28 09 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)
Sommaire
L’affaire dite des « 15 millions de dollars », le procès du colonel John Tshibangu ainsi que l’élaboration du budget sont parmi des sujets repris dans la presse en ligne de ce samedi 28 septembre 2019 à Kinshasa.
15.000.000 $
CasInfo.ca évoque le point de presse de Martin Fayulu et titre : « 15 millions : Martin Fayulu appelle Félix Tshisekedi à « mettre son directeur de cabinet à la disposition de la justice« ».
La Dynamique pour la Vérité des Urnes de Martin Fayulu s’est exprimée le vendredi 27 septembre au sujet de la disparition de 15 millions de dollars américains, rapporte ce média en ligne. « Puisqu’il a reconnu publiquement que son directeur de cabinet dans cette affaire de 15 millions de dollars, auteur de quelques maladresses, Et qu’il a prétendu avoir dorénavant mis ladite affaire entre les mains de la justice, la Dynamique pour la vérité des Urnes demande à Félix Tshisekedi de mettre son directeur de cabinet à la disposition de la justice », a déclaré Jean Félix Senga, secrétaire exécutif du mouvement.
Tshibangu
Actualité.cd s’intéresse au colonel John Tshibangu incarcéré et titre : « RDC : Ouverture du procès de John Tshibangu à Kinshasa ».
Le procès du colonel des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), John Tshibangu, s’est ouvert le vendredi 27 septembre devant la cour militaire de Gombe, dans la capitale Kinshasa, écrit ce site. Avant de rappeler que « l’officier supérieur est poursuivi notamment pour rébellion. Il avait été capturé le 04 février 2018 en Tanzanie lors d’un transit.
Budget
Radio Okapi évoque l’élaboration du budget 2020 et titre : « Les confessions religieuses plaident pour un budget de plus de 10 milliards USD en 2020 »
Les chefs des confessions religieuses ont plaidé pour que la RDC soit dotée d’un budget annuel de plus de 10 milliards USD, rapporte ce média. « Ils ont fait savoir leur désidérata, jeudi 26 septembre, lors de l’échange qu’ils ont eu avec la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda. », poursuit-il. « Il faut une orientation sociale du budget 2020, qui doit apporter des réponses aux préoccupations cycliques de notre peuple », a souligné la présidente de l’Assemblée nationale, repris par Radiookapi.net. De leur côté, fait remarquer ce média, les chefs des confessions religieuses ont insisté sur la nécessité, pour le Parlement, de sonner la fin de la corruption et la criminalité économique.
Sport
7/7.cd se penche notamment sur la victoire du DCMP sur les Soudanais d’Al Watari et note : « CAF-Confédération : DCMP s’impose aux tirs au but (3-1) devant Al Watany et se qualifie pour le prochain tour ».
L’unique représentant de la RDC en coupe de confédération africaine, le Daring club Motema Pembe s’est qualifié au tour suivant de cette compétition, en battant la formation soudanaise d’Al Watany en séance de tirs au but (3-1), après la défaite (1-2) au terme du temps réglementaire, le vendredi 27 septembre 2019 au stade de martyrs, peut-on lire sur la page de ce site internet.
Articles de Jean-Marie Lelo Diakese, principalement sur la corruption
Les complices discrets – et profiteurs – de la prédation.
L’affaire des 15 millions fait les titres des journaux depuis plusieurs semaines malgré son montant relativement faible par rapport aux milliards détournés chaque année par des opérations minières opaques ou par les malversation sur les revenus de l’état avant ou après leur arrivée dans les caisses de l’état.
Le bradage des ressources minières qui privent le pays de milliards, passent presque inaperçus tout comme les centaines de millions gaspillés dans des projets foireux comme Bukanga Lonzo.
Des instrumentalisations de l’affaire expliquent en partie l’intérêt qu’y porte la presse mais l’intérêt réel de cette affaire est la lumière crue qu’elle jette sur des participants/complices/profiteurs de la plupart des malversations financières et qui ne sont ni dirigeants publics ni politiciens mais bien les intermédiaires financiers et leur (soi disant) organe de contrôle la BCC.
Les paradis fiscaux et leurs banques sont régulièrement cités comme complices des multinationales prédatrices mais curieusement les banques locales échappent à toute critique. Or, dans l’affaire des 15 millions on apprend que tout le déroulement de l’affaire, depuis l’ouverture du fameux compte (apparemment illégale) jusqu’aux retraits en cash (tout à fait illégaux) de millions de $US s’est passé au sein de la banque considérée comme la plus importante du pays ! On apprend que cette banque, connaissant l’engagement pris par le gouvernement de rembourser un montant important aux pétroliers y a vu une possibilité de faire un prêt à des conditions juteuses comme ils le font régulièrement avec des entités publiques. Alors que le remboursement aurait pu se faire à moindre cout par un crédit d’impot et taxes, la banque a proposé d’avancer le montant contre des commissions et intérêts qui s’élèveraient à plus de 15 millions de $US. Pas étonnant que dans ces conditions ils aient fermé l’œil sur les retraits illégaux.
Tout comme détourner 15 millions est une affaire banale pour nos gouvernants, l’opération bancaire qui l’accompagne est tout aussi banale pour nos banquiers. Une requete des autorités demandant les noms des personnes aillant operer les retraits en espece aurait ete satisfaite par cette banque, sans aucune suite à ce jour.
L’affaire est une petite anthologie de malversations diverses. Le montant d’indemnisation (100 millions de $US ) résulte d’un « arrangement » entre certains ministres et les pétroliers dans lequel les ministres concernés et les dirigeants des pétroliers « se retrouvent ». Le montant a d’ailleurs été remis en question par l’IGS. Non dépourvus d’imagination et pour se ménager une possibilité de détournement supplémentaire nos criminels en cols blancs ont monté l’affaire de la « décote » de 15% (probablement ajoutée au préalable au montant « convenu » comme une surfacturation) Cette pratique est apparemment considérée comme banale dans leur milieu et particulièrement à la présidence de la République. On se souviendra de la « décote » sur la dette pour fourniture d’électricité par le Congo Brazza il y a quelques années. Cette décote de plusieurs millions de $US avait été accaparée par le Dircab de JK de l’époque et sa clique.
Dans le domaine du pétrole les occasions de profit rapide pour nos criminels en cols blancs abondent. Les variations régulières du prix du pétrole, des prix d’achat, des encours et des stocks sont difficiles à évaluer et leurs impacts fiscaux constituent une source d‘arrangements et de malversations importantes. Les montants des opérations des pétroliers étant importants, les mouvements de fonds, légaux et autres le sont également et constituent donc une source de profits importants pour les banquiers.
En résumé, les dirigeants des pétroliers, ceux des banques et nos criminels en cols blanc pataugent dans les mêmes eaux troubles.
Revenons aux complices discrets et profiteurs de la prédation.Une grande partie des profits de nos banques – si pas la plus grande – provient de leurs opérations avec le secteur public : gouvernement, institutions et entreprises publiques et parapubliques ainsi que des entités créées par des autorités de type comité de coordination, comité de suivi ou encore de pilotage, le plus souvent sans personnalité juridique et donc en marge des règlements. Des centaines de comptes d’entités diverses, des virements à l’étranger[q1] , des avances de caisse, des prêts à conditions proches de l’usure, des retraits en cash en dehors de toute règlementation offrent autant d’opportunités de profits rapides. Rappelons le prêt de quelques millions de $US à la MIBA, il y a quelques années qui a failli faire tomber le contrôle de la MIBA dans les mains de la banque devenue la plus importante du pays. Ceci explique peut-être cela ?
Ajoutons les profits réalisés sur les centaines de millions de $US en provenance des bailleurs de fonds, reçus en dépôt sans rémunération si ce n’est des avantages accordés aux gestionnaires des unités de gestion de ces projets (engagement de proches, crédits sans intérêts etc.) et la participation de certaines de ces banques à de opérations de liquidation de biens appartenant à l’état et on a un petit aperçu de leurs opérations douteuses.
En RDC, compte tenu de l’implication des hautes autorités et de l’impunité qui en résulte, le risque est faible et dès lors les banques sont de plus en plus audacieuses jusqu’à permettre des retraits en cash comme dans les pays des narcotrafiquants sous le regard bienveillant de l’institut de contrôle qu’est censé être la Banque Centrale, elle-même repaire d’opérations douteuses. Cette institution, toujours dirigée par celui mis en place par le président précédent continue à regarder ailleurs alors que dans cette affaire de 15 millions, les principales règles en matière de bonne conduite et respects des lois (appelées « compliance » par les anglo saxons) et de lutte contre le blanchiment d’argent, ont été bafouées de manière scandaleuse. Le comportement douteux de la BCC a été largement documenté par les « Lumumba papers » notamment en révélant que la BCC finançait des opérations privées menées par des proches du président par le truchement d’une banque de la place dirigée également par un proche du président.
Ces opérations bancaires, gérant des profits rapides et faciles pourraient cependant constituer le ventre mou de beaucoup d’opérations associées à la corruption et au blanchiment d’argent et donc un élément important de toute stratégie de lutte contre la corruption.
En RDC comme partout ailleurs, la responsabilité pénale s’élargit aux banques complaisantes ou complices des infractions mais dans le contexte actuel du fonctionnement de la justice les poursuites sont peu probables, à moins qu’il ne soit décidé de sacrifier un cadre servant de fusible.
Par contre, dans certains institutions et pays (NU, UE, USA, France, GB etc.) le potentiel de poursuites est réel. Il existe des conventions internationales de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Le principe d’extraterritorialité progresse et plusieurs succès ont été obtenus, notamment contre des banques avec des amendes importantes et même contre certains chefs d’état. Les opérations bancaires et leurs bénéficiaires – criminels en cols blancs – pourraient constituer une cible intéressante pour des institutions de répression de la criminalité en col blanc comme la SFO en Grande Bretagne et l’OFAC aux USA. Pour cette dernière, la plupart des opérations bancaires étant faites en dollars US, une simple menace de couper leurs opérations avec les correspondants étrangers les amèneraient rapidement à collaborer et à dénoncer leurs clients criminels en cols blancs.
Une autre menace pourrait s’exercer contre la BCC manifestement complice de ces opérations douteuses ainsi que contre les sociétés pétrolières et leurs fournisseurs, ces dernières étant pour la plupart cotées en bourse aux USA.
Les ONG internationales qui s’intéressent aux malversations et autres actes de corruption en RDC pourraient jouer un rôle important dans le déclenchement d’actions menées à l’encontre de nos criminels en cols blancs et leurs complices- discrets et profiteurs de la prédation.
La Corruption en RDC : mère de tous les maux.
Constats.
Dans la plupart des classements internationaux, la RDC se trouve dans les pires positions : en tête pour la corruption, la malnutrition, les épidémies, la violence et le nombre de déplacés et réfugiés, parmi les derniers pour la sécurité des biens et des personnes, le développement humain, le respect des droits de l’homme et le climat des affaires.
Chaque mois des centaines de cas de violations des droits de l’homme et des dizaines d’assassinats sont documentés. Sur le plan politique, seul le partage du pouvoir et ses possibilités de prédation motivent la plupart des acteurs de la classe politique. Ils ne parlent d’ailleurs jamais de leur vision de l’avenir du pays ni de leur programme à l’exception de quelques promesses irréalistes.
A l’exception d’un petit groupe de congolais nantis et d’expatriés, la grande majorité des 80 millions de congolais vit dans la misère sans aucune perspective d’avenir si ce n’est de tenter l’exil.
Une grande partie de la population est exposée aux violences, aux exactions quotidiennes et aux déplacements forcés.
Tentatives d’explication.
