17 08 20 Revue de la presse congolaise de ce lundi (Dialogue)
Au-delà d’une apparente diversité de sujets, les médias congolais ont un sujet unique : la compétition entre un nouveau régime qui peine à s’installer et désire se perpétuer et un ancien régime qui cherche conserver ses positions et guette l’occasion de faire un « come back ». Au Congo comme à l’étranger, les résultats électoraux annoncés en janvier 2019 furent accueillis avec soulagement et joie, bien que l’on sût que ces résultats étaient intégralement bidouillés. Soulagement, parce que les violences péri-électorales, la guerre civile et les effusions de sang n’avaient pas eu lieu. Joie parce que Kabila et Cie avaient été obligés d’admettre que la Présidence avait été conquise par l’opposition. Depuis lors, Félix Tshisekedi s’efforce d’élargir son pouvoir de Président qui n’accepte pas d’être seulement fantoche, recourant notamment au « programme de 100 jours », à la « lutte contre la corruption », etc., cependant que le FCC, coalition de Kabila et Cie, emploie à tous crins sa prépondérance au sein des Assemblées, impulse des actions également « anticorruption » contre ses adversaires et prépare son Grand Retour de manière à peine discrète. Entre les deux camps il y a, à la fois, coalition et cohabitation hostile. L’hostilité prédomine pour ce qui regarde les institution judiciaires et les élections de 2023. Mais l’on est bien forcé de s’entendre sur des sujets comme la défense de la monnaie nationale, celle des frontières et la lutte contre la pandémie ou les catastrophes naturelles.
Les médias du week end : dédollarisation et faits divers
Liberte Plus titre « La dédollarisation au coeur des préoccupations de Marcellin Bilomba, conseiller principal du Chef de l’Etat »
« Des dépréciations régulières du Franc congolais face au Dollar américain avec leurs implications dans vie économique de la République démocratique du Congo inquiètent plus d’une personne. Conseiller principal du Président de la République, Marcellin Bilomba estime que la situation mérite moult réflexions pour apporter des solutions idoines.
Lui, propose que la République démocratique du Congo reste avec sa seule monnaie nationale qu’est le Franc congolais et qu’on fasse la dédollarisation. Il signale d’ailleurs que cette question de dédollarisation fera l’objet d’un atelier national de trois qui sera organisé dans les jours prochains.
« Nous sommes l’un des rares pays au monde à fonctionner avec deux monnaies officielles, notre Franc congolais et le Dollar américain. C’est anormal. A travers cet atelier, nous voulons poser les jalons pour dédollariser l’économie nationale. Le but d’abord c’est de diversifier l’économie congolaise, la rendre résiliente. Une fois qu’elle est forte, il n’ y a aucune raison de fonctionner avec les deux monnaies », s’exprimait Marcellin Bilomba le vendredi 14 août, au cours de la cérémonie du baptême de trois numéros de la revue scientifique de l’Institut pour la Démocratie, la Gouvernance, la Paix et le Développement (IDGPA) du professeur André Mbata.
Et d’ajouter: » Nous allons réunir les éminents professeurs, des scientifiques, des chercheurs dans tous les domaines de l’économie et de la politique monétaire. C’est à l’issue de cette rencontre que l’on va formuler des recommandations à soumettre au gouvernement, afin qu’on puisse respecter la Constitution qui veut que l’on puisse avoir une seule monnaie à cours légal en RDC ».
L’ACP évoque le dernier conseil des ministres et titre : « Le gouvernement décide la reprise des mouvements migratoires interprovinciaux et des vols internationaux ». Le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi a présidé vendredi, par visioconférence, la réunion du conseil des ministres qui a décidé de la reprise des mouvements migratoires interprovinciaux, rapporte l’ACP. « Selon le compte rendu fait par le ministre d’Etat, ministre de la Communication et médias, David-Jolino Diwampovesa Makelele, ces mouvements sont d’une part assujettis à l’obligation de détention d’une attestation médicale, confirmant le résultat du test négatif et, d’autre part, assortis de l’obligation du respect des gestes barrières. », relaye l’agencier.
