Santé : la clinique Panzi officiellement ouverte à Kinshasa (Les Dépêches de Brazzaville)
KINSHASA – L’institution sanitaire, qui est la duplication du modèle de l’hôpital de Panzi, dans le Kivu, assurera la prise en charge holistique des victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre.
La clinique Panzi, située au numéro 6 de la rue Walungu, quartier Congo, commune de Ngaliema, dans la zone de santé de Binza-Météo, assurera la prise en charge holistique des victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre qui comprendra la prise en charge médicale, psychologique et juridique avec l’objectif d’assurer la réinsertion sociale desdites victimes. Pour un premier temps, cette institution médicale fonctionnera avec des cliniques mobiles et a ciblé deux communes de la capitale dont Limete, où est situé le quartier Pakadjuma, connu comme un repère des professionnelles du sexe et où l’équipe a décelé le viol comme l’une des causes qui ont poussé certaines filles ou femmes à opter pour ce métier, et Makala. Mais ces cliniques mobiles peuvent également aller partout à Kinshasa, où elles sont sollicitées.
Aussi cette clinique travaillera-t-elle en partenariat avec l’hôpital Saint-Joseph pour assurer cette prise en charge et atteindre l’objectif fixé. Mais la clinique compte lier des partenariats avec d’autres institutions pour atteindre ses objectifs, d’élargir et d’améliorer l’accès aux soins de santé aux victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre.
Les soins accordés dans ce centre se feront en mode ambulatoire, en vue de permettre aux victimes de continuer à demeurer dans la communauté pour leur éviter une stigmatisation éventuelle. Selon le Congolais Prix Nobel de la paix, avec les ressources nécessaires, la clinique accordera d’autres composantes de ce paquet des soins dont l’accompagnement socio-économique, la médiation familiale, etc. Cette initiative est soutenue, a indiqué Dr Denis Mukwege, par l’argent obtenu avec le prix Nobel de la paix qui lui avait été décerné en 2018. « A ce qui concerne l’immédiat, nous avions fait notre part avec l’argent obtenu avec le prix Nobel de la paix qui nous avait été décerné. Il y avait une enveloppe que nous avions pensé donner aux femmes de Kinshasa pour qu’elles puissent avoir accès aux soins de qualité dans le cadre des violences sexuelles. Nous avons alloué ce montant pour commencer ce travail », a expliqué le médecin directeur de l’hôpital de Panzi.
La charité bien ordonnée
Pour le médecin directeur de cette formation médical, le gynécologue congolais Denis Mukwege, cette installation de la clinique dans la capitale congolaise est une réponse aux nombreuses sollicitations qui demandent la duplication du modèle de l’hôpital de Panzi à travers le monde. Ayant déjà implanté le modèle à Bangui, en République Centrafricaine, et en Guinée, l’hôpital de Panzi, a noté le gynécologue, s’apprête à installer le même modèle en Irak. Mais, a-t-il souligné, comme la charité bien ordonnée commence par soi-même, ils ont décidé de desservir Kinshasa, qui enregistre également beaucoup de cas des violences sexuelles et celles basées sur le genre avant de répondre positivement à d’autres sollicitations venant de l’étranger. « Pour l’agglomération comme Kinshasa, avec ses douze millions d’habitants, sans nulle doute, les besoins sont énormes. Nous avons décidé, en dehors des provinces de l’est de notre pays, de commencer cette duplication à cet endroit », a-t-il dit. Le Dr Mukwege a également indiqué qu’après Kinshasa, cette duplication du modèle de l’hôpital de Panzi sera faite dans d’autres provinces du pays.
Un plaidoyer pour l’implication des partenaires
Notant que la majorité de victimes ne bénéficie pas de soins adéquats, faute d’institutions d’accueil spécialisées, le Dr Mukwege et toute son équipe de l’hôpital de Panzi ont lancé un appel pour l’implication de l’Etat et d’autres partenaires de la couverture des soins de santé pour lever le défi de l’accessibilité aussi bien géographique que financière dans cette prise en charge sanitaire. Le prix Nobel appelle donc à la conjugaison des efforts en vue d’améliorer et d’élargir l’accès aux soins de santé tels que prônés par la Fondation Panzi et l’hôpital éponyme. Il indique déjà, par ailleurs, un partenariat avec le Canada, qui a admis de soutenir le travail de cette clinique dont l’ambassadeur a été présent à Ngaliema lors de l’inauguration de cette clinique.
© Les Dépêches de Brazzaville, 12.03.20
Image – source : La Prunelle RDC