Des causes externes sont le plus souvent citées: Léopold II, la colonisation, Mobutu, les puissances occidentales, les multinationales et les voisins qui pillent le pays et veulent balkaniser le pays etc. Comme causes internes on cite « les mentalités », la corruption et bien entendu les ressources minières. Les facteurs externes sont le plus souvent hors contrôle, les « mentalités » difficiles à modifier et accuser les ressources est comme accuser la bijouterie du cambriolage. Quant à la corruption elle serait causée par les mentalités et surtout par les corrupteurs externes.
Pour une grande partie de l’opinion, nationale et internationale, la corruption est une pratique par laquelle un individu ou un groupe d’individus, investis d’une autorité par l’Etat, s’enrichit au détriment de la communauté. La corruption est considérée comme un mal – parmi d’autres – qui n’empêche pas le fonctionnement plus ou moins normal d’un état de droit. Pour certains pays c’est le cas et lorsque les institutions fonctionnent, des dirigeants sont dénoncés, poursuivis et parfois condamnés.
En RDC, à l’instar des grandes organisations mafieuses le pouvoir est basé sur des « pactes » de corruption entre le parrain et ses capos en vue de partager le butin et surtout de consolider et éterniser le pouvoir du premier.
JK, connaissant la cupidité des dirigeants congolais, civils et militaires, a structuré son pouvoir autour de deux « pactes » de corruption qui lui assurent un pouvoir absolu mais qui ont mené au désastre humanitaire, économique et social.
Pacte JK/animateurs des Institutions :
En échange d’une fidélité servile à JK et du respect de son domaine réservé : mines, hydrocarbures et soldatesque, les « complices » nommés à la tête des institutions bénéficient d’une liberté d’action et d’une impunité totale. Il s’en suit une prédation à grande échelle par les criminels en col blanc: fraudes, malversations, népotisme et autres abus de pouvoir en d’autres termes une corruption généralisée. Les institutions n’ont plus qu’un objectif : enrichir leurs dirigeants. L’état de droit ainsi que les mécanismes de règlement des conflits (ethniques, fonciers etc.) ont disparu. Ne subsiste que la loi du plus fort. La corruption des criminels en col blanc ouvre ainsi la voie à l’arbitraire et aux violences de leurs exécuteurs de basses besognes : les hommes en uniforme.
Pacte JK/hommes en uniforme :
En échange d’une fidélité sans faille y compris en commettant des violences contre toute forme de résistance, ces hommes ont feu vert dans le contrôle des exploitations artisanales de minerais, dans le commerce de bois précieux et toutes autres formes de racket. Le potentiel d’enrichissement le plus grand se trouvant dans l’est, les troupes et les armes y sont concentrées. Kinshasa étant à 2.000 km, le risque de coup d’état est faible.
Un troisième pacte, plus récent, basé sur une fraude électorale massive et ostentatoire, a permis de corrompre (acheter) l’UDPS et neutraliser son potentiel de résistance au parrain et sa bande. La fraude et l’achat de consciences ont donné à JK la majorité absolue dans les instances législatives et judiciaires tant au niveau national qu’à celui des provinces.
Résultats :
Le premier pacte permet de piller le budget de l’état en amont et en aval et transforme les services du gouvernement en entreprises de pillage sans le moindre souci pour les droits élémentaires des populations comme la sécurité, la santé, l’éducation, l’emploi, etc.
La gestion des ressources minières, réservée à JK et à ses proches se résume à un vaste bradage et à l’enrichissement du parrain et de ses proches ne laissant que des miettes pour la population.
Par leur contrôle de l’exploitation minière artisanale dans les régions de l’est, le katanga et le Kasai et la répression brutale de toute forme d’opposition de souvent en partenariat avec d’autres bandes de criminels, les forces de « sécurité » pillent, violent et assasinent en toute impunité.
La RDC est devenu un état failli. Dans le dernier classement des états faillis, publié le 10 avril, sur 178 états, notre pays figure à la 5ème avant dernière place. Même la République Centre Africaine fait mieux. La majorité de la population n’a qu’une perspective : fuir à l’étranger.
Dans une note publiée récemment, Bill Gates s’alarme devant la progression de la pauvreté en RDC et estime que, si la tendance se maintient, vers 2050 la RDC fera partie des quelques pays au monde comportant le plus grand pourcentage de personnes vivant dans un état d’extrême pauvreté
La responsabilité des corrompus en cols blancs ne se limite pas aux aspects financiers de leurs crimes. Par l’exemple de leurs fraudes et autres crimes économiques, par leur rôle dans l’institutionnalisation de l’impunité, par leur autorité hiérarchique sur les commanditaires directs des violences commises ou par appui qu’ils leurs donnent, ils sont complices et coresponsables de ces crimes.
Que faire ?
Les actions « non violentes » (lobbying, enquêtes, études et recherches, publications, sanctions et mobilisation de la population) menées jusqu’à présent semblent avoir eu peu d’effets sur le groupe au pouvoir. Il faudra néanmoins les intensifier et mener de nouvelles initiatives ciblant les individus. Dans cette optique, les sanctions individuelles et les mesures concrètes qui devraient les accompagner offrent des possibilités pour atteindre les responsables du régime dans ce qui leur est le plus cher : leur fortune et pour certains leur réputation.
Jusqu’à présent, ces sanctions, limitées à quelques individus, n’ont pas donné l’impression d’être efficaces. Une des raisons en est probablement que toutes les possibilités d’action résultant de ces sanctions n’ont pas été utilisées. Une autre raison est que, jusqu’à présent, les pays occidentaux ont été hésitants, certains même opposés, quant à l’imposition de sanctions.
Cependant, avec les dernières répressions sanglantes du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018, menées contre des civils participant à des marches pacifiques, qui ont entrainé des dizaines de morts et blessés et des centaines d’arrestations arbitraires et d’enlèvements, la perception de ces pays occidentaux est peut-être en train de changer. Ils considéreront peut être aussi les atteintes documentées aux droits de l’homme commises sans interruption en RDC depuis 2006 dont plus de 60 % sont attribués aux forces de « sécurité ».
Les bases juridiques pour mener de nouvelles initiatives contre les membres du régime se précisent. La préparation minutieuse et l’exécution violente de la répression, ainsi que son caractère répétitif ne laisse aucun doute quant à son « organisation en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ». Ces caractéristiques sont celles utilisées par le statut du Tribunal militaire de Nuremberg pour définir la notion de « crime contre l’humanité ». En effet, l’article 6c du statut du Tribunal militaire international de Nuremberg établi par la Charte de Londres définit le crime contre l’humanité comme « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ».
Les juristes spécialisés pourront déterminer dans quelle mesure la notion de crime contre l’humanité peut être invoquée en RDC et quels individus pourraient être poursuivis.
Même sans se référer aux crimes contre l’humanité, des actions en justice sont possibles. En effet, plusieurs pays européens disposent de lois de compétence universelle permettant des poursuites contre des non nationaux responsables de crimes, même commis dans d’autres pays. Les Etats Unis disposent de lois permettant des poursuites contre des responsables de crimes qui utiliseraient le dollar US.
Les NU étant paralysés et incapables d’initiatives autres que la formulation lassante de « préoccupations » il n’y a que les Etats Unis et l’UE qui pourraient prendre des initiatives et notamment en étendant les sanctions et surtout en les renforçant cad en mettant en œuvre les mesures financières et juridiques d’accompagnement.
Le moment est donc peut-être propice pour mener des initiatives de nature financière et juridique contre les membres du régime et leurs soutiens. Pour certains cela pourra se faire dans le cadre de sanctions, avec l’appui de services gouvernementaux et pour d’autres par le biais de plaintes déposées par des victimes et/ou par des organisations de la société civile,
Une opération de ce type (finances/juridique) a été mise en œuvre, depuis une vingtaine d’années, par Israel contre ses ennemis et des centaines de plaintes ont été déposées dans plusieurs pays au nom de victimes de terrorisme.
Les principales cibles.
En RDC, la plupart des membres des cercles de pouvoir autour du parrain ont volontairement fait allégeance servile, se sont enrichis de manière illicite et soutiennent ouvertement et activement des politiques qui engendrent des morts, blessés et des déplacés chaque jour. Certains ont plus de responsabilités dans les aspects politiques et financiers : la non tenue des élections, les manœuvres politiques, l’instrumentalisation des institutions, le bradage des ressources et les détournements massifs, d’autres encore dans la répression brutale et finalement les propagandistes.
Les politiques, les prédateurs et les propagandistes devraient être ciblés au même titre que les responsables directs des atteintes aux droits de l’homme.
Actions possibles.
Sur le plan des finances, les actions peuvent viser la paralysie des opérations financières bancaires et si possible la confiscation des actifs des individus ciblés. L’affaiblissement des circuits de financement de l’appareil de répression peut également être visé. Les actions impliqueront les intermédiaires financiers, les entreprises dans lesquelles les concernés ont des intérêts, leurs partenaires et autres relations. Pour les individus « sanctionnés » des instances officielles d’investigation peuvent intervenir et dans certains cas même les services de renseignement.
Pour les « non sanctionnés » ces actions seront plus difficiles mais pourront être remplacées par des actions en justice qui sont couteuses et qui, complétées par des actions de communication seront pour le moins gênantes.
Sur le plan juridique, des procédures pourront être entamées pour permettre des saisies. Des plaintes documentées pourront être déposées dans divers pays au nom de victimes ou d’organisations de la population civile.
Des actions de communication donneront un maximum de visibilité aux méfaits des individus concernés. Un site internet avec une base de données concernant les individus et les réseaux sociaux pourraient être utilisés.
Approche :
Une stratégie telle que décrite très sommairement nécessitera le concours d’un grand nombre de parties prenantes. D’abord ceux qui sont déjà actifs comme les ONG, les groupes de recherche et d’action politique, des journalistes et organes de presse et des lobbyistes mais également des juristes, des banquiers, des informaticiens et toute personne désireuse d’apporter son concours.
Une organisation structurée sera nécessaire. Elle pourrait être mise en place par une structure déjà active ou par la création d’une structure nouvelle. Dans un premier temps il faudra donc « tester » le projet sur quelques personnes faisant partie des parties prenantes. L’approche nécessite des réflexions et des concertations supplémentaires.
Bases juridiques de l’action :
Au cours des 15 dernières années, des progrès incontestables ont été faits depuis la signature par une majorité de pays, de la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC). Cette convention précise les concepts, établit des normes de nature procédurale et les règles organisant la coopération internationale. Elle comporte également des dispositions de prévention de la corruption et de la restitution des avoirs acquis illicitement.
Elle constitue la base juridique pour des actions en justice contre les criminels en cols blancs.
Plusieurs pays ont adopté des lois ciblant la corruption. A titre d’exemple, depuis 2011, le Royaume Uni a adopté le « Bribery Act »qui est recommandé par l’OECD comme un standard dans le domaine. Ils ont aussi le « Stolen Asset Recovery Initiative » qui facilite la confiscation de biens appartenant aux corrompus et leur restitution aux pays victimes. Il y a aussi le Serious Fraud Office (SFO) qui a déjà montré de l’intérêt pour des activités suspectes en RDC.
Il existe des lois similaires dans de nombreux autres pays. Au cours des dernières années, de nombreuses entreprises et individus ont été condamnés à des amendes record pour des faits de corruption.
En 2018, 16 entreprises issues de 7 pays ont versé un montant total record de 2,89 milliards de dollars pour des faits ou des soupçons de corruption en infraction avec le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) américain. Source http://www.fcpablog.com/blog/2019/1/2/2018-fcpa-enforcement-index.html. Un nombre important d’individus ont aussi été poursuivis (voir même source).
