07 03 20/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (Dialogue)
Sommaire
Les premiers résultats de l’enquête sur le décès du général-major Delphin Kahimbi ainsi que des soupçons d’enrichissement illicite des nouveaux dirigeants au pouvoir font partie des sujets qui ont alimenté les médias à Kinshasa en ce samedi 7 mars 2020. A son retour des USA, Felix Tshisekedi a présidé la 24ème réunion du Conseil des ministres. Le FPI persite et signe, il recourra à la coercition pour recouvrer ses créances. Cela risque, notamment, de mettre sur la paille l’inénarrable Tryphon KKM.
Décès de Delphin Kahimbi
Actualité.cd titre « Décès de Kahimbi : d’après les informations en possession de Tshisekedi, « il s’avère qu’il s’agit d’une mort par pendaison ».
Ce média note qu’au cours de la réunion du conseil des ministres de vendredi 6 mars 2020, Félix Tshisekedi a fait le point au sujet du décès du Chef d’Etat-major Adjoint des FARDC, chargé du renseignement militaire, le Général-Major Delphin Kahimbi. « Selon le chef de l’Etat, ‘‘d’après les éléments en sa possession, il s’avère qu’il s’agit d’une mort par pendaison’’, dit compte rendu du conseil des ministres. » Félix Tshisekedi a informé les membres du Conseil qu’il avait décidé de diligenter une enquête indépendante à l’initiative de la MONUSCO, ajoute ce site qui cite le compte rendu du conseil des ministres.
Conseil des ministres
Mediacongo.net annonce « De retour des USA, Felix Tshisekedi a présidé la 24ème réunion du Conseil des ministres
« Quatre points sont examinés au cours de la 24 ème réunion du Conseil des ministres ordinaire de ce vendredi 06 mars 2020, à la Cité de l’Union africaine, sous la Haute direction du Président de la République, Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Il s’agit, après adoption, de la Communication du Président de la République, Chef de l’État, de points d’informations, de l’approbation d’un relevé des décisions du Conseil des ministres, de l’examen et adoption de dossiers ainsi que de projets de textes.
Dans sa communication aux membres du Gouvernement conduits par le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Sylvestre Ilunga Ilukamba, il a été retenu que le Président de la République s’attarde sur son récent séjour à Washington, aux États-Unis d’Amérique, dans le cadre de la conférence de »American Israël Public Affairs Committee », où il a réitéré son engagement à maintenir de bonnes relations avec le Fonds Monétaire International( FMI ), au cours d’une réunion de travail avec la Directrice de cette institution financière internationale, Kristalina Georgiova.
S’agissant de l’approbation d’un relevé des décisions du Conseil des ministres, il est inscrit que soient examinés les décisions prises lors de la 23ème réunion du Conseil des ministres du vendredi 28 février 2020. Il est également prévu que soient examinés et adoptés un certain nombre de dossiers, notamment le rapport des travaux de la Commission gouvernementale sur les sanctions du département du Trésor américain contre M. Saleh Allô Aussi et Associés, les entreprises Pain victoire, Mini Congo, Inter-Aliment et succursales ; l’organisation de la 111ème session du Conseil des ministres ACP et de la 44 ème session des ministres conjoints ACP-UE; la situation actuelle des opérations financières de l’État ; la décision de la Conférence de l’UA sur l’opérationalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et nécessite des stratégies nationales de mise en oeuvre en RDC. Entre autres sujets, il est aussi retenu l’examen et adoption de texte en rapport notamment avec le projet de loi autorisant la ratification par la République démocratique du Congo à la » Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples, relatifs aux Droits des personnes handicapées en Afrique ».
FPI / Corruption / Justice
D’après Radio Okapi, « Le FPI annonce un recouvrement forcé de ses créances
Le délai de 48 heures pour l’arrangement à l’amiable accordé à tous les débiteurs du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) est clos, ouvrant la voie à un recouvrement forcé. La direction de la FPI l’a annoncé vendredi 6 mars à Radio Okapi.
« Le FPI étant une institution de promotion, nous privilégions souvent des solutions amiables. Mais nous nous rendons compte qu’il y a abus », a affirmé le coordonnateur de la direction générale du FPI, Jean-Claude Kalenga.
Depuis plus de quatre ou cinq ans, des projets ont été financés par le FPI, mais le remboursement n’a pas été effectué. Jean-Claude Kalenga parle de plus 72 millions qui trainent aux mains des gens : « Il y a un certain nombre de dossier, autour je pense de 99, mais ces dossiers soit n’ont pas été réalisés, soit les gens ne remboursent pas, soit les personnes tentent d’échapper au FPI et disparaissent. C’est un montant autour de 72 millions ».
En réalité, le montant total serait de près de 150 millions. D’où, la contrainte s’impose. Voilà pourquoi le ministre de tutelle, Julien Paluku, avait imposé ce delai de 48 heures pour passer au recouvrement forcé.
« Avec cet appui du ministre, qui est un membre du gouvernement, et puis la justice nous appuie, on va arrêter avec cette recréation où des personnes prennent de l’argent et puis ils ne remboursent pas, et ils se pavanent, ils circulent en toute quiétude. On doit y mettre fin ! », a martelé Jean-Claude Kalenga.
Et pour ce faire, le directeur juridique du FPI, Robert Ngoya, a précisé : « Le lundi ou mardi, nous allons mettre sur pied un collectif d’avocats, qui vont se charger des actions en recouvrement forcé auprès de tous ces promoteurs qui sont concernés par cette campagne ».
Ouragan Fm titre « Imprimerie et résidence de Kin-Kiey Mulumba en voie d’être saisies par le FPI et la TMB »
« Kin-Kiey Mulumba risque gros. L’ex patron de Kabila Désir doit s’acquitter rapidement. Débiteur insolvable du Fonds de promotion de l’Industrie, le leader du PA n’a que quelques heures pour se mettre en ordre.
Faute de quoi, le FPI autorisé par le Ministre de l’Industrie, Julien Paluku, va procéder au recouvrement forcé à partir de ce vendredi 06 mars 2020. Pourtant, lui trône en tête de liste des débiteurs insolvables de mauvaise foi. Plus de 440.000 dollars lui avaient été octroyés pour son projet d’imprimerie dans le cadre de Fin Press Group.
Curieusement pour le même projet, il avait déjà obtenu, le premier prêt à TMB ( Trust Merchant Bank ). Avec l’argent du deuxième créancier ( FPI ), il a payé une partie de la dette à TMB. Le solde se fait toujours attendre et la Banque est décidée aussi de rentrer rapidement dans ses droits.