Digitalcongo titre«Tshisekedi demande à Sele Yalaghuli d’arrêter les dépenses hors chaîne »
« Au cours du 44ème Conseil des ministres tenu par visioconférence, vendredi 14 août, le président Félix Tshisekedi a demandé au ministre des Finances, Sele Yalaghuli, d’arrêter « sans délai », le paiement des dépenses hors chaine, excepté des « besoins dûment approuvés. »
Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi a instruit le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli d’arrêter « sans délai », le paiement des dépenses hors chaine, « sauf en cas de besoins dûment approuvés de l’Etat ». Cette décision intervient après que Tshisekedi ait constaté « malheureusement » que le niveau des dépenses opérées en mode d’urgence représente au 10 août 2020, 37% des dépenses totales hors rémunérations, dans le budget de l’exercice 2020.
Pour clamper cette hémorragie financière hors budget, le président congolais a aussi recommandé à son Premier ministre, Sylvestre Ilunga, de « veiller » à ce que le niveau des dépenses payées en procédure d’urgence soit fait dans la « limite des standards internationaux. » D’après Félix Tshisekedi, les dépenses en urgences ont souvent été payées en espèces, et par conséquent, échappent aux circuits bancaires établis. Ce qui entraine selon lui, une surchauffe sur le marché de change et conduisent à la dépréciation du Franc congolais.
De son côté, la Banque centrale du Congo tente de maintenir l’équilibre macroéconomique en ce temps de crise sanitaire liée au coronavirus. Son Comité de politique monétaire (CPM) a exhorté le gouvernement central à poursuivre et à densifier les efforts d’ajustement budgétaire et de mobilisation des recettes en vue de contribuer davantage à la stabilité macroéconomique indispensable pour jeter les bases d’une reprise économique forte et résilience ».
Actualité.cd évoque des tractations menées par le groupe de 12 personnalités politiques et de la société civile autour des réformes du processus électoral et titre : « RDC : les 12 personnalités et l’Eglise catholique ont plusieurs points de convergence sur les réformes électorales, affirme Lubaya. » Le groupe des personnalités qui militent pour le consensus sur les réformes électorales continue ses consultations des forces vives du pays, annonce ce média. Il a échangé, vendredi 14 août, avec le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu, ajoute-t-il. Faisant savoir qu’après cet « échange constructif et enrichissant », la délégation affirme avoir plusieurs points de convergence avec l’Église catholique.
A propos de la justice, Cas-info.ca parle de la convocation manquée de l’ex-ministre des Finances à la justice. « Détournement présumé des deniers publics: un nouveau mandat de comparution sera lancé contre Henri Yav Mulang », titre ce média. Henri Yav Mulang, ancien ministre des Finances sous les gouvernements Matata et Tshibala, n’a pas répondu, jeudi 13 août, au mandat de comparution qui lui a été lancé par le procureur général près la Cour d’appel de la Gombe dans le cadre des enquêtes sur la traçabilité des recettes et dépenses de l’Etat. « Il n’est pas venu répondre. Un nouveau mandat lui sera lancé pour comparaître prochainement », a confié à Cas-info.ca, une source judiciaire proche du dossier. Pour Cas-info.ca, Henri Yav devrait éclairer le parquet sur des faits infractionnels qui lui sont imputés dans le cadre du dossier des avances fiscales de 100 millions de dollars payées début 2015 par le minier Mutanda Mining à l’Etat congolais.
Cohabitation
Le Potentiel titre « Tshisekedi-Kabila : enfin la paix des braves ? »
« Après des coups politico-juridiques meurtriers, les pourparlers entre FCC et CACH pour faire avancer la machine dans une direction collégiale, telle que l’auraient souhaité les deux autorités morales de la coalition, se remet en place.