On constate que la majorité des entreprises concernées se trouvent dans le « groupe des corrupteurs » provenant des pays occidentaux. Peu d’exemples de poursuites contre des individus corrompus ou sociétés hors pays occidentaux. Pour la RDC, il y a eu quelques cas de sanctions individuelles sans beaucoup de conséquences pour les concernés. Mais il s’agit d’un bon début. En France, des actions en justice ont été menées contre des membres de famille de deux chefs d’état africains. D’autres pays et individus de pays qui ne font pas partie du groupe occidental ont été condamnés à de lourdes peines. Une société Brésilienne Petróleo Brasileiro S.A. plus connu sous le nom de Petrobas (compagnie pétrolière et gazière) a accepté de verser 1,78 milliard de dollars pour des affaires de corruption et de truquage des offres.
Les sanctions et les actions en justice contre des criminels en col blanc considérés jusque peu comme « intouchables » et contre des sociétés puissantes jouissant d’une totale impunité montrent que des actions en justice sont possibles.
Lutte contre la corruption : comment la rendre plus efficace ?
Dans un papier précédant nous avons tenté d’identifier les nombreux acteurs et les résultats obtenus à ce jour. Voyons comment il serait possible d’améliorer l’efficacité
Rappelons d’abord ce que couvre actuellement le vocable corruption. On a cru longtemps et beaucoup de personnes pensent encore que la corruption c’est une « magouille » qui consiste à payer une personne de l’administration pour obtenir quelque chose : un marché, un paiement, une nomination ou simplement un service ou un document officiel. Selon la terminologie admise par les instances internationale et qui a valeur juridique, la corruption est définie comme “le fait d’utiliser sa position de responsable d’un service public à son bénéfice personnel.” Elle couvre : la corruption d’agents publics nationaux et étrangers, la corruption dans le secteur privé, le trafic d’influence, l’extorsion, l’appropriation et autre diversion de la propriété, l’abus de fonctions, l’obstruction à la justice, l’extorsion, le favoritisme, le népotisme et ….la fraude et plus précisément la falsification de données (comme les données électorales.
Pour nous les congolais on dirait une liste des pratiques les plus courantes de nos dirigeants et politiciens. Les cas les plus récents et les plus extraordinaires étant les fraudes électorales et la reconnaissance par les membres d’une des plus hautes instances judicaires (cour constitutionnelle) de leur propre corruption.
Comment améliorer l’efficacité de la lutte contre la corruption :
Nous les congolais.
En tant qu’individus, nous congolais devons être conscients du fait que nous devons être – ou devenir- les premiers acteurs de cette lutte car il s’agit de l’avenir de notre pays et de nos enfants. Nous pouvons collaborer avec des organisations internationales et essayer de les influencer mais surtout ne pas croire qu’elles vont apporter toutes les solutions. Elles ont des ressources, peuvent exercer des pressions mais le plus souvent ont des agendas, des objectifs et des mandats loin des intérêts de la population. Celle-ci n’est en général considérée que sous forme de « statistiques ».
Nous sommes nombreux à connaitre les cas flagrants de grande corruption, de marchés truqués, de nominations irrégulières, de détournements, de paiements sans justification etc. Nous détenons des informations, des documents et autres preuves des crimes de nos cols blancs. Nous détenons les armes d’une force de frappe redoutable. Nous devons être prêts à nous en servir. Alors faites fonctionner les photocopieuses, conservez les documents probants, constituez des dossiers. Les récentes « fuites de documents » concernant les marchés passés par la présidence sont un bel exemple d’action civique. Ces fuites ont permis la dénonciation du caractère illégal de ces marchés auprès de l’autorité de régulation des marchés publics.
La presse pourrait également jouer un rôle civique plus important. Elle pourrait développer un journalisme d’investigation qui pourrait obtenir l’appui de certaines organisations internationales. Elle pourrait également promouvoir la dénonciation documentée de cas de corruption par la population et
Nos organisations de la société civile.
Jusqu’à présent nos organisations de la société civile actives dans les domaines des droits de l’homme, de la corruption et la bonne gouvernance sont restées dans l’incantatoire avec des résultats faibles. Les choses évoluent cependant dans le bon sens : une de ces organisations appelée le GREM (Groupe de réflexion et d’échanges sur les marchés a dénoncé officiellement les marchés de la présidence mentionnées ci-dessus auprès de l’autorité de régulation des marchés publics. On n’est plus dans l’incantatoire ! Que les LICOCO, ACAJ, ODEP etc. qui font déjà un excellent travail puissent suivre l’exemple du GREM.
Les « internationaux ».
Tous prônent la « bonne gouvernance », le respect des droits de l’homme, l’état de droit et la lutte contre la corruption. Si certaines institutions nationales, notamment aux Etats Unis et en Europe ont eu des résultats positifs dans la lutte contre la corruption il n’en est pas de même des organisations comme le FMI et la BM qui sont considérés par certains comme complices de la corruption en RDC.
La convention des nations unies contre la corruption est un grand pas en avant et contient un arsenal juridique important, malheureusement encore peu utilisé en partie à cause de son caractère relativement récent. En RDC le développement de la corruption s’explique en grande partie par la politique ambiguë et hypocrite poursuivie par la CI. Dans une interview publiée par Congo Research Group fin juillet 2017 (Jason Stearns et Eric Tshikuma, rédacteur en chef de Zoom Eco www.zoom-eco.net,) Jason Stearns évoque un pacte tacite entre bailleurs de fonds et élites congolaises – conclu après les accords de Sun City- au terme duquel la priorité est donnée à la réconciliation et le partage du pouvoir au détriment de la redevabilité et la justice. L’existence de ce pacte entre « élites » est manifeste et se traduit notamment par l’absence totale de poursuites pour malversations financières. Le pacte avec les bailleurs de fonds quant à lui est plus discret. Il s’est traduit depuis 2003, par le feu vert donné aux malversations et à la participation active à l’organisation de l’opacité entourant ces malversations. A plusieurs reprises, depuis la reprise de ses activités en RDC au début des années 2.000, des cadres de la BM ont accepté des irrégularités flagrantes dans la gestion de ses financements et de celle des finances publiques qu’en tant que banquier et conseiller ils suivent de près. Au-delà de la simple acceptation de pratiques que par ailleurs ils vilipendent constamment dans leur rôle de champions de la bonne gouvernance, ils ont joué à plusieurs reprises un rôle actif dans l’organisation de l’opacité entourant ces pratiques mafieuses. Cette complaisance qui en droit pourrait être assimilée à de la complicité a été un facteur d’accélération de la corruption généralisées.
Voici quelques exemples :
Gestion des financements de la BM :
Suite à de nombreuses plaintes concernant des malversations dans la gestion de plusieurs projets financés par la BM une mission d’investigateurs du département d’intégrité institutionnelle (INT) s’est déroulée en RDC début 2006. La principale institution visée, gérant un portefeuille de plus d’un milliard de USD était le BCECO. L’investigation portait également sur le projet CONADER et le Fonds Social. Initialement prévue pour deux semaines, devant l’étendue et la gravité des malversations, la mission, débutée le 17 février a dû être prolongée au 23 mars 2006.
L’investigation a démontré une anthologie de malversations, couvertes et dans certains cas encouragées par les cadres et consultants de la BM. Bien que tenu au secret total (seul un nombre limité d’une e version édulcorée a été distribuée) certains cadres de la BM, outrés par cette fraude qui est un cas flagrant de corruption, ont permis d’en savoir plus sur le contenu du « vrai rapport » et sur les réactions aux USA notamment la commission d’enquête Volcker, l’initiative de l’ONG GAP et une commission parlementaire.
Voici quelques éléments de ce dossier sulfureux:
1. Organisation des détournements : une organisation minutieuse facilitant les malversations a été mise en place dès le commencement des financements.
a) Neutralisation des contrôles les plus efficaces.
Dès la création du BCECO, des experts étrangers ont été mis en place pour apporter une assistance technique, pour assurer un contrôle de l’utilisation des fonds et pour fournir une protection contre les pressions externes. Ces contrôles ont été éliminés comme suit.
– Un premier expert, Mr. Michel Blanchet de nationalité canadienne fut recruté en 2001. Il fut rapidement en désaccord avec les dirigeants du BCECO. Apres avoir été menacé physiquement il a quitté le pays précipitamment en 2002.
– Ensuite, en 2003, dans le cadre du PMURR, une équipe de trois experts a été mise en place. Cette équipe avait une mission d’assistance technique et de contrôle. Le Comité de Pilotage, dirigé par Matata, a refusé que les fonctions d’ordonnateur/contrôleur soient exécutées. La BM a accepté.
b) Licenciement et intimidation de certains cadres congolais.
– Le premier Directeur Technique du BCECO, Mr. R. Mfiti, ayant mis en question certains marchés et notamment celui de la désormais fameuse « Avenue de l’Université » a été licencié d’une manière abusive sur instruction du Président du Comite de Pilotage.
– Le recrutement d’un auditeur interne a été retardé autant que possible. Mr. Claude Nzau, a finalement été engagé en 2004. Il a été mis immédiatement sous pression par le refus du DG de signer son contrat. – Le Directeur Technique actuel, est intérimaire depuis 3 ans et de ce fait est d’une docilité exemplaire.
c) Désignation irrégulière du DG Matata
– Non-conformité du diplôme et de l’expérience requise.
– Délais de publication de l’appel à candidatures non respecté.
– Conflit d’intérêt manifeste du fait que Matata, Président du Comité de Pilotage du BCECO qui est habituellement le président du jury de recrutement des cadres du BCECO est devenu subitement lui-même candidat.
2. Fraudes et malversations
Désinformation et dissimulation d’informations négatives, falsification de rapports. Le rapport de préparation de la revue à mi-parcours du PMURR a été préparé en 2005, par une équipe de consultants indépendants et a été modifié frauduleusement notamment la critique du système comptable qui permet des modifications d’écritures et de situations financières en cours d’année, sans laisser de traces.
e) Marchés irréguliers pour des centaines de millions de $US, travaux non terminés etc.
f) Utilisation des fonds BM pour usage privé du DG
g) Utilisation irrégulière de consultants complaisants se faisant dans des paradis fiscaux.
h) Cas flagrants de népotisme dans la gestion du personnel
Les principaux résultats de l’enquête, dirigée par José Ugaz, (devenu par la suite président de Transparency international) ont été gardés secrets, même vis-à-vis de la communauté des bailleurs, des chancelleries et de l’opinion nationale et internationale. Le contenu de ce rapport devait être particulièrement dommageable pour la BM et sa dissimulation a peut-être été approuvée par le gouvernement US car malgré diverses pressions le rapport a été tenu secret. En effet, un panel d’investigation indépendant, dirigé par Paul Volcker (ex président du Federal Reserve Board des USA), pour examiner les activités du département d’intégrité institutionnelle de la BM, a stigmatisé la politique d’information concernant les enquêtes. (voir site internet www.bicusa.org).
Par ailleurs, une enquête menée par l’ONG GAP (Government Accountability Project – voir sitewww.whistleblower.org ) à la demande de l’association des cadres de la BM, a fait des constats analogues et s’inquiète particulièrement de l’opacité entourant l’enquête menée en RDC au mois de mars 2006 auprès des agences d’exécution des projets de la BM en RDC et l’utilisation dans l’opacité complète des résultats de cette enquête.
Le congrès des Etats-Unis de son côté s’est inquiété du manque d’efficacité des opérations de la Banque, de son laxisme à l’égard des comportements de certains de ses clients et de l’utilisation abusive de consultants internationaux. Une commission d’enquête dirigée par le Sénateur Bayh (sénateur de l’état d’Indiana (www.bayh.senate.gov) avait à l’époque été mise en place (dépêche Reuters du 14 septembre 2007). A noter que cette opacité n’a pas semblé inquiéter les autres bailleurs de fonds.
Audit des marchés publics.