Sa villa perchée sur les hauteurs de Binza sera saisie et mise en vente. Pas d’autre choix face à un mauvais payeur. D’ailleurs, si la valeur vénale de cette maison et son Imprimerie est inférieure à 1 million 500 milles de dollars, TMB et FPI prendront tout.
En plus, les intérêts accumulés des années durant par le nouveau Tshisekediste KKM vont le clouer. Au cas contraire, on sera obligé de confisquer d’autres biens du patron du SOFT pour couvrir la totalité de la créance.
Il est faux et archifaux d’oser dire que cette résidence située dans un coin perdu de Binza Télécom serait évaluée aujourd’hui à plus de 5 millions de dollars. Détenteur de l’hypothèque de la maison Kin-Kiey, la vente sera rapide.
Doublement endetté, le cadre du CAP est mal barré
Au lieu de payer sa dette contractée depuis des années, le candidat malheureux aux législatives nationales de 2018 à Masi-Manimba joue à la diversion en prétextant qu’il ne doit rien au FPI. Mais heureusement, le sérieux tri-hebdo AfricaNews a publié le document signé par Kin-Kiey Mulumba quand il avait perçu l’argent.
Le prêt a été versé avec son consentement comme l’attestent ses signatures visibles sur les Ordres de paiement et le jugement du Tribunal de commerce de Gombe qui l’a débouté. Débat clos.
Un nauséabond baroud d’honneur.
Kin-Kiey Mulumba tente honteusement de bloquer la machine mais il est pris en tenaille. L’ancen chef de file de » Kabila Totondi yo naunu te » se lance, désormais, dans l’intox. Il s’est permis d’envoyer des messages aux journalistes annonçant l’arrestation du Directeur général du FPI. Pitoyable.
Le nouveau Tshisekediste manque des repères. Il ne sait plus à quel saint se vouer. Il se bat contre le chrono qui tourne en sa défaveur. Tshisekedi est prévenu. Il doit nettoyer toutes ces brebis galeuses qui se collent à lui pour couvrir leurs forfaitures ».
( » Kabila Totondi yo naunu te » = « Kabila nous n’en avons pas encore assez de toi » NdlR)
Cas-Info.ca se penche sur les soupçons d’enrichissement illicite des nouveaux dirigeants au pouvoir et titre : « L’UDPS ouvre une enquête interne ».
L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) veut préserver son image dans l’opinion, commente ce média. « Alors que des soupçons d’enrichissement illicite pèsent sur certains de ses cadres, le parti présidentiel vient de créer une commission ad hoc dont la mission est de récolter et examiner ‘‘tous les éléments de preuve que détiendraient les auteurs de ces accusations afin de clarifier la situation’’ », écrit Cas-Info.ca. La semaine dernière, rappelle ce média en ligne, l’église catholique avait dénoncé « l’enrichissement injustifiable et scandaleux d’une poignée d’acteurs politiques au détriment de la grande majorité de la population. » Les princes de l’église avaient également déploré la persistance de la corruption et détournements des derniers publics.
7/7.cd, de son côté, parle du procès lié au kidnapping à Goma et titre : « 2 prévenus condamnés à perpétuité pour 3 crimes dont le kidnapping, 2 autres écopent de 20 ans de prison ».
Le Tribunal de Grande Instance de Goma a prononcé dans la soirée de vendredi 6 mars 2020, la sentence des 5 prévenus parmi lesquels deux hommes et trois femmes, qui étaient poursuivis pour association des malfaiteurs, non assistance à personne en danger et enlèvements d’enfants, renseigne 7SUR7.CD. Après 3 jours d’audiences publiques au stade de l’unité de Goma, Otoko Ngoma Jeanne Déborah, Mujimana Kuigomba Anastasie, Mboyo Lemba Dady et Ingabire Zawadi ont été reconnus coupables de ces trois crimes précités, alors que Shamalu Jean, pasteur de son état, a été acquitté, rapporte ce média. Ainsi, poursuit la source, Otoko Ngoma et Mboyo Lemba Dady ont écopé de la prison à perpétuité, alors que Mujimama Anastasie et Ingabire Zawadi vont devoir purger 20 ans de servitude pénale.
Presse et documents étrangers
Le pari risqué de l’aide militaire régionale
Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 21 Février 2020
Alors que la tension monte entre le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, le président congolais Félix Tshisekedi envisage de faire appel à ces pays pour lutter contre les groupes armés au Congo. Une initiative “ qui pourrait déstabiliser davantage la RDC et provoquer une véritable crise dans la région ” selon l’International Crisis Group (ICG).
Rien ne va plus dans la région des Grands Lacs. Le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi sont à couteaux tirés depuis plusieurs mois. Les trois frères ennemis s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés hostiles à leur régime. Le 14 novembre 2019, le président rwandais s’en est pris à ses deux voisins qu’il soupçonne de “mettre en péril la sécurité” de son pays. Paul Kagame s’est même dit prêt “à riposter si nécessaire”. Le 4 octobre 2019, des rebelles basés en République démocratique du Congo (RDC) ont tué 14 civils à Kinigi, un haut lieu du tourisme rwandais, notamment pour l’observation des gorilles. Une attaque que les autorités rwandaises ont attribué aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), qui sévissent depuis le Nord-Kivu congolais.
Ingérences mutuelles
Dans la ligne de mire de Kigali, il y a également les rebelles du Congrès national rwandais (RNC), installés au Sud-Kivu, toujours en RDC, et alliés aux FDLR. Le Rwanda soupçonne l’Ouganda et le Burundi de “parrainer” ces deux rébellions, qui menacent désormais le pays des milles collines au Nord et au Sud. Kigali n’est pas la seule à accuser ses voisins d’ingérence. Bujumbura dénonce un possible soutien rwandais aux rebelles burundais RED-Tara, basés au Sud-Kivu, ce que démentent les autorités rwandaises.
Plus au Nord, les tensions entre le président ougandais Yoweri Museveni et Paul Kagame se sont accrues ces deux dernières années. Une concurrence entre le Rwanda et l’Ouganda “qui s’est traditionnellement jouée surtout en RDC, où les deux pays ont cherché à gagner de l’influence et à quadriller le terrain” estime le think tank International Crisis Group (ICG) dans un récent rapport sur le risque des guerres dans la région des Grands Lacs. On se souvient que pendant la seconde guerre congolaise, entre 1998 et 2003, les deux pays ont soutenu des rébellions concurrentes dans l’Est de la RDC. Depuis, la pression est guère retombée entre Kigali et Kampala.