Il y a du remue-ménage au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH (COSAC). Considérés comme des « extrémistes », Augustin Kabuya, Jean-Marc Kabund, Vidiye Tshimanga et Ramazani Shadari sont écartés des négociations qui se déroulent au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH. Il leur serait reproché un caractère intransigeant qui bloque inutilement les pourparlers qui doivent faire avancer la machine d’une direction collégiale telle que l’auraient souhaité les deux autorités morales de la coalition, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.
C’est donc sans surprise que les analystes politiques ont appris cette mesure, connaissant bien les positions tranchées et quelque peu carrées de ses « frères-ennemis » qui, s’ils continuent de s’asseoir autour d’une même table, n’arriveront certainement jamais à accorder leurs violons pour regarder dans la même direction, celle de privilégier les intérêts supérieurs de la Nation.
Plusieurs sources concordantes affirment qu’il s’agit d’une petite équipe composée de 4 personnes au sein du Comité de suivi de l’accord FCC-CACH, qui a été mise en place pour la poursuite des négociations entre les deux camps opposés actuellement sur plusieurs questions, mais aussi pour préparer la prochaine rencontre entre le président Félix Tshisekedi et le président honoraire Joseph Kabila.
Mais, selon des sources internes au sein de ces deux plateformes, il y aurait eu recomposition des équipes de négociateurs : Peter Kazadi, Nicolas Kazadi, Kitenge Yezu et Théthé Kabwe seraient désignés pour le CACH. Tandis que du côté FCC, il y aurait Néhémie Mwilanya, Aubin Minaku, Azarias Ruberwa et Raymond Tshibanda qui arboreront l’étoffe des négociateurs.
Selon les mêmes sources, le président ai. de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, son secrétaire général Augustin Kabuya et le secrétaire permanent du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary, ont été mis à l’écart suite à leur « intransigeance » sur certaines questions.
Sauver la jeune démocratie
Et des questions qui divisent, sur le fond, les deux camps sont nombreuses, notamment la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les révocations-nominations au sein de la Cour constitutionnelle, les nominations au sein de l’armée et la police, l’assassinat du général Delphin Kahimbi, la mort mystérieuse du juge Raphaël Yanyi en plein procès Kamerhe…
On peut beau jouer au cache-cache, il y a des fusibles qu’il fallait faire sauter afin que le courant passe normalement. Il était temps. Voilà pourquoi les deux autorités morales ont décidé de faire partir le noyau dur des « faucons » pour les remplacer par des « colombes », mais qui, selon plusieurs observateurs, sont aussi dangereux que les autres.
Comme il fallait s’y attendre, des réactions fusent de partout.
Côté CACH, dans un tweet hier, le Haut représentant du chef de l’État, Kitenge Yezu, a réagi, disant :« Je ne suis pas un nouveau à ce comité. Le temps n’est pas à la distraction. Mais à un crucial besoin d’unité, cohésion, concorde. Ne dispersons ni forces, ni pensées, ni énergie. Place à la synergie constructrice autour du PR. ‘Du roman des suppositions, c’est du vent’. Un vent qui délire », a-t-il écrit.
Comme lui, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a abondé dans le même sens, invitant ceux qui « font du bruit à ne pas distraire la population ».
De l’autre côté, c’est l’ambassadeur André-Alain Atundu Liongo du Front commun pour le Congo (FCC) qui a exhorté les partenaires réfractaires à la coalition FCC-CACH à se reprendre pour l’intérêt de la jeune démocratie.
Il a aussi appelé le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et son prédécesseur Joseph Kabila, autorités morales respectives du « Cap pour le Changement (CACH) » et du FCC, à sauver la coalition, « instrument démocratique pour la gouvernance du pays ».