En 2015, le cabinet international Grant Thorton réalise un audit des marchés publics (y compris ceux financés par les bailleurs de fonds). Le rapport de cet audit indique que la quasi-totalité des marchés publics conclus pendant la période sous examen n’ont pas respecté le processus de passation et d’exécution des marchés publics en RDC. Parmi les institutions qui ont « gravement violé les dispositions réglementaires et institutionnelles », le rapport cite le Bureau central de coordination (BCECO), et la cellule des infrastructures, toutes deux bénéficiaires de financements importants des bailleurs de fonds. Une institution épinglée spécialement est la Primature, dirigée par le PM Matata, pour avoir refusé de remettre ses dossiers de passation des marchés. Ce refus résulte probablement du fait que la plupart de marchés de la Primature sont conclus de gré à gré.
Aucune réaction des bailleurs de fonds.
Gestion des fonds PPTE (Pays Pauvres Très Endettés):
En juillet 2003, la RDC a atteint le point de décision de l’initiative PPTE – avec un allègement total de la dette estimée à 6,3 milliards de $US. Les Conseils d’Administration de la Banque et du FMI s’étaient mis d’accord sur un point d’achèvement conditionné notamment par une utilisation efficiente de l’épargne budgétaire résultant de l’allègement de la dette pour des programmes liés à la pauvreté, cette bonne utilisation étant démontrée par un audit. Un audit des dépenses sur ressources PPTE, réalisé par la firme Cauditec en partenariat avec un bureau international a conclu que la quasi-totalité des fonds PPTE ont servi à d’autres dépenses que les dépenses sociales. De plus la majorité des dépenses n’ont pas respecté les règles en vigueur. Rappelons qu’il s’agit de centaines de millions de $US. Le même audit est cité par le rapport PEFA publié en 2008. (page 216) comme suit : « L’audit relatif aux dépenses sur ressources PPTE a constaté sur un échantillon de dossiers que plus de la moitié des marchés publics étaient non conformes. » (Audit des Dépenses sur ressources PPTE – Exercices 2003 à 2005 – CAUDITEC juin 2007). Malgré cet audit très négatif les bailleurs n’en ont pas tenu compte et n’ont même pas cité l’audit dans leurs rapports pour le point d’achèvement.
Au contraire, la BM dans plusieurs de ses rapports se félicite de la bonne gouvernance en RDC. Ainsi le rapport BM “Report No. 66158-ZR” du 12 avril 2013 indique: «Suite aux progrès accomplis dans la mise en œuvre de politiques économiques saines et de réformes structurelles soutenues par la Banque et le FMI au cours de la précédente CAS, la RDC a atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE et en juillet 2010, une annulation de sa dette de 12,3 milliards USD (le plus important de son histoire ). »
Opacité organisée autour du rapport PEFA réalisé en 2011.
Le PEFA (Public Expenditure and Financial Accountability – Dépenses publiques et responsabilité financière) est un programme de partenariat initié en décembre 2001 par la Commission européenne, la Banque Mondiale, le FMI, et d’autres bailleurs de fonds dont la France, la Grande Bretagne, la Suisse et la Norvège. L’initiative PEFA réalise tous les quatre ans, dans divers pays, un diagnostic externe – suivi de recommandations – sur la gestion des finances publiques, afin de mesurer l’évolution de la performance des systèmes de finances publiques. Le diagnostic réalisé en 2007, très détaillé et mettant en évidences une multitude d’irrégularités, a été publié sur le site de l’UE et sur www.pefa.org. Celui réalisé en 2011, censé être publié en 2012 n’a pas été publié et gardé secret à la demande du ministre des finances Matata. Ensuite l’étude PEFA est passée aux oubliettes sans réaction des bailleurs de fonds.
Conclusions.
Compte tenu des constats faits ci-dessus, de l’agenda et du fameux « mandat », des organisations financières on ne peut pas en attendre grand-chose en matière de lutte contre la corruption. Il s’agit essentiellement de banquiers qui ne sont pas les parangons de principes moraux ni de la défense des populations, malgré leur campagne de champions de « la lutte contre la pauvreté ». Le FMI, malgré sa participation à la réduction contestable de la dette de la RDC, a participé à la lutte contre la corruption en suspendant ses opérations en RDC depuis 2012, suite à l’opacité de certaines opérations minières. La BM et la BAD, banquiers impénitents ont soutenu activement le scandaleux projet Bukanga Lonzo qui a couté plus de 200 millions au pays. Comme le souligne Phil Mason dans un article intitulé : « Reflections of an anti-corruption fighter » le maximum qu’on peut attendre d’eux c’est qu’ils fassent moins de tort que du bien.
Par contre, certaines institutions nationales, notamment aux Etats Unis et en Europe ont eu des résultats positifs dans la lutte contre la corruption. Etant des actionnaires importants de ces institutions financières on peut espérer qu’ils apportent les changements nécessaires en termes de mandat et de comportement des cadres carriéristes.
Nous congolais qui voulons œuvrer pour l’émergence d’un état de droit, dénonçons les criminels, constituons des dossiers en vue de poursuites. Poussons nos organisations de la société civile à entamer de poursuites contre les criminels. Participons aux sit in et autres manifestations pacifiques. Encourageons les organisations religieuses à prêcher la lutte contre la corruption. Faisons pression sur les criminels, on connait leurs résidences et leurs adresses e mail. Ne les laissons pas profiter en toute quiétude du profit de leurs forfaitures.
Comptons d’abord sur nous-même, cessons l’incantatoire et agissons.
Pour finir, la phrase d’introduction des mémoires d’un lutteur contre la corruption (Phil Mason) peut nous encourager : « Dans la confrontation entre le ruisseau et le roc, le ruisseau gagne toujours – pas par la force mais par la persévérance »
Cupidité et arrogance: marque de fabrique de nos criminels en col blanc.
Dans notre pays, la cupidité des criminels en cols blanc n’a d’égal que leur arrogance. D’ailleurs c’est à leur arrogance qu’on les reconnait. Elle pourrait aussi devenir leur talon d’Achille.
Persuadés de leur impunité totale, certains vont jusqu’à la provocation : vis à vis de la majorité de nos concitoyens – qui subissent – mais également vis-à-vis de la communauté internationale. Les USA et l’UE, ont pris, récemment, des mesures (sanctions) à l’encontre d’une série d’individus accusés de corruption et d’entraves au processus démocratique. Parmi eux, des dirigeants de la centrale électorale qui se seraient rendus coupables de malversations portant sur des centaines de millions de $US. Suite à ces accusations les intéressés multiplient les coups de gueule : « tout cela est faux », « je ne suis pas américain » etc. Poussant l’arrogance plus loin, dans une déclaration publiée par Mediapart, Le Monde et Jeune Afrique un des responsables s’est vanté d’être propriétaire de mines en Ituri. Existerait-t-il un lien entre la mine d’or et les accusations de corruption ? Mr Sigal Mandelker, sous-secrétaire au Trésor américain en charge du terrorisme et du renseignement financier, initiateur des sanctions connait probablement la réponse à cette question.
Les individus concernés sont emblématiques de la catégorie des cupides/arrogants qui dominent le pays sans entrave ni opposition si ce n’est quelques articles et interventions sur les réseaux sociaux.
Cette situation à quelque chose d’ahurissant. Nous avons à faire à des violeurs récidivistes de la constitution, foulant au pied les lois des finances et des marchés publiques, architectes et organisateurs d’une énorme fraude électorale en refusant de respecter les prescrits de la loi électorale. Ils sont accusés par les USA et l’UE qui sont en possession de dossiers accablants. Mais dans notre pays, ils ne sont aucunement inquiétés et jouissent en toute quiétude de leur fortune mal acquise.
Les institutions et les composantes de la société qui visent le respect de l’état de droit et particulièrement la lutte contre la corruption semblent peu réactives. L’observatoire de surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle en sigle « OSCEP » (Etablissement Public) n’a – comme d’habitude – rien observé ni surveillé. Parmi les organisations de la société civile, « Les Congolais debout » et « l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) » ont demandé au procureur général de la République d’initier des enquêtes « sur ce qu’elles estiment être des allégations suffisantes pour ouvrir un dossier judiciaire ». Cette démarche n’a eu évidemment aucune suite. Les mesures prises à l’encontre des dirigeants de la centrale électorale ont même donné à ceux-ci une notoriété supplémentaire qui semble avoir boosté leur arrogance.
On constate donc une fois de plus que les articles, pages d’opinion et autres analyses ont peu de résultats et on peut se demander pourquoi ces organisations n’ont pas déposé simplement des plaintes.
L’affaire des dirigeants sanctionnés peut paraitre ahurissante mais en réalité elle n’est qu’une suite de nombreuses autres démonstrations de cupidité et d’arrogance au plus haut niveau du gouvernement.
Le dernier en date ayant défrayé la chronique est un des champions de l’arrogance pris dans une sombre affaire de gros diamant certifié par les autorités minières de la région d’origine de la pierre et devenu pierre sans valeur lorsqu’elle a été retrouvé entre les mains de notre champion.
On a également connu un premier ministre champion du clientélisme qui après avoir créé le plus pléthorique cabinet de l’histoire du pays, aurait acquis un patrimoine immobilier important décrit dans un article précédent intitulé «Grande corruption, impunité et violences: parmi les principaux responsables … » publié le 25 juin 2018 par le site CongoIndépendant. Soupçonné de manquements dans sa gestion il a bu, sans honte, l’humiliation de se voir retirer, par le président de la république, une série de pouvoirs dans le domaine des finances. Sa réputation a franchi les frontières et il a été cité dans la presse internationale pour ses liens présumés avec un politicien belge poursuivi pour des affaires de corruption. Dans une ITW publié par JA le 29 septembre 2011, à la question « Quels rapports entretenez-vous avec Kabila ? » il répondait : « Ils sont très bons. C’est un camarade de gauche. Nous sommes des descendants de gens qui ont fait de la résistance. C’est aussi le chef des institutions. Je crois avoir bénéficié de son expérience, parce qu’il est à la tête du pays depuis dix ans. »
Ici le coté ahurissant de l’affaire est que, aussitôt qu’il a été écarté de la mangeoire il a commencé à inonder la presse de tribunes critiquant le gouvernement, formulant des recommandations qu’il a ignorées complètement pendant qu’il avait le pouvoir et poussant l’arrogance hypocrite jusqu’à se faire passer pour un farouche adversaire de Kabila et à parader parmi les opposants de LAMUKA.
Un autre premier ministre a lui décroché la palme de l’arrogance-qui-se-moque-de-tous. Connu pour s’être enrichi en gérant des milliards d’aide fournie par des institutions financières internationales, il a continué ses pratiques au gouvernement avec de nombreux marchés de gré à gré, en refusant de se soumettre à un audit des marchés publics, en engloutissant plus de 200 millions de $US dans des projets agro industriels dont un audit international a démontré à peu près toutes les irrégularités qu’on peut imaginer : grés à grés pour plus de 100 millions de $US, surfacturations de plus de 100%, non-respect des règles élémentaires de gestion de fonds publics, de la législation sociale du pays etc. Comme on pouvait s’y attendre l’affaire s’est terminée par la faillite totale du projet et d’une perte sèche de plus de 200 millions de $US pour la communauté.
Avec une partie des résultats de ses pratiques prédatrices camouflées en partie par des « contributions » de sociétés bénéficiaires de juteux contrats obtenus de gré à gré, il a construit une université privée à la gloire de son nom. Non content de ce premier exploit il a poussé l’arrogance jusqu’à la farce grotesque en créant un « prix de la bonne gouvernance » baptisé de son nom et ne laissant aucun doute sur le cynisme de l’individu! Al Capone voulant se faire passer pour Eliot Ness ou pour les plus jeunes El Chapo voulant se faire passer pour Mère Teresa n’auraient pas fait mieux.
Ces exemples montrent que des preuves accablantes de corruption existent non seulement pour les « sanctionnés » mais également pour d’autres : ministres, responsables d’entreprises publiques, hauts magistrats et securocrates.
