La justice populaire fait parler d’elle au Nord- et au Sud-Kivu (CongoForum)

GOMA / BUKAVU – La justice populaire fait parler d’elle dans les provinces du Nord- et du Sud-Kivu. Dans un seul mois trois personnes ont été tuées et brûlées.

Le dernier cas de justice populaire a eu lieu le 25 novembre 2019 dans le groupement Irhambi Katana en territoire de Kabare au Sud-Kivu, où toute la population s’est mobilisée comme un seul homme sans tenir compte de la présence des chefs d’entités. Des citoyens en colère ont réussi à attraper un bandit présumé qui était soupçonné d’avoir assassiné monsieur Patrick Kaguzi le 3 novembre dernier ; les deux provenaient du même village.

L’auteur présumé a été tué et brûlé par une population qui est normalement paisible. La population ne montrait pas de pardon. Avant d’être tué, le bandit présumé aurait révélé les noms des autres membres de sa bande qui imposait sa loi dans plusieurs villages de Katana et Kabamba. La bande avait tué plusieurs personnes sans aucune intervention des autorités au niveau local ou provincial.
La population frustrée demande aux autorités de s’investir dans ce dossier. Sans réaction les citoyens continueront à se prendre en charge eux-mêmes. Un message clair.

Il faudrait chercher d’autres moyens pour attraper des bandits et exiger que chaque 10 maisons donnent le nombre exact d’habitants pour tenter de mettre fin à cette situation.

Egalement à Goma

Des pratiques de justice populaire se manifestent également à Goma au Nord-Kivu. A Goma deux jeunes de 20 en 23 ans ont été lapidés par les habitants du Quartier Mugunga. Les présumés voleurs auraient volé un sac d’haricots. Quelques heures après les faits, ils étaient attrapés par des vendeuses d’un petit marché local.

Tandis que cette justice populaire se répand, la justice officielle se tait.

Nul ne peut se rendre justice

Selon un défenseur judiciaire du barreau de Goma la loi congolaise dit que nul ne peut se rendre justice car il faut faire appel aux instances officielles pour rendre justice. Si une personne se rend justice, elle peut être condamnée par un tribunal car la justice relève du pouvoir public. Si des citoyens se sentent lésés, ils doivent saisir la justice pour être rétablis dans leurs droits. « Nous devons chaque fois saisir les instances judiciaires pour ne pas tomber dans plusieurs pièges sans le savoir », nous explique le défenseur judiciaire.

Il arrive parfois que des jeunes de Goma tombent sur des voleurs et qu’ils appellent la police pour les remettre aux autorités. Quelques jours après, ces mêmes voleurs sont relâchés et se promènent librement dans les quartiers de la ville. Cela inquiète les victimes des vols. Cette situation explique pourquoi parfois des personnes se rendent justice, en ne pas observant une vraie justice en RDC.

Des jeunes interrogés par CongoForum confirment : « Souvent nous attrapons des voleurs et nous les remettons à la police pour que justice soit faite. Or, ces mêmes voleurs sont libérés après avoir passé quelques jours en prison, là c’est nous qui sommes en danger. Pour cette raison nous avons une fois arrêté un bandit. On le tue et l’affaire est finie. Il faut que nos autorités en finissent avec ces voleurs qui nous font du mal, surtout dans les heures vespérales. »

© CongoForum – Paulin Munyagala, 27.11.19

Image – source : CongoForum

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