André-Alain Atundu, qui l’a indiqué au cours d’un point de presse qu’il a tenu, le vendredi 14 août 2020, à Kinshasa, les a invités à veiller au fondement de la coalition, à savoir la confiance et la bonne foi. Avant d’appeler les partenaires à laisser la coalition FCC-CACH jouer son rôle dirigeant et régulateur de la vie politique. Car, selon lui, le président Tshisekedi et son prédécesseur « partagent la passion pour le Congo au regard de leur combat pour le peuple ».
L’UNC, la grande absente
Si d’aucuns saluent l’initiative, il faut cependant faire remarquer que dans le ticket CACH, il n’y a aucun délégué de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe. Est-ce un oubli ou une omission ?
Quel que soit le bout par lequel on va le prendre, l’absence de l’UNC dans ce comité de négociation augure un divorce en voie d’être consommé entre l’UDPS de Félix Tshisekedi et son allié signataire de l’accord de Naïrobi qui les a portés au pouvoir à l’issue de la présidentielle de décembre 2018.
Après avoir laissé la justice « faire son travail », en jugeant et condamnant son directeur de cabinet, le président de la République ira-t-il jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain ? Sinon, comment va-t-il, lui, l’autorité morale du CACH, justifier cette absence remarquable de l’UNC dans l’équipe restreinte et rénovée des négociateurs au sein de la coalition ?
En un mot comme en mille, si les fondamentaux qui soutiennent la coalition ne sont pas préservés, cette paix des braves portée par Tshisekedi et Kabila ne sera qu’un château de cartes voué à l’écroulement au moindre coup de vent ».
Moins optimiste, La Prospérité estime que «FCC-CACH : l’évaluation s’impose ! »
« Bien plus que certains agitateurs politiques ne le pensent, tout porte à croire que Félix Tshisekedi et Joseph Kabila maintiennent de bonnes relations sur le plan de la gouvernance, malgré les secousses et tiraillements de ces derniers mois entre les membres de leurs plateformes politiques respectives, à savoir le Front Commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le Changement (CACH). Des sources crédibles rapportent, cependant, que les membres du Comité de suivi de l’accord qui les lient ont repris les discussions depuis quelques jours et préparent une nouvelle rencontre imminente entre le président de la République et son prédécesseur, certainement pour harmoniser les vues.
Parmi les dossiers sur la table, la poursuite des nominations au sein des entreprises publiques, mais aussi la question d’un éventuel remaniement du Gouvernement de la République.
Les discussions au sein dudit Comité avaient été stoppées, après une période de fort tumulte entre les alliés au pouvoir, sur des questions capitales politiques et de gouvernance.
Sur la radio Top Congo, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a souligné qu’à l’issue de ces prochains débats, toutes les questions sont abordées et que la priorité des conclusions sera apportée à la hiérarchie.
Augustin Kabuya a également rassuré sur la nécessité de la reprise des pourparlers entre des personnes dites responsables, de surcroit, censées prendre des décisions importantes pour l’intérêt général. « Là où il y a des hommes responsables dans une organisation, je ne crois pas que le statu quo devrait demeurer pendant longtemps…le Comité de suivi de l’accord est composé de personnes qui pensent toujours dans le vrai sens pour le bien de notre population».
Aussi, a-t-il précisé, que les discussions ne se sont jamais arrêtées. « On se rencontre tous les jours. Je me moquais des gens qui disaient que les membres du Comité de suivi ne se réunissaient pas. Je me disais qu’il faut laisser les gens dans leur ignorance».
Kabund, Kabuya, Tshimanga et Shadary sur la touche
De plusieurs médias et autres sources, apprend-on, certains membres du comité de suivi de l’accord FCC-CACH ont été provisoirement écartés de ce cadre de discussions.
Il s’agit, du côté CACH, de Jean-Marc Kabund et Augustin Kabuya, respectivement président a.i et secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), mais aussi Emmanuel Ramazani Shadary, Secrétaire permanent du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) pour le compte du FCC.
Vidiye Tshimanga, quant à lui, aurait été définitivement mis de côté.