En février 2019, “le Rwanda a fermé un passage frontalier important pour le commerce, sur fond d’accusations mutuelles d’espionnage. En mai et novembre, les forces de sécurité rwandaises ont tué un petit nombre d’Ougandais et de Rwandais accusés de contre-bande, suscitant la colère des responsables ougandais qui estiment que ces fusillades étaient des actes hostiles entre nations. L’Ouganda a procédé à des arrestations de ressortissants rwandais pour les placer en détention” explique ICG, qui s’inquiète de “la méfiance croissante entre les voisins de la RDC qui comporte de graves risques pour le pays”. Car au milieu de ces coups de chaud entre voisins des Grands Lacs, la République démocratique du Congo apparaît comme un champ de bataille idéal pour ces guerres par procuration.
Un risque de guerres par procuration
L’Est de la RDC reste un terrain instable depuis la fin du génocide rwandais de 1994. Après deux guerres congolaises, des millions de morts, et des rébellions instrumentalisées par le Rwanda et l’Ouganda, les Kivu se trouvent toujours, en 2020, le terrain de jeu d’une centaine de groupes armés. Dans la région de Beni, l’armée congolaise et les casques bleus de la Monusco peinent à venir à bout des rebelles ougandais des ADF, une rébellion “congolisée”, que l’on soupçonne d’être à l’origine de centaines d’attaques armés depuis 2014. Avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi fin 2018, le nouveau président a cherché à apaiser les tensions avec ses tumultueux voisins. Grâce à la médiation du président angolais Lourenço, la RDC a commencé à arrondir les angles avec le Rwanda et l’Ouganda. Dans un même temps, Félix Tshisekedi tente d’impliquer ses voisins dans la lutte contre les groupes armés au Congo. Le deal est simple : le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi sont autorisés à pourchasser les groupes armés hostiles à leur régime, et la RDC en profite pour se débarrasser de ses rébellions qu’elle n’arrive pas à juguler.
Le projet du président Tshisekedi d’inviter les armées rwandaises, ougandaises et burundaises sur le sol congolais provoque des interrogations, et des inquiétudes. Pour International Crisis Group, “cette politique risque d’attiser des conflits entre factions interposées en RDC”. “Compte tenu de leur animosité croissante, ces trois pays, s’ils sont invités en RDC, pourraient intensifier leur soutien à des milices alliées tout en ciblant des ennemis, pointe le think tank. Et de prévenir que ce nouveau conflit par procuration pourrait déstabiliser davantage la RDC, et même provoquer une véritable crise de sécurité dans la région”.
Au lieu de jouer avec les allumettes et d’impliquer militairement ses voisins sur son territoire, International Crisis Group conseille au président Tshisekedi “d’inviter l’envoyé spécial de l’ONU pour les Grands Lacs à superviser des pourparlers tripartites (…) et à encourager les représentants burundais, rwandais et ougandais à partager des preuves du soutien de leurs rivaux aux insurgés en RDC, en vue de la rédaction d’une feuille de route prévoyant le retrait de ces soutiens”. Le think tank en appelle également aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à la France “pour encourager une désescalade.” Une implication internationale qui reste pour l’instant un voeu pieux.
Ambition, pauvreté,paradoxes: ainsi va le nouveau Rwanda
Colette Braeckman – Le Soir – le 25 février 2020
La mésaventure de la ministre rwandaise de la santé, Diane Gashumba, illustre tous les paradoxes du régime de KIgali: la volonté de bien faire, d’être en pointe dans tous les domaines, et en même temps les limites d’un pays dont le budget est modeste, la population pauvre mais où les ambitions du « grand chef », c’est-à-dire le Boss, c’est-à-dire le président Kagame, n’ont pas de limites.
Qu’on en juge : voici quelques jours, à la faveur de la « retreat » la retraite annuelle à laquelle ministres et cadres du Front patriotique rwandais sont conviés dans un lieu isolé, gardé par l’armée, le président tint à montrer l’exemple face à l’épidémie de coronavirus. Il se proposa comme volontaire pour un test de dépistage et ordonna à tous les participants d’en faire autant. Diane Gashumba, la ministre de la Santé, se trouva bien embarrassée. Elle fit valoir au président que les personnalités politiques conviées à la « retraite » n’appartenaient pas particulièrement à une catégorie à risques, que dépistage n’était pas traitement et que, surtout, elle ne disposait que de 95 kits. Trop peu pour 300 participants à la rencontre, assez pour d’éventuels cas douteux se présentant à l’aéroport en provenance de Chine ou d’autres pays à risques et accueillis par des fonctionnaires au visage protégé par des masques. Las, le président, qui croyait que le stock de kits disponibles s’élevait à 3500, limogea instantanément la ministre, prise en flagrant délit d’imprévoyance et surtout de désobéissance…
Quelques heures auparavant, autre griffe sur l’image polie et policée du Rwanda, le corps du chanteur KizitoMihigo avait été retrouvé dans sa cellule de Remera, où il avait été incarcéré après une tentative de quitter le pays via le Burundi. La disparition de cet artiste très populaire suscita une vive émotion car la population rwandaise admirait un homme qui, survivant du génocide, avait participé à la composition de l’hymne national et chantait la réconciliation et la paix. Depuis le Congo voisin aussi, des messages affluèrent, jusqu’à ce que cette solidarité sans frontières incite le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Olivier Nduhungereheà émettre un tweet de protestation sur un thème étonnant, « mêlez vous de vos affaires » tandis qu’ un communiqué émis depuis l’Europe par les FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, expression politique des mouvements armés hutus) exprimait sa solidarité avec l’artiste, un Tutsi décédé de manière plus que suspecte…
Kigali fait peau neuve en attendant les amis du Commonwealth
La capitale du Rwanda, Kigali, est à l’image de ces paradoxes politiques : ambition démesurée d’un côté, pauvreté persistante et marginalisation des plus pauvres de l’autre. D’ici juin prochain, Kigali, dans l’attente du sommet du Commonwealth qui rassemblera 54 pays anglophones, fait peau neuve : aujourd’hui déjà, les rond points et les bas côtés des routes entretenues au cordeau (souvent pardes veuves du génocide) sont plantés de fleurs multicolores. Au centre ville, les derniers immeubles dotés d’un seul étage sont jetés à bas, le plan d’urbanisme établi à Singapour ne prévoyant au cœur de la future City que d’ambitieux gratte ciels, des hôtels de luxe et des restaurants panoramiques. Dans cet esprit, l’école belge a été rasée, le centre culturel français attaqué par les bulldozers, le « Kiovu des pauvres » une colline où vivait une population d’artisans a été remplacée par une forêt d’immeubles et de bureaux, le café « la Sierra », à la lisière du « Kiovu des riches » qui abritait les coopérants étrangers et où jadis on donnait rendez vous en lisant la presse locale, n’existe plus, l’hôtel Mille Collines qui appartient à l’histoire du pays a fait peau neuve…
Rutilant, parsemé d’hôtels cinq étoiles et de boutiques de luxe, le centre de Kigali a été débarrassé de ses mendiants, les enfants des rues ont été emmenés en province loin des regards tandis que les feux rouges, comme dans toutes les grandes villes modernes, affichent les secondes accordées aux piétons. Partout, se faufilant entre les 4X4 et les taxis bien enregistrés, vrombissent les motos taxis. Ils sont des milliers, (50.000 selon certaines sources ?) dûment enregistrés, dotés d’un casque obligatoire pour le passager, à se disputer le chaland en gagnant quelques francs par jour.
