10 02 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE LUNDI (Dialogue)

Sommaire

La presse parue à Kinshasa en ce lundi 10 février 2020 revient sur les retombées de la 33e session de l’Assemblée générale de l’Union africaine (UA).Ils reviennent aussi sur la lenteur observée dans l’exécution des travaux des sauts-de-mouton dont certains sont à l’arrêt. Le niveau d’exécution ne semble pas à la hauteur des fonds décaissés.Après un an de pouvoir très encadré et un bilan plus que mitigé, Félix Tshisekedi vient d’entrer dans une cohabitation “dure” avec son partenaire. Sa coalition contre-nature avec le FCC commence à montrer ses limites et l’action gouvernementale, censée mettre en oeuvre le programme d’urgence du président, se fait toujours attendre. Dans le camp présidentiel, on cache de moins en moins ses critiques contre un FCC, que l’on accuse de vouloir faire échouer Félix Tshisekedi pour mieux revenir au pouvoir en 2023. Cela se manifeste, entre autres, par une grande attention critique en ce qui concerne les renouvellement des magistrats.

Fatshi à l’UA

Africa News titre « Tshisekedi élu vice-président de l’UA pour 2020 et président pour 2021 »

Le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été élu premier vice-président de l’Union africaine pour 2020 et président pour 2021, dimanche 09 février à Addis-Abeba, siège de l’institution africaine, rapporte Africanewsrdc.net.

« Lors de la cérémonie solennelle d’ouverture du sommet, le Président de Djibouti et Doyen africain l’a annoncé publiquement sous les acclamations de l’Assemblée », indique le site web qui s’appuie sur la presse présidentielle.

Le portail fait remarquer que la double élection de Félix-Antoine Tshisekedi a eu lieu dans une réunion à huis clos entre les Chefs d’État et de gouvernement peu avant la grande cérémonie d’ouverture.

Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo présidera aux destinées de l’UA en 2021 et sera le deuxième président de la RDC à prendre la présidence de l’UA après le maréchal Mobutu en 1967, rappelle Congoprofond.net.

Sous le leadership de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, commente le site web, la RDC est en train de reprendre sa place dans le concert des nations.

Pour Le Phare, il s’agit là de la marque de confiance que ses pairs témoignent au nouveau Président congolais, une année seulement après sa prise de fonctions et son entrée dans la « Cour des Grands » du continent.

Après ce succès diplomatique, ajoute ce journal, la RDC vise le secrétariat général de la Zone de libre échange continental africaine (ZLECAF) pour lequel il a placé un candidat.

A cette occasion de l’élection de M. Tshisekedi, ajoute Cas-info.ca, les dirigeants du continent noir ont aussi jeté leur dévolu sur le sud-africain Cyril Ramaphosa, élu président et qui a placé son mandat hérité de l’Égyptien Al Sisi sous le thème « Faire taire les armes : créer des conditions propices au développement de l’Afrique ».

C’est la deuxième fois que la nation arc-en-ciel dirige la conférence des chefs d’Etat de l’UA, indique Actualite.cd. Thabo Mbeki l’avait déjà fait, rappelle le site web.

« Au nom des hommes et des femmes d’Afrique du Sud, j’accepte gracieusement votre décision, je vais présider l’Union africaine. Nous devons faire face à l’action des pays extérieurs sur notre continent qui mènent des guerres par procuration et alimentent les conflits en cours sur notre continent», a indiqué le président sud-africain dont les propos sont repris par le portail.

Enquêtes et audits sur les sauts-de-mouton

Le Président de la République a décidé de faire une descente dans tous les chantiers des sauts-de-mouton dès son retour d’Addis-Abeba, rapporte Le Phare. Il a en outre, décidé de l’envoi d’un audit sur l’utilisation des fonds débloqués pour la construction de ces ouvrages, ajoute le quotidien.

Le Phare annonce que « la ville de Kinshasa fête le 30 juin avec les sauts-de mouton ».
Selon ce journal, les six sauts-de-mouton encore en construction à travers la ville de Kinshasa, ceux du rond- point Socimat, du rond- point Mandela, du secteur RTNC/Assanef, de Matete/Debonhomme, de Masina/Bitabe et de Masina/Pascal, seront fin prêts avant le 30 juin 2020.

