et s’apprécient mutuellement. Quand çà bloque, ils s’invitent l’un chez l’autre, dînent en compagnie de leurs épouses, passent des heures à discuter en aparté, puis se font des concessions mutuelles. Lors de la composition du nouveau gouvernement, Kabila a abandonné le Ministère de l’Intérieur mais gardé la Justice… »Joseph Olenghankhoy qui dirige toujours le Comité national de suivi des accords et s’est transformé en « vieux sage » chargé de multiples médiations, souligne la modestie du nouveau président « vous en connaissez, vous, des chefs d’Etat qui accepteraient de vivre dans un simple deux pièces à la Cité de l’OUA, l’un de ces bungalows construits du temps de Mobutu pour accueillir des visiteurs étrangers… De là, si nécessaire, il prend volontiers la route de Kingakati pour aller discuter avec Kabila ». Mamweso, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, venu de Bruxelles, précise que cette solution demeure provisoire : « c’est au Mont Ngaliéma que le président finira par s’installer, car depuis 1960 ce lieu est le symbole de l’Etat. »
Installée par le Forum Makutano aux côtés de Denise Nyakeru, la « première dame », Jeanine Mabunda, présidente du Sénat et proche de Joseph Kabila, rappelle son parcours et insiste «je connais le prix du pain ». Sa voisine, tout aussi à l’aise, opine du chef « moi aussi ». Si les femmes d’affaires du Forum relèvent l’élégance de l’épouse du président, elles apprécient aussi sa simplicité et son engagement dans la promotion des femmes.
A Kinshasa, où les grandes artères sont régulièrement paralysées par les embouteillages dus à la construction de « saute mouton » (une dizaine de viaducs qui devraient dégorger les principaux carrefours) tous les chauffeurs ont une histoire à raconter en fonction de leur sympathie politique : l’un raconte que Joseph Kabila, qui, conduisant lui-même sa jeep est resté bloqué pendant deux heures à la hauteur d’Utex Africa, comme le simple citoyen qu’il est redevenu, et un autre explique comment Félix Tshisekedi, s’informant des causes d’un autre blocage, a découvert que des policiers se faisaient payer pour dégager le trafic et serait alors intervenu pour les sanctionner…
Dans les salons, mais aussi dans les milieux populaires, toute la ville décrit désormais cette incroyable cohabitation entre l’ancien et le nouveau chef de l’Etat, entre le taciturne et le débonnaire… Si beaucoup se demandent quand l’un va « bouffer » l’autre, Joseph Olenghankhoy se montre optimiste : « d’accord, Joseph Kabila a gardé tous les moyens de l’Etat, mais Tshisekedi peut compter sur un autre atout, le soutien du peuple. Il le doit à son nom, certes, mais aussi à sa popularité personnelle. A chacune de ses apparitions, la foule se précipite. S’il devait être attaqué, il y aurait la guerre… »
La guerre… C’est précisément ce qu’en décembre et en janvier dernier, toutes les ambassades redoutaient, recommandant à leurs ressortissants de quitter le pays au plus vite : « si Kabila confisque la victoire il y aura soulèvement. Et si un opposant l’emporte, l’armée ne l’acceptera pas… »
Le temps passe vite et neuf mois plus tard, ces tensions semblent appartenir à la préhistoire. L’historien Isidore Ndaywel, qui fut l’un des leaders du Comité des Chrétiens laïcs et milita courageusement en faveur des élections et du respect des résultats du scrutin s’émerveille de la maturité de ses compatriotes : « le peuple congolais a remporté une triple victoire : Kabila a compris le message, il s’est effacé sans chercher à imposer son dauphin Shadary par la force. C’est un opposant, Félix Tshisekedi, qui a accédé à la présidence, aidé par le nom de son illustre père. Et surtout, le recours à la violence a été récusé, personne n’en veut… »
Répondant à ce message là, et en accord tant avec ses promesses qu’avec son caractère, Félix Tshisekedi a multiplié les gestes d’apaisement : les prisonniers politiques ont été libérés, les exilés, Moïse Katumbi et d’autres, sont revenus au pays, la radio et la télévision ont retrouvé leur liberté d’expression. « Désormais, c’est la transparence » nous promet le nouveau Ministre de l’Information Jolinot Makelele, qui a passé 33 ans en Belgique. Les pays voisins, rassurés, ont confirmé la légitimation du nouveau régime : les premiers déplacements ont mené Félix Tshisekedi à Brazzaville, Luanda, Addis Abeba où il est devenu deuxième vice président de l’Union africaine. Il s’est aussi rendu à Kigali, où le temps passé à visiter le mémorial du génocide et le texte empreint d’émotion laissé sur le registre des visiteurs ont touché l’opinion, au-delà de la politique…Est venu ensuite le temps des voyages à l’intérieur du Congo : le président, dans les zones en conflit, n’a pas seulement rencontré les généraux, il s’est aussi enquis du quotidien de la troupe et a promis des soins médicaux pour les militaires et leurs familles. A Djungu, près de la frontière du Sud Soudan, (le bout du monde vu de Kin…) il a retrouvé la prison où son père avait été détenu et la maman qui avait nourri le courageux Etienne, à Beni et Bunia Félix Tshisekedi s’est entretenu avec les populations victimes des rebelles ADF et mis de l’ordre dans l’organisation de la riposte à l’épidémie Ebola, les « locaux » accusant les équipes venues de Kin de « consommer » tous les moyens disponibles…. A Kasumbalesa, sur la frontière de la Zambie, le président a découvert les 40 postes de contrôle qui prélevaient leurs multiples taxes…
Les historiens, les politiques, ont cependant l’œil fixé sur la ligne du temps : « la prochaine échéance électorale, en 2023, c’est demain » murmurent des kabilistes qui pensent que leur chef compte les jours. Et cela même si, redevenu simple citoyen, Kabila passe désormais beaucoup de temps à s’occuper de sa réserve animalière de Kingakati, un méga Pairi Daiza où les Kinois, s’ils sont lestés de beaucoup de dollars, se rendent en famille le week end… D’autres se demandent si l’alliance avec Vital Kamerhe résistera jusqu’au bout car le tout puissant directeur de cabinet a pratiquement tenu les rênes du pouvoir durant les neuf mois écoulés. Mais il devra désormais composer avec le Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Un homme expérimenté qui, durant sept longues années, fut ministre du Plan sous Mobutu. Et d’aucuns se demandent si l’affaire des quinze millions introuvables ne serait pas une première torpille, dégoupillée pour atteindre Kamerhe, un homme qui joue aujourd’hui la modestie et l’efficacité, mais qui, d’ici 2013 pourrait lui aussi retrouver ses ambitions…En attendant, tranquille et assuré, Félix Tshisekedi trace son surprenant sillon…
Les 15 millions de dollars n’ont pas disparu, selon Vital Kamerhe
ACP – le 17.09.2019
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Le directeur de cabinet du Président de la République, Vital Kamerhe, a affirmé, lundi, dans une interview à un média périphérique, que les 15 millions de dollars n’ont pas disparu, contrairement aux allégations distillées sur les réseaux sociaux.
« Cet argent n’a pas disparu et le ministre de l’Économie qui a autorité sur le comité de suivi des prix pétroliers pourra vous l’expliquer », a déclaré Vital Kamerhe, dans sa réponse à une question sur le dossier relatif au présumé détournement de cet argent à la présidence de la République.
A propos de la demande formulée par l’Agence nationale de renseignements (ANR) à l’Inspection générale des finances (IGP) d’auditer les dépenses des ministres depuis l’arrivée au pouvoir du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Vital Kamerhe a reconnu avoir demandé la suspension de cet audit.
« J’ai demandé la suspension de l’audit et écrit en ce sens au ministère des Finances, parce que si l’ANR avait besoin d’éclaircissements, elle aurait dû les demander au ministère des Finances ou du Budget. L’IGF dépend de la Présidence et l’ANR n’avait rien à lui demander à notre insu. C’est de la rébellion administrative ! Tout cela se résume à un petit complot inutile et mal monté », a-t-il souligné.
La mission de l’IGF, a-t-il affirmé, était irrégulière parce que la Présidence n’en avait pas été informée.
Il a, enfin déploré que l’IGF et l’ANR s’intéressent à des projets entrepris par la Présidence de Tshisekedi alors que dans le passé des projets mirobolants n’ont jamais suscité leur intérêt ! », a-t-il déploré.