« C’est notre seul débouché » nous confie un universitaire, « les emplois demeurent trop rares et nombre de diplômés se résolvent à devenir moto taxis… »
Les habitants des petites maisons de briques, installées le long de la rivière Nyararongo ou accrochées aux abords des marais qui alimenteront un jour un lac artificiel, ont longtemps cru que la chance leur sourirait, qu’ils passeraient inaperçus malgré les avertissements répétés de la municipalité. Las, dans ce pays dont tout le territoire est cadastré, les pluies diluviennes des dernières semaines, faisant déborder le cours de la rivière, ont détruit les ultimes illusions : après que les inondations aient fait une douzaine de morts et détruit 113 maisons, la sentence est tombée et en quelques jours des quartiers entiers ont été rasés. Les plus chanceux, ceux qui étaient enregistrés, ont été indemnisés, les illégaux priés de plier bagages sans demander leur reste. « Tout était prévu » nous explique un ami, « à la périphérie, sur des collines jadis vouées à l’agriculture, des nouveaux quartiers ont été construits, reliés au centre ville par des lignes de bus, propres et modernes… » « Certes, ajoute un autre intervenant, « mais la durée des trajets a considérablement augmenté, le centre ville est devenu pratiquement inaccessible pour les plus modestes et ceux qui y travaillent ne peuvent plus rentrer déjeuner chez eux…. » C’est pour cela peut-être que la main d’œuvre est si difficile à trouver à Kigali : il n’est question que de « smart city », tous les lieux publics possèdent le wi fi, les immeubles de bureaux s’alignent, mais trouver un plombier ou un menuisier compétent relève de l’exploit.
De même, l’asphaltage des rues, le lotissement, luxueux ou non, de toutes les collines ceinturant Kigali a son revers : les érosions se multiplient,chaque pluie torrentielle entraîne des torrents de boue et paralyse davantage la circulation…
Ceux qui accusent Kigali d’être une vitrine de la modernité au détriment d’un arrière pays qui serait négligé se trompent cependant : le long des routes tracées au cordeau, parfaitement entretenues (mieux qu’en Belgique !) et qui mènent jusqu’aux rives du lac Kivu, de nouvelles maisons, vastes et confortables ont été construites par quelques privilégiés tandis qu’à l’arrière plan, les toits de chaume traditionnels, bon marché et faciles à entretenir ne surplombent plus les demeures modestes, ils ont été remplacés par des tôles qui scintillent au soleil et jurent parfois avec le doux dégradé du vert des collines…Les vaches aux longues cornes, peu productives mais synonymes de beauté, ont été remplacées par un bétail maintenu dans les étables familiales, nourri avec du fourrage et donnant beaucoup plus de lait. Partout s’alignent des écoles neuves, des centres de santé où les soins de base sont désormais accessibles à chacun grâce à la sécurité sociale, des marchés de brique débordant de légumes et de fruits qui atteindront souvent les marchés de Goma et de Bukavu, en plus des bidons d’eau « wasac » une eau traitée et purifiée, très appréciée par les voisins congolais.
L’imbroglio de la langue
Le maniement de la langue est une autre des particularités du Rwanda : l’enseignement de l’anglais ayant été décrété obligatoire dès l’école primaire, les enseignants, souvent mal formés à la langue de Shakespeare, enseignent comme ils le peuvent les matières de base et les élèves qui n’ont eu accès qu’aux écoles publiques, baragouinent aussi mal l’anglais que le français, ce qui pose de sérieux problèmes aux voyageurs qui tentent de se faire comprendre…En revanche, de nombreuses écoles privées, payantes, dispensent un enseignement de qualité. A Birambo par exemple, sur la route de Kibuye, au cœur des collines, les sœurs de l’Assomption ont entièrement reconstruit leur école des filles qui avait été détruite en 1994. Aujourd’hui comme hier, les classes du tronc commun (proposé après les neuf années d’école primaire à celles qui ont réussi l’examen d’Etat), soit 374 élèves, accueillent des jeunes filles disciplinées. Elles veillent à l’entretien du jardin, à la propreté des lieux et pour la plupart, elles ont choisi l’option informatique. Ici, au cœur des collines verdoyantes, de grandes adolescentes, sur des ordinateurs de bonne qualité, jonglent avec les programmes informatiques, construisent des sites ; passant sans hésiter du français à l’anglais, elles jouent avec la « novlangue » du dieu Internet et sont bien décidées à conquérir un jour les bureaux de la capitale…
Du reste, ce n’est pas à Birambo qu’elles auront un avenir : tout autour de l’école et du couvent, les cultures vivrières d’autrefois, les potagers, les vergers, les champs aux cultures associées ont fait place au moutonnement d’une plantation de thé appartenant à une société indienne qui n’emploie qu’une rare main d’œuvre…
Le calme des vertes collines est enchanteur mais, à quelques encablures de là, sur les hauteurs de Bisesero, plane encore le souvenir des 50.000 Tutsis qui, après avoir résisté d’avril jusque juin 1994, furent assassinés jusqu’au dernier tandis que l’armée française détournait les yeux. De palier en palier, le gardien du mémorial nous montre les empilements d’os, les crânes alignés dans les vitrines, l’interminable énoncé alphabétique des victimes et il soupire « les Abasesero( la lignée tutsi de Bisesero) n’existent plus…Pour survivre, les derniers combattants ont du épouser les filles, les femmes de leurs bourreaux. Désormais nous sommes tous mélangés… C’est cela le nouveau Rwanda… »
Qui a détourné la prime des FARDC au Kivu ?
Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 23 Février 2020
Les militaires congolais qui combattent les rebelles ADF à Beni se demandent où sont passés les 100.000$ de leur prime de décembre 2019 ?
Le général de la troisième zone de défense, Fall Sikabwe, vient d’être convoqué à Kinshasa par la Commission de discipline pour s’expliquer.