Ainsi donc, les 60 ans de l’indépendance seront célébrés à Kinshasa avec tous les ouvrages ouverts à la circulation routière. C’est la promesse faite aux Kinoises et Kinois par le vice-premier ministre et ministre du Budget, Baudouin Mayo, au terme d’une réunion de crise présidée par le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le samedi 08 février 2020, avec la participation du ministre des Travaux Publics et Infrastructures, du vice-ministre des Finances, des directeurs généraux de l’Office des Routes et de l’Office des Routes et de l’Office des Voiries et Drainage.

La Prospérité rapporte que l’Udps et Alliés disent non au détournement des deniers publics. En effet, sous la bannière de l’Udps, députés nationaux et provinciaux de cette formation politique et ses alliés ont effectué une mission d’évaluation de la mise en œuvre des politiques publiques du Chef de l’Etat à travers les travaux de construction des sauts-de-mouton après une première année pleine d’exercice au pouvoir.

A l’issue de celle-ci, toutes les plateformes politiques alliées de l’Udps étaient réunies dans une matinée politique autour du président du Mouvement de Solidarité pour le changement, Laurent Batumona, le samedi dernier dans la commune de Kalamu.

Mr Batumona, qui faisait la restitution de la mission d’inspection et d’évaluation des travaux de construction de sauts-de-mouton, a indiqué qu’il y a déséquilibre déroutant entre les fonds décaissés et le niveau d’exécution des travaux qui se situe à 20%.

Le président national du Mouvement de solidarité pour le changement, Laurent Batumona, qui a mené une mission d’inspection et d’évaluation des travaux de construction de sept sauts-de-mouton dans la ville de Kinshasa, estime à 20% le niveau d’exécution des travaux de ces ouvrages, indique La Prospérité.

Pour lui, il y a un déséquilibre déroutant entre les fonds décaissés et le niveau d’exécution des travaux.

Cette situation appelle à brandir le ‘‘bic rouge’’, conclut M. Batumona dont les propos sont repris par le journal.

Selon Actualite.cd, le député national Claudel Lubaya a déposé au bureau de l’Assemblée nationale une question écrite adressée au directeur général de l’Office de voirie et drainage (OVD), Benjamin wenga. Cette interpellation porte sur le niveau d’exécution des travaux de sauts-de-mouton à Kinshasa ainsi que l’affectation des fonds alloués à cette fin, ajoute le site web.

Pour Africanewsrds.net, on accuse Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, d’avoir tripoté avec le financement du Programme d’urgence des 100 jours du Président de la République. Chacun y va avec son évaluation et ses statistiques, constate le site web.

En attendant l’issue de cette enquête, ajoute le portail, un élu UNC exige que cessent les tirs croisés délibérés contre Kamerhe, en vertu du principe de présomption d’innocence.

Forum des As titre « CONTROVERSE AUTOUR DES SAUTS-DE-MOUTON / Pourquoi s’inventer un bouc-émissaire ? »

« Les ouvrages devant fluidifier la circulation ne constituant pas l’alpha et l’omega du Programme d’urgence des 100 jours, des sources proches du dossier avancent que nombre de chantiers (écoles, routes, ..) ont été réalisés ou sont en voie de l’être.

Quand on fait le procès du Programme urgent des 100 premiers jours de Félix Tshisekedi, la tendance générale à Kinshasa est à limiter, sinon à réduire ces travaux à la construction de sauts-de-mouton, lancée dans certains carrefours névralgiques de la capitale. Pourtant, ledit programme va bien au-delà de ces ponts aériens, dans la mesure où il concerne tout le secteur des infrastructures de base. A savoir : les routes, les écoles, les hôpitaux, l’eau potable et l’électricité. Et, en la matière, certifient des sources proches du dossier, nombre de chantiers ont été réalisés ou sont en voie de réalisation.

Sans doute que dans une ville comme celle de Kinshasa, très abonnée aux embouteillages monstres à des heures de pointe, sa construction de saut-de-mouton a un noble mérite de servir d’antidote à ces bouchons qui énervent plus d’un. Car, ces ouvrages ont été initiés dans le but de résoudre le sempiternel problème de fluidité du transport en commun. Plus exactement, de la circulation.