L’Agence nationale de renseignements (ANR), rappelle-t-on, avait saisi, au mois d’août dernier, l’IGF pour lui demander d’enquêter sur un prétendu détournement de 15 millions de dollars américains alloués aux travaux lancés dans le cadre des cent jours de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Félix Tshisekedi : « une force tranquille, une force quand même »
(Interview de Colette Braekman – Le Soir – le 17.09.2019,
Accompagnant votre père, opposant au président Mobutu, vous avez vécu longtemps en Belgique. Quel fut son rôle dans votre apprentissage politique ?
Ce
n’est pas en Belgique que j’ai connu les débuts de son combat :
avec lui nous avons été déportés au village, on appelait cela
relégation. C’était en 1983-84, un milieu où il n’y avait ni
école ni soin de santé. La naissance du parti UDPS (Union pour la
démocratie et le progrès social) je l’ai vécue dans ma chair,
dans ma vie même…En même temps que ma famille, ma mère, ma sœur,
j’ai été témoin des souffrances du peuple congolais et, âgé de
19 ans à l’époque, j’en ai été victime moi-même. Même si je
n’ai jamais revendiqué cela ; je suis l’un des pionniers de ce
combat……
A cette époque nos parents ont décidé d’évacuer
les enfants vers la Belgique, contraints et forcés afin que notre
père puisse continuer sa lutte…Nous n’ étions pas préparés à
l’exil, nous n’avions même pas un pied à terre, nous vivions
comme tous les réfugiés…
Que signifie pour vous le slogan de votre père « le peuple d’abord » ?
Pour moi, cela signifie d’abord prendre en considération la volonté de ce peuple, en comprenant ses souffrances et en essayant de les résoudre. Il n’est pas normal que le Congo, avec ses immenses potentialités, soit l’un des peuples les plus pauvres du monde ! Lorsqu’on a mené un combat comme celui d’Etienne Tshisekedi qui a résisté grâce au soutien de la population on ne peut que penser que les désirs de ce peuple passent avant les nôtres.
Vous avez voyagé à l’intérieur du pays. Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?
Avant tout, c’est la misère. L’écart complet entre les Congolais de la province et ceux de Kinshasa.. Or la plus grande partie des richesses, de la force du Congo vient de l’intérieur ou les populations sont restées dans un autre siècle alors que le Congo avançait. Ce qui m’a le plus bouleversé, c’est l’insécurité à l’Est et je me suis juré de tout faire pour ramener la stabilité, la sécurité et la paix. C’est invivable : les gens sont pris en otages, ils ne peuvent se rendre aux champs alors qu’ils vivent des produits de ces champs. On ne peut accepter que des pans entiers de la population vive dans de telles conditions. Je dois tout faire pour changer cela. J’ai aussi vu la souffrance des femmes, elle est inadmissible…
Est-ce en tenant compte de tout cela que vous avez lancé un train de mesures sociales ?
En fait, mon programme, ma vision, c’est de mettre l’Homme congolais au centre de mes préoccupations. C’est de son épanouissement, de son mieux être que viendra le développement de la RDC. Le bien être commence par la liberté ;les individus doivent être libres, de s’exprimer, d’entreprendre. Il faut leur garantir un accès à l’éducation.
Le droit à l’éducation est inscrit dans la Constitution et j’ai voulu marquer le coup : décréter la gratuité de l’enseignement fondamental, ce qui représente un budget de 37 millions de dollars par mois. Il est possible de dégager ces fonds, et des partenaires internationaux comme la BAD (Banque africaine de développement) ont déjà accepté de nous suivre, je les en remercie…Notre ambition est d’étendre cet effort à l’enseignement secondaire, puis supérieur…Nous travaillons aussi sur l’accès aux soins de santé, afin que les Congolais, épanouis, puissent affronter les défis du développement…Mais nous devons rester modestes, les pieds sur terre et ne pouvons attaquer sur tous les fronts à la fois. D’ici 2023 le social sera prioritaire…Les mesures concernant l’enseignement ont déjà suscité des manifestations de joie, de soulagement et nous allons continuer. Il fallait relever ce défi et pour le moment ça tient, il fallait oser…
Avec un budget de 5 milliards de dollars, allez vous trouver les moyens de cette politique ?
En numérisant l’économie, nous pensons pouvoir rationaliser les dépenses et ramener plus de recettes dans le trésor public. Actuellement 80% de nos recettes échappent au Trésor ! Donc en luttant davantage contre la corruption nous allons combattre ce coulage et réussir à mieux redistribuer la richesse sur l’ensemble du territoire…
Pouvez-vous parler de l’affaire dite des 15 millions de dollars disparus, ce qui a été détecté par l’Inspection générale des finances ?
Cette « histoire » est symptomatique du changement intervenu : elle a été détectée par l’ANR, l’Agence nationale de renseignement. J’ai réussi à humaniser l’ANR, transformée en un service qui doit humaniser la société. J’ai tenu à recevoir moi-même l’ inspecteur général des Finances M. Batubenga car mon souci était de l’entendre à propos des menaces qu’il aurait rencontré. Il m’a dit qu’il n en avait pas connu et qu’il avait transmis le dossier au Procureur, sans citer de nom .Je l’ai assuré de tout mon soutien et de ma confiance. Le dossier est désormais entre les mains de la Justice et n’a plus rien à voir avec moi. Je ne peux donc plus me prononcer sur ce sujet…
Je me bats pour un Etat de droit, pour l’indépendance de la justice et donc je ne mettrai pas mon nez dans ces histoires. Je ne veux pas être un dictateur et je laisse les institutions judiciaires faire leur travail en toute indépendance…
Garant des institutions je me suis assuré du fait que l’inspecteur pouvait faire son travail dans de bonnes conditions. De la même façon, le dossier du Docteur Ilunga (l’ex ministre de la Santé) se trouve entre les mains de la Justice… Je n’ai rien à voir là dedans. L’Etat de droit est en train de se mettre en place et je ne veux pas me mêler de ce qui n’est pas de mon ressort…
Quel est le climat des relations avec votre prédécesseur, l’ex-président Kabila ?
Elles sont plutôt bonnes. Respect, considération mutuelle…,Il n’ a pas de plainte à avoir à ce sujet… Mais nous sortons d’un système qui est resté longtemps au pouvoir et certains collaborateurs ont encore quelques réflexes du passé, ont tendance à croire qu’ils sont encore au pouvoir, il y a eu des actes maladroits mais, essayant de m’élever au dessus de tout cela je crois qu’il faut privilégier la paix, la stabilité…Eviter toute crise intempestive qui aurait un impact sur l’économie et l’évolution du pays. Nous avons le devoir de tenir compte de l’intérêt supérieur de la nation et de privilégier la bonne marche de l’Etat en oubliant nos petits soucis personnels…Je reste optimiste sur la suite…
Une telle transition pacifique, c’est du jamais vu dans l’histoire du Congo…
Une grande première, c’est exact… Nous n’avons aucune expérience passée sur laquelle nous appuyer. C’est un défi énorme nous tentons de faire du neuf avec du vieux, nous sommes en train d’écrire l’histoire de notre pays et les générations futures nous jugeront…. Il nous faudra beaucoup de patience, de diplomatie, mais moi j’y crois…
On vous présente comme une force tranquille…
Je dirais plutôt une force patiente, et humble, qui sait écouter.
Mais une force quand même. Ferme sur les principes. J’ai été à l’école d’Etienne Tshisekedi et le respect des principes, je connais…
Mon père m’a aussi, à ses côtés , obligé, au sein du parti, à être plus diplomate…La population, à ce stade, nous soutient : partout où nous allons elle manifeste sa sympathie. J’y tiens, les gens sont libres de s’exprimer et si cela ne va pas, ils le diront.
