Scandale sexuel au Kongo Central: les députés débattent de la levée de l’immunité du Gouverneur Atou Matubuana (Mediacongo)
MATADI – L’assemblée provinciale du Kongo central a ouvert ce lundi 23 septembre à Matadi une session consacrée au débat sur le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation. Ce dernier veut une autorisation des députés pour poursuivre en justice le gouverneur Atou Matubuana. Selon Pierre-Anatole Matusuila, président de l’assemblée provinciale du Kongo central, cette démarche est conforme à l’article 151 de la constitution, qui réaffirme les principes de la séparation des pouvoirs législatif et exécutif.
La session extraordinaire de l’Assemblée provinciale du Kongo central s’est ouverte ce 23 septembre. Le président de l’organe délibérant a invité les élus du peuple à un examen objectif du réquisitoire du procureur général près la cour de cassation.
« L’incident Mimigate salit la réputation du peuple Kongo, provoque des agitations et des récupérations politiciennes avec des manoeuvres visant à opposer les populations », reconnaît Anatole Matusila. Le président de l’organe délibérant invite pour ce faire ses collègues à la prise de conscience. « Placez l’intérêt supérieur de la province au-dessus des intérêts privés, leur demande-t-il, invitant chacun d’eux à un examen objectif du réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, lors de la plénière de ce mardi 24 septembre »,a-t-il ainsi exprimé à ses collègues.
L’autorisation des poursuites n’est pas une accusation
Pour Anatole Matusila, Il ne s’agit en aucune façon pour l’assemblée provinciale du Kongo Central de porter une quelconque accusation ou condamnation envers le gouverneur Atou matubuana mais de simplement débattre sur son immunité en vue de laisser la justice faire son travail.
« Il convient de noter ici que l’autorisation des poursuites sollicitée par le procureur général près la Cour de cassation ne doit pas être entendue comme une accusation du gouverneur Atou matubuana par notre assemblée provinciale. Dès lors que le procureur général semble s’être lui-même fait une conviction, en affirmant dans son réquisitoire, que le gouverneur Atou matubwana est le commanditaire des faits, incriminés sous la qualification légale, d’outrage public aux bonnes mœurs », a fait remarquer Pierre-Anatole Matusuila. Il appelle les députés provinciaux à la responsabilité et au sens de l’intérêt général.
Des poursuites ou rien
Comme prévu, des députés nationaux élus du Kongo Central et le mouvement citoyen La Lucha ont organisé une marche de soutien aux députés provinciaux. Les deux cortèges ont convergé vers la place Londe. L’un après l’autre, les députés Papy Mantezolo, Adrien Phoba et Fabrice Puela, tous de noir vêtus, ont pris la parole haranguant la foule moins nombreuse que lors de la marche du 31 août. « Chaque chose à son temps », chantaient-ils. Tous ne jurent que par des poursuites à l’endroit du gouverneur Atou Matubuana.
« Le bilan du gouverneur Atou est négatif. Et, personne ne l’a envoyé à commanditer ce complot contre son vice. Nous demandons aux députés de voter pour le réquisitoire du procureur pour que le gouverneur soit poursuivi. Et, s’ils votent contre, nous sommes prêts à tout. La place Londe devient notre place Tahir (Place forte de la capitale égyptienne Le Caire et épicentre de la contestation populaire ayant chassé du pouvoir le président Moubarak). Nous y reviendrons ce 24 septembre pour faire pression pendant que les députés seront en plein examen du réquisitoire », a lancé Puela à la foule remontée et encadrée par la police.
Et met en garde les députés provinciaux: « Nous connaissons vos résidences ». Inscription qu’on pouvait lire sur une banderole. Et si les députés provinciaux votaient contre le réquisitoire du procureur général près la cour de cassation lui avons-nous demandé au téléphone après la marche? « Cela démontra clairement que c’est une assemblée provinciale corrompue. Nous allons alors user de tous les moyens politiques pour faire partir le gouverneur Atou car l’affaire Mimigate est une honte indescriptible et inacceptable pour notre province. Et, nous demanderons au président Matusila de prendre ses responsabilités. Mais, sachez-le, nous ne lâcherons pas prise et mènerons des actions jusqu’à ce que justice soit faite », a-t-il répondu.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux il y a quelques semaines, l’assistante du gouverneur Atou Matubuana accusait le vice-gouverneur d’avoir tenté de la violer. Ce dernier presque nu et à terre niait les allégations de l’assistante du gouverneur. La scène présentait aussi une policière qui maitrisait le vice-gouverneur, sur ordre d’un responsable des services de renseignements.
© Radio Okapi / Infobascongo / Mediacongo, 24.09.19
Image : le gouverneur Atou Matubuana
Source : Rcongonews