A ce jour, il est un fait que ces travaux lancés depuis plusieurs mois, semblent quelque peu piétiner dans leur ensemble.

Entretemps, la population qui éprouve de sérieuses difficultés de mobilité, se trouve être loin, et même très loin du bout de ses peines. Certes, des «misères» inhérentes à ce genre de travaux. Surtout dans une vaste métropole comme Kinshasa, construite sans voies secondaires de secours. La population a sans doute expérimenté ces mêmes souffrances lors des travaux de construction et de modernisation de certaines grandes artères de la ville, telle que les boulevards du 30 Juin, Lumumba, Sendwe, l’avenue ex-24 Novembre, la Route des poids lourds…pour ne citer que celles-là.

Aussitôt que lesdits travaux ont été finis, personne ne s’en plaint. Bien au contraire. En ce qui concerne les diatribes entendus au sujet de la construction de sauts-de-mouton à Kinshasa, d’aucuns avancent des raisons purement techniques. Nombreux sont donc des experts qui estiment que la plus grande difficulté à la base du retard observé actuellement dans l’avancement des travaux de ces ouvrages, se situe au niveau du déficit d’études de faisabilité préalables et de communication.

De l’avis de ces experts, la construction de ces ponts doit se réaliser de la même manière que celle d’un immeuble de plusieurs étages. Le plus important ne doit pas être la partie visible. Plutôt, la fondation. Il faut donc creuser suffisamment pour que la structure tienne longtemps. Autant dire que dans les chantiers où il n’y a encore rien de visible, existe une étape de travail déjà réalisée et non visible. Donc, la fondation qui requiert une profondeur d’une vingtaine de mètres compte tenu du poids de la structure visible.

C’est l’occasion de souligner ici, que pour ce genre de ponts aériens dont la vocation est de recevoir au quotidien, plusieurs centaines de tonnes de véhicules, on ne doit donc pas expédier les travaux pour ne pas exposer les usagers au drame. La conséquence serait que si la fondation est mal construite, ces ouvrages ne pourront que s’écrouler. Et, ce sera encore, une fois de plus, l’occasion pour les mêmes personnes qui s’impatientent aujourd’hui, sur fond de critiques acerbes, de noyer davantage le gouvernement, maître de ces différents ouvrages.

LA GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT, PRIORITE DES PRIORITES

L’histoire renseigne que quand Félix Tshisekedi lance le 2 mars 2019, son Programme urgent de ses 100 premiers jours au sommet de l’Etat, il n’avait pas encore de Gouvernement. Il a fallu attendre environ cinq mois plus tard, pour que les négociations entre le FCC et CACH aboutissent, et que le pays soit finalement doté d’un nouvel Exécutif le 5 août de la même année.

Parce que l’exécution dudit Programme ne doit pas être considérée comme un fait émargeant des prérogatives de l’Exécutif national, plus d’un analyste postule que les travaux de la Feuille de route des 100 jours de Fatshi, ont été également retardés avec l’entrée en vigueur de l’équipe Ilunkamba, dont la priorité des priorités a été la gratuité de l’enseignement de base dans tous les établissements publics. Pour gagner ce pari de la gratuité, le Gouvernement chaque mois une enveloppe globale chiffrée à 42 millions de dollars américains. Moralité, la prépondérance accordée à la gratuité de l’enseignement de base, ne pouvait qu’en toute logique, déranger les priorités initiales. Hélas que dans leurs commentaires sur l’exécution des travaux de sauts-de-mouton, très peu sont des Kinois qui prennent en compte cet aspect des choses.

QUAND LA POLITIQUE ET LA POLEMIQUE FONT BON MENAGE

Sur le plan de l’éveil politique, il y a lieu de se féliciter qu’il y ait une certaine évolution au stade actuel des choses. Le progrès, c’est que petit à petit, la population commence à demander des comptes à ses dirigeants. Tout à l’honneur du contrat social, gage de toute démocratie telle que la conçoit Jean-Jacques Rousseau.

