08 10 19/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE MARDI (CongoForum)
Sommaire
Le séjour de Félix Tshisekedi à Bukavu intéresse au premier chef les journaux parus à Kinshasa en ce mardi 8 octobre 2019. Le chef de l’État a également assuré que la gratuité de l’enseignement serait élargie aussi au niveau de l’enseignement supérieur. Les propos tenus à Bukavu par FTT se mêlent parfois, dans les commentaires, à ceux qu’il a tenus au Vatican. D’autre part, l’UE devant revoir ses sanctions dans un mois, on reparle de l’impunité.
Félix Tshisekedi
La Prospérité titre : « Bukavu : Félix Tshisekedi prêt à mourir pour la paix à l’Est du pays »
« Depuis l’après-midi du lundi 7 octobre 2019, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo séjourne à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu où il va présider aujourd’hui mardi 8 octobre 2019, la cérémonie de l’inauguration et dénomination de la station des recherches agricoles moderne l’IITA de Kalambo. Aussitôt arrivé, le Chef de l’Etat congolais a tenu un meeting populaire à la place de l’indépendance. En marge de cette sortie, il a laissé entendre, devant une marée humaine, qu’il est prêt à mourir pourvu que la paix règne définitivement dans la partie Est du pays souvent en proie aux groupes armés.
En effet, Félix Tshisekedi s’est engagé à œuvrer pour apporter la paix, une paix définitive, nécessaire pour la stabilité de la RDC. «Lorsque nous étions en campagne, j’avais mis en avant-plan comme priorité, le bien-être de l’homme congolais qui commence d’abord par le défi de la paix. Je suis conscient des souffrances qui sont les vôtres et je n’ai ménagé aucun effort depuis que je suis au pouvoir pour entretenir nos forces armées et tout faire pour que celles-ci soient au top niveau et puissent faire leur devoir qui consiste à imposer la paix dans l’ensemble du territoire national. Et cette paix, croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité. Je veux la paix et la paix définitive dans notre pays», a rappelé le Président de la République, sous le regard de son Directeur de cabinet Vital Kamerhe et la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi, tous les deux natifs de la province du Sud-Kivu.
Station des recherches agricoles
La cérémonie de l’inauguration et dénomination de la station des recherches agricoles moderne l’IITA de Kalambo va se passer aujourd’hui. Vu l’ampleur, ou mieux le caractère sous régional de ce centre, le Chef de l’Etat Rd. Congolais a convié, à cette cérémonie, plusieurs de ses homologues, entre autres, le Président Rwandais Paul Kagame, du Burundi Pierre NKurunziza, et du Kenya Uhuru Kenyatta. Selon les sources officielles, le Président honoraire Joseph Kabila sera également de la partie et l’ancien Président nigérian Olusegun Obasanjo ainsi que le Président du groupe de la Banque africaine de développement Akinwimi ADESINA ».
Actualité.cd reprend les propos de Félix Tshisekedi devant la foule réunie à la place de l’Indépendance à Bukavu :
« Notre combat sera celui de vous apporter la paix, une paix définitive, nécessaire pour la stabilité de notre pays. Lorsque nous étions en campagne, j’avais mis en avant dans le thème de ma campagne comme priorité, le bien-être de l’homme congolais qui commence d’abord par le défi de la paix. Je suis conscient des souffrances qui sont les vôtres et je n’ai ménagé aucun effort depuis que je suis au pouvoir pour entretenir nos forces armées et tout faire pour que celles-ci soient au top niveau et puissent faire leur devoir qui consiste à imposer la paix dans tout l’ensemble du territoire national. Et cette paix, croyez-moi, je suis prêt à mourir pour qu’elle soit une réalité. Je veux la paix et la paix définitive dans notre pays. »
Le Potentiel titre : « Félix Tshisekedi à Bukavu : ‘Je veux la paix et la paix définitive dans notre pays’ »
« Toutes les couches sociales et politiques de la province du Sud-Kivu et celles venues d’autres provinces environnantes ont répondu présent à ce rendez-vous. Ils ont accompagné le Président de la République de l’aéroport de Kavumu jusqu’au centre-ville de Bukavu, parcourant ainsi une distance d’environ trente de kilomètres.
