Une journée ville morte au Nord-Kivu, le Parlement des jeunes réagit (CongoForum)
GOMA – La ville de Goma au Nord-Kivu vit une journée ville morte aujourd’hui. « Ce n’est pas une victoire pour les organisateurs mais plutôt pour le peuple Congolais face aux intimidations et manipulations de masse », commente Johnson Ishara Butaragaza, le président du Parlement des jeunes du Nord-Kivu dans une interview avec CongoForum.
Selon Johnson Ishara la journée ville morte d’aujourd’hui est ‘aussi une preuve vivante de la maturité de notre peuple dans l’engagement citoyen responsable’. Il remercie les citoyens congolais de l’est du pays qui compatissent avec la population de Beni, qui est confrontée trop souvent à des massacres et des tueries, sans aucune intervention.
« Nous remercions infiniment nos concitoyens de Beni, Rutshuru, Butembo, Goma, Masisi littoral et Nyiragongo qui ont crû à la noblesse de cette lutte soutenant nos FARDC aux fronts, demandant aux casques bleus de la Monusco de quitter notre province et compatissant avec nos frères de Beni victimes de ces massacres déjà plus de quatre ans durant. »
Johnson Ishara compatit ave la misère que connait la majorité de la population congolaise. Il pense que le temps est venu pour faire un pas dans la marche de sauver le pays. « Par rapport aux populations à moindre revenu, nous compatissons de cette misère que connaît une grande partie de notre pays, mais nous pensons que le temps est venu pour faire un pas dans cette marche de sauver notre pays du calvaire qu’il est en train de traverser. Je leur demande de garder espoir, il vaut mieux mourir tête haute que de vivre dans l’esclavage notoire. Le dernier jour des journées villes mortes c’est pour ce mardi, soudons-nous pour arriver au bout de ce noble combat. »
Pas de circulation
Il faut dire qu’il y’avait pas de circulation ce lundi 2 décembre 2019 des véhicules de la mission des Nations-Unies pour l’observation et la stabilisation en RDC (Monusco), à Goma. Cette situation fait suite à l’appel des mouvements citoyens, du parlement des jeunes du Nord-Kivu et des ligues de jeunes des partis politiques du Nord-Kivu.
Les véhicules de la Monusco et des autres ONGs internationales ne sont pas visibles sur les routes principales et secondaires de la ville de Goma. Les jeunes ont demandé la semaine dernière, aux engins roulants de la Monusco de ne plus circuler sur toute l’étendue de la province du Nord-Kivu suite à ce qu’ils qualifient d’incapacité à éradiquer les ADF et autres groupes armés en province du Nord-Kivu.
Leila Zerrougui
Johnson Ishara réagit aussi aux propos de Leila Zerrougui, la représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC : « Madame Zerrougui doit savoir que conformément à la constitution de la RDC, la souveraineté appartient au peuple congolais, le Gouvernement est au service du peuple, et donc ce que le peuple veut doit obligatoirement s’accomplir ».
Selon plusieurs déclarations faites par ses prédécesseurs et elle-même, la Monusco est au côtés du peuple Congolais en écoutant leurs revendications pour pousser le Gouvernement au respect des valeurs démocratiques qui nous rappellent que le Pouvoir appartient au peuple. Johson Ishara souhaite que le gouvernement fasse premier la volonté du peuple et non les idées de madame Zerrougui.
« Lorsque le président honoraire Joseph Kabila avait dit à la tribune des Nations Unies que la Monusco devrait envisager à retirer ses éléments dans toute urgence, cela n’était pas la demande de notre gouvernement? Se basant sur le principe de la continuité du pouvoir, ça veut dire que ça fait trop longtemps que le Gouvernement congolais a demandé son départ. Quand le peuple congolais demande ce départ, il faut que madame Zerrougui prenne cela au sérieux car le peuple congolais n’est pas caractérisé par la violence ».
« Ouvrir les yeux »
Le président du Parlement des jeunes demande à ses compatriotes d’ouvrir les yeux. Il soupçonne ‘un plan obscur dans l’objectif de nous aveugler, de nous piller, de nous violenter, et de nous déchirer. Demander aujourd’hui le départ de la Monusco c’est que ferait tout peuple digne et responsable se trouvant dans les mêmes situations que nous. 20 ans de guerres et crises sans précédent, 20 ans de complot international pour masquer la réalité de la situation sécuritaire dans notre pays, 20 ans où beaucoup de casques bleus se sont spécialisés dans le trafic des matières premières selon plusieurs rapports sur le rôle de la Monusco et les défis de vouloir faire mieux, 20 ans que les casques bleus donnent naissances aux enfants avec les femmes congolaises et par la suite elles sont abandonnées par ces derniers comme des esclaves ».
© CongoForum – Paulin Munyagala, 02.12.19
Image – source : CongoForum