Délégation belge en RDC: « Nous souhaitons raffermir nos relations avec le pays Congo », déclare Sophie Wilmès (RTBF)
KINSHASA – Une délégation du gouvernement fédéral belge est en mission en République démocratique du Congo ces deux prochains jours. La Première ministre Sophie Wilmès est accompagnée des ministres de la Coopération au développement, Alexander De Croo et du Commerce Extérieur, Pieter De Crem.
Une rencontre avec le président Tshisekedi est prévue ce matin, à Kinshasa, et demain, la délégation se rendra au Consulat général de Belgique à Lubumbashi, de nouveau opérationnel depuis peu, pour procéder à une ouverture solennelle. Une rencontre qui se déroule dans un contexte où les tensions politiques en RDC sont perceptibles au sein de la coalition gouvernementale, formée avec le FCC, le camp de Joseph Kabila, qui contrôle le parlement.
Comment la Belgique se positionne-t-elle par rapport à ces tensions en RDC ? Le pays reste attentif, assure la Première ministre. « C’est vrai qu’il s’agit d’un gouvernement de coalition, qu’il y a des tensions que l’on peut observer, et on sera très attentif aux évolutions des choses, c’est fondamental. Ce qui compte pour nous, je pense, au niveau belge, principalement, c’est de travailler dans l’intérêt de la population congolaise, avec le pays Congo, qui est celui avec lequel nous souhaitons raffermir nos relations. Et surtout, un point très important, nous ne sommes ici que depuis quelques heures, et en quelques heures, on a déjà pu rencontrer un nombre important d’acteurs économiques déjà présents ici au Congo, qui ont quand même une connaissance fine du terrain. Ils avaient un mot commun, c’est qu’il y a un changement drastique, fondamental, dans l’approche qui est faite aujourd’hui par rapport à hier, de ce gouvernement sur l’investissement étranger et sur l’investissement belge et sur la capacité de nos deux pays à créer ce relationnel plus fort. »
Nous sommes en capacité (…) d’entretenir ensemble des relations privilégiées
Lors de la visite en Belgique de Felix Tshisekedi en septembre dernier, le gouvernement belge s’était montré prudent et réclamait des engagements de la part du président congolais alors fraîchement élu, notamment dans sa volonté d’instaurer un État de droit. Le gouvernement Michel avait décidé de tourner la page des résultats électoraux jugés frauduleux : on parlait de « neutralité bienveillante ». La Première ministre s’aligne sur le ton qui avait été donné par son prédécesseur. Si certaines parlent de prudence, Sophie Wilmès, parle elle, de détermination.
« Comme dans toute relation qui redémarre, il y a toujours une certaine prudence qui doit persister. Mais avant la prudence, il doit y avoir une détermination, la détermination de part et d’autre que ça fonctionne à nouveau bien. On sait de notre histoire que nous sommes en capacité au niveau belge et au niveau congolais d’entretenir ensemble des relations privilégiées, et c’est cet agenda que l’on veut inscrire et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui. »
En ce moment, les tensions politiques en RDC sont perceptibles au sein de la coalition gouvernementale… une coalition formée avec le FCC, le camp de Joseph Kabila, qui contrôle le parlement. Malgré l’instabilité politique, et le fait que la gestion des finances publiques en RDC reste préoccupante, la Belgique veut montrer qu’elle se positionne comme un partenaire privilégié, devant la Chine, les États-Unis ou la Grande-Bretagne. « Je pense que l’erreur de jugement ou d’analyse serait d’en faire une compétition. La Belgique a une histoire particulière avec le Congo qui est reconnue de part et d’autre et qui fait que c’est une plus-value qui rend un avantage comparatif énorme. Et cette plus-value s’inscrit surtout dans la relation d’affection qu’il y a entre nos deux pays. »
Et de faire ce parallèle entre les deux gouvernements, congolais et belge : l’un qui est en crise, en proie à des blocages provenant de chaque camp et le nôtre qui est en affaire courante, et qui n’a pas de marges de manœuvres… Mais qui montre qu’il travaille.
« Évidemment, on essaye — et on en a fait la démonstration — de pouvoir assurer cette transition pendant les affaires courantes, commente la Première. C’est une première chose. La deuxième chose, c’est que les affaires courantes n’empêchent pas la représentation de la Belgique au niveau international. Les affaires courantes ne nous empêchent pas non plus de réaffirmer notre engagement vis-à-vis du pays du Congo, qui est, je pense, cher aux yeux de nombre de nos concitoyens aussi. Ces affaires courantes s’inscrivent donc dans la continuité de l’État, l’État qui s’engage au niveau de la relation vis-à-vis du Congo, mais qui, il est vrai, aura du mal à matérialiser par des nouveaux engagements objectifs immédiats tant qu’il sera en affaires courantes. Mais la Belgique, c’est aussi la capacité d’assurer la continuité de l’État après les affaires courantes. Je n’ai aucun doute sur le fait que le prochain gouvernement aura à cœur de continuer dans cette voie engagée. »
© RTBF, 06.02.20
Image: Sophie Wilmès
Source: Sophie Wilmès