Face aux adversités de la vie, les habitants du Nord-Kivu adoptent la stratégie de la non-violence active (CongoForum)
GOMA – L’Est de la République Démocratique du Congo, particulièrement le Nord-Kivu, connaît ces derniers jours des transformations positives en matière de cohabitation pacifique grâce aux multiples formations organisées par l’Ong Africa Reconciled en faveur de toutes les couches de la population.
Il ya lieu de faire remarquer qu’aujourd’hui cette organisation non-gouvernementale de droit congolais active dans l’Est du Pays depuis 2011 est devenue une véritable école qui apprend aux habitants la ‘non-violence active’ pour faire face aux adversités et autres aléas de la vie.
A la violence jadis observée lors des agissements, les habitants opposent désormais la non-violence active, d’autres n’hésitent plus à prêcher l’unité de toutes les communautés et de toutes les tendances pour la défense des intérêts collectifs. C’est là le résultat visible du travail de sensibilisation et de formation que fait Africa Reconciled depuis sa création en 2011.
L’organisation a atteint un nombre impressionnant de jeunes dans les universités locales, dans les mouvements citoyens et dans les structures de la société civile pour faire passer dans leur esprit le sens de la non-violence active comme stratégie de revendication des droits fondamentaux. Présentement, les manifestations de tous ces jeunes sont pacifiques et atteignent les résultats escomptés. Ils ont enfin compris qu’on ne répond pas à la violence par la violence. Ils sont favorables à la paix et à la cohésion intra- et intercommunautaire. C’est finalement un vent nouveau qui vient renverser toutes les vieilles tendances divisionnistes ayant jadis caractérisées la province du Nord-Kivu.
Grâce aux experts dans la matière Africa Reconciled forme les jeunes ainsi que les femmes de la RDC dans ce domaine qui est très nécessaire dans la vie de tous les jours. On leur apprend surtout comment agir d’une façon non violente pour revendiquer leur droit qui est légitime.
Clubs de paix pour les jeunes
Actuellement en province du Nord-Kivu, où les jeunes vivaient avec beaucoup de traumatismes et avec plusieurs signes de violence, certains à Goma ont eu la chance de participer aux différentes formations de non-violence dans les clubs de paix de jeunes. Certains témoignent avoir déjà changé certains comportements violents, ils ont jugé bon de faire de la non-violence active leur mode de vie. Ils disent suggérer aux responsables de Africa Reconciled de réfléchir comment un centre de la non-violence peut être construit en vue de promouvoir cette culture partout au pays et pourquoi pas dans toute la région de Grands Lacs où les gens ont eu à vivre plusieurs années de guerres et de violence.
Sankara Bin Katumwa a suivi des formations dans la non-violence active et sur l’entrepreneuriat : « Moi personnellement j’étais un jeune très violent suite aux multiples difficultés de la vie, mais aussi chaque fois quand il s’agissait d’aller marcher avec mes amis jeunes du quartier pour revendiquer notre droit c’était pour nous une question de nous attaquer aux infrastructures publiques, brûler les pneus, s’attaquer aux agents de l’état ; nous étions dans l’ignorance totale mais depuis que j’avais aussi bénéficié de la formation j’ai vite compris qu’il faut revendiquer nos droits autrement ; il y a des méthodes pacifiques pour faire écouter les autorités sans utiliser la violence. »
Ecoles secondaires
Les différentes formations sur la non-violence active n’atteignent pas seulement les jeunes des mouvements citoyens. Les formateurs et formatrices d’Africa Reconciled collaborent aussi avec les écoles secondaires de la place. Comme ça ils savent aussi influencer des élèves au niveau secondaire. Idéalement il faudrait intégrer le sujet de la non-violence active dans le programme national de l’enseignement de la RDC. Cette connaissance aidera les élèves et les enseignants à améliorer les rapports mutuels. Souvent des enseignants utilisent la violence pour punir et gérer les élèves. Pas mal d’élèves tombent malades suite aux actions violentes de certains enseignants.
Faida Kahindo, une fille de 17 ans, donne son avis : « La non-violence active devrait être appris partout en RDC, nos dirigeants doivent voir comment insérer ce sujet dans l’enseignement. Cela peut changer le comportement des enseignants et aider les élèves à accepter des punitions dans la non-violence. Souvent des élèves arrivent à l’école après avoir passé une nuit sans manger : quand un enseignant devient violent, l’élève risque de réagir très violemment aussi ».
Manifestations
Pendant des années la RDC a connu des moments violentes à cause du report des élections et du non-respect du calendrier électoral. Souvent des mouvements citoyens organisaient des manifestations dans un esprit pacifique ; néanmoins ces manifestations devenaient parfois violentes par manque de formations sur la non-violence active.
Des formations comme celles organisées par Africa Reconciled aident les jeunes à devenir non-violents et à créer un climat de paix et d’harmonie entre manifestants et forces de l’ordre. Utile à éviter une forte répression qui va souvent de pair avec des blessés et des morts.
De nos jours les manifestations à Goma se passent souvent sans incidents, parce que les organisateurs essayent de pratiquer la non-violence active.
© CongoForum – Paulin Munyagala, 21.10.19
Images – source : CongoForum / Africa Reconciled