Venu spécialement pour procéder à l’inauguration du Centre de recherche agricole de Kalambo, prévue pour ce mardi 8 octobre, le chef de l’Etat a, juste après son arrivée à Bukavu dans l’après-midi de ce lundi, tenu un meeting sur la Place de l’indépendance, située dans la commune de Kadutu.
Accompagné de son directeur de Cabinet, Vital Kamerhe, fils du terroir, Felix Tshisekedi a eu des mots justes pour rassurer la population du Sud-Kivu qui vit au quotidien dans l’insécurité. « Je vais entretenir les Forces armées pour qu’elles soient au top niveau de défendre le pays comme il se doit », a affirmé Félix Tshisekedi. Avant de souligner que le bien être de l’homme congolais, par les défis de la paix, est son souci majeur.
Le président de la République a aussi insisté sur sa ferme volonté de faire de la gratuité de l’enseignement primaire, une réalité et son souci de diversifier l’économie du pays.
L’IITA, deuxième laboratoire en Afrique subsaharienne
Ce mardi 8 octobre, le chef de l’État va procéder à l’inauguration et à la dénomination de la station de recherche de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) de Kalambo. Cette station sera baptisée « Campus de recherche IITA, Président Olusegun Obasanjo ». Par la même occasion, Félix Tshisekedi procédera également à l’inauguration du nouveau bâtiment de cette station abritant, entre autres, un laboratoire de pointe en matière de biotechnologie, deuxième laboratoire en Afrique subsaharienne.
Selon le service de communication d’IITA, les efforts menés par Olusegun Obasanjo, ancien chef d’État du Nigeria pour le développement du secteur agricole des pays d’Afrique subsaharienne en général et de la République démocratique du Congo en particulier, ainsi que son appui soutenu à l’IITA dans la mobilisation des partenaires techniques et financiers lui ont valu cet honneur.
L’IITA est également membre du groupe consultatif de la recherche internationale agricole et intervient en RDC avec l’appui de ses partenaires financiers et techniques dans le secteur agricole en vue de garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que la gestion des ressources naturelles et la promotion des activités génératrices des revenus, grâce aux produits agricoles, a confié Merveille Kungwa, responsable de communication de IITA.
À Bukavu, le décor est déjà planté pour recevoir les visiteurs de marque qui prendront part à cette cérémonie. Notamment, l’ancien président congolais, Joseph Kabila, le président rwandais Paul Kagame, le président burundais, Pierre Nkurunziza, ainsi que l’ancien chef d’État du Nigeria Olusegun Obasanjo ».
Autre promesse faite lors de ce meeting, comme le relève 7Sur7.cd, concerne la gratuité de l’enseignement secondaire dans les prochaines années. Le chef de l’État a rassuré que cette gratuité serait également élargie au niveau de l’enseignement supérieur, selon le portail.
Actu30.info signale que c’est la première visite officielle du chef de Felix Tshisekedi dans cette ville du Sud-Kivu, depuis son élection à la tête du pays en décembre 2018.
Les propos tenus à Bukavu par FTT se mêlent parfois, dans les commentaires, à ceux qu’il a tenus au Vatican. Ainsi, Le Phare cite Félix Tshisekedi : « Je rêve d’un Congo puissant »
« En marge de son passage au Saint Siège pour honorer son compatriote Mgr Fridolin Ambongo que le Pape François était en train de créer cardinal, le Chef de l’Etat congolais, Félix Antoine Tshisekedi, a accordé une interview aux confrères de Radio Vatican.
De sa vie de foi, ses relations avec l’église catholique, son rêve en termes de vision politique qu’il a pour son pays la République Démocratique du Congo…, tout a été passé au crible avec le nouveau dirigeant congolais.
A propos de sa présence physique au Vatican en vue d’assister à la cérémonie de création de son compatriote comme cardinal, le Président de la République a fait savoir qu’il était venu non seulement pour honorer l’Archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, mais voulait également envoyer un message fort à son peuple. Celui de fierté d’être Congolais et de dignité pour ce peuple meurtri et découragé qui n’avait plus d’espoir pour l’avenir.