Qu’attendent nos organisations de la société civile comme les Licoco, Asahdo – qui par ailleurs font un excellent travail – pour passer à une vitesse supérieure en traduisant les cupides/arrogants devant les tribunaux, nationaux et internationaux ?
En termes de volume de malversations financières au détriment des finances publiques nos premiers ministres cupides/arrogants ne sont que des amateurs comparés aux dirigeants des secteurs minier et hydrocarbures et plus particulièrement l’inamovible ministre des mines et les dirigeants de la Gecamines. Non contents de s’enrichir personnellement ils bradent les ressources et accumulent des opérations financières opaques avec l’aide de complices étrangers qui fournissent l’ingénierie financière de dissimulation et même des services d’espionnage visant tous ceux qui pourraient faire obstacle à leurs activités criminelles. Ces manœuvres n’ont cependant pas empêché des « sanctions » contre un des ténors de cette mafia en attendant des mesures similaires contre les dirigeants congolais du secteur. Si les opérations offshore sont plus difficiles à détecter, il n’en est pas de même pour les opérations locales. L’impunité dont ils jouissent et l’arrogance qui en résulte fait commettre des imprudences qui commencent à être mises en évidence.
La récente mission du FMI ne fait que confirmer la persistance des pratiques douteuses de ces individus. En effet, si on lit le communiqué du FMI, suite à la mission liée à l’article IV des statuts, les familiers de la lecture entre les lignes de ce type de messages auront compris que cette mission a été un désastre. En effet, après six années d’absence du FMI, la fiabilité des chiffres donnés par le gouvernement et l’absence de transparence à propos des contrats miniers et hydrocarbures sont plus nébuleux que jamais alors que le programme précèdent a été interrompu en 2012 pour ces mêmes raisons .
De nombreuses opérations douteuses ont été révélées récemment et viennent compléter le dossier déjà volumineux constitué par les équipes du gouvernement américain. Parmi elles, les avances fiscales de la GCM « soi-disant » verses à la BCC sans passer par les régies financières ainsi que les divergences importantes entre montants déclarés officiellement et ceux déclarés à l’ITIE préjugent de fraudes aussi vastes que celle de la proclamation des résultats de l’ensemble des élections
Un sage disait : « l’arrogance précède la ruine, l’orgueil précède la chute. » Et l’apôtre Jacques disait : « La foi sans actions est une foi vide »
Mensonges et trahisons.
A l’instar des sorciers, des cambrioleurs et du diable, qui aiment opérer la nuit, la CENI et la cour constitutionnelle ont tous deux attendu la profondeur de la nuit pour imposer leur forfaiture. Ainsi le sieur Nangaa, pour avoir volé les voix de millions de personnes et les avoir dépossédés de leur rêve d’un avenir meilleur, fera son entrée dans les rangs des grands criminels de la RDC.
Notre pays, détenant déjà les tristes records de misère de ses populations, de corruption généralisée, d’atteintes aux droits humains, de personnes déplacées, s’attribue en plus le douteux record – jamais vu – de fraude électorale massive organisée avec la complicité du principal parti d’opposition. L’euphorie régnant dans les rangs de l’UDPS et dans le Kasaï, le danger de manifestations est écarté et grâce à une majorité absolue déclarée à l’issue des élections législatives et provinciales, Joseph Kabila réussira à garder la plupart des leviers du pouvoir réel.
L’UDPS perdra de nombreux sympathisants qui sont en désaccord avec la fraude et avec le reniement de ce qui a fait la renommée et la fierté de ce parti : la résistance à la dictature et un sens de l’éthique qui interdit de pactiser avec celui qu’on combat. A l’image du reniement de ces deux principes, un grand nombre d’intellectuels, surtout des juristes et des hommes de presse, tentent de justifier l’injustifiable. D’autres voient que de nouveaux chemins menant à la mangeoire s’ouvrent et opèrent des virages à 180 degrés avec une amnésie qui relève de la pathologie.
Que nos hommes politiques tournent la veste et sont dépourvus de tout sens de l’éthique est presque considéré comme normal, mais la majorité des congolais n’est pas dupe et l’a démontré lors des élections. Ce qui n’est pas normal et inacceptable c’est quand nos intellectuels essayent de nier la vérité et quand ils manifestent subitement leur confiance dans la CENI et dans la cour constitutionnelle qu’ils ont vilipendées pendant des mois. Leur pire infamie est mettre en doute le sérieux de la CENCO allant jusqu’à traiter nos prélats de menteurs et d’agents de puissances étrangères.
Il ne s’agit pas de se retrancher dans la victimisation et les lamentations. On espère tous que le président nommé puisse réaliser quelques promesses de campagne. Que l’espace politique soit ouvert, que les prisonniers politiques soient libérés, que les exilés politiques puissent rentrer en toute sécurité, que la liberté de presse soit respectée, que des audits soient réalisés etc.
Mais ce n’est pas une raison pour travestir la vérité pour justifier ses reniements.
Il faut espérer que Martin Fayulu reste le « soldat du peuple » et ne tombe pas dans le piège de « la réconciliation ». Il devra jouer son rôle d’opposant, en continuant à dénoncer ce qu’il a toujours dénoncé et à préciser son programme. Il devra développer un vaste mouvement sachant maintenant quels sont ses vrais amis, collaborer avec les mouvements de jeunes et s’assurer des appuis dans le pays et à l’extérieur. La composition du futur gouvernement créera probablement de nombreuses frustrations au sein de la coalition FCC/UDPS et surtout au sein du FCC. Certains seront tentés de s’allier à l’UDPS mais d’autres pourraient choisir Fayulu.
Le faux nez de la prédation des ressources minières de la RDC.
(Les passages entre parenthèses sont des extraits du rapport GCM)
La GCM vient de publier une réponse aux rapports rédigés par des ONG qui mettent en cause la gestion des ressources minières par les autorités de la RDC et en particulier la gestion de la GCM.
L’avant-propos du document, est un réquisitoire contre les ONG qui – dans un grand nombre de pays – luttent contre la corruption et la prédation des richesses au détriment des populations. Dans ce domaine, la RDC ne saurait échapper à l’attention de ces ONG. La RDC est un des pays les plus richement dotés en ressources minières, énergétiques et agricoles. Il est aussi bon dernier dans les classements du développement humain, en d’autres termes, l’immense majorité de la population croupit dans la misère. Il figure également, année après année, en tête des classements des pays les plus corrompus. Pour terminer le palmarès il est le pays qui, sans être en guerre, compte le plus grand nombre de victimes de violences et d’atteintes aux droits de l’homme. L’état de droit a disparu et toutes les institutions sont contrôlées et instrumentalisées par un petit groupe d’invendus.
Comme dans de nombreux autres états « kleptocrates », les membres de ce groupe utilisent les mêmes méthodes contre tous ceux qui remettent en question leurs pratiques. Les activistes nationaux sont embastillés ou tués comme l’a été notre compatriote Chebeya et les étrangers sont taxés de valets de l’impérialisme et des multinationales qui veulent s’ingérer dans les affaires d’un pays souverain afin de dépouiller les populations de leurs ressources.
Depuis que le PDG de la GCM a rejoint le petit groupe qui dirige le pays il entonne la même chanson. Ayant déjà qualifié les ONG de « faux nez d’intérêts venus d’ailleurs… » lors de son message de nouvel an début 2018, il va cette fois plus loin en les accusant de vouloir « priver le pays de la souveraineté sur ses matières premières ». Les vraies responsables de la prédation des ressources du pays, des contrats léonins, de la déconfiture de la GCM et de la MIBA, des détournements massifs seraient donc les ONG et leurs patrons les multinationales. Véritables ennemis, elles ne seraient « que des créatures utilisées comme levier pour renverser des régimes politiques … ».
Dans une démocratie, l’analyse et le cas échéant la critique de la gestion des ressources du pays est un exercice normal, dévolu aux institutions et plus particulièrement au parlement et à la cour des comptes. En 2005, l’Assemblée Nationale a eu un dernier sursaut d’indépendance en mettant en place une Commission Spéciale de Assemblée Nationale appelée commission Lutundula chargée d’examiner la gouvernance dans plusieurs secteurs et plus spécialement dans les ressources minières http://congomines.org/reports/210-rapport-lutundula-version-finale . La commission a analysé en profondeur la mauvaise gestion, le bradage des ressources et les contrats léonins, signés par les multinationales et la direction de la GCM qui a signé et validé ces états financiers au niveau des joints ventures (JV). Leur rapport a révélé les pratiques prédatrices et nommé les responsables. Des proches du pouvoir étant mis en cause et particulièrement le sujet israélien Dan Gertler – devenu milliardaire depuis qu’il est l’éminence grise du pouvoir en matière de gestion des ressources minières – l’ami déclaré du patron des patrons, le rapport ne fut même pas discuté en séance plénière et hydrocarbures qui ont été mises au « frigo ».
La commission Lutundula serait-elle aussi le « faux nez » du capitalisme international ?
Rappelons que le rapport de la commission spéciale a été précédé en 2.000 des rapports du panel sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la R.D.C, mis en place par le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. Encore un faux nez ?
Et l’Africa Progress Panel (Rapport produit à l’instigation de Koffi Anan), qui dans son« Rapport 2013 sur les progrès en Afrique » dénonce la revente à prix cassés par la Gécamines de parts dans cinq projets miniers katangais (Kolwezi, Kabolela, Kipese, Mutanda et Kansuki) à des sociétés immatriculées aux îles Vierges britanniques liées au même sujet Israélien, encore un faux nez ?
Depuis la nomination du nouveau patron de la GCM, Albert Yuma en 2011, la cession d’actifs à des sociétés situées dans des paradis fiscaux qui sont le plus souvent liées à son « ami » Dan Gertler n’a jamais cessée. Suite a ces manœuvres opaques, le FMI a suspendu son programme avec la RDC fin 2012 et cela prive le pays de ressources budgétaires ainsi que de nombreuses aides extérieures qui sont conditionnées à un programme avec le FMI. Par ailleurs, le gouvernement de la RDC se soustrait depuis six ans à une obligation institutionnelle comme membre du FMI qui l’oblige se soumettre à une revue des politiques économiques au titre de l’article IV des statuts du FMI. En résumé, les « Kulunas » au pouvoir dans de ce pays considèrent le FMI comme «un empêcheur de voler en rond »
En 2013, profitant de l’absence de contrôle du FMI, la GCM a tenté de transférer ses participations dans une société basée à l’ile Maurice rendant l’opacité des cessions encore plus grande et permettant ainsi d’échapper aux impôts en RDC !
Depuis la nomination du nouveau PDG, la GCM se livre même à des opérations sans l’autorisation du gouvernement, sous prétexte qu’elle est devenue une société commerciale même si l’Etat est actionnaire à 100%. Ce gouvernement à l’époque étant dirigé par Mata Ponyo, ce dernier ne pouvait tolérer que le butin de la GCM lui échappe et on assiste ainsi à un combat entre deux grands prédateurs. Le premier ministre, mordant la poussière dans ce conflit doit se rabattre sur le maigre budget de l’Etat à travers de « petites » prédations comme Bukanga Lonzo qui n’ont couté à l’Etat qu’environ 150 millions de dollars US.
Le PDG de la GCM était déjà Albert Yuma lors de ces opérations de cessions douteuses, on peut se demander qui est le faux nez de qui ?
UNE NOUVELLE VISION DE LA CORRUPTION par Albert YUMA
Non satisfait de traiter les ONG de valets des multinationales, le patron des patrons, probablement motivé par un objectif d’autojustification tente de minimiser l’importance de la corruption et de la mauvaise gouvernance.