La diaspora congolaise semble amorcer son retour
Je les encourage à rentrer au pays quand ils seront prêts, mais ici, il n’y a plus d’inquiétude à avoir au niveau des droits et des libertés. Les inquiétudes peuvent exister au niveau professionnel, et organiser le retour peut prendre du temps. Le Congo est le pays de tous les Congolais, je leur garantis la sécurité et je travaille sur les forces de l’ordre pour les conscientiser afin qu’ils aient un comportement différent. Aujourd’hui les représentants de l’autorité qui s’adonnent à des comportements dégradants sont passibles de poursuites, et je sens qu’il y a un changement… SI j’ai dit qu’il ne fallait pas considérer les investisseurs comme du gibier, c’est parce que, d’ordinaire, dès que ces derniers rencontrent une autorité cette dernière veut leur soutirer quelque chose. Avant même le premier investissement on demande pas de porte et dessous de table ! Dès que commencent les activités, on essaie de percevoir des taxes…Pour arriver à la croissance et au plein emploi, il faut cesser de telles pratiques…Je n’ai pas les yeux partout, mais je fais de mon mieux pour sensibiliser…J’ai aussi créé une agence pour le changement de mentalité, afin qu’elle fasse ce travail de sensibilisation de la population et surtout des fonctionnaires de l’Etat…
Après avoir visité les pays voisins du Congo, qu’attendez-vous de votre voyage en Belgique ?
J’ai toujours dit à mes amis belges que le pays qui pouvait aider le Congo à se relever, c’est la Belgique. Nous aider à renforcer notre administration, remonter le niveau de notre éducation, déployer une politique de santé qui puisse prendre en charge notre population . Avec nos « nokos » (oncles) belges nous pouvons faire beaucoup et mettre en place une coopération modernisée, adaptée aux circonstances actuelles, qui doit continuer…
Cependant, compte tenu d’un passé récent, la Belgique demeure assez frileuse par rapport à nos relations et j’aimerais amener les Belges à avoir confiance à nouveau ; les gens hésitent encore mais nous allons essayer de donner le plus de garanties possibles afin de les rassurer. J’ai déjà eu contact avec certaines PME et j’espère que mon passage en Belgique va booster ces relations. Il y a entre nos deux pays un énorme capital de confiance, de sympathie, mais ma crainte, c’est qu’il disparaisse : les problèmes communautaires ont cessé de faire voir la Belgique comme un pays uni et je crains que l’idée que nous avons de l’ancienne métropole s’estompe, au profit d’autres pays qui offrent aussi des possibilités, comme la Chine, l’Afrique du Sud, le Maroc, qui offrent bourses et possibilités aux Congolais. Auprès des jeunes, la Belgique perd du terrain et c’est bien dommage, pour les deux parties…
J’ai déjà plaidé en faveur du renforcement de la coopération militaire, j’en avais déjà parlé au Ministre Reynders lorsque je l’avais rencontré à Washington en avril.
Nous aurions besoin de l’expertise belge pour réhabiliter le camp de Kota Koli dans l’Equateur, qui forme des para commandos et à Kindu, la coopération va reprendre…
Plusieurs personnalités de l’ancien régime sont encore sous le coup de sanctions internationales. Allez-vous intervenir en leur faveur ?
Ces personnalités font aujourd’hui partie de la coalition que nous avons formé. Si nous voulons que les choses se passent bien, nous ne pouvons que plaider en faveur d’une sorte d’assouplissement. Sauf évidemment si les raisons des sanctions sont autres que la crise politique que nous avons traversé, des violations des droits de l’homme par exemple. Ces sanctions étaient liées à la situation politique et celle-ci a évolué…
Quelle est votre vision, votre rêve à propos du Congo ?
Je rêve d’un Congo libre et pacifié, prospère évidemment, où les enfants du Congo vont à l’école dans de bonnes conditions, comme tous les enfants du monde où les parents ont un travail décent et un salaire qui leur permet de nouer les deux bouts. Je sais que les Congolais sont ingénieux, et qu’ils vont eux-mêmes améliorer leur environnement…Ils doivent compter plus sur le sol et ses ressources que sur notre sous sol, ce dernier est aussi est la cause de beaucoup de nos malheurs, car il a attiré beaucoup de convoitises y compris les plus cyniques. Si nous diversifions notre économie grâce à l’agriculture nous allons créer de l’emploi, atteindre l‘autosuffisance alimentaire et même pouvoir exporter…Côté emploi, les mines n’offrent pas beaucoup de possibilités…Nous devons aller vers la diversification de notre économie et sur le plan agricole, nous envisageons de créer des zones agro industrielles, de regrouper les paysans en coopératives, de leur donner les moyens nécessaires et d’améliorer les routes de desserte agricole, de créer de micro barrages afin de permettre l’industrialisation de notre agriculture.
Allez-vous réclamer le retour des œuvres congolaises qui se trouvent en Belgique ?
Certainement pas dans l’immédiat : notre nouveau musée n’est pas assez grand pour accueillir toutes les œuvres qui sont déjà chez nous ! L’ancien musée construit du temps du président Mobutu contient encore 30.000 pièces qui devraient être exposées…Ce n’est donc pas le moment de faire revenir des pièces qui se trouvent en Belgique, mais nous pourrions peut être envisager des expositions, des échanges…Pour le moment, n’étant pas capable de gérer cette situation, je ne ferais pas une telle demande…Les revendications sont fondées, mais pas réalistes : notre patrimoine pourrait revenir certes, mais dans l’immédiat, nous n’avons pas la capacité de l’accueillir, nous avons d’autres urgences…
LES PREMIERS PROPOS DE FELIX TSHISEKEDI APRÈS SON ARRIVÉE EN BELGIQUE
RTL – le 17 septembre 2019
Le nouveau président congolais Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est arrivé lundi soir à Bruxelles pour une visite officielle et de travail de cinq jours aux multiples facettes, sur fond de normalisation des relations, souvent en dents de scie, entre la République démocratique du Congo (RDC) et la Belgique, l’ancienne puissance coloniale. Notre reporter Jean-Pierre Martin l’a interviewé lors de son arrivée à l’hôtel.
L’avion transportant M. Tshisekedi, la « première dame » Denise Nyakeru et leur suite s’est posé vers 19h00 à l’aéroport militaire de Melsbroek, où M. Tshisekedi a été accueilli par le vice-Premier ministre démissionnaire et ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders, alors que des membres de la diaspora ont bruyamment salué cette arrivée, notamment avec des youyous féminins. Des sympathisants du président issus de la diaspora, dont des responsables de son parti l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), avaient pris possession de la cafétaria de l’aéroport et de la terrasse qui surplombe le tarmac. A l’extérieur, quelques dizaines d’autres sympathisants se sont vus refuser l’accès au site, bloqués le long de la chaussée de Haecht.
« Une joie immense d’être ici »
Notre journaliste Jean-Pierre Martin a ensuite eu l’occasion de l’interviewer lors de son arrivée à l’hôtel. « C’est une joie immense d’être ici en Belgique. Mon objectif est de rapprocher nos deux pays. Le Congo a besoin de compter sur ses amis », a-t-il déclaré. « Mon premier défi sera de pacifier mon pays parce qu’il y a encore des violences, ce qui est inacceptable. »
« Les Belges doivent retrouver l’amour et l’amitié du Congo? », a demandé notre journaliste au président congolais. « C’est ça que je veux. On sent que nos jeunes ont perdu ce réflexe qu’avaient nos anciens. Je suis ce trait d’union, car je suis à la fois des deux pays. Je crois que je pourrai impulser cela. »
Première visite officielle en Europe
Il s’agit de la première visite officielle en Belgique – et même en Europe – du président congolais depuis son entrée en fonction le 24 janvier. Il a toutefois beaucoup voyagé entre-temps, notamment pour se concilier les bonnes grâces des pays africains et pour promouvoir les investissements en RDC dans l’espoir d’une pacification du pays, encore en proie à des troubles. M. Tshisekedi, un ancien opposant et fils d’opposant – son père, Etienne, est décédé à Bruxelles le 1er février 2017 à l’âge de 84 ans et lui-même a longtemps vécu en Belgique – a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle contestée du 30 décembre 2018. Il a succédé le 24 janvier dernier au président Joseph Kabila Kabange, qui était au pouvoir depuis dix-huit ans mais qui a conservé un large contrôle sur la politique congolaise à l’issue d’autres scrutins (législatif, provinciaux et sénatoriaux).