Et aujourd’hui, tel qu’on excelle à travers le monde ça redonne l’espoir et la fierté d’être Congolais. Le Prix Nobel de la Paix obtenu par Dr Denis Mukwege, la reconnaissance internationale du travail que réalise le Dr professeur Muyembe pour la lutte contre la maladie à virus Ebola, et la création de Mgr Ambongo cardinal sont des cas qui ne peuvent que redonner la fierté et la dignité à notre peuple.
Radio Vatican : Quel message particulier avez-vous parce que c’est la première fois pour un Président de la République de la RDC d’assister au cardinalat d’un de ses fils ?
Félix Tshisekedi : Vous savez qu’on dit des choses sur l’église catholique, et vous savez que je suis enfant de l’église catholique. J’ai été baptisé à l’âge de deux ans, je suis membre des familles très proches de l’église qui ont des vœux. J’ai un oncle paternel évêque. Du côté maternel, il y a eu deux religieuses. De deux côtés, paternel et maternel, mes grands-parents étaient très pieux, très catholiques. Même si plus tard, j’ai pris d’autres options qui sont miennes. Mais, cela ne veut rien dire parce que je suis très proche de l’église catholique et j’y vais parfois, je prie comme catholique. Donc, pour moi, ce qui compte, c’est la relation avec Dieu. Car, je suis catholique et évangéliste à la fois.
Radio Vatican : A un certain moment de votre parcours, on reprochait à l’église catholique d’être porte-voix de Félix Tshisekedi. Puis, à un certain moment il y a eu des incompréhensions avec l’église. Mais, on sent qu’il y a quand même toujours des rapprochements comme vous veniez de le témoigner dans la famille d’abord. Y a-t-il l’ombre entre l’église et Félix Tshisekedi ?
Félix Tshisekedi : Il n’y a aucune ombre. Et moi, je dis clairement que s’il y a eu maille avec l’église catholique c’est à cause de la manipulation, et j’ai été victime de la manipulation, de la manipulation politicienne. Et ça arrive partout où il y a des politiciens, et il ne faut jamais exclure de telles choses.
Mais pour moi, m’en prendre à l’église catholique, ça aurait été ingrat de ma part. Cette église a un parcours que l’on connait. Déjà, à l’époque du Cardinal Malula qui s’opposait aux méfaits du régime d’antan, l’église a toujours marché près du peuple et pour les intérêts du peuple. C’est vrai que par moment, on a eu des incompréhensions. Mais, dans l’ensemble, la mission de l’église catholique est à louer, féliciter. J’entends d’ailleurs raffermir davantage les relations entre l’Etat et l’église, chacun évidemment dans son domaine d’action. Je crois que dans le pays comme le nôtre où j’ai lancé un appel au redressement, à la conscience, à la lutte pour le changement des mentalités, lutte contre la corruption, lutte contre la pauvreté, l’église peut être un partenaire très important. Donc, pour nous, il n’est pas question de la regarder (église) comme adversaire mais plutôt un allié. C’est ça que je vais envoyer somme signal.
Radio Vatican : C’était la grande joie que les chrétiens vous ont exprimée avant la messe. Cela vous a-t-il frappé ?
Félix Tshisekedi : Oui, mais c’est d’abord à Dieu qu’il faut rendre gloire. Moi, je n’ai rien fait de plus que ce que Dieu m’a donné de faire. Le caractère que j’ai, l’intelligence que j’ai, les intentions que j’ai, louables ou pas, peu importe, sauf que si tout cela est apprécié par le peuple, c’est parce que Dieu m’a créé ainsi. Je n’invente rien, je n’ai rien reçu de quelque part, c’est pourquoi je rends gloire à Dieu.
Radio Vatican : Est-ce facile d’être Président de la République ?
Félix Tshisekedi : Non, ce n’est pas facile.
Radio Vatican : Est-ce facile d’être président d’un parti dans l’opposition, et puis Président de la République ?
Félix Tshisekedi : Les deux sont difficiles. Et ça dépend aussi de l’opposition que vous faites. Nous, on faisait une opposition réelle et sincère ; c’est-à-dire sans compromission. Nous voulions un idéal pour notre pays. Et quand vous vous fixez ça en termes d’objectifs, vous devez vous privez de beaucoup de choses.