Contrairement à tous les économistes qui pensent que la corruption généralisée et la mauvaise gouvernance sont les moteurs principaux de la mauvaise allocation des ressources en faveur des décideurs « kleptocrates », Albert Yuma pense que ce raisonnement est faux. Dans l’introduction du rapport GCM il propose de « remettre en cause le postulat que ce ne sont pas les prétendus détournements qui sont la cause première du sous-développement du pays et incidemment que la corruption ne serait pas la cause ce de tous ces maux ». La « situation désastreuse du pays » serait plutôt due à des « raisons structurelles » dont la principale serait les multinationales et les ONG qualifiées « d’idiots utiles au profit du capitalisme mondial.. ».
L’objectif principal de ce rapport GCM n’est donc pas de mettre en cause les contrats léonins et autres actes de gestion catastrophique des ressources mais de nier la responsabilité de ceux qui décident et signent dont le PDG de la GCM, Albert Yuma. Si avant 2000 les circonstances et l’incompétence ont pu expliquer des erreurs et ont permis aux loups d’entrer dans la bergerie, depuis 2006, le régime détenant l’entièreté du pouvoir dans la gestion de la GCM doit assumer l’entièreté de la responsabilité de ces prédations organisées.
Aujourd’hui les ONG qui critiquent la mauvaise gouvernance sont visées, demain sans doute celles qui dénoncent les atteintes aux droits de l’homme qui selon cette division de la Monuscoi se monte à une moyenne mensuelle de 600 cas sur la dernière année dont près de la moitie sont attribues aux FARDC.
Outre la description des crimes économiques commis par les kulunas en col blanc, les rapports des ONG et centres de recherches établissent un lien direct entre l’exploitation illégale des ressources naturelles et la poursuite des violences dans ce pays. La responsabilité de ce petit groupe de kulunas, dans les violences et autres atteintes aux droits de l’homme est dès lors bien évidente.
Constater les crimes c’est bien. Poursuivre les criminels c’est mieux.
Comme chaque mois, dans l’indifférence générale, le BCNUDH (Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme) livre le bilan macabre des violations de droits de l’homme du mois qui précède. 620 pour le mois d’août dont les deux tiers sont imputables aux services du gouvernement, y compris 24 exécutions extra judiciaires. Pas le moindre mot de compassion de ce même gouvernement pour les victimes. Qui ne dit mot consent. Normal, les commanditaires et complices de crimes font peu de cas de leurs victimes. En réponse à une interpellation à ce sujet par un membre de l’opposition, la ministre des droits humains répond par des injures vulgaires. Celui chargé de la propagande, notre Goebbels national, crie au complot occidental et se retranche derrière un souverainisme ombrageux.
A ces bilans morbides s’ajoutent ceux établis par une série d’organisations sans but lucratif, nationales et internationales ( FIDH, HRW,Congo Research Group, Carter Center, Enough, Sentry, etc..), concernant des crimes économiques et des atteintes aux droits de l’homme commis par les services du gouvernement. Un travail remarquable est fait et les rapports s’accumulent. Malheureusement, sur le terrain, la situation s’aggrave de jour en jour. Le nombre de d’arrestations arbitraires, de victimes de meurtres, viols et autres violences augmente et se répand dans plusieurs régions du pays. Les vieilles rivalités ethniques sont ravivées, les bandes armées se multiplient et sont souvent instrumentalisées par les services gouvernementaux. Des millions de compatriotes ont été tués, des millions sont déplacés, leurs enfants déscolarisés. D’un état de non droit on est devenu un état failli et on se dirige vers une disparition de l’état au profit d’un conglomérat de mafias, sous la haute direction d’une bande de criminels en cols blancs, dont les « affaires » prospèrent dans le chaos. Le pays est désormais bien ancré dans le petit groupe des petits les plus pauvres du monde.
Dans une note publiée la semaine dernière, Bill Gates s’alarme devant la progression de la pauvreté en RDC et estime que, si la tendance se maintient, vers 2050 la RDC fera partie des quelques pays au monde comportant le plus grand pourcentage de personnes vivant dans un état d’extrême pauvreté. Devant cette situation, décrite, documentée et analysée par des centaines d’études, rapports et films, nos criminels en cols blancs deviennent de plus en plus arrogants et menaçants. Les « inquiétudes » et « préoccupations » des politiciens et hauts fonctionnaires internationaux n’ont aucun effet.
Le citoyen lambda – première victime de ce régime criminel – acculé chaque jour un peu plus par la misère et par la violence de ses dirigeants se demande à quoi servent tous ces bilans, études et rapports. Il sait que le constat de l’assassinat de deux blancs, envoyés par le conseil de sécurité, pour enquêter sur les massacres du Kasai n’a été suivi d’aucune action sérieuse. Dans ces conditions il n’attend pas grand-chose des bilans et constats concernant des compatriotes.
Ce citoyen se demande parfois si le drame quotidien vécu par des millions de congolais n’est pas finalement un fonds de commerce pour la plupart de ces organisations qui ont l’air de travailler chacune dans son coin sans pendre trop de risques en nommant des individus responsables. Il sait que pour arrêter les crimes il ne suffit pas de décrire les crimes mais qu’il faut s’attaquer aux criminels et aux commanditaires, les premiers responsables. Or, les responsables ne sont que rarement nommés dans les rapports qui décrivent les crimes et jusqu’à présent on reste dans le narratif.
Il ne faut cependant pas sous-estimer le potentiel d’action que représente le travail fastidieux et méthodique réalisé par ces organisations. En dépassant le stade narratif, ces travaux, pourraient permettre de diligenter des actions concrètes de grande envergure contre les criminels et leurs réseaux. Toute action directe contre ces responsables étant impossible en RDC, l’action doit se mener à partir de l’extérieur. Un début d’action contre les criminels a été entamé par les sanctions contre quelques individus, décrétées par les Etats Unis et par l’UE. Mais ces sanctions ne semblent que peu gêner les concernés. N’a-t-on pas vu, le Goebbels congolais, pourtant sanctionné, se promener paisiblement à Bruxelles ? Et ironie macabre, pour des « raisons humanitaires » !!!
Pour avoir des résultats, les sanctions devraient être étendues non seulement aux membres du cercle restreint du président, à tous les membres du gouvernement et de la présidence qui sont politiquement responsables des actes de leurs services et juridiquement de leurs propres malversations économiques et financières mais également aux membres de leurs réseaux.
Cette nécessité de s’attaquer aux réseaux est bien décrite dans un article de John Prendergast et de George Clooney (fondateurs de « Enough »et de « Sentry ») paru dans la revue « Foreign Affairs » le 14 mars 2018 et intitulé « The Key to Making Peace in Africa ».
(www.foreignaffairs.com/articles/central-african-republic/2018-03-14/key-making-peace-africa).
Ils expliquent comment la lutte financière et plus particulièrement les sanctions peuvent aider à faire cesser les conflits.
Malheureusement, en Afrique, les sanctions ne sont utilisées que rarement, ne visent que quelques individus et ne sont que faiblement renforcées. De plus, elles ne s’étendent que rarement aux collaborateurs/prédateurs – à l’intérieur ou hors du pays – qui facilitent les crimes. Les sanctions devraient donc viser des réseaux plutôt que des individus. Les réseaux comportent des individus et des entités liés aux criminels visés. Les sanctions devraient viser non seulement les responsables de crimes économiques comme cela a été le cas avec Dan Gertler mais à tous les dirigeants solidairement responsables des atteintes aux droits de l’homme.
Les rapports et constats, qu’ils concernent des crimes économiques, des crimes contre l’humanité ou encore des atteintes aux droits de l’homme devraient permettre la constitution de dossiers en vue d’obtenir des sanctions ainsi que des poursuites devant des tribunaux à l’étranger. Les premiers visés devraient être les premiers ministres et les ministres activistes ainsi que les responsables du gouvernement parallèle. En effet, la solidarité gouvernementale est un comportement collectif qui fait que chacun des membres du gouvernement est solidaire des décisions prises par le gouvernement, les assume et en porte la responsabilité.
Le procès de Nuremberg intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables du Troisième Reich, accusés de complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité est un exemple de responsabilité solidaire, ne faisant pas de différence entre hauts responsables civils comme Goebbels (propagande) ou von Ribbentrop (diplomate) et militaires comme Goering. À côté de la mise en accusation de personnes physiques, une particularité du procès de Nuremberg est la mise en cause de groupes complets d’individus, coupables de leur affiliation à l’une ou l’autre des organisations mises en accusation.
On ne peut qu’espérer que les rapports précités sur les crimes économiques et les atteintes aux droits de l’homme en RDC ne connaissent le même sort que le « rapport mapping ». Pour cela une coordination entre organisations et une mise en commun de pièces à conviction semble indispensable. A partir de tels dossiers, d’autres organisations pourraient prendre le relais pour obtenir des sanctions plus musclées et étendues aux réseaux de responsables bien connus, au niveau du gouvernement, de la magistrature, du parlement et des partis.
Les manifestations et pressions verbales des uns et des autres ayant montré leurs limites, des sanctions et des dizaines de procès dans plusieurs pays pourront affaiblir le régime et faire en sorte que la peur change de camp. Les exemples de poursuites judiciaires menées contre des responsables de crimes Chiliens et Argentins – dont Pinochet- dans plusieurs pays étrangers constituent d’intéressants et encourageants précédents. Outre la mise en commun de pièces à conviction en vue de lancer de nouvelles sanctions et de mener des poursuites judiciaires, toutes les organisations de défense des droits humains et de lutte contre les crimes économiques devraient mener une vaste campagne pour la création d’un tribunal pénal international pour la RDC.
RDC : La spirale infernale.
Dans une interview, publiée le 9 aout dans le journal Le Monde, le chercheur T.Vircoulon explique comment l’histoire la RDC « tourne en rond ». Cette vision s’applique bien aux aspects politiques qui effectivement « tournent en rond », ce qui pourrait impliquer qu’on « fait du surplace ». Il n’en est malheureusement rien sur le plan sécuritaire, économique et social du pays. En effet, après 20 ans de pouvoir Kabiliste on tourne dans une spirale descendante devenue infernale car elle transforme la vie de la majorité de la population en enfer.
Si le pouvoir Kabiliste et ses criminels en cols blanc sont les principaux responsables de cette descente aux enfers, le comportement prévisible de nos politiciens ne laisse guère d’espoir d’un avenir meilleur.
Face à un candidat unique du pouvoir en place, le succès d’un des nombreux candidats de l’opposition est en effet peu probable, même dans l’hypothèse d’élections « correctes».
Par contre, une candidature unique, soutenue politiquement par la société civile et financièrement par les opposants fortunés, pourrait changer la donne et rompre la spirale infernale.
Les candidats de l’opposition se trouvent devant un choix : se mettre derrière un candidat unique dans le cadre d’un arrangement politique de partage du pouvoir qui leur assurerait prestige et finances ou alors se maintenir, assurer le pouvoir aux kabilistes et laisser le pays s’enfoncer dans la spirale infernale de la violence, de la prédation et de la misère abjecte dans laquelle croupit la majorité de la population.
La récente déclaration de F. Tshisekedi indiquant que le maintien de plusieurs candidatures de l’opposition « ne serait pas grave » et le refus de V. Kamerhe de signer la récente déclaration/mise en garde du 24 aout de la plupart des candidats de l’opposition vont plutôt dans le sens de cette dernière option.
Espérons que tout ceci n’est qu’un affreux cauchemar, que les candidats auront un sursaut de patriotique et …..
Presse et documents étrangers
Avec une bonne politique agricole, en 10 ans, la RDC n’aura plus besoin de fonds extérieurs!