L’affaire fait grand bruit au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Depuis plusieurs semaines, les militaires en poste dans l’Est du pays qui luttent contre la rébellion des ADF et les groupes armés qui pullulent dans la zone de Beni, s’interrogent sur la disparition de leur prime de décembre 2019. Au coeur du litige : 100.000$ qui auraient dû être versés aux soldats qui combattent à l’Est. Plusieurs militaires ont dénoncé ces soupçons de détournement à leur hiérarchie. Dans un premier temps, seul le Lieutenant-colonel Édouard Ngoy (alias Edo Mupatase) est auditionné et placé en détention provisoire.
Un général déjà dans le viseur de l’ONU
Mais au cœur de ce possible système de corruption, de nombreux témoins ciblent le général Fall Sikabwe, le commandant de la 3ème zone de défense, dont Édouard Ngoy est le comptable personnel. Un autre militaire est également cité : le général Tshaligonza, commandant du secteur opérationnel Grand Nord. Ce n’est pas la première fois que le général Fall Sikabwe fait polémique. En 2015, sa nomination par Joseph Kabila au poste de commandement du Nord-Kivu avait provoqué la suspension de la coopération entre les casques bleus de la Monusco et l’armée congolaise. L’ONU estimait ne pas pouvoir travailler avec ce général, accusé de graves violations des droits de l’homme.
Une autre affaire de détournement d’argent circule autour de Fall Sikabwe. Lorsque le général était à la tête du commandement de la région militaire de Goma, une sombre histoire d’achat de Jeep Prado affectées aux chefs de départements, avaient déjà alerté certains cadres de l’armée congolaise. 600.000$ avaient été alloués pour l’achat de ces véhicules. Mais le général Sikabwe aurait alors décidé d’acheter 10 Jeep usagées à l’armée soudanaise pour 150.000$. “Bénéfice net : 450.000$ !” dénoncent des militaires congolais.
Une convocation en commission de discipline
Depuis quelques jours, la roue semble pourtant avoir tourné pour le général Fall Sikabwe. La patron de la 3ème zone de défense vient d’être convoqué à Kinshasa par la Commission de discipline. Le chef d’Etat major adjoint en charge de l’administration et de la logistique, Jean-Pierre Bongwangela, a envoyé une lettre de convocation (réf : 01/0270/EMG/COMDT/20) au matricule Sikabwe Asinda Fall 1-66-91-54556-90. Le général devra sans doute s’expliquer sur la prime de décembre 2019, mais peut-être aussi sur les Jeep lorsqu’il commandait les FARDC à Goma.
L’heure de la fin de l’impunité a-t-elle sonné dans l’armée congolaise ? Priorité numéro un de Félix Tshisekedi, la lutte contre la corruption pourrait permettre au nouveau président de remettre de l’ordre au sein des FARDC, une institution qui reste largement dominée par les proches de l’ancien président Joseph Kabila. La convocation du général Fall Sikabwe pourrait constituer un premier signal envoyé par le nouveau pouvoir aux caciques de l’ère Kabila. Si les faits reprochés au commandant de la 3ème zone de défense s’avéraient exacts, la justice militaire pourrait alors être saisie. Une première à ce niveau hiérarchique. En attendant… les FARDC attendent toujours leur prime de décembre.
La RDC à son tour touchée par les criquets ravageurs, une première depuis 1944
Le Monde / AFP – le 28 février 2020
Ces derniers mois, l’insecte a frappé neuf pays d’Afrique de l’Est. Les experts redoutent une famine dans le Nord et le Sud-Kivu, déjà en « insécurité alimentaire ».
Après l’Afrique de l’Est, la République démocratique du Congo est à son tour touchée par l’invasion des criquets ravageurs, une première depuis 1944, ont indiqué, jeudi 27 février, des experts qui redoutent des conséquences agricoles calamiteuses pour des populations fragiles.
Les criquets pèlerins ont fait leur apparition en fin de semaine dernière dans la province de l’Ituri (nord-est), à la frontière avec le Soudan du Sud et l’Ouganda, des pays déjà touchés, ajoute-t-on de même source.
« Un petit groupe de criquets pèlerins matures est arrivé le 21 février sur la rive occidentale du lac Albert, près de Bunia, après avoir traversé le nord de l’Ouganda par de forts vents de secteur nord-est », indique l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « La dernière fois que le pays a reçu du criquet pèlerin remonte à 1944 », précise la FAO dans L’Observatoire acridien daté du 24 février.
Les criquets ont été aperçus pour la première fois en RDC le 19 février dans le territoire d’Aru, en Ituri, a indiqué à l’AFP Jean-François Kamate, inspecteur agricole dans cette zone de l’Ituri : « Il y a un risque qu’ils se multiplient. Ils se promènent en couple et ravagent tout ce qui est vert, même les écorces, la pelouse. »
Tailles gigantesques
L’expert agricole redoute « une famine comparable à celle de 1944 lors de la dernière apparition d’insectes ravageurs dans ce territoire à vocation agricole ».
La présence de ces insectes inquiète jusque dans les deux provinces voisines du Nord et du Sud-Kivu « en proie en l’insécurité alimentaire », a dit Josué Aruna, un militant de la société civile environnementale au Sud-Kivu.
Peuplés de plusieurs millions de personnes, les deux Kivus comme l’Ituri comptent des dizaines de milliers de déplacés qui ont fui les violences des groupes armés dans ces trois provinces.
Ces derniers mois, les criquets pèlerins ont frappé neuf pays d’Afrique : l’Ethiopie, la Somalie, l’Erythrée, la Tanzanie, l’Ouganda, Djibouti, le Kenya, le Soudan et le Soudan du Sud.
Leurs essaims peuvent atteindre des tailles gigantesques. Au Kenya, l’un d’entre eux a été estimé à 2 400 km², soit presque l’équivalent d’une ville comme Moscou. Ce qui signifie qu’il pouvait contenir jusqu’à 200 milliards de criquets.
Rumba et politique, un cocktail congolais explosif près de la gare de Lyon
Le Monde / AFP – le 03 mars 2020
Les Parisiens et les autorités françaises ont découvert une spécialité bien congolaise : le mariage explosif entre deux passions nationales, la rumba et la politique, avec des manifestations violentes en marge du concert de la star Fally Ipupa. Au moins quatre personnes seront jugées pour les incidents et les incendies vendredi 28 février gare de Lyon à Paris, près de la salle de concert où le crooner de Kinshasa a tout de même pu communier avec 20 000 fans.
Les manifestants se présentaient comme des « combattants » de la diaspora, à savoir des opposants installés en Europe qui accusent notamment le pouvoir de Kinshasa de passivité face aux tueries à Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Les « combattants » voulaient perturber le grand retour en Europe de Fally Ipupa, 43 ans, l’accusant d’être à la solde des autorités en place à Kinshasa.
