La mutuelle « Afia kwa wote » : Vanessa Kaliza veut améliorer la qualité des soins médicaux en RDC (CongoForum)
Présidente Générale de Cherekane net service, une entreprise de nettoyage, prestations de services et événementiel, Vanessa Kaliza a mis en place une mutuelle de santé qui porte le nom de « Afia kwa wote » (Santé pour tous). Cette mutualité a pour but d’apporter une aide par rapport aux soins de santé dans la province du Tanganyika, au sud-est de la RDCongo). L’ autre but de cette femme philanthrope est d’élargir cette idée ou ce projet, dans d’autres provinces de son pays.
Bonjour Madame Vanessa Kaliza. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Vanessa Kaliza : « Je m’appelle Vanessa Kaliza Cherekane et je suis la Présidente Générale de Cherekane net service qui est une entreprise de nettoyage, prestations de services et événementiel. Je suis aussi promotrice et présidente du conseil d’administration de la mutuelle de santé Afia Kwa Wote, installée dans le Tanganyika. Et je suis aussi philanthrope. Une casquette que je porte avec fierté et amour pour les autres ».
« Perdre une vie par manque de moyens financier, est à la fois révoltant et humiliant ».
Vous venez de mettre en place une mutualité. Comment est née cette idée ?
Vanessa : « Elle est née depuis quelques années, lors de mes visites dans les hôpitaux de mon pays où je retrouvais plusieurs cas de malades litigieux. Mais c’est aussi à cause d’une expérience personnelle qui m’a vraiment affectée; la perte du fils de ma femme de ménage; entre minuit et 4h00 du matin, ce bébé de six mois n’a pas pu être pris en charge car ses parents n’étaient pas en mesure de lui payer les frais de soins. Le bébé en est mort. Perdre une vie par manque de moyens financier, est à la fois révoltant et humiliant ».
« D’où l’idée de créer cette mutuelle afin de permettre à tout le monde, même ceux qui n’ont pas d’emplois de pouvoir assurer leurs arrières (même) dans les mauvais jours. C’est ainsi que, avant de commencer notre projet, nous avons tout d’abord sensibilisé la population, pas seulement pour mieux l’expliquer mais aussi pour faire comprendre le but de cette initiative ».
Quels sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face jusqu’à présent ?
Vanessa : « Plusieurs veulent subir et guérir en lieu et place de cotiser puis prévenir. C’est la grosse difficulté que nous rencontrons quotidiennement. Je m’explique: la plupart des habitants qui sont à l’arrière du pays n’ont pas appris la culture de cotiser pour résoudre un quelconque problème. Comment voudriez-vous qu’ils viennent facilement s’inscrire à la mutuelle? C’est ainsi que, avant de commencer notre projet, nous avons tout d’abord fait de la sensibilisation. Nous avons utilisé différents voies de communication; la radio, la télévision et surtout faire de porte à porte par une campagne motorisée ».
« L’une d’autres difficultés que nous avons jusqu’à présent, c’est celle de certains « pasteurs » qui jouent de temps en temps sur la psychologie de la population. Ils leur font croire que toutes les maladies sont d’origine démoniaque. Pire encore, souscrire à une mutuelle, ce serait s’inviter le démon de la maladie dans son corps! Incroyable mais vrai et triste comme théorie! Parmi tant de difficultés, il y a aussi la culture des tradipraticiens. Chose qui n’est pas mauvaise d’ailleurs mais qui n’est pas contrôlée par les services de l’état. La médecine moderne est dangereuse et a été conçue pour nous exterminer, c’est ce que font croire la plupart des tradipraticiens à ces habitants qui vivent dans des coins reculées ».
Vanessa Kaliza envisagerait-elle d’être une future ministre de la Santé ou de la Prévoyance sociale?
Vanessa : « Non, je n’ai aucune ambition politique, quoi que je ne dirai jamais non si l’état congolais me proposait de travailler pour la nation. Allant dans ce sens, je me vois bien dans tout ce qui a trait à l’humanitaire et le social ».
Au cas où vous devenez ministre, qu’est-ce que vous changeriez immédiatement dans votre pays?
Vanessa : » Si je le devenais, ce serait pour apporter des solutions durables à l’amélioration de la vie de la population dans le domaine qui me serait attribué. Je pense à la mise en place de la couverture sanitaire universelle, l’octroi d’une carte d’identité à chaque congolais, le fait d’établir des mesures qui faciliteraient de répertorier et d’orienter les personnes en recherche d’emploi. Voilà mes premières priorités tout en étant mutualiste. Je ne m’arrêterai pas là pour le réaliser, je renforcerai ou j’activerai le service de l’ONEM qui existe déjà mais qui paraît inéfficace. Quand on parle des personnes sans emploi, il faut essayer de les réinsérer dans la société. Et les rétraités devraient toucher convenablement leurs pensions ».
Quels sont vos prochains objectifs dans le cadre de la mutuelle?
Vanessa : « Nos prochains objectifs, c’est notre expansion dans la ville province de Kinshasa et peut-être dans tout le pays. Nous comptons construire cette année un centre d’imagerie à Kalemie, un centre de santé dans le territoire de Moba et un autre à Kalehe dans le Sud-Kivu. Nous sommes aussi en train de mettre en place une collaboration avec la fondation « Cybelle Kamba ». Cette collaboration aura pour but la construction de 100 écoles et de 100 centres de santé à travers le pays ».
« L’idée ici, c’est de sécuriser l’avenir de nos enfants en leur donnant les moyens d’être formé et de sécuriser leur santé pour pouvoir être en mesure de travailler pour le développement du pays. Nous allons également travailler et essayer d’aider toutes les fondations ou ONG qui sont dans le domaines de la santé pour faciliter l’accès aux soins à tous et à toutes en travaillant en synergie »
« Pour conclure , nous voulons également que les presque 2.900 adhérents puissent être en règle comme les 300 autres car les autres continuent à être pris en charge par la mutualité ».
© CongoForum – Glodie Mungaba, 18.02.20
Images – source : Vanessa Kaliza / Afia Kwa Wote