Ces derniers ont été remplacés par de nouveaux négociateurs au FCC et au CACH. Il s’agit de Peter Kazadi, Nicolas Kazadi, Kitenge Yesu et Théthé Kabwe du côté du Cap pour le changement et pour le Front Commun pour le Congo, Néhémie Mwilanya, Coordonnateur du FCC en dehors de Aubin Minaku, Azarias Ruberwa et Raymond Tshibanda qui demeurent les négociateurs pour le compte de la plateforme chère à l’ancien président Joseph Kabila.
En réaction à ces mouvements, le Haut Représentant du chef de l’Etat, Kitenge Yesu à épinglé sur son compte Twitter : « Je ne suis pas nouveau à ce Comité. Le temps n’est pas à la distraction. Mais à un crucial besoin d’unité, de cohésion et de concorde. Ne dispersons ni forces, ni pensées, ni énergies. Place à la synergie constructrice autour du Président de la République… ».
(Bien que les appréciations de ces deux journaux divergent notablement, ils semblent d’accord pour estimer qu’il n’y aura pas, entre FCC et CACH, d’affrontement frontal et brutal sur leurs légitimités respectives, mais plutôt des escarmouches relevant de la « lutte des places ». NdlR)
Monnaie et économie
Le Bulletin de l’ACP rapporte que dans sa communication au cours de la 44ème réunion du Conseil des ministres qu’il a présidé vendredi, par vidéo conférence, à Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a instruit le Premier ministre à limiter le paiement des dépenses en procédure d’urgence. Il a par la même occasion appelé le ministre des Finances à arrêter sans délai le paiement des dépenses hors chaine, sauf en cas de besoins dûment approuvés de l’Etat.
Le Phare rapporte que le ministre des Finances préconise la refonte du système fiscal pour sauver le franc congolais. En effet, face à la dépréciation de la monnaie nationale, et en application des instructions reçues du Chef de l’Etat au Conseil des ministres pour lutter contre la perte de valeur du Franc congolais face aux devises étrangères, Sele Yalaghuli vient de dévoiler ce qu’il compte actionner comme mécanismes en vue de faire face à la situation.
Le ministre, rapporte le Phare, tient à l’orthodoxie dans les dépenses. Il faudra veiller à l’équilibre entre les recettes et les dépenses. Par conséquent, il conseille une étroite collaboration entre le gouvernement et l’institut d’émission.
Forum des As titre « RIPOSTE A LA DEPRECIATION DU FRANC CONGOLAIS, Sele Yalaghuli : « vivement un consensus politique » * Par ailleurs, l’argentier congolais appelle à privilégier l’intérêt général, en évitant de nourrir des tensions politiques susceptibles d’amplifier l’incertitude.
« Après une éphémère appréciation observée sur le marché de change, dans la seconde moitié du mois de juillet dernier, le franc congolais danse. Y compris les prix sur le marché. Que faire ? La situation est-elle désespérée ? Sinon, quelles mesures prendre pour riposter à la dépréciation du franc congolais? Cette problématique a été au centre du webinaire de l’entreprenariat congolais, dénommé « Makutano », organisé le samedi 15 août à Kinshasa, sous le thème: « Danse du franc congolais et des prix, est-ce la valse infernale ? »
Tel est le thème central de cette vidéo conférence qui a réuni des opérateurs économiques et des représentants de l’Etat congolais. Objectif : dégager des pistes de solution à la crise économique actuelle, accentuée par la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19.
Intervenant à cette rencontre numérique, le ministre des Finances, tel un médecin spécialiste, ne s’est pas arrêté à poser le diagnostic. Bien au contraire. Sélé Yalaghuli a proposé une thérapie proportionnelle au mal. Et, parmi les remèdes prescrits pour sauver la monnaie nationale, l’argentier congolais recommande la production de la richesse nationale. Ce, par une diversification intelligente. « C’est une priorité