Nous savons que nous avons plein d’amis opposants qui mangeaient à tous les râteliers. Cela n’est pas une opposition. L’opposition telle que l’on fait, est difficile. Les deux sont difficiles, sauf que les difficultés sont d’ordre différent.
C’est pour cela, je vais changer des choses même de ce côté-là. Donc, être opposant ne doit plus être regardé comme un ennemi, un souffre-douleur du pouvoir. Il faut plutôt la faire participer au pouvoir. Pas en la débauchant, mais en lui confiant des responsabilités en tant qu’opposition pour qu’elle surveille l’évolution du pouvoir. Voilà pourquoi à l’époque, j’avais demandé à la présidente de l’Assemblée nationale et au président du Sénat de donner des commissions très importantes à l’opposition pour qu’elle puisse réellement contrôler le pouvoir et savoir ce qui se passe.
Nous, en arrivant au pouvoir, on s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne sait pas et qui créent d’ailleurs de l’incompréhension avec ceux qui sont au pouvoir parce qu’on les soupçonne, on a des préjugés, etc.
Or, si on la fait participer aux affaires d’une manière ou d’une autre, ça va aller. C’est pourquoi, cette histoire du chef de file de l’opposition, comme prescrit dans la constitution, je vais la réaliser. Je pense que c’est important d’avoir des interlocuteurs qui ne pensent pas comme nous, et qui vont nous aider par leurs critiques constructives, j’espère, à aller de l’avant. Et dans tout ça, c’est le pays qui va gagner.
Radio Vatican : Quel nom voulez-vous qu’on vous appelle : Félix Tshisekedi, Félix ou Fatshi ?
Félix Tshisekedi : Le nom de Fatshi, c’est moi qui l’ai créé en créant mon e-mail, qui est les initiales de mes noms : Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. On peut m’appeler comme on veut.
Radio Vatican : Quel est votre rêve pour la République Démocratique du Congo ?
Félix Tshisekedi : En faire un pays puissant, parce que le Congo, mon pays, le mérite la place de leader en Afrique, même dans le monde aujourd’hui. Nous avons des atouts, enjeux mondiaux, et nous ne les utilisons pas. Mon rêve, c’est celui-là, faire de mon pays un des moteurs de l’Afrique. J’ai beaucoup d’ambitions pour l’Afrique. Il faut que l’Afrique se développe.
L’Afrique, c’est l’avenir de ce monde. Donc, elle se doit de le démontrer. Nous avons beaucoup de force, et personne ne peut nous égaler à ce niveau : nous avons une jeunesse créative, innovante, dynamique, ingénieuse, etc. Nous devons tout simplement la mettre dans de bonnes conditions et vous allez voir que l’Afrique va étonner. C’est ça mon rêve.
Radio Vatican : Que pensez-vous du culte de personnalité ?
Félix Tshisekedi : Je déteste ça. Vraiment, je déteste ça et je prie tous les jours mon Dieu pour qu’il me garde de tomber dans l’orgueil, et que je reste ce que je suis. C’est pourquoi je demande toujours à mes amis, à mon entourage de me dire chaque fois si je déborde pour qu’ils me le fassent remarquer. Mais, je me rends compte jusque-là que ça tient. On dit que le pouvoir use, le pouvoir rend fou. J’espère que je pourrai partir avant de devenir fou.
Radio Vatican : Avez-vous encore le temps pour les amis et la famille ?
Félix Tshisekedi : Oui, quand même. Pas beaucoup, mais quand même.
Radio Vatican : A quand votre visite officielle au Vatican ?
Félix Tshisekedi : Quand le Vatican m’invitera. Pas de problème, je suis là. Mais, je vous dis tout à l’heure dans ma rencontre avec le Pape, moi, j’ai d’ores et déjà lancé l’invitation au Saint Père et j’espère le voir à Kinshasa l’année prochaine, ou peut-être en 2021 l’année où je serai président en exercice de l’Union Africaine.
Radio Vatican : Votre dernier message au Vatican et au peuple du monde ?
Félix Tshisekedi : Le message d’amour. Je suis au Saint Siège et je ne peux qu’émettre le message d’amour parce que grâce à l’amour nous avons le sens du partage, du pardon, de la considération et de la paix ».