Entretien par Marie-France Cros https://afrique.lalibre.be/15492/avec-une-bonne-politique-agricole-en-10-ans-le-congo-naura-plus-besoin-de-fonds-exterieurs/
Economiste et agronome, le professeur belge Baudouin Michel enseigne à la faculté d’agronomie de Gembloux (Université de Liège) et à l’ERAIFT (RDC) et est professeur visiteur au Vietnam. Il est aussi planteur de café au Kivu et, à ce titre, président de l’African Fine Coffees Association pour la République démocratique du Congo (RDC), pays auquel le lient d’anciennes attaches. Il plaide en faveur de la relance de la filière café dans ce pays en investissant dans la recherche et les petits planteurs, plutôt que dans la commercialisation, comme le proposent certains bailleurs de fonds. A La Libre Afrique..be, il livre une démonstration éblouissante en faveur du Congo.
La RDC a été un grand producteur africain de café jusqu’au début des années 90, avec une production annuelle de 100.000 à 120.000 tonnes, « essentiellement le résultat du travail de petits planteurs. Ce qui veut dire que l’argent était redistribué à des millions de Congolais », explique le professeur. Les deux tiers étaient du robusta – qui pousse au-dessous de 1000 m d’altitude – planté en Province orientale, Equateur, Mayombe (Bas-Congo) – « très renommé! » – Maniema et un peu au Kasaï. Le reste en arabica, plus prisé, qui pousse au-dessus de 1000m d’altitude, planté au Kivu et un peu en Ituri. Le robusta se vend aujourd’hui 1000 à 1500 dollars la tonne, l’arabica 2500 à 3000 dollars/T.
« Là-dessus sont venues les guerres et les rébellions et aujourd’hui la RDC n’exporte plus que… 8500 T », précise le professeur.
Le sida du café
Ces 8500 T sont essentiellement de l’arabica: le robusta a pratiquement disparu, explique le pr. Michel, en raison des ravages d’une maladie spécifique de la variété, la trachéomycose. « C’est le sida du café! Cette maladie est due au manque d’entretien des caféiers et s’est développée à cause de l’absence de politique agricole.. Le résultat est dévastateur: la région d’Isiro (Haut-Uélé, ex-Province orientale) produisait 42.000 tonnes avant la maladie et 500 tonnes après celle-ci. Le seul remède est de détruire et replanter ».
L’arabica s’en est mieux tiré « parce qu’il se vend plus cher et parce qu’il est cultivé sur la frontière et donc plus facilement exporté. Mais là, il faut mettre un bémol: de 3000 à 8000 T sont exportées chaque année frauduleusement vers l’Ouganda et le Rwanda (ce qui veut dire qu’en fait le Congo produirait en réalité 12.000 à 16.000 T) ».
Pourquoi? « C’est simple », répond le professeur. « L’Ouganda taxe l’exportation de café à 1% de la valeur. Le Rwanda à 3% de sa valeur mais avec un rabais pour les engrais. Et le Congo taxe à 11%. »
Le premier problème est de produire, pas de vendre
Relancer la filière café au Congo ne peut se faire sur le robusta, estime Baudouin Michel: les prix sont moindres; les plantations sont enclavées (faute de routes, il faut déplacer la récolte en avion ou à vélo!); en l’absence de recherche au Congo, on n’a pas encore de variété tolérante à la trachéomycose; et les rendements sont faibles. « Si on relance, ce doit être avec l’arabica. Mais la plupart des bailleurs de fonds proposent d’améliorer le marketing pour aider à mieux vendre le café congolais. Or ce n’est pas ça le problème! », se désole le pr. Michel. « Le problème, c’est que les arbres sont trop vieux – 60 à 70 ans pour la plupart – et les planteurs totalement découragés ».
Pour relancer la filière café, estime-t-il, il faudrait évidemment revoir le taux de taxation à l’exportation et ceux sur les intrants agricoles mais, essentiellement, financer la recherche agronomique pour trouver des variétés adaptées aux conditions de culture et soutenir les petits planteurs pour qu’ils aient accès à ces variétés.
La gloire des plants congolais
Baudouin Michel a des arguments très convainquants pour appuyer ses dires. « Le miracle ivoirien du cacao, qui a fait de la Côte-d’Ivoire le premier producteur du monde avec 45% du marché mondial, est basé sur des plants venus du centre de recherche agronomique de Yangambi (à 100 km à l’ouest de Kisangani, au nord-est du Congo) qui était, jusqu’à la rébellion des Simbas, en 1964, le plus grand centre de recherche en agronomie tropicale du monde », dit-il. « Et bien qu’il soit dégradé, cela reste un centre énorme ».
« Le miracle malais du palmier à huile, qui a fait de la Malaisie le premier producteur du monde avec 1 million de T/an, est également dû à des plants mis au point à Yangambi », ajoute-t-il.
« Il y a 20 ans, les Vietnamiens ont ramené chez eux des plants de café « petit Kwilu » de l’ouest de la RDC. Ils les ont travaillés dans leurs centres de recherche, sans aide extérieure ni manipulation génétique. Et de cette variété, dont les petits planteurs congolais tirent 175 kg/ha, ils produisent aujourd’hui jusqu’à 12 tonnes/ha. Cela montre ce que la recherche locale peut apporter », souligne le professeur-planteur. « Le potentiel est là et, contrairement aux mines, l’agriculture donne de nombreux emplois aux Congolais ».
Il faut une politique
« Le potentiel est là mais il faut la volonté politique d’orienter les investissements publics et privés vers l’agriculture », note M. Michel. Pour l’instant, on en est loin. L’agriculture ne se voit consacrer que 1% du budget de la RDC, « dont la moitié seulement est effectivement décaissée – soit moins que le total des frais de mission à l’étranger du gouvernement » de Kinshasa, regrette le professeur. Le gouvernement congolais a pourtant signé la Déclaration de Maputo (2003) par laquelle il s’engageait à consacrer 10% du budget national à l’agriculture.
Pour ce qui est des investissements privés, les Congolais riches préfèrent placer leur argent dans l’immobilier, ce qui permet d’éviter les mesures de contrôle bancaire. Et les étrangers sont rebutés par l’article 16 de la Loi agricole congolaise, qui exige que la majorité des parts, dans les entreprises agricoles, soient aux mains de Congolais – ce qui leur donne le droit de décision sur les capitaux venus de l’extérieur.
Un quasi-monopole sur la quinine, inexploité
Kinshasa, en outre, défend très mal ses intérêts en matière agricole. Ainsi, alors que la RDC produit 80% de la quinine dans le monde (l’arbre ne pousse qu’en altitude et sur l’équateur, conjonction peu répandue sur la planète), « elle ne tire rien de cette position avantageuse et laisse quatre sociétés pharmaceutiques – deux allemandes, une néerlandaise et une américaine – exploiter le Congo. Ces sociétés sont régulièrement condamnées par les lois anti-monopole mais payent les amendes sans broncher en raison de leurs bénéfices, faits au détriment des Congolais. Ainsi, le petit planteur de quinquina congolais gagne 1/1000 de la valeur ajoutée du produit. A titre de comparaison, le petit planteur de café vietnamien touche 85% de la valeur ajoutée et l’Ivoirien 55%. Le petit planteur congolais est donc dans l’impossibilité de sortir de la pauvreté, tandis que le vietnamien, lui, peut diversifier », s’agace le pr. Michel.
Et le professeur-planteur de conclure: « Avec une bonne politique agricole et de développement, en dix ans le Congo n’a plus besoin d’aide extérieure ».
Alexander De Croo plaide pour une coopération régionale renforcée dans la lutte contre l’insécurité dans la région des Grands lacs
En marge de la semaine ministérielle de l’Assemblée générale des Nations Unies, la Belgique et le Congo-Brazzaville ont présidé ensemble une réunion ministérielle pour discuter de la sécurité dans la région des Grands lacs. Le vice-Premier ministre Alexander De Croo a appelé à une plus grande coopération régionale.
La Belgique se félicite des récentes initiatives prises par les pays de la région pour renforcer la coopération régionale et de la volonté commune dont ils ont fait preuve pour lutter contre l’insécurité dans la région.
Des réponses régionales
Alexander De Croo: « La région des Grands lacs continue de faire face à des défis majeurs en matière de sécurité, de stabilité et de développement, allant des groupes armés à la violence ethnique en passant par une crise humanitaire majeure qui affectent des millions d’habitants. Ce sont des défis qui transcendent les frontières et exigent des réponses régionales. »
Le ministre De Croo s’est dit très satisfait de l’intérêt général manifesté par les membres du gouvernement de la région, mais aussi par les autres pays concernés. Le Président Tshisekedi de la RDC était l’invité d’honneur de la réunion ministérielle.
Coopération Belgique – RDC renouvelée
Le ministre De Croo a évoqué, entre autres, la récente visite du président Tshisekedi en Belgique, où les liens historiques étroits et la coopération entre le Congo et la Belgique ont été redynamisés. La présence du Président Tshisekedi à cette réunion confirme cette dynamique positive de rétablissement des relations de confiance avec les pays voisins.
L’engagement de la Belgique à l’égard du Groupe de contact international pour les Grands lacs n’est, bien entendu, pas nouveau. En étroite collaboration avec les pays de la région et les principaux acteurs internationaux, notre pays souhaite évaluer les développements récents les plus importants et parvenir à des réponses communes aux principaux défis de la région.
RDC: le chanteur Koffi Olomidé interpellé en lien avec ses chansons censurées
Le roi de la rumba congolaise a été interpellé puis relâché ce mercredi 25 septembre à Kinshasa. Christophe-Antoine Agbepa Mumba dit Koffi Olomidé a refusé de se rendre à une convocation liée à huit de ses chansons qui ont été censurées par la commission nationale de censure et de spectacles.
Culotte grise et un t-shirt, Koffi Olomidé ne fait aucune déclaration à la presse, alors qu’il est accompagné de son avocat.. Le roi de la Rumba congolaise avait l’air serein en sortant du palais de justice, mercredi peu avant midi.
Pourtant dans la matinée, il a été interpellé à son domicile. Me Tony Mwaba, son avocat, dénonce l’interpellation : « L’artiste a été humilié par certains agents qui ont investi sa villa. Certains ont même escaladé les murs pour l’appréhender avec une brutalité et une cruauté rare. »
L’artiste avait refusé de répondre à une convocation de la commission de censure et de spectacles. Cette instance a interdit la diffusion de huit des chansons de Koffi Olomidé pour « atteinte aux bonnes mœurs », sans préciser publiquement le contenu litigieux.
Si le chanteur a été interpellé, c’est parce que, selon cette commission, Koffi Olomide est un « récidiviste » qui a fait preuve d’« incivisme » en refusant de répondre à ses multiples « invitations », ses injonctions et de se soumettre à la censure.
Parmi les chansons censurées, il y en a une particulièrement populaire : « La femme de quelqu’un ». Ce titre chanté avec le rappeur français Singuila et le clip vidéo qui lui est associé, racontent l’histoire d’un chanteur jaloux de voir son ex-femme épouser un haut responsable politique.
Beaucoup spéculent à Kinshasa sur les personnages réels qui ont inspiré cette chanson à Koffi Olomidé. Quoi qu’il en soit, l’artiste dénonce un « abus de pouvoir » et dit rester convaincu que la commission de censure « n’a pas raison d’exister dans un État démocratique ».
Sur demande de son client, l’avocat de Koffi Olomidé annonce qu’il déposera sa plainte ce jeudi au parquet près la Cour de cassation contre les agents de l’ordre qui ont réalisé de l’interpellation brutale. Ils ont également filmé l’artiste lors de cette interpellation, « dans le but de l’humilier », selon l’avocat.