La Belgique a fait le choix, au nom de la realpolitik – alias « neutralité bienveillante » – et comme la plupart des acteurs internationaux, de « tourner la page des élections » en RDC et de « regarder comment soutenir le changement », après la première alternance du pouvoir pacifique intervenue dans l’ex-Congo belge depuis l’indépendance, le 30 juin 1960. La partie officielle de la visite se déroulera mardi, avec d’abord une rencontre au Palais d’Egmont avec les principaux membres du gouvernement fédéral, dont MM. Michel et Reynders, ainsi que le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo. Cette « réunion gouvernementale » se conclura par la signature de quatre Memorandum d’entente (MoU) et lettres d’intention. Ces documents portent notamment sur la réouverture des consulats belge à Lubumbashi (sud-est de la RDC) et congolais à Anvers, fermés par Kinshasa au plus fort d’une crise diplomatique causée par les critiques belges sur le report, à plusieurs reprises, des élections qui se sont finalement tenues fin de l’an dernier.
D’autres concernent la définition d’un programme « transitoire » de coopération au développement – après la suspension des activités de l’agence belge Enabel en RDC -, l’établissement d’un « dialogue politique à haut niveau » entre Bruxelles et Kinshasa et une possible reprise de la coopération militaire entre les deux pays, interrompue abruptement par le régime Kabila en avril 2017.
Le roi Philippe recevra ensuite M. Tshisekedi en audience au Palais royal, avant une photo officielle avec les épouses, la reine Mathilde et la « première dame » Denise Nyakeru. Dans l’après-midi, le président congolais est attendu au siège bruxellois de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) – avec en filigrane la signature d’accords avec le secteur privé – avant un dîner offert par la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture Belgique-Luxembourg-Afrique-Caraïbes-Pacifique (CBL-ACP) en soirée au Cercle gaulois, face au parlement. La journée de mercredi, dans le cadre d’une visite devenue « de travail », mènera M. Tshisekedi à Anvers. La soirée sera consacrée à une rencontre avec la diaspora congolaise vivant en Belgique et en Europe, dans le palais 12 du Heysel à Brussels Expo.
La dernière visite d’un président congolais en Belgique remonte à 2007
Jeudi, M. Tshisekedi se rendra à Gembloux pour visiter le centre de recherche TERRA de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech dépendant de l’Université de Liège et dédié à l’agriculture de demain. M. Tshisekedi dit, dans une interview publiée par le journal ‘Le Soir’, attendre de cette visite une reprise de la coopération militaire belgo-congolaise et la promesse d’aides pour « renforcer » les systèmes de santé et d’éducation en RDC. La dernière visite d’un président congolais en Belgique remonte à septembre 2007 quand M. Kabila avait effectué un bref séjour à Bruxelles avant de se rendre à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU.
Reynders et De Croo confirment la redynamisation des relations diplomatiques avec la RDC
COMMUNIQUE DE PRESSE du 17 septembre 2019
Avant d’accueillir le Président congolais Tshisekedi à l’occasion de sa première visite officielle en Belgique, le Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s’est entretenu avec son homologue congolaise, Marie Tumba Nzeza, à Melsbroek.
Aujourd’hui, les deux ministres ont signé un Mémorandum d’entente (MoU) sur la tenue régulière de consultations politiques bilatérales, à l’issue d’une réunion intergouvernementale au Palais d’Egmont. Outre la remise en place d’Ambassadeurs dans les deux pays, le document porte notamment sur la réouverture des Consulats généraux à Anvers et Lubumbashi, et prévoit un appui à l’Ecole nationale de l’administration (ENA) à Kinshasa ainsi que la formation de diplomates congolais.
Le Vice-Premier ministre, Ministre des Finances et de la Coopération au développement Alexander De Croo a, pour sa part, signé un MoU concernant la poursuite de la coopération gouvernementale et la consolidation des programmes en cours d’exécution, accompagnés d’un programme de transition. La conclusion d’un nouveau programme de coopération sera la responsabilité du prochain gouvernement fédéral.
Par ailleurs, un Mémorandum en matière de Finances a également été conclu, permettant la relance d’une coopération dans ce domaine. Une reprise de la coopération au niveau des Banques centrales a également été examinée.
La signature des MoU témoigne de la volonté des deux pays de renforcer leurs relations sur le plan diplomatique et confirme la redynamisation de la relation de grande proximité qui existe entre la RDC et la Belgique, dans le cadre d’un partenariat réciproque, renouant avec la croissance et le développement durable.
La Belgique, avec ses partenaires internationaux, s’engage à soutenir les efforts et réformes annoncés par les autorités congolaises, en tenant compte des progrès concrets en faveur de la population.
Incarcération d’un élu pro-Fayulu pour diffamation
AFP – le 17 septembre 2019
Un élu local de Kinshasa, soutenu par l’opposant et ex-candidat à la présidentielle Martin Fayulu, a été incarcéré lundi pour diffamation présumée, a-t-on appris auprès de son avocat qui dénonce une procédure « politique ». Député provincial de la région de Kinshasa, Mike Mukebayi a été transféré à la prison centrale de Makala après une audition au parquet, a indiqué son avocat Papy Mbaki, joint par l’AFP. « Il se trouve sous mandat d’arrêt provisoire ».
L’élu local est poursuivi « sur base d’une plainte pour imputation dommageable », diffamation en droit congolais, a-t-il ajouté. Le plaignant serait « un candidat malheureux à la députation nationale ».
« Ca sent l’odeur de la politique », a accusé l’avocat, dénonçant l’absence de preuves et des vices de procédure.
« Aujourd’hui comme hier, la justice est toujours instrumentalisée. Qu’on arrête de harceler l’honorable Mike Mukebayi », avait déclaré jeudi sur Twitter Martin Fayulu.
Fayulu revendique la victoire à la présidentielle du 30 décembre. Il qualifie « d’escroquerie électorale » les résultats officiels, qui ont proclamé la victoire de l’autre opposant Félix Tshisekedi.
Fayulu a redoublé ses attaques dimanche, à la veille du premier voyage du nouveau chef de l’Etat congolais en Europe, en Belgique.
Dans un communiqué, il a regretté que le gouvernement belge accueille « un pseudo-président qui incarne un déni de démocratie ».
L’immunité parlementaire de M. Mukebayi avait été levée début septembre. Il avait été exclu en juin pour douze mois de l’Assemblée provinciale de Kinshasa.
Il y a cinq ans, à l’époque journaliste, il avait été poursuivi et incarcéré pour « imputations dommageables » à la suite de la publication d’un pamphlet contre l’ex-archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo.
Des manifestants hostiles à M. Tshisekedi se font entendre à Bruxelles
BELGA – le 17 septembre 2019
Une bonne centaine de manifestants issus de la diaspora ont exprimé mardi midi leur hostilité au président congolais Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, au premier jour de sa visite en Belgique, en se rassemblant bruyamment mais sans incident notable à proximité du Palais d’Egmont à Bruxelles où il a rencontré les principaux ministres du gouvernement, a constaté l’agence Belga. Tenus à distance par la police, ces manifestants – une centaine selon la police, environ 150 selon l’estimation d’un journaliste de l’agence Belga – scandaient des slogans dénonçant l’illégitimité du chef de l’Etat congolais, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle contestée du 30 décembre dernier, et la proximité qu’il a forgée avec le président rwandais Paul Kagame.
© BELGA
« Le Congo est sous occupation étrangère », affirmait une pancarte, reprenant un slogan du mouvement d’opposition Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO) de l’ancien mobutiste Honoré Ngbanda.
Ils ont hué M. Tshisekedi à sa sortie du Palais d’Egmont et chanté « Reynders collabo » en faisant référence au ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui a, comme l’ensemble du gouvernement fédéral et la communauté internationale, fini par admettre l’élection de M. Tshisekedi en dépit des contestations post-électorales.
« Pseudo président, usurpateur, pantin, honte nationale » indiquaient d’autres pancartes portées par les manifestants, dont plusieurs qualifiaient le président rwandais, jadis soutien de plusieurs rébellions en République démocratique du Congo (RDC), d' »assassin » et de « Hitler africain ».
Les présidents passent, les combattants demeurent
François Misser – La Libre – le 17 septembre 2019
Les présidents congolais se succèdent les uns aux autres. Mais avec une constante. Chacune de leur visite en Belgique suscite la mobilisation de « combattants » acharnés. Celle de Félix Tshisekedi n’a pas échappé à la règle.
