Où sont passés les millions de la lutte contre le coronavirus? (Radio France Internationale)
KINSHASA – Après les accusations de malversations dans la gestion d’Ebola, y a-t-il un problème aussi avec la gestion de la riposte du Covid-19 ? Depuis quelques jours, les allégations de malversations se multiplient, notamment du côté de l’Assemblée nationale. S’il est officiellement saisi, le ministre Eteni Longondo promet de venir s’expliquer devant les députés.
Ces derniers jours, le personnel médical a manifesté pour protester contre le non-paiement de leurs salaires. Pourtant officiellement, à la mi-juin, plus de 27 millions de dollars avaient été dépensés par l’État pour lutter contre la pandémie.
Le député d’opposition, Léon Mondole, est le président de la commission sociale et culturelle et il assure avoir déjà engagé des pourparlers avec le bureau de l’Assemblée pour lancer une mission d’enquête parlementaire.
En cause, la grève des agents de la riposte, mais pas seulement. Il y a quelques jours, le professeur Muyembe, en charge de la coordination de la riposte, avait dit avoir reçu à peine plus d’un million de dollars alors que 27 millions avaient été officiellement dépensés par le gouvernement pour faire face aux effets du Covid-19, ce qui avait provoqué un tollé. Le ministère assure pour sa part n’en avoir géré que 3 millions.
Mais la grogne ne vient pas que de l’opposition. Vendredi dernier, François Nkureye, un député du PPRD de Joseph Kabila, a déposé une question écrite, accusant le ministère de « gestion catastrophique », d’avoir mis en place un système de rétrocommissions. Jusqu’à 35% sur le paiement des hôtels et restaurants de personnes suspectes ou infectées, mais aussi sur de l’argent destiné aux hôpitaux. Mais ce député suspecte également le ministère d’avoir remis en circulation des médicaments périmés achetés dans le cadre du programme des 100 jours ou même des moustiquaires non homologuées par l’OMS.
La paie des agents de la riposte n’est pas assurée par le ministère de la Santé, a expliqué Eteni Longondo et les retards seraient dus au gonflement de ces listes qui auraient nécessité une harmonisation entre le ministère du Budget et les services du professeur Muyembe. Quant aux accusations de malversations liées à la riposte, le ministre promet un audit sur l’ensemble des fonds utilisés.
© Radio France Internationale, 07.07.20
Image: le prof. Jean-Jacques Muyembe
Source : ITG