Les leaders de la droite nationaliste française, Marine Le Pen en tête, ont réagi en dénonçant les auteurs de ces troubles étrangers à l’actualité française (« gilets jaunes », réforme des retraites…). Comme de nombreux Parisiens médusés par ces violences venues d’ailleurs, ils étaient bien en peine d’identifier l’objet de la colère des « combattants », parlant d’un simple « chanteur congolais ».
« C’est un mauvais combat »
Fally Ipupa est pourtant l’une des plus grandes stars d’Afrique francophone, avec Youssou N’Dour ou Tiken Jah Fakoly. Ancien du Quartier latin, groupe de Koffi Olomidé, il modernise la traditionnelle rumba au contact du rap et des musiques urbaines (featuring avec Naza et Booba), de l’afrobeat et du folk.
A Kinshasa, Fally Ipupa est une star qui n’a pas besoin du pouvoir pour exister. Le chanteur a suffisamment d’argent pour se mettre « à l’abri des sollicitations des politiciens », affirme le spécialiste congolais de l’histoire des mentalités, Zacharie Bababaswe. La star « n’a jamais chanté pour des politiciens congolais lors des campagnes électorales » (2006, 2011 et 2019), ajoute M. Bababaswe.
En fait d’engagement, l’artiste est surtout connu pour sa défense de nobles causes très consensuelles : lutte contre les enfants-soldats et soutien au Prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes » victimes de violences sexuelles au Congo. En RDC, le coup de force contre l’icône pop congolaise n’a trouvé aucun soutien.
« Nous condamnons avec force les violences, casses et incendies injustifiables des soi-disant “combattants” en marge du concert de Fally Ipupa. C’est un mauvais combat, mené de la mauvaise manière contre les mauvaises personnes », a réagi le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), guère tendre avec le pouvoir. Les « combattants » avaient obtenu l’annulation d’un précédent concert de Fally Ipupa en juin 2017 dans une autre salle parisienne.
Depuis l’indépendance
Depuis, les temps ont changé. Issu de l’opposition, Félix Tshisekedi a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de décembre 2018, au prix d’un accord de coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila. En Europe, le mouvement des « combattants » s’en est trouvé affaibli, avec la défection des militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du nouveau président.
La musique et le pouvoir dansent ensemble au Congo depuis l’indépendance célébrée il y a bientôt soixante ans. En 1960, l’African Jazz de Grand Kallé pose ses valises à Bruxelles pour accompagner et distraire la délégation congolaise qui négocie l’indépendance avec la Belgique. Grand Kallé compose la chanson Indépendance cha-cha, tube panafricain et hymne des multiples indépendances célébrées cette année-là. Indépendance cha cha cite le nom des héros de l’indépendance congolaise, en commençant par celui de Patrice Lumumba.
En 2020, les nombreux chanteurs de rumba continuent de citer dans leurs chansons le nom des « Excellences » ou des officiels qui veulent bien leur donner quelques billets de 100 dollars. Dans les années 1970, les musiciens congolais (zaïrois à l’époque) ont été mobilisés par le dictateur Mobutu Sese Seko dans la mise en œuvre de son retour à l’« authenticité » africaine.
Le chanteur guitariste Franco Luambo « prit la tête d’une nouvelle instance publique destinée à soutenir la musique populaire », note l’écrivain David Van Reybrouck dans sa somme Congo, une histoire. Fin 1970, le grand chanteur congolais Tabu Ley Rochereau se produit à l’Olympia, à Paris, avec le soutien de Mobutu. Une première pour un artiste africain. Et il n’y avait pas eu d’incidents sur les grands boulevards.
Coronavirus: l’Afrique espère profiter des leçons d’Ebola
AFP – le 4 mars 2020
Pour faire face au coronavirus, les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de fragiles systèmes de santé publique, mais ils peuvent s’appuyer sur l’expérience acquise au cours des précédentes épidémies d’Ebola en République démocratique du Congo et en Afrique de l’Ouest.
En 2014-2016, plus de 11.000 personnes sont mortes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone essentiellement, pendant la pire épidémie d’Ebola jamais enregistrée. A l’époque, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait été accusée de retard dans sa réponse.
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus partie de Chine, qui a déjà fait plus de 3.000 morts dans le monde, seuls deux cas ont été officiellement confirmés en Afrique subsaharienne, au Nigeria la semaine dernière et au Sénégal lundi. Quelques cas ont aussi été enregistrés dans le nord du continent.
« Les épidémies d’Ebola ont permis aux pays (africains) d’avoir des bases sur lesquelles on s’appuie pour la préparation au Covid-19 », affirme Michel Yao, joint par l’AFP à Dakar.
Le directeur Afrique des programmes d’urgence de l’OMS cite la mise en place de systèmes de détection aux frontières des cas suspects, via une prise de température, et de structures d’isolement et de traitement dans les aéroports.
« Les ministères de la Santé ont maintenant l’obligation d’appliquer le Règlement sanitaire international (RSI, remontant à 2005), c’est-à-dire être en mesure de faire remonter précocement les épidémies et les cas, via le ministère, au niveau de l’OMS », a indiqué sur RFI le directeur des Affaires internationales de l’Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard.
« Avec l’épidémie d’Ebola, on peut partir du principe que les systèmes de santé, les plateformes de coopération et communication et le +monitoring+ (suivi des cas) se sont développés », confirme Dorian Job, médecin basé à Dakar, responsable de programmes pour MSF aux Burkina, Niger, Nigeria et Cameroun.
RDC: soins et vaccinations sur le front de la rougeole
AFP – le 4 mars 2020
Sur le point de surmonter une épidémie d’Ebola, la République démocratique du Congo s’active contre la « pire épidémie de rougeole » de son histoire qui touche l’ensemble de son territoire et qui marque le pas depuis le début de l’année, a constaté mercredi un journaliste de l’AFP. « La RDC a enregistré l’épidémie la plus meurtrière de rougeole de son histoire, avec plus de 335.413 cas suspects et 6.362 décès du 1er janvier 2019 au 20 février 2020 », selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« On note une tendance à la diminution du nombre de cas de rougeole notifiés », ajoute l’OMS. Entre le 1er janvier et mi-février, « la RDC a enregistré un total de 20.475 cas suspects de rougeole incluant 252 décès (létalité: 1,2%) ».
L’OMS a annoncé qu’elle mobilisait avec ses partenaires « 4,2 millions de dollars américains pour renforcer la réponse à l’épidémie de rougeole en RDC ».
Un des objectifs est d’ »accélérer la vaccination d’au moins 95% des enfants de 6 mois à 5 ans et plus, afin de contenir la propagation de la maladie ».