Impunité
La Tempête des Tropiques voit « L’UE divisée sur la levée des sanctions contre les proches de Joseph Kabila ! »
« La réunion des ministres européens des Affaires Etrangères prévue dans un mois à Bruxelles sera déterminante pour la bande à Mende, Boshab, Kahimbi…
Lors de son séjour en Belgique, le chef de l’Etat congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait plaidé auprès du président sortant de la Commission Européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Junker, pour la levée des sanctions de l’UE à l’encontre des 16 personnalités congolaises proches de l’ancien Joseph Kabila.
D’après certains médias européens, dont RFI, certains pays membres de l’Union Européenne sont divisés sur la levée des sanctions contre les proches de Joseph Kabila accusés d’avoir freiné le processus démocratique en RDC.
Rfi a cite le ministre congolais en charge des Droits Humains, Me André Lité, un proche de Lambert Mende sous sanction européenne a lors de son intervention à la dernière session du Conseil des droits de l’homme à Genève, plaidé pour la levée de ces sanctions.
Au niveau de l’Union Européenne, certains pays sont pour la levée totale de ses sanctions au regard de progrès réalisé sur terrain avec le changement intervenu à la tête du pays. D’autres sont pour la levée partielle de ces sanctions et les plus intransigeants soutiennent le maintien de ces sanctions contre les collaborateurs de Joseph Kabila.
Dans un mois, les ministres des Affaires Etrangères de l’UE vont se réunir comme d’habitude pour décider sur la levée, le renouvellement et l’élargissement des sanctions ciblées de l’Union européenne à l’encontre d’officiels congolais accusés d’être responsables de la répression violente et d’autres violations graves des droits humains dans le pays.
Sous Joseph Kabila, le gouvernement congolais avait approché un cabinet d’avocat belge pour saisir le tribunal de l’Union Européenne, basé à Luxembourg, afin d’obtenir la levée des sanctions européennes à l’endroit de 16 individus congolais.
Ces sanctions ont été imposées en décembre 2016 et mai 2017, lors de la séance du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne. Cette mesure faisait suite à près de quatre ans de répression contre ceux s’opposant à ses tentatives de rester en fonction au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats en décembre 2016.
Impunité totale
Depuis la prise de ces sanctions par l’UE, aucun des 16 individus n’a fait l’objet d’une enquête ni n’a été traduit en justice pour son implication présumée dans de graves violations des droits humains. Dans ce contexte, la levée des sanctions signifierait que l’UE tolère l’impunité et encourage purement et simplement les hauts responsables ainsi que d’ autres proches de Kabila à poursuivre leur répression violente, notait Ida Saywer, de Human Rithgts Watch, dans une lettre adressée il y a une année aux ministres européens des Affaires Etrangères.
Les Responsables sanctionnés
Les personnalités congolaises sanctionnées par l’UE ont occupé des postes influents au sein du Gouvernement ainsi que des forces de sécurité sous Joseph Kabila et même sous la présidence de Félix Tshisekedi. Il s’agit entre autres d’Ilunga Kampete, commandant du détachement de la Garde républicaine chargé d’assurer la sécurité présidentielle sous Kabila, sanctionné en décembre 2016 , Gabriel Amisi Kumba (également connu sous le nom de » Tango Four « ), ancien commandant de l’armée congolaise pour la région occidentale, promu en juillet 2018 au poste de chef d’état-major adjoint de l’armée congolaise, chargé des opérations et du renseignement, sanctionné en décembre 2016.
Il y a aussi Ferdinand Ilunga Luyolo, ancien Chef de l’unité anti-émeute de la police congolaise, appelée Légion nationale d’intervention (LENI), nommé commandant de l’unité de police chargée de la protection des institutions et des hautes personnalités en juillet 2017, sanctionnée en décembre 2016 ; Célestin Kanyama, commissaire de la Police nationale congolaise (PNC) à Kinshasa, nommé directeur général des écoles et formations de la PNC en juillet 2017, sanctionné en décembre 2016 ; Delphin Kahimbi, ancien directeur des services de renseignements militaires, nommé chef d’état-major adjoint de l’armée congolaise en juillet 2018, sanctionné en décembre 2016 .