Tout le problème, c’est qu’au moment où s’observe la polémique autour du Programme d’urgence des 100 jours de Fatshi, des acteurs politiques majeurs et secondaires du pays se rentrent dedans. On assiste à une sorte d’«invectives» à peine voilées, selon que l’on soit de tel bord ou de tel autre. Le tout semble être parti après les propos du Président de la République, devant la communauté congolaise à Londres. Un discours au conditionnel dans lequel Félix Tshisekedi avait évoqué l’éventualité de liquider l’Assemblée nationale, si les circonstances l’y poussaient.

Sans remuer le couteau dans la plaie, l’opinion se rappelle néanmoins, la réaction de Jeanine Mabunda, présidente de la Chambre basse du parlement, aux propos de Fatshi. A l’Udps, certains cadres du parti avaient refusé de porter de muselières. Jean-Marc Kabund A-Kabund et Augustin Kabuya, respectivement président ad intérim et secrétaire général du parti de la 11ème rue Limete, avaient également donné de la voix.

Après la séquence Fatshi à Londres, une autre querelle ou malentendu -c’est selon- est celle entre le ministre des Finances, Sele Yalaghuli et Vital Kamerhe, directeur de cabinet du Président de la République. Dire que depuis quelques jours, le nom de Vital Kamerhe est cité dans tous les débats et dans tous les sens. Tout se passe comme si c’est lui l’homme à abattre par toutes les forces politiques en présence, aussi bien pour les regroupements politiques de l’autre bord que de son propre camp.

A tous égards, des observateurs sans passion déduisent que Vital Kamerhe, sans être parfait, ne peut être tenu pour responsable du passif, sans pour autant lui reconnaitre le moindre mérite dans l’actif.

« Qui est derrière Pascal Mukuna ? ». C’est la question que pose Congo Nouveau compte tenu de l’étonnante offensive contre Kabila par l’évêque de l’Assemblée chrétienne de Kinshasa (ACK). Depuis plus d’un mois, cet homme de Dieu qui adulait pourtant Joseph Kabila, monte au créneau pour critiquer son ex-allié. A travers des médias ou son église, il lance des pamphlets susceptibles d’enflammer la République. Est-il manipulé ?

A en croire le confrère, l’évêque jouerait la carte de certains opposants qui se cachent dans l’ombre. L’objectif de ces opposants en mal de positionnement est d’inciter Félix Tshisekedi à dissoudre l’Assemblée nationale. Ce qui l’obligera à organiser les élections législatives pour que ceux qui ont manqué d’entrer dans les institutions puissent le faire.

(Dans l’arsenal du président de la république, pour contrer un FCC ultra majoritaire à l’Assemblée nationale, au Sénat, ou dans les Assemblées provinciales, il n’y a qu’une seule arme capable de renverser la donne : la dissolution de l’Assemblée nationale. Le processus est risqué, puisque rien ne prouve qu’en cas d’élections législatives anticipées, la coalition pro-Tshisekedi remporte le scrutin, alors que la Commission électorale (CENI) et la Cour constitutionnelle sont encore largement dominées par des proches de Joseph Kabila. Félix Tshisekedi en a pourtant lui-même évoqué la possibilité lors de l’un de ses déplacements à l’étranger. NdlR)

Pouvoir Judiciaire

Le Potentiel titre « Après la Cassation, la Cour constitutionnelle »

« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. Cela s’applique à la première année de l’exercice de pouvoir de Tshisekedi. Lors de son discours devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, le président de la République avait décrété « 2020, année des actions ». Concrètement, Félix Tshisekedi veut un changement à tous les niveaux pour faire asseoir sa vision. Et le premier axe choisi, c’est l’appareil judiciaire.

En effet, conscient des maux qui rongent la justice congolaise, le chef de l’État a procédé à la nomination des hauts magistrats pour insuffler un vent nouveau. Il était temps d’agir puisqu’on a trop parlé de ce pouvoir judiciaire qui « ne marche pas ». Malgré toutes les dénonciations et toutes les enquêtes, la justice a fermé les yeux. Cet immobilisme de la magistrature n’a fait qu’empirer la gouvernance économico-financière du pays.