Près de 1.300 cas de rougeole ont, par exemple, été enregistrés dans l’aire de santé de Seke Banza, dans une zone reculée de la province du Kongo central (extrême Ouest), a constaté un journaliste de l’AFP qui est sur place depuis le début de la semaine.
« Il y a à peu près 100 malades qui ont dû être hospitalisés », lui a déclaré Médéric Monier, de Médecins sans frontière (MSF).
« Nos équipes sont en train de préparer la vaccination qui va être lancée dans les jours qui arrivent pour endiguer et arrêter l’épidémie. C’est la seule façon de traiter et de prévenir ces épidémies de rougeole », a-t-il ajouté.
La RDC a célébré mardi une rare bonne nouvelle, avec la sortie mardi de la dernière patiente hospitalisée dans un Centre de traitement d’Ebola (CTE) à Beni dans l’est de la RDC.
Aucun nouveau cas confirmé n’a été enregistré depuis 14 jours et l’épidémie sera officiellement terminée « dès qu’on aura atteint 42 jours sans aucun nouveau cas enregistré », précise un porte-parole de l’OMS à Kinshasa.
Déclarée le 1er août, la dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais a tué 2.264 personnes.
Aucun cas de coronavirus n’a été enregistré en RDC.
Un garde tué dans une réserve naturelle par un groupe armé
AFP – le 4 mars 2020
Un garde du parc des Virunga, plus ancienne réserve naturelle d’Afrique en République démocratique du Congo (RDC), été tué mardi dans une embuscade tendue par un groupe armé, a annoncé mercredi l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). L’embuscade a visé mardi des « gardes qui rentraient à leur base alors qu’ils étaient déployés pour sécuriser la construction » d’une clôture dans la province du Nord-Kivu, a indiqué l’ICCN. Un garde, âgé de 28 ans, a été tué dans cette « attaque perpétrée par des éléments appartenant à la mouvance des milices Maï-Maï », indique l’ICCN.
L’ICCN « condamne fermement cet acte qui pérennise la mouvance des groupes armés », selon le communiqué signé par son directeur général, Cosma Wilungula.
Des patrouilles des éco-gardes sont régulièrement la cible d’attaques des miliciens dans ce sanctuaire des gorilles de montagne.
Maï-Maï est un terme générique qui désigne des miliciens constitués sur une base communautaire et dont les actions vont de la défense des intérêts d’un groupe à la grande criminalité.
Depuis sa création, 176 gardes du parc ont été tués alors qu’ils assuraient leur mission de protection de l’environnement, selon un bilan de la direction du parc des Virunga établi en mars 2019. Depuis, au moins deux autres éco-gardes ont perdu la vie.
Située à la frontière avec le Rwanda et l’Ouganda, les Virunga s’étendent sur 7.800 km2 dans la province du Nord-Kivu, fief de plusieurs milices et groupes armés qui se livrent à tous les trafics.
Le parc, crée lors de la colonisation belge, avait été fermé au tourisme entre mai 2018 et début 2019 après la mort d’une éco-garde et l’enlèvement de deux touristes britanniques le 11 mai 2018 dans une embuscade tendue par des hommes armés. Les deux otages avaient été libérées deux jours plus tard.
Déclaration d’amour de Félix Tshisekedi à Israël, les raisons du revirement de la RDC
Pierre Desorgues – TV5 Monde – le 06.03.2020,
La République Démocratique du Congo nomme un ambassadeur en Israël, une première depuis vingt ans. Et le président Félix Tshisekedi vient d’annoncer à Washington son soutien au plan de paix de l’administration Trump, un plan jugé trop défavorable aux Palestiniens. Comment expliquer un tel virage diplomatique en totale contradiction avec les positions tenues par l’Union africaine ? Analyse.
C’est une scène surprenante. Ce 1er mars, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, se tient sur le podium du congrès de l’AIPAC ( American Israel Affairs Comitee), le groupe de pression pro-israélien, à Washington. Il est venu annoncer de manière très solennelle la reprise des relations diplomatiques de haut niveau de son pays avec Israël. Les applaudissements couvrent sa voix. C’est une nouvelle chargée de sens.
En effet, un simple chargé d’affaires représentait la RDC à Tel Aviv, depuis vingt ans. Un ambassadeur devrait être nommé et une partie de l’ambassade, notamment son antenne économique, devrait partir pour Jérusalem. Félix Tshisekedi a également réaffirmé son soutien au plan de paix au Proche-Orient de l’administration Trump. Le plan a pourtant été rejeté par la majorité de la communauté internationale, notamment par l’Union africaine car jugé très défavorable aux Palestiniens.
Comment expliquer un tel tournant, pro-israelien de la part du nouveau pouvoir congolais alors que les relations entre les deux pays étaient jusque-là quasiment inexistantes ? S’agit-il d’une politique dictée par des considérations internes ? Faut-il satisfaire les Églises du Réveil, puissantes en RDC, et pétries des versets de la bible hébraïque ?
Aux États-Unis les principales communautés évangéliques soutiennent la politique israélienne au Proche-Orient. Le président Tshisekedi a lui même mutiplié les références bibliques dans son discours. « Je désire tisser avec Israël des liens forts et une alliance dans laquelle mon pays sera une bénédiction pour la nation d’Israël, selon la promesse de l’Eternel qui dit à Abraham dans Genèse 12:3 ; ‘Je bénirai ceux qui te béniront' ».
Une opinion publique pourtant pro-palestinienne, selon Bob Kabamba
Bob Kabamba, politologue, spécialiste de la République démocratique du Congo, ne croit pas à une pression des communautés évangéliques congolaises dans ce sens. « L’opinion publique congolaise reste très pro-palestinienne », estime le chercheur. Pourquoi alors un tel rapprochement avec Israël ?
« Ces annonces restent surprenantes, car Félix Tshisekedi qui reste vice-président de l’Union africaine, prend justement à contre-pied les positions de cette même institution. Cyril Ramaphosa, le président sud-africain à la tête de l’Union africaine, avait tenu des propos assez durs contre le plan de paix de Donald Trump. L’Union africaine, le 10 février, s’est clairement prononcée contre ce plan qui ne reconnaît pas aux Palestiniens la possibilité de constituer un Etat », explique Bob Kabamba, chercheur à l’université de Liège en Belgique.
« Le président de la RDC prend le risque de l’isolement sur le continent », ajoute le chercheur. Félix Tshisekedi veut également mettre en place une coopération avec Israël notamment sur les questions agricoles.