La nuit tombe mardi soir sur la rue Ravenstein à Bruxelles, siège de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB). La réunion du Président Félix Tshisekedi avec les patrons belges est finie depuis longtemps, mais les « combattants », opposants acharnés au chef de l’Etat congolais n’en démordent pas et continuent à danser et à scander des slogans hostiles,
Au nombre de 100 à 150, arborant des drapeaux congolais mais aussi zaïrois, ces militants rassemblés à l’appel d’un certain Boketshu Longomlobo faisaient encore face aux policiers casqués et équipés de matraque. Les griefs sont invariablement les mêmes que sous l’ère de Joseph Kabila. « Le Congo est sous occupation étrangère » proclament des pancartes. D’autres qualifient le Président rwandais Paul Kagame, dont les rapports se sont améliorés avec Kinshasa d’ « assassin » ou de « Hitler africain », reprenant la propagande de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (Apareco) de l’ex-conseiller pour la sécurité de Mobutu, Honoré Nbanda Nzamba, en exil à Paris. Ce dernier, plus connu sous le doux sobriquet de « Terminator », en raison de sa responsabilité présumée dans la répression ayant provoqué en 1992 le massacre de chrétiens à Kinshasa, a fait alliance en mai avec l’opposant numéro un à Tshisekedi, Martin Fayulu, qui estime que la victoire à la présidentielle de décembre 2018 lui a été volée.
D’autres manifestants sont des déçus de Tshisekedi, des membres de la diaspora dépités de n’avoir pas reçu de poste, explique un journaliste congolais de Bruxelles qui, pour éviter des représailles, requiert l’anonymat. « Pseudo président, usurpateur, pantin, honte nationale » invectivent les pancartes brandies par des membres de la diaspora en Belgique mais aussi d’autres militants, accourus de Paris et de Londres.
Toute la journée, les combattants se sont ainsi évertués à saboter la visite de Tshisekedi et de sa délégation forte de plus de 90 personnes, parvenant parfois à provoquer l’un ou l’autre raté. Ainsi, Albert Yuma, le patron de la Fédération des entreprises congolaises (FEC), coincé au siège de la FEB, a dû annuler en fin d’après midi ses interviews avec des medias belges et congolais dont La Libre Belgique.
Dans la matinée, une manifestation, partie du quartier Matonge de Bruxelles, vers le Palais d’Egmont, siège du ministère des Affaires étrangères belges où le président congolais a été reçu par le Premier ministre Charles Michel, avait déjà exprimé bruyamment son hostilité à Félix Tshisekedi. Elle a retrouvé le Président à la sortie du Palais d’Egmont, pour le huer copieusement et de surcroît chanté “Reynders collabo”, visant le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui, à l’instar de ses collègues, africains, américains et européens a fini par reconnaître l’élection de Félix Tshisekedi, malgré son invraisemblance, soulignée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
Félix Tshisekedi : « La Belgique est mon autre Congo. Je me sentirai toujours ici chez moi »
RTBF – le 18.09.2019,
En clôture de la première journée de sa visite en Belgique, le président congolais Félix Tshisekedi a lancé un appel aux investisseurs belges à laisser tomber leur frilosité à l’égard de son pays. La République démocratique du Congo a changé, dit en substance son nouveau président. L’alternance pacifique entre son prédécesseur Joseph Kabila et lui constitue une étape « historique », estime-t-il.
Au siège de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), Félix Tshisekedi a souligné ses liens personnels avec l’ancienne métropole. » La Belgique est mon autre Congo « , a-t-il dit. » J’y ai passé plus de la moitié de ma vie. Je connais la Belgique dans toutes ses facettes. Toujours, je me sentirai chez moi dans ce pays. » Pour lui, la Belgique a un rôle particulier à jouer : » Je viens ici en premier, avant tout autre pays d’Europe, en raison de nos liens historiques. La Belgique est une porte d’entrée pour la coopération que je voudrais avec l’Union européenne. «
Le Congo d’aujourd’hui est un Congo nouveau
Le chef de l’Etat congolais s’est appliqué à démontrer que son pays avait changé. » Le Congo d’aujourd’hui est un Congo nouveau. C’est un Congo performant, émergeant. Et ce Congo attend de la Belgique un accompagnement, maintenant ce serait bien. Ne craignez rien. L’image que vous aviez du Congo peut expliquer la frilosité que l’on peut constater, mais dites-vous bien qu’en restant à nous regarder faire, vous ratez aussi des opportunités. «
Félix Tshisekedi a néanmoins reconnu les maux qui gangrènent le pays. » Un phénomène qui a souvent fait peur aux investisseurs, ce sont les antivaleurs que nous traînons depuis des décennies, telles que la corruption, la mauvaise gouvernance, l’impunité, l’insécurité judiciaire et financière. Elles rendent tout investisseur frileux. Je veux vous rassurer. Nous avons montré la voie sur ce que nous ne tolérerons pas. » Le président explique que déjà des dirigeants sont jugés pour mauvaise gouvernance. Il annonce la création d’une agence de lutte conte la corruption puisque, pour le moment, 80% des recettes dues échappent au trésor congolais.
L’énergie et le numérique
Félix Tshisekedi a présenté son projet de diversification de l’économie de son pays, qui avait tout misé sur le secteur minier, dit-il. » On en souffre « , et en particulier les jeunes qui vont creuser au lieu d’aller à l’école. Le nouveau chef de l’État veut mettre l’accent sur l’éducation et la santé. La diversification passera par le développement des énergies vertes. Le projet de nouveau barrage à Inga devrait faire passer sa puissance de 2000 à 11.000 MW, grâce à des investissements chinois et espagnols. Le président veut aussi développer le secteur numérique en RDC.
Le président de la FEB, Bernard Gilliot, s’est réjoui pour sa part du réchauffement des liens entre les deux pays. La FEB se dit attentive aux priorités du nouveau gouvernement congolais. Les entreprises belges attendent des mesures en faveur d’un climat d’affaires propice à l’augmentation et à la diversification des flux commerciaux et d’investissements. Dans cet esprit, les entreprises de Belgique applaudissent un récent accord bilatéral entre la RDC et l’Union économique belgo-luxembourgeoise qui vise à encourager et protéger les investissements, ce qui est nature à contribuer à la sécurité juridique chère aux investisseurs.
Visite du président congolais en Belgique: Félix Tshisekedi fait un tour d’horizon du Port d’Anvers
Belga – le 18 septembre 2019
La délégation congolaise avec à sa tête le président Félix Tshisekedi a visité mercredi le Port d’Anvers, en compagnie du bourgmestre Bart De Wever et de l’échevine du Port Annick De Ridder. Un protocole de collaboration a été signé dans le but de renforcer les liens entre le port anversois et son équivalent de Matadi, le principal port de la République démocratique du Congo (RDC), dans l’ouest du pays. Concrètement, ce texte engage le Port d’Anvers à étudier la façon de mettre sur pied une autorité portuaire en RDC. Cet organe devrait assurer la gestion des relations publiques et privées des ports, améliorer le rayonnement de ceux-ci et attirer des investisseurs. Les autorités du Port d’Anvers enverront bientôt une délégation en RDC afin de réaliser un audit et de déterminer ce qu’il reste à faire pour la rédaction d’un projet de loi.
« Cet accord démontre l’excellente relation construite depuis des années entre le Port d’Anvers et la RDC », a indiqué le CEO du Port d’Anvers, Jacques Vandermeiren. « Cela constitue une reconnaissance de notre réputation internationale et confirme notre position de leader de marché sur le continent africain », a-t-il ajouté.
Les Congolais de Belgique attendent Félix Tshisekedi au Heysel
RTBF -le 18.09.2019,
C’est le bain de foule attendu dans cette visite officielle du président congolais Félix Tshisekedi en Belgique. Une première depuis 2007. Après les rencontres officielles et une visite à Anvers, le nouveau président a rendez-vous ce mercredi soir avec la diaspora à Bruxelles. Des milliers de Congolais sont attendus ce mercredi soir au Heysel. Beaucoup étaient déjà là depuis le début d’après-midi, certains mécontents de l’organisation. Sur 4000 places, 3800 ont été achetées en prévente. Vers 18h30, des personnes attendaient encore pour rentrer.
Port et diamants à Anvers
Avant cette soirée de rencontre à Bruxelles, le président Félix Tshisekedi a visité le Port d’Anvers, en compagnie du bourgmestre Bart De Wever et de l’échevine du Port Annick De Ridder. Un protocole de collaboration a été signé dans le but de renforcer les liens entre le port anversois et son équivalent de Matadi, le principal port de la République démocratique du Congo (RDC), dans l’ouest du pays.