Même si ce sont les mêmes têtes qui ont travaillé sous le régime Kabila, le souhait de tous est qu’ils apportent un nouveau souffle. Il faudra que les magistrats se ressaisissent et prennent conscience de la responsabilité qui est la leur, c’est-à-dire revenir aux valeurs d’équité et d’impartialité. Ainsi, ces petits pas marqués par le chef de l’État ont un sens si ces hauts magistrats se mobilisent pour déclencher une lutte sans merci contre l’impunité.

Par ailleurs, il reste une autre grosse pesanteur : la Cour constitutionnelle. Ici, les neuf juges ont un mandat de neuf ans. Mais pour les trois désignés par le président Kabila, le bon sens voudrait qu’ils présentent spontanément leur démission au président Tshisekedi. Ce serait une question de probité morale.

In fine, en plaçant de nouvelles têtes au sommet du système judiciaire, le chef de l’État a marqué un petit pas. Il faudra marquer un deuxième, puis un troisième afin de redorer l’image ternie de la justice congolaise, car, dit-on, la « justice élève une Nation ».

« Le pouvoir judiciaire en question ». C’est le tire de l’édito de Forum des As.

« Dans la haute magistrature, une page vient de se tourner. Ou d’être tournée. C’est selon. En tout cas, avec la nomination des hauts magistrats, place à une nouvelle page. Encore blanche. D’une blancheur immaculée.
Commence le plus important. De quoi sera remplie cette page ? Sera-t-elle une page glorieuse ? La tentation est forte de répondre en renvoyant la balle dans le camp des hauts magistrats frais émoulus de l’ordonnance présidentielle. Ces derniers auront, à l’évidence, une part de responsabilité dans le récit à coucher sur la page qui s’ouvre. Comme l’ont eue leurs devanciers.

Mais, ce serait réducteur de lire la situation de l’appareil judiciaire à l’aune de la seule production des magistrats. En l’occurrence, celle-ci ressemble même à l’arbre qui cache -mal ?- la forêt de la maladie dont souffre depuis des lustres l’appareil judiciaire. Du point de vue du fonctionnement des institutions rd congolaises, on parlerait même d’un mal congénital.

Proclamé pouvoir indépendant de deux autres – le législatif et surtout l’exécutif – le judiciaire n’a jamais eu véritablement les moyens financiers et matériels de son indépendance. Dépendant qu’il a toujours été du Gouvernement, l’appareil judiciaire congolais a très rarement eu -c’est un euphémisme- les coudées franches pour s’assumer comme pouvoir distinct.

Certes, améliorer les conditions de travail et salariales du personnel judiciaire s’impose comme l’un des préalables à l’assainissement de la magistrature. La vertu, c’est archi connu, s’entretient.

Cette condition est, cependant, nécessaire et non suffisante. Encore faudra-t-il opérer une révolution copernicienne au niveau de la pratique institutionnelle. A savoir, intégrer le fait constitutionnel que le pouvoir judiciaire n’est pas un appendice de l’Exécutif vivant aux crochets du Gouvernement qui lui verse de l’aumône comme bon lui semble. Un véritable pied de nez à Montesquieu, théoricien de référence de la séparation des pouvoirs dans son œuvre monumentale « De l’Esprit des lois ».

Les cours et tribunaux font partie de trois pouvoirs classiques d’un Etat. De ce fait, le judiciaire devrait jouir de l’autonomie financière nécessaire à son indépendance comme pouvoir à part entière.

Si l’on n’abandonne pas le bon vieux logiciel institutionnel hérité des années Mobutu, le rêve d’un pouvoir judiciaire régulateur de toute la société indistinctement restera un… rêve. On changera comme l’on voudra les hauts magistrats, on en nommera d’autres, cet exercice donnera lieu au mieux à des réformettes et, au pire, sonnera juste comme un jeu des chaises musicales »

Samedi soir, Politico.cd a publié « Le départ de Floribert Kabange et la nomination de nouveaux magistrats salués en RDC »
« 
Félix Tshisekedi a mis en place des nouvelles nominations au sein de l’appareil judiciaire du pays le vendredi dernier. Symbole de l’ancien pouvoir, Flory Kabange Numbi tombe. L’ancien “Procureur général de la République” était régulièrement accusé par la société civile d’être sous la coupe de l’ancien président Joseph Kabila. Il est remplacé par un nouveau Victor Mumba Mukomo, décrit comme “un vieux routier”. Ce dernier devrait alors se charger des dossier chauds du moment.