« Les investissements israéliens en RDC envisagés n’auront pas le poids qu’aurait pu avoir l’argent des pays arabes du Golfe, notamment celui des Émirats arabes unis », estime Bob Kabamba. Pourquoi une telle position ? La raison est sans doute à chercher dans les rapports entre Kinshasa et Washington. L’administration Trump ne veut plus entendre parler de l’influence de Joseph Kabila jugé responsable de l’instabilité dans le pays. Washington veut tourner la page Kabila ( président de la RDC de 2001 à 2019) selon le politologue Bob Kabamba.
Pression de Washington
« Mais Joseph Kabila reste présent. Ses fidèles contrôlent encore l’appareil de l’État. Et Félix Tshisekedi subit de fortes pressions de la part de Washington pour mettre fin à l’État Kabila. Le président congolais a essayé de remanier l’état-major de l’armée mais la route est encore longue et cela prend du temps. Washington ne cesse de répéter à Tshisekedi qu’il est son obligé. Son élection a été contestée par son adversaire Martin Fayulu. Et Washington a fait le choix Félix Tshisekedi », décrit le politologue Bob Kabamba.
Et Félix Tshisekedi veut montrer qu’il est bien un allié fidèle, estime Bob Kabamba, n’hésitant pas à prendre le contrepied des positions de la majorité des pays africains.
Le discours devant l’AIPAC ne passe pas pour de nombreux Congolais. La Lucha, le mouvement de lutte citoyen, craint que l’ambassade de RDC se mette à déménager à Jérusalem comme l’ont fait les États-Unis. La Lucha rappelait dans un communiqué : « Jérusalem est, de par son histoire, un lieu qui appartient aux juifs, aux arabes comme aux chrétiens. La considérer comme seule capitale d’Israël, c’est accepter sa privatisation ».
Israël et l’Afrique
Ces dernières années, Israël mène une politique active sur la scène africaine. » Israël a une politique africaine. Elle a noué des liens solides avec plusieurs pays africains notamment l’Ethiopie et le Rwanda. Tel Aviv demande aux états africains d’accueillir les migrants africains qu’elle a chassés de son sol. Israël propose en échange son expertise sur les questions de sécurité « , décrit le chercheur Bob Kabamba.
Ces dernières années, des sociétés privées israéliennes, chargées de la protection des hautes personnalités, œuvrent dans des palais présidentiels africains. « On trouve à la tête de ces sociétés des anciens du Mossad, les services secrets israéliens. Ces gens ne représentent pas directement l’Etat israélien », précise Bob Kabamba.
Israël vend un autre savoir-faire, ses connaissance en matière d’agriculture et d’irrigation. Le goutte à goutte a été perfectionné par des sociétés israéliennes. Félix Tshisekedi a d’ailleurs annoncé un accord de coopération dans ce sens.
Des communes belges et congolaises affinent leur coopération
Belga – le 7 mars 2020
Les communes wallonnes et bruxelloises engagées dans la coopération avec des communes congolaises estiment que l’accent doit être mis sur le renforcement des initiatives incitant les citoyens africains à déclarer les décès des membres de leur famille auprès de leur administration communale. La numérisation des services Population et État civil de ces communes constitue une autre priorité, estiment les représentants politiques et administratifs d’une bonne quarantaine de ces communes belges, qui ont rencontré leurs homologues congolais pendant trois jours au cours d’une « plateforme d’échanges » réunie à Namur et à Bruxelles. A l’issue des ces rencontres, les mandataires politiques des communes de Cour-Saint-Etienne, Ixelles, Woluwe-Saint-Lambert et Kasa-Vubu ont souligné que la coopération entre services administratifs belges et congolais débouche sur des réalisations telles que la construction et l’aménagement de locaux communaux, maisons de quartier, bibliothèques ou encore l’organisation de recensements de la population ou autres initiatives incitant la population locale à entretenir des relations avec leur commune.
C’est dans ce contexte que les participants aux ateliers de la plateforme se sont concentrés cette semaine sur les initiatives permettant de généraliser l’enregistrement des décès dans les communes partenaires de RDC, tout comme c’est déjà le cas pour les naissances par exemple ou l’inscription aux registres de la population. Pour leur part, les communes wallonnes et bruxelloises concernées devront accentuer leurs efforts d’aide à la numérisation de ces données, estiment les participants.
Nées en 2004, les premières initiatives de coopération internationale au niveau communal sont actuellement regroupées dans un programme couvrant la période 2017-2021. Il constitue un instrument de la politique fédérale de Coopération belge au développement. Outre la République Démocratique du Congo, il concerne aussi le Maroc, le Sénégal, le Bénin et le Burkina Faso. Pour la Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale, ce programme est conçu et géré conjointement par l’Union des Villes et Communes de Wallonie et Brulocalis, son pendant bruxellois.
L’UDPS veut enquêter sur les « nouveaux riches » apparus dans ses rangs (Augustin Kabuya)
Pascal Mulegwa – RFI – le 07.03.2020,
L’UDPS, le parti présidentiel enquête sur les nouveaux riches dans ses rangs. Plus d’un an après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, des personnalités politiques, des organisations de la société civile dont l’Église catholique dénoncent des enrichissements « illicites et scandaleux » de nouveaux dirigeants. Le parti de Tshisekedi, l’UDPS, veut enquêter et, le cas échéant, sanctionner dans ses rangs. Une commission a été mise en place au sein de celui-ci.
Les membres de la commission ne sont pas connus, mais ils ont tous des compétences juridiques. Reste à déterminer la durée des enquêtes. Augustin Kabuya, secrétaire général intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) : « Nous avons levé l’option de mettre en place une commission qui doit mener des enquêtes pour recevoir aussi certaines preuves, puisque nous ne pouvons pas faire semblant comme si on gérait notre propre boutique. Nous gérons la République. À quoi va servir la lutte pendant 37 ans, si nous, on savait qu’une fois arrivés pouvoir, nous allons faire ce que nous avons critiqué hier. »
Aux termes des enquêtes, s’il est avéré que des personnalités sont coupables, ils pourraient se voir retirer la confiance du parti. Et ceux qui auraient rapporté de fausses accusations pourraient se voir traîner en justice, prévient Augustin Kabuya : « Si nous constatons, à partir des enquêtes que telle ou telle personne est incriminée, ou soit telle a dénoncé injustement, nous serons obligés de tirer toutes les conséquences possibles pour faire respecter la dignité de tout un chacun. On doit aller jusqu’au bout avec cette logique pour servir d’exemple. »
Des allégations cibleraient aussi la famille Tshisekedi, qui selon les propos d’un ancien candidat à la présidentielle, aurait fait main basse sur les minerais au Katanga. En clair, l’UDPS cherche à redorer son blason terni un an après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. Année au cours de laquelle plusieurs scandales financiers ont été dénoncés.
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© Dialogue, le samedi 7 mars 2020