Ce texte engage le Port d’Anvers à étudier la façon de mettre sur pied une autorité portuaire en RDC. Cet organe devrait assurer la gestion des relations publiques et privées des ports, améliorer le rayonnement de ceux-ci et attirer des investisseurs. Les autorités du Port d’Anvers enverront bientôt une délégation en RDC afin de réaliser un audit et de déterminer ce qu’il reste à faire pour la rédaction d’un projet de loi.
A Anvers, le président congolais a également visité le port et l’Institut de médecine tropicale ainsi que le quartier des diamantaires. Là aussi, un accord de coopération a été signé.
Le secteur diamantaire anversois place de grand espoirs dans le nouveau chef d’Etat congolais dans le but de relancer le commerce entre les deux pays dans ce secteur. Les relations politiques troublées de ces dernières années ne lui ont en effet pas fait du bien. « Le président Tshisekedi désire une plus grande transparence et une meilleure traçabilité des minéraux. Anvers, avec son marché compétitif, est le partenaire idéal à cet égard », assure Ari Epstein, CEO de l’Antwerp World Diamond Centre (AWDC).
Afin de réactiver le partenariat entre les deux pays dans ce secteur, Félix Tshisekedi et l’AWDC ont signé mercredi un « memorandum of understanding » centré sur l’échange d’informations et l’innovation technologique. Le programme déjà existant et consistant à donner à Anvers des formations aux fonctionnaires congolais en matière d’estimation de valeurs et de processus administratif, sera étendu.
La République démocratique du Congo est le dixième producteur de diamants le plus important au monde et 40% de l’extraction de diamants bruts est routée vers Anvers. « Nous voulons voir ce chiffre augmenter », explique Ari Epstein. Le secteur anversois veut faire la différence par son expertise, ce qui permettra de fixer les prix de façon transparente et correcte. La RDC fournit principalement du « diamant industriel » destiné aux applications médicales et à la technologie informatique.
La
descente aux enfers de “Docteur Jim”
Colette Braeckman
– Le Soir – le 18 septembre 2019
Alors qu’en Belgique, le président congolais Félix Tshisekedi plaide pour l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs, à Kinshasa, la pression s’accentue sur l’ex- Ministre de la santé, le Docteur Oly Ilunga tandis que les services de police prennent de sérieuses libertés avec la véracité des faits.
Samedi dernier en effet, un communiqué de la police annonçait que le médecin avait été arrêté dans le Congo central alors qu’il tentait de fuir le pays en direction de Brazzaville. Durant plusieurs jours, détenu au « casier judiciaire », l’un des bureaux de la police judiciaire où se trouvent des salles pour les personnes gardées à vue. Samedi , à part ses avocats, lunga n’a pu recevoir aucune visite et il n’a été libéré que mercredi matin, mais se trouve toujours en résidence surveillée.
Ses avocats ont démenti formellement toute tentative de quitter le pays. En réalité, samedi matin, le Dr Oly Ilunga se trouvait en compagnie d’un ami lorsqu’un appel de son domestique lui apprit que la police était descendue dans l’appartement qu’il louait en face du Fleuve Congo (avec vue sur Brazzaville…) et qu’il était prié de regagner les lieux. Dès son retour, il fut arrêté et accusé de tentative de fuite.
Il ne s’agît là que de l’une des péripéties de ce qui apparaît déjà comme l’ « affaire Ilunga », la descente aux enfers d’un homme qui, très proche de la famille de l’actuel président, fut longtemps le médecin personnel d’Etienne Tshisekedi avant d’être soupçonné d’avoir détourné des fonds destinés à la lutte contre l’épidémie Ebola, ce qui a entraîné l’ouverture d’une information judiciaire.
Originaire du Kasaï et né à Lubumbashi, Oly Ilunga, un fils de militaires, qui étudia à l’UCL et à Harvard, est bien connu en Belgique où il fut longtemps directeur des Cliniques de l’Europe. Celui que l’on surnommait « Docteur Jim » était unanimement apprécié par ses collègues qui le décrivent comme un homme intègre, très croyant et qui gérait avec efficacité une grande institution hospitalière. Très bien implanté dans notre pays, époux d’une ressortissante belge, « Docteur Jim » avait cependant gardé des liens avec le Congo, et en particulier avec la famille Tshisekedi, dont il était un ami depuis 2014. date. C’est ainsi qu’à l’hôpital Sainte Elizabeth à Uccle, où il rendait des visites presque quotidiennes au vieil opposant. Le Dr Oly n’était cependant pas le médecin personnel d’Etienne Tshisekedi puisqu’il ne pratiquait plus depuis qu’il avait été nommé à une fonction de direction en 2012. Cependant, c’est un proche de la famille qui a organisé l’évacuation sanitaire d’Etienne Tshisekedi en Belgique, en août 2014 et qui a profité de sa position pour permettre au “Lider Maximo” d’avoir accès aux soins que nécéssitait son état de santé déjà très dégradé.
Mais en 2017, Oly Ilunga prit une grande décision : lorsqu’il invita ses collègues pour un drink d’adieu, il leur expliqua qu’il avait accepté le poste de Ministre de la Santé dans le gouvernement Badibanga. Il estimait qu’à 57 ans, il était temps d’être utile à son pays, mais son départ rapide surprit tout le monde.
Aux commandes de l’un des seuls départements épargné par les sanctions internationales et encore soutenu par les coopérations étrangères, « Docteur Jim » se révéla un gestionnaire efficace qui s’efforça de moderniser le ministère de la santé. Mais sur le plan politique, ayant été engagé sous la présidence très contestée de Joseph Kabila qui prolongeait son mandat, il fut considéré comme un « traître » par ses anciens amis de l’UDPS, malgré le fait qu’avant d’accepter le poste de ministre, Ilunga avait eu avec Etienne Tshisekedi un long entretien, et que finalement le vieux leader lui avait donné sa bénédiction. Lorsque se déclara l’épidémie Ebola, Oly Ilunga prit la tête de la riposte, se rendant presque chaque semaine à Beni pour mobiliser les équipes et surveiller les mesures de prévention. L’Ituri se révéla un terrain difficile, miné par les attaques des rebelles ADF, la méfiance d’une population terrorisée, tandis que les agents de terrain travaillant dans des conditions dangereuses redoutaient d’être supplantés par les équipes venues de la capitale avec des moyens importants. Le report des élections pour cause d’Ebola accentua encore le malaise général.
En juillet dernier, après une visite à Beni, en mai, du nouveau président Félix Tshisekedi, qui avait constaté que l’épidémie n’était pas endiguée et avait mesuré les résistances de la population locale, Oly Ilunga décida de jeter l’éponge et il démissionna brusquement de ses fonctions de Ministre de la Santé.
IL avait constaté que depuis février Félix Tshisekedi essayait de réintroduire le Dr Muyembe dans le dispositif de la riposte. Dans une lettre ouverte, sans précautions oratoires, il leva le voile sur les dissensions au sein de la coordination de la riposte, critiqua l’OMS qui, après l’apparition de deux cas à Goma, venait de qualifier l’épidémie d’ « urgence sanitaire mondiale » (ce qui marginalisait les autorités congolaises au profit des internationaux).
Et surtout, il révéla ce qui allait s’appeler la « guerre des vaccins », entre le vaccin produit par la société Merckx et déjà testé et un nouveau produit, mis au point par le laboratoire belge Janssens Pharmaceutica et fabriqué par la multinationale américaine Johnson et Johnson. Expliquant que ce deuxième vaccin à large spectre n’avait pas encore été testé sur des cohortes humaines, citant les critiques de scientifiques américains, Oly Ilunga s’opposait à son utilisation au Congo et dénonçait « confusion » et « cacophonie » dans la ligne de commandement de la riposte à l’épidémie. Lé décision de démissionner fut arrêtée après qu’Ilunga, qui se trouvait alors à Goma, ait appris par voix de presse que le président avait décidé de ramener la gestion de l’épidémie sous sa supervision, s’appuyant sur des décrets antidatés du Premier ministre sortant.
C’est alors que le président Tshisekedi décida de placer à la tête de la coordination de la riposte un vétéran de la lutte contre Ebola, le Docteur Jean-Jacques Muyembe, qui avait découvert le virus en 19976 avec le Belge Peter Piot et qui approuvait l’utilisation du deuxième vaccin.