Par ailleurs, Jean-Paul Mukolo est nommé procureur général près la Cour constitutionnelle. Selon des sources judiciaires, ce dernier est décrit comme “compétent et intègre”, après avoir été longtemps avocat général au Parquet général de la République. Dominique Thambwe est nommé premier président de la Cour de cassation en remplacement de Jérôme Kitoko.

Dans le même lot, il y a également la nomination d’un nouveau procureur général près le Conseil d’État. Il s’agit d’Octave Tela, qui remplace Joseph Mushagalusa dont tête été réclamée depuis longtemps par la société, l’accusant notamment de faire obstruction à certaines décisions du Conseil d’État.

Du côté de la justice militaire, le général Joseph Mutombo Katalay, est le premier président de la Haute Cour militaire.. Le lieutenant-général Mukuntu a été reconduit comme auditeur général près la Haute Cour militaire.

Ces nomination ont été chaleureusement saluées du côté de la société civile congolaise. “La nouvelle mise en place au niveau des organes du ministère public de l’ordre judiciaire comme administratif constitue un signal positif. Il est temps de dépoussiérer le parquet des ceux qui étaient devenus des obstacles à la lutte contre l’impunité“, estime l’avocat Hervé Diakies.

Le départ du PG Kabange notoirement inféodé aux intérêts de la kabilie est un signal fort et un actif du magistrat suprême. Il faut que les nouveaux venus soient suffisamment indépendants pour s’attaquer à la criminalité économique de la corruption qui est puissante“, ajoute ce défenseur des droits de l’Homme

Des internautes ont également salué le départ de celui qui “symbolisait l’injustice sous Kabila”.

Félix Tshisekedi est attendu dans la lutte contre la corruption en RDC. Les nouveaux dirigeants de l’appareil doivent rapidement prendre en mains plusieurs dossiers présumés de corruption dont les affaires dites de 15 millions, de 200 millions à la Gécamines et tant d’autres.

De son côté, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) salue la nomination de nouveaux responsables dans la Justice, “en particulier le Procureur Général près la Cour de Cassation et celui près le Conseil d’Etat. Elle attend de ces derniers la lutte concrète et rapide contre notamment la corruption et les crimes graves.

Cette info a déclenché sur Internet des réactions inquiètes ou sceptiques comme celle-ci ;

« Que dit la Constitution pour ce genre de nominations ? Doivent-elles être signées par une seule personne pour qu’elles soient valides ou par plus d’une personne ? Conformément à la Constitution, ces nouvelles nominations sont-elles valides ou pas ? Je ne me prononce pas sur la nécessité et l’importance de ces nominations mais uniquement sur leur conformité. Besoin de savoir ».

Ou celle-ci.

« L’ordonnance est certes applaudie mais si elle n’a pas été proposée par le Conseil supérieur de la Magistrature et contresignée par le Premier Ministre, elle est en violation avec la constitution de la Republique ».

Article 82

Le Président de la République nomme, relève de leurs fonctions et, le cas échéant, révoque, par ordonnance, les magistrats du siège et du parquet sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature.

Les ordonnances dont question à l’alinéa précédent sont contresignées par le Premier ministre ».

Ou encore :

« Selon la constitution de 2006,la reponse se trouve a l article 70 alineat 3 qui stipule que Les ordinances du president de la republique autres que celled prevues aux article 78 alineat premier,80;84 et 143 don’t contresignes parle premier Ministre. End autre terme les ordinances enquestion doivent etre contresignes » (sic).

Ou enfin

« La nuance se trouve dans les termes: les ordonnances doivent être contresignées.on ne demande pas  » l’approbation » ou  » l’adhésion » du premier ministre. La loi est claire: « il DOIT contresigner » ».

(On pourrait parler de sodomisation des diptères – Non ! Cette publication est trop distinguée pour que j’écrive crûment « Ils enculent les maouches! » – Mais il faut se rappeler que le pouvoir judiviaire a un rôle essentiel dans la certification des résultats électoraux et que la Cour constitutionnelle est encore largement dominée par des proches de Joseph Kabila!!! NdlR)

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© Dialogue, le lundi 10 février 2020

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