Il faut ajouter encore John Numbi, ancien inspecteur général de la PNC, suspendu de ses fonctions en juin 2010 à la suite de l’indignation suscitée aux niveaux tant national qu’international par les meurtres du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et de son chauffeur, Fidèle Bazana, dans lesquels Numbi était cité. Sanctionné en décembre 2016, Numbi a été décoré comme héros national en juin 2017 et, en juillet 2018, officiellement réintégré au sein de l’armée congolaise.
En juillet 2018, il a été nommé inspecteur général de l’armée congolaise. Muhindo Akili Mundos, ancien commandant de l’armée, responsable de la 31ème brigade dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, nommé commandant de la 32ème région de l’armée dans la province du Sud-Kivu en juillet 2017 a été sanctionné en mai 2017 par l’UE.
Eric Ruhorimbere, ancien commandant adjoint de l’armée de la 21ème région militaire du Kasaï, nommé commandant de la 31ème région militaire de l’Équateur en juillet 2018 est sous sanction de l’UE depuis mai 2017.
Les geôliers sous Kabila
Kalev Mutondo, alors administrateur de l’ANR et le chef du département de la sécurité intérieure, Roger Kibelisa ont été sanctionnés par l’UE et ce dernier continue d’assumer une haute fonction auprès du Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de Sécurité. Même des ministres sous Kabila figuraient également parmi les individus sanctionnés par l’UE. Il s’agit entre autres d’Emmanuel Ramazani Shadary, ancien Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de décembre 2016 à février 2018 ; actuel secrétaire permanant du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie(PPRD) et candidat à la présidence désigné par FCC lors des élections de 2018 est sous sanction depuis mai 2017.
Il y a aussi Evariste Boshab, ancien Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de décembre 2014 à décembre 2016 a été sanctionné par l’UE depuis mai 2017. Sans oublier Lambert Mende, ancien ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement sous Kabila. En tant que ministres de l’intérieur et de la sécurité, Shadary et Boshab sont considérés avoir joué un rôle important dans la répression ».
L’article « Débats épineux à l’UE autour des sanctions contre les personnalités de RDC », auquel se réfère La TdT, publié par RFI le 8 octobre 2019, est le suivant :
« Dans quelques semaines, l’Union européenne doit décider de renouveler les mécanismes engagés contre une quinzaine de personnalités congolaises. Lorsqu’il s’est rendu à Bruxelles, le président Tshisekedi a demandé à ce qu’elles soient assouplies. Certains États européens plaident dans le même sens, mais des ONG mettent en garde contre l’impunité.
La semaine dernière, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le nouveau ministre congolais des Droits humains, un proche de Lambert Mende, lui-même sous sanctions, a été catégorique sur le sujet : les sanctions doivent être levées. Mais, selon un diplomate européen, « rien n’aurait pu être envisagé sans la demande effective de Félix Tshisekedi qui, ces derniers mois, ne s’est pas lui-même prononcé, créant une certaine ambiguïté. »
Depuis, les réunions se multiplient côté européen, les requêtes aussi à destination des organisations de défense de droits de l’homme et des autres partenaires. « Pour maintenir ces personnalités sous sanction, il nous faut des nouveaux éléments publics, articles ou rapports d’ONG, qui prouvent qu’ils continuent de nuire, et on n’en trouve pas », explique encore ce diplomate.
« Les intérêts financiers de certains États »
Et c’est l’argument utilisé par les États qui souhaitent la levée des sanctions. Qu’avec l’avènement de Félix Tshisekedi, les « sanctionnés » auraient perdu de leur pouvoir de nuisance. « Pas dans l’armée, les services de sécurité, ils sont partout, jusqu’à la présidence », rétorque un activiste.
Même colère chez un officiel onusien impliqué à l’époque dans les enquêtes qui ont conduit à certaines de ces mises sous sanctions. Lui peste contre « les intérêts financiers de certains États » qui viennent une fois de plus « bafouer les droits des victimes », après 25 ans d’impunité, souligne-t-il. « Ils veulent tourner la page et passer des principes aux affaires », estime encore cet officiel onusien.
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