Trois mois plus tard, Ebola continue à tuer tandis que les ennuis du Docteur Ilunga se sont aggravés : il est aujourd’hui accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la lutte contre Ebola, et en particulier 4,3 millions de dollars Ses avocats assurent que lors de la démission du médecin, tous les documents étaient parfaitement en ordre et que toutes les pièces comptables ont été fournies dès le mois d’août au ministère des Finances. En outre, 1,9 millions de dollars ont été décaissés pour la lutte contre Ebola alors qu’Ilunga n’était même plus aux affaires !
Dans la foulée des accusations contre l’ancien ministre, toute son équipe a fait l’objet de convocations et d’auditions, et le conseiller financier est toujours placé en détention préventive…
Si, avec beaucoup de cahots et de contradictions, l’affaire suit son cours judiciaire d’autres raisons à la disgrâce d’Ilunga sont avancées en coulisse : la famille Tshisekedi tiendrait la clinique Sainte Elizabeth pour responsable du décès du patriarche (un homme de plus de 80 ans qui était revenu en Belgique en janvier 2018 épuisé par d’interminables négociations politiques) et qui aurait été victime d’une phlébite tandis que l’UDPS considère l’ancien ministre de la santé comme un « traître », puisqu‘il avait accepté un poste sous Kabila, dans un gouvernement considéré comme illégitime.
Même si, à la veille de son retour au pays, « Docteur Jim » avait renoncé à sa nationalité belge et qu’il n’est plus, officiellement, qu’un simple citoyen congolais, ses tribulations judiciaires -il est en détention préventive depuis plus de deux semaines, n’a jamais été déféré au Parquet et aucune charge n’a été orésentée contre lui- sont suivies de près à Bruxelles car elles représentent aussi un baromètre de cet Etat de droit promis par le nouveau président…
Matonge s’enflamme pour et contre Félix Tshisekedi
Colette Braeckman – Le Soir – le 18 septembre 2019
Pendant qu’au siège de la FEB et ensuite au Cercle Gaulois, le président Félix Tshisekedi s’efforce de séduire l’establishment belge et de convaincre les investisseurs potentiels de revenir au Congo, à quelques centaines de mètres d’embouteillages plus loin, c’est une autre scène qui se joue au sein de la diaspora congolaise. Depuis leur fief de Matonge, les opposants les plus radicaux, autoproclamés « combattants » sont désormais divisés. Hier, toutes tendances confondues, ils étaient unis contre Joseph Kabila, qualifié de « Rwandais ». Ils prenaient d’assaut l’ambassade de la RDC, traquaient les dignitaires du régime et rendaient impossibles des concerts des stars de la rumbas, qu’ils accusaient de pactiser avec le pouvoir. Aujourd’hui, il y a les partisans de Félix, tout heureux de voir leur ancien ami endosser son costume de président et qui, pour la circonstance, se présentent volontiers comme chargés de la sécurité ou comme conseillers du nouveau chef d’Etat. Et puis il y a les autres, en tenue militaire « tâche tâche »et casquette portant la flamme rouge du MPR, le parti de Mobutu… Ils défendent Martin Fayulu, l’homme qui n’a pas renoncé à sa victoire électorale, soutiennent Jean-Pierre Bemba, regrettent Mobutu, l’homme qui avait uni tous les « Zaïrois » et dénoncent la « trahison » de Félix, leur ancien compagnon qui a fait alliance avec Kabila, l’ennemi d’hier qui préparerait son retour au pouvoir en 2023……
La mobilisation est générale et sur la place Lumumba, cette languette de trottoir concédée au souvenir, tout le monde se croise, y compris des dizaines d’agents de l’ANR venus de Kinshasa pour dépister les trublions, des agitateurs dépêchés de Paris par l’Apareco d’Honoré N’Ngbanda, l’ancien chef des services spéciaux de Mobutu, des militants de l’UDPS venus d’Allemagne et de Hollande et qui se presseront au meeting prévu au Heysel.
Dans les bistrots de Matonge, tandis que les femmes ferment les salons de coiffure et les ongleries, on discute ferme tandis que la bière circule généreusement… Tous déplorent qu’une femme ait été tabassée et loin, sur le boulevard, une voiture brûlée. Dans le café Riviera, on sert du poisson comme à Kinshasa, sur de larges assiettes décorées de bananes plantain et de patates douces et Maman Alphonsine, Alpha pour les intimes, règne sur sa cuisine.
Aux tables, toute la politique congolaise est passée en revue, l’affaire des 15 millions disparus, les promesses d’enseignement primaire gratuit, la diaspora désormais divisée, où certains sont de plus en plus tentée par le retour au pays, tandis que d’autres assurent qu’à distance ils soutiennent leur famille restée à Kinshasa…Dehors des garçons passent en roulant des mécaniques, bérêt vert sur le crâne et veste provenant sans doute d’un stock américain. Soudain tout s’arrête dans un grand bruit de table renversée et les injures volent à travers la pièce, « traître », « vendu » et autres amabilités en lingala. Les chaises volent aussi, brandies à bout de bras par des garçons excités et elles atterrissent sur le trottoir.
Soudain, un cri puissant jaillit de la cuisine enfumée, Maman Alpha, longue cuillere en main, tablier serré sur sa large poitrine, se jette dans le tumulte et sépare énergiquement combattants, militants et autres forts en gueule. De toutes façons elle crie plus fort qu’eux et sa voix domine le tumulte. Ses injures et ses menaces en lingala font mouche et les garçons reculent vers le trottoir, jusqu’à heurter deux combis de la police d’Ixelles appelés sur les lieux et dont les policiers demandent en ouvrant les portières « qu’est ce qui se passe ici ? » Au moment où ils pénètrent dans le restaurant, maman Alpha peut leur répondre calmement que tout est rentré dans l’ordre, que la discussion se poursuit un peu plus loin…Jusqu’à la prochaine échauffourée
Chasser les poussières sous le tapis rouge
Colette Braeckman – Le Soir – le 18 septembre 2019
La politique a ses raisons… Pour accueillir le président congolais Felix Tshisekedi, la Belgique n’a pas lésiné sur les symboles de légitimation : honneurs militaires, réception par le Roi Philippe, signatures de lettres d’intention et rencontres multiples, entre autres avec les milieux d’affaires. Il y avait longtemps que l’on n’avait, à ce point, mis les petits plats dans les grands et ni Laurent Désiré Kabila le vieux rebelle ni son fils Joseph qui avait cependant rendu hommage à l’œuvre de Léopold II n’avaient eu droit à tant d’égards…
Visiblement, l’ancienne puissance coloniale a voulu mettre fin à l’ère glaciaire des dernières années d’un Kabila de plus en plus impopulaire et soupçonné de vouloir rester au pouvoir. Après les réticences suscitées par le déroulement des élections (dont les chiffres définitifs n’ont jamais été publiés par la CENI) comment expliquer que l’on sorte le tapis rouge et que l’on balaie sans états d’âme les poussières d’un passé encore proche ?
La position adoptée par l’Eglise catholique fut sans doute le premier moteur du changement : tout en affirmant connaître le véritable vainqueur des élections, les évêques choisirent de s’incliner devant le verdict de la Cour Constitutionnelle, cette « vérité judiciaire » qui n’a rien à voir avec l’arithmétique mais qui eut, à l’évidence, une capacité de pacification des esprits. Une autre raison fut l’attitude de la région : les Etats voisins du Congo accueillirent sans réserve le nouveau chef d’Etat, qui se retrouva même deuxième vice président de l’Union africaine. Et la troisième raison, non la moindre, fut la personnalité de Félix Tshisekedi lui-même : dès sa prestation de serment il adressa à Bruxelles un message très chaleureux souhaitant la normalisation des relations entre les deux pays. Mais surtout, il prit un certain nombre de mesures de décrispation, comme la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, l’ouverture de l’espace médiatique, tout en mettant en œuvre des mesures sociales, avant même de savoir comment les financer. Multipliant les voyages à l’étranger mais aussi les bains de foule à l’intérieur du pays, Félix Tshisekedi a révélé un réel charisme et si la Belgique, s’était obstinée à l’ostraciser à cause de sa cohabitation avec Kabila, elle se serait écartée elle-même du dossier congolais, perdant définitivement une expertise de plus en plus fragile.
