Analyse: Joseph Kabila n’est plus éligible à la magistrature suprême selon le constitutionaliste Muhindo Malonga (CongoForum)
BUTEMBO – La Constitution de la République démocratique du Congo permet-t-elle à un ancien président de la république, qui a épuisé ses deux mandats successifs, de revenir aux affaires comme président de la république?
La réponse à cette question est négative sur le plan du droit, dans la mesure où il jouit d’un statut viager de sénateur à vie incompatible avec le mandat d’un président de la république en RDC. Telle est l’analyse du professeur Muhindo Malonga, enseignant du droit constitutionnel à l’Université Catholique du Graben.
Il estime que la possibilité du retour de l’ex-chef de l’Etat congolais Joseph Kabila sur la scène politique en 2023, tel que voulu par les cadres et militants du PPRD au cours de leur dernier mini-congrès à Lubumbashi, pose un problème de démocratie au sein des partis politiques congolais.
Pour ce constitutionaliste, Joseph Kabila ne peut plus postuler comme président de la république car il est sénateur à vie.
«On ne peut être à la fois Sénateur ou parlementaire et membre de l’exécutif ou alors président de la république. Dès lors que quelqu’un a le statut de sénateur à vie, et qu’on ne peut pas le lui enlever, logiquement cette qualité-là de sénateur le rend irrecevable à pouvoir postuler comme président de la république dès lors qu’il l’a déjà été. Donc sur le plan du droit, Kabila ne devra plus pouvoir postuler étant donné qu’il sénateur à vie et que c’est un statut viager », explique le professeur Muhindo Malonga.
Il ajoute que le débat autour d’un éventuel retour de Kabila aux affaires en 2023 traduit une pauvreté idéologique au sein des partis politiques de la RDC.
«Je ne crois pas que ce soit ça la priorité du moment alors que le peuple est en train d’affronter d’autres difficultés de la vie et d’autres formes de mauvaise gouvernance et tout de suite ils veulent nous plonger dans le débat électoral alors qu’on n’a pas encore résolu ces difficultés. Donc cela traduit une pauvreté idéologique ou programmatique au niveau du PPRD. Autre chose, est-ce qu’au niveau du PPRD, il n’y a pas d’autres personnalités qui peuvent porter un projet de société ? Ce n’est quand-même pas lié à un individu, un parti politique ce n’est pas un individu.».
Le professeur a enfin émis le vœu de voir les énergies, les idées et les dynamiques de gouvernance se renouveler dans la mesure où le pouvoir use.
© CongoForum – Roger Mulyata, 31.10.19
Image – source: Université Catholique du Graben