Ebola: Médecins sans frontières dénonce le “rationnement” des vaccins
Colette Braeckman – Le Soir – le 25 septembre 2019
Plus d’un an après le début de l’épidémie, Ebola tue toujours dans le Nord Est de la RD Congo : au 18 septembre, l’OMS avait enregistré 2108 décès sur un total de 315O cas recensés (soit environ deux sur trois…) et si à Goma on n’a pas déploré de nouvelles victimes, en revanche des cas suspects ont été enregistrés dans les environs de Bukavu, au Sud Kivu. Si la mobilisation des équipes chargées de la riposte reste intense, elle demeure cependant handicapée, non seulement par l’insécurité due aux groupes armés mais surtout par le manque de vaccins disponibles.
Médecins sans Frontières-France, qui opère en première ligne dans la lutte contre le fléau aux cotés des équipes congolaises de la riposte, déplore cette carence et, dans un communiqué cinglant, met en cause l’Organisation Mondiale de la santé, chargée de la gestion des stocks, qu’elle accuse de « rationnement ». Le Docteur Isabelle Defourny, directrice des opérations à MSF, relève qu’à Genève, « la gestion s’avère bureaucratique, manquant de transparence, et cela alors que c’est l’OMS qui coordonne exclusivement toutes les données concernant l’épidémie, dont les protocoles d’études et les données vaccinales. »
Rappelons qu’en juillet dernier, qualifiant Ebola d’ «urgence sanitaire internationale » l’OMS avait, dans les faits, dépossédé l’autorité congolaise de son droit d’initiative, ce qui avait, entre autres raisons, entraîné la démission du Ministre congolais de la santé Oly Ilunga. « Après un an, les résultats pourraient être meilleurs » relève Isabelle Defourny, car, à la différence des autres occurrences d’Ebola, nous disposons ici d’un outil performant, à savoir un vaccin qui a fait la preuve tant de son innocuité que de son caractère performant. »
Il s’agît du vaccin dit rVSV-Zebov, produit par la société Merck, il a été utilisé avec succès contre la souche « Zaïre » du virus Ebola qui a sévi en Guinée en 2015 2016 et son usage a été recommandé par le groupe d’experts SAGE (Strategic Advisory Group of Experts Of Immunization). « Le seul handicap du vaccin Merck » , relève la directrice de MSF, « c’est qu’il est difficile à produire. » Par contre, relève-t-elle, « la fabrication du deuxième vaccin, produit par la société Johnson et Johnson, est plus facile et deux millions de doses pourraient être disponibles. Le problème, c’est que si le vaccin Merck a été testé avec succès en Guinée, le vaccin de J and J, lui, est toujours en phase d’évaluation et n’a pas encore été testé dans des conditions réelles d’épidémie. En outre, il demande deux prises, à 56 jours d’intervalle… »
MSF relève cependant que la société Merck a déclaré qu’en plus des 245.000 doses déjà délivrées à l’OMS, elle était prête à envoyer 190.000 autres doses si nécessaire et que 650.000 doses seraient mises à disposition dans les 6 à 18 prochains mois.
Durant longtemps, pour expliquer les lenteurs de la vaccination et celles de l’administration des traitements, (efficaces s’ils sont administrés aux malades endéans les huit jours) on a mis en avant la méfiance, l’ignorance des communautés congolaises, ainsi que l’insécurité dans la région de Beni. MSF, tout au contraire, relève que « davantage de gens demanderaient à être vaccinés si on leur faisait clairement savoir qu’ils pourraient être protégés grâce à un vaccin efficace et si on leur faisait connaître l’existence de traitements qui ont fait leurs preuves. Il faut cesser de rendre les communautés responsables de leurs morts ».
De son côté, l’OMS a répliqué qu’elle ne pouvait envoyer au Congo tous les vaccins disponibles car des stocks d’urgence demeuraient nécessaires au cas où le virus se propagerait dans les pays voisins et que sur le terrain, les vaccins ne pouvaient être envoyés en grande quantité, au risque d’interrompre la chaîne du froid…
A noter que le Rwanda a déjà décidé de faire vacciner les milliers de travailleurs frontaliers qui chaque jour se rendent au Kivu et que l’Ouganda a pris des mesures similaires.
Sur le terrain, la méfiance persiste cependant : à Beni, le comité d’appui à la riposte nous communique que la semaine dernière encore 18 maisons accueillant le personnel soignant avaient été incendiées dans le village de Lwemba, près de Mambasa après la mort d’un infirmier et que beaucoup se demandent si les retards dans la distribution du premier vaccin ne s’expliqueraient pas aussi par la volonté d’imposer le deuxième…
La Corée du Sud offre un nouveau musée au Congo
Colette Braeckman – Le Soir – le 25 septembre 2019
C’est dans le « quartier noble » de Kinshasa, celui de l’Assemblée nationale, de l’Institut national des Beaux Arts, qu’a été installé le nouveau Musée national du Congo, dont l’ouverture officielle est prévue en novembre prochain. Maître d’œuvre du projet, la coopération sud coréenne « Koika » a bien fait les choses : un vaste bâtiment immaculé posé en retrait du Boulevard et dominé par des tourelles de brique, très décoratives, des salles dotées d’un mobilier sobre, des vitrines modernes et bien éclairées…
Qui a dit que le Congo avait été dépossédé de tout son patrimoine, qu’il ne restait plus rien, à part quelques masques et statuettes rongés par les insectes et prenant la poussière dans le musée situé sur le Mont Ngaliéma, créé du temps de Mobutu sous la houlette du colonel Powis ? Penser cela, c’est faire fi de l’extraordinaire créativité des Congolais, de la diversité des ethnies , de la profusion des objets symboliques…Il suffit de déambuler dans les allées du nouveau musée pour être confronté à toutes les formes d’expression de la population congolaise, et admirer, dans d’aussi bonnes conditions qu’à Tervuren, les masques Tchokwe, les velours du Kasaï, les appuie tête de bois sculpté, les couvercles de bois exprimant des proverbes, les cannes de chef, les croisettes de cuivre du Katanga…Sans oublier la multitude d’objets liés à l’alimentation, les bols, les racloirs, les assiettes de bois…
« Tout est là, nous avons tout » nous explique Henri Bundjoko, directeur des recherches au Musée national, « ce qui nous manque, même dans ce nouveau musée, c’est la place pour exposer tous nos trésors : 427 objets sont présentés ici, sur un total de 12.000 dont nous disposons et dans le seul musée du Mont Ngaliéma dorment 45.000 pièces…Certaines d’entre elles nous avaient été cédées par Tervuren, mais la plupart ont été ramenées de l’intérieur du pays à l’occasion de plusieurs opérations de collecte… »
Institution de statut « national »,le nouveau musée de Kinshasa entend présenter des œuvres illustrant toute la diversité du Congo. Par contre, les musées qui seront créés dans les 26 capitales régionales, ou qui sont déjà ouverts, devraient montrer les œuvres issues de chacune des provinces : « nous voulons décentraliser » explique Henri Bundjoko « des musées provinciaux existent déjà à Lubumbashi, Mbandaka, Kikwit, Goma, Bukavu, Butembo, Kananga… »
Lorsqu’il évoque la richesse et la diversité culturelle de son pays, le directeur du Musée est intarissable : «alors que le Congo compte 450 peuples différents, seulement 66 d’entre eux sont représentés par les pièces exposées ici…Or toutes nos ethnies, aussi petites soient elles, ont exprimé leurs croyances, laissé parler leur imaginaire, créé des objets usuels en fonction de leurs besoins…Dans l’immédiat, nous n’avons pas l’intention de demander au Musée de Tervuren de nous ramener des pièces, car il nous faut d’abord gérer ce que nous possédons…De toutes manières, nous sommes en contact avec Tervuren depuis 2009, et nous travaillons en bonne collaboration…Mais à l’avenir, peut-être tenterons nous, ensemble, de compléter nos collections en demandant aux Belges de nous restituer des pièces manquantes, issues de groupes ethniques plus petits, moins connus, afin que l’ensemble des populations congolaises soit ici représenté…Des pièces importantes qui ont quitté le pays après 1960 pourraient nous être restituées car elles n’appartiennent pas à l’ héritage colonial… »
Dans l’interview accordée au Soir, le président Tshisekedi a confirmé (à l’inverse des propos tenus par son prédécesseur Joseph Kabila) que, dans l’immédiat, il n’avait pas l’intention de demander la restitution des œuvres se trouvant à Tervuren : « ce n’est pas nécessaire, nous devons d’abord gérer ce que nous possédons. Mais à terme, des échanges, des expositions itinérantes seraient envisageables.. »
Déambulant de salle en salle, le visiteur est frappé les qualités didactiques de la scénographie du musée : chaque pièce est exposée dans son contexte, le lieu de la création est mentionné tout autant que l‘histoire de l’objet, qui est donc « accompagné »par le peuple dont il est issu…
Pour Henri Bundjoko, les deux musées, Kinshasa et Tervuren) différent dans leur philosophie elle-même : «En Europe, la conception même des musées coloniaux était idéologique. Les descriptions des pièces étaient d’ordre physique, mais pas « théologique ». Il s’agissait, au départ, de défendre une politique, celle de la conquête coloniale, une vision du monde, celle de l’Europe…Nous, nous avons une autre approche : en Afrique, on ne crée pas « gratuitement », pour le seul plaisir de produire une « œuvre »… On crée pour légitimer un pouvoir, pour commémorer un ancêtre, pour marquer un rite de circoncision… Chaque objet a une portée symbolique, il est aussi le véhicule de nos valeurs morales. Ce qui signifie que, pour le comprendre, il faut recourir à la littérature, à la tradition orale, aux proverbes, à l’histoire, à la culture au sens large… Ces objets que les Européens appellent « fétiches » ont une histoire profonde. Nous devons la retrouver, la réécrire… Notre objectif, c’ est de faire comprendre au visiteur le contexte de la création des objets. Notre approche est donc très différente de celle des musées européens.
Ce travail là, cette mise en perspective de l’objet, seuls des Congolais peuvent le faire, dans leur propre musée. Lorsque les Européens qualifient certaines de nos pièces de « fétiches » nous, nous avons une autre histoire à raconter. De plus, alors que souvent les Européens ne s’intéressent qu’aux pièces apparues après les grandes découvertes, au 15eme siècle, nous, nous remontons bien plus haut : à Kalina, on a retrouvé des objets qui datent de la préhistoire, des débuts de l’homo sapiens, tandis que le bâton d’Ishango est l’un des premiers témoignages du calcul mathématique… Au Katanga, les croisettes signalent l’apparition de la métallurgie.. »
Dans le musée de Kinshasa, les pièces ne s’accumulent pas, ne s’annulent pas les unes les autres dans la profusion, voire l’empilement. Elles se détachent clairement sur un fond lumineux, elles respirent dans toute leur beauté. Leur histoire ou les légendes qui les accompagnent donnent le temps de comprendre sinon de rêver…
Henri Bundjoko insiste sur la bonne coopération avec les Sud Coréens : « nos chercheurs ont été associés, depuis le début, à la création du musée, nous avons travaillé avec le groupe PMC, tous appuyés par la coopération sud coréenne…Ce musée est le reflet de notre histoire : au début, lorsqu’il s’agissait d’élaborer les plans du bâtiment, nous avons consulté des photos d’archives et on peut dire, au final, que l’architecture du musée est à la fois congolaise et coréenne ! »
Familier des musées d’Europe, l’historien Isidore Ndaywel se souvient de sa première visite : « en découvrant ce lieu simple et beau, j’étais ému aux larmes, car ce musée va permettre à notre jeunesse de renouer avec son passé. Auparavant, les masques, les figurines étaient vus par les jeunes comme des « objets magiques », issus de la « sorcellerie », ils en ignoraient presque tout…Désormais les jeunes vont mieux appréhender leur histoire, en être fiers. Il faut que toutes les écoles du Congo puissent venir visiter ce musée, il est aussi un lieu d’apprentissage de la citoyenneté… »
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© CongoForum, le samedi 28 septembre 2019