Le réalisme politique a donc prévalu et on a envie de reprendre le refrain d’ « indépendance chacha » : tout oublier, tout pardonner…Mais entre la chanson et la réalité, il y a de la marge : certains Congolais n’ont pas oublié l’intransigeance de l’ancienne métropole ni les préférences ouvertement affichées envers certains candidats, d’autres lui reprochent une volte face opportuniste tandis qu’à Bruxelles nul n’ignore les failles et les contradictions du nouveau régime bicéphale. Mais au pessimisme de la raison on préfère désormais l’optimisme de la volonté et en ces jours de lune de miel chacun se surprend à soupirer « pourvu que ça dure… »
Pour le président Tshisekedi, les petits plats dans les grands
Colette Braeckman – Le Soir – le 18 septembre 2019
Honneurs militaires et tapis rouge. Hymnes nationaux joués par la Musique des Guides. Revue des troupes et puis surtout, audience au Palais royal : le roi Philippe, fils d’Albert qui reçut Kabila et neveu de Baudouin qui connaissait si bien Mobutu, reçut avec chaleur Félix Tshisekedi, fils d’ Etienne, qui passa en Belgique la moitié de sa vie d’opposant tandis que la reine Mathilde et Denise Nyakeru, la première dame congolaise, qui fut infirmière à Bruxelles, faisaient connaissance.
La Belgique a tout fait pour que les premiers pas en Occident du nouveau président congolais le mènent d’abord à Bruxelles, avant Paris qui lui faisait les yeux doux et avant les Etats Unis où il participera à l’Assemblée générale des Nations unies. Aux yeux de la population congolaise, les symboles de cette « réunion de famille » pèsent lourd. Ils tiennent lieu de légitimation et le reste n’est qu’une suite logique. La normalisation des relations entre la Begique et le Congo s’est traduite par la signature de trois Memorandum d’entente et lettres d’intention portant sur des points sensibles : la réouverture des consulats, belge à Lubumbashi, congolais à Anvers, la définition d’un programme transitoire de coopération au développement après la suspension des activités de l’agence Enabel, une relance de la coopération en matière de finances et au niveau des banques centrales. Mais surtout, le dialogue étant renoué, se tiendront à nouveau, à intervalles réguliers, des consultations politiques bilatérales tandis que l’ambassadeur belge à Kinshasa a remis ses lettres de créances et que son homologue congolais sera bientôt désigné à Bruxelles. Le gouvernement belge étant en affaires courantes, aucun engagement nouveau sur le plan financier n’a cependant été pris. Mais là n’était cependant pas le plus important : le premier jour de la visite en Belgique du président congolais a marqué la fin de l’ère glaciaire qui avait caractérisé les dernières années du «règne » du président Joseph Kabila et lorsqu’il rencontra les hommes d’affaires, le président Tshisekedi fit salle comble.
En Ituri, 28 civils ont été tués en deux jours, selon un nouveau bilan de l’ONU
La Libre – le 20 septembre 2019
Au total 28 civils, dont douze enfants, ont été tués en deux jours en Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo, ont annoncé jeudi les Nations unies, qui condamnent « une série d’attaques ciblées contre les déplacés ». Treize civils ont été tués en trois attaques menées dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la mission des Nations unies au Congo (Monusco). Un précédent bilan des autorités congolaises avait fait état de douze morts.
La première attaque (deux morts, une femme et un enfant) a été repoussée « par l’intervention des Casques bleus », a assuré la Monusco dans un communiqué. L’attaque visait « les déplacés concentrés autour de la base temporaire de la Monusco » dans un village.
Dans leur fuite, les assaillants ont visé deux villages, où ils ont tué deux, puis neuf personnes.
« Quinze personnes, dont onze enfants, ont été tuées dans la nuit du (mardi) 17 au (mercredi) 18 septembre », a ajouté la Monusco, qui a répertorié six attaques en deux semaines.
La Monusco dénonce « une volonté délibérée et organisée de s’en prendre aux déplacés et aux plus vulnérables », par la voix du représentant spécial adjoint du secrétaire général en RDC, David McLachlan-Karr.
Au nord de la capitale provinciale, Bunia, le territoire de Djugu est l’épicentre de ces violences qui ont tué 160 personnes en juin, entraînant le déplacement de 400.000 personnes, selon des chiffres officiels.
Ces tueries sont attribuées par les autorités congolaises « aux hommes de Ngudjolo », une milice locale opérant dans la forêt de Wago, en territoire de Djugu.
Des sources locales indiquent que Ngudjolo n’aurait rien à voir avec l’ex-chef rebelle Mathieu Ngudjolo Chui, acquitté par la Cour pénale internationale en décembre 2012.
Début juillet, le président Félix Tshisekedi avait annoncé une opération militaire « d’envergure » pour « anéantir, en tous cas amoindrir » les assaillants, ajoutant que « les forces de défense seront maintenues ici jusqu’à leur éradication ».
Entre 1999 et 2003, un conflit communautaire a fait des dizaines de milliers de morts dans la province aurifère de l’Ituri, frontalière de l’Ouganda et du Soudan du Sud.
Le conflit a pris fin avec l’intervention d’une force européenne sous commandement français en 2003.
Le conflit opposait à l’époque des milices de la communauté lendu, pour la plupart des agriculteurs, et de la communauté héma, majoritairement éleveurs. L’auteur belge David Van Reybrouck a évoqué un parallèle avec la guerre entre Hutu et Tutsi au Rwanda.
Quinze ans plus tard, des violences ont repris, fin 2017-début 2018 entraînant un flot de réfugiés vers l’Ouganda, puis en juin 2019.
Les autorités locales se gardent de parler d’un réveil du conflit Lendu-Hema, s’interrogeant sur une « main noire » derrière ces violences dans cette province frontalière, riche en or et en pétrole.
Pas de signature d’accord de coopération militaire avec la Belgique
Hubert Leclercq – La Libre – le 20 septembre 2019
Fin du voyage du président congolais en Belgique. Quatre jours bien remplis. Des rencontres en pagailles, des promesses de lendemain qui chantent de part et d’autre mais aucune avancée sur la relance de la coopération militaire.
Les textes étaient prêts, ils n’attendaient que la signature des ministres en charge de ces portefeuilles, Aimé Ngoy Mukena, ancien gouverneur du Katanga au début des années 2000, et Didier Reynders, qui cumule ce portefeuille avec celui de ministre des Affaires étrangères depuis le mois de décembre dernier et le départ de la NV-A du gouvernement belge.
« Tout était prêt », confie-t-on côté militaire belge. « Mais le ministre congolais de la Défense dont on pensait qu’il était dans l’avion du président et qui était annoncé dans la délégation présidentielle, n’est jamais arrivé », poursuit-on à même source où l’on se veut rassurant. « Ce sera juste un petit retard de quelques semaines ou quelques mois, le temps que les ministres se retrouvent pour signer le texte ».
Premier souci, le ministre Reynders est en partance pour l’Union européenne s’il réussit, dans les prochains jours, son examen oral devant le Parlement européen, et le gouvernement belge est largement démissionnaire.
« Kabila n’en veut pas »
Autre souci, bien plus embêtant, le ministre congolais ne serait pas demandeur de cet accord. A Kinshasa, dans les rangs du PPRD, on ne s’en cache pas, certains prennent même un malin plaisir à expliquer que la non signature relève essentiellement « de la volonté du raïs », alias l’ancien président Joseph Kabila, qui avait fait enterrer le précédent accord de coopération militaire entre les deux pays et qui ne souhaite pas voir revenir des militaires belges en RDC.
« Le ministre n’était pas dans l’avion parce que Kabila ne le voulait pas », explique un ancien ministre des gouvernements Matata, notamment. « Notre autorité morale n’est pas favorable à ce texte et il ne voulait pas que le ministre de la Défense soit mis sous pression par le président à Bruxelles. » Et de laisser entendre qu’ il coulera encore beaucoup d’eau dans le fleuve Congo avant que la reprise de la coopération militaire soit ratifiée tant que le portefeuille restera entre les mains de ministre du FCC, la plate-forme kabiliste largement majoritaire au Sénat et à l’assemblée nationale.
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© CongoForum, le samedi 21 septembre 2019