Les conditions de vie des albinos restent très compliquées (CongoForum)
GOMA – Les conditions de vie des albinos restent toujours compliqués. Ces citoyens continuent à être marginalisés dans tous les secteurs de la vie, sans aucune intervention des autorités ou des organisations humanitaires. Une situation qui date depuis beaucoup d’années. Certains albinos meurent par manque de soins quand ils sont confrontés au cancer de peau.
CongoForum a pu parler avec madame Leah Ziraji (27 ans), qui est albinos et qui vit à Goma au Nord-Kivu. Cette mère de deux enfants est la coordinatrice de l’organisation ‘Compassion Albinos’ au Nord-Kivu.
« Je suis trop fière d’être albinos même si j’appartiens à un groupe qui est souvent marginalisé dans la communauté », explique Leah. « La société doit nous comprendre, nous sommes des créatures de Dieu. J’ai arrêté de me négliger avec ma peau. Être albinos est en quelque sorte un handicap mais il faut vivre avec ça. Ce n’est pas notre faute que nous soyons des albinos ».
Marginalisation dans les familles
« La marginalisation des albinos commence d’abord dans leurs propres familles. Des couples qui assistent à la naissance d’un enfant albinos n’arrivent souvent pas à comprendre que c’est une personne comme tant d’autres. Quand on n’est pas acceptés par sa famille, qui va t’accepter? C’est un grand problème que nous connaissons en tant qu’albinos. ».
L’état congolais ne fait pas d’efforts pour prendre en charge les albinos. « Les lois sont là pour les handicapés mais elle ne sont pas vulgarisées. Je veux demander aux autorités congolaises de penser aux albinos en assurant que les citoyens reconnaissent les droits de ces personnes ».
« Nous demandons au gouvernement congolais de faire respecter nos droits car nous souffrons et les gens ne nous respectent pas du tout. Les lois existantes ne sont pas vulgarisées ou appliquées. Souvent nous sommes reçus au niveau provincial mais nos requêtes ne sont pas toujours répondues par les autorités. »
Orphelinat
Leah Ziraji, qui est mariée à un homme qui n’est pas albinos, a su créer un orphelinat il y trois ans. Cet orphelinat garde des enfants orphelins, surtout ceux qui ont été abandonnés par leurs parents et qui n’ont nullepart pour vivre. « Beaucoup d’enfants albinos sont rejetés par les leurs », raconte Leah. « Nous acceptons ces enfants chez nous. Aujourd’hui je garde 30 albinos et 10 non-albinos pour les protéger contre la marginalisation. L’apparition du Coronavirus a encore ajouté à la souffrance de ces enfants. Ils manquent de quoi manger, ils ne vivent plus ensemble et ils se trouvent dans des familles d’accueil. Certains de ces enfants n’arrivent pas à s’adapter ».
Leah souhaite que le gouvernements et des organisations s’intéressent aux albinos et qu’ils leur donnent la chance de vivre ensemble et de partager les expériences. « Qu’on leur donne la chance aussi de participer à la société ».
Il faut une assistance
Cette jeune habitante de Goma demande au gouvernement, aux humanitaires et à des personnes de bonne volonté de venir en aide aux albinos. « Beaucoup d’albinos ont le cancer de la peau, et ils ont besoin de la nourriture. Deux sont décédés de ce même problème suite à la non-assistance. Je me rappelle d’être passé au bureau du gouvernement provincial mais sans suite favorable. Qu’ils nous voient comme des personnes aussi ».
Les défis pour la communauté albinos sont grands. Néanmoins Leah garde le sourire. Elle continue à penser qu’un jour ces gens recevront les aides et soutiens qu’ils méritent.
© CongoForum – Paulin Munyagala, 15.07.20
Images – sources: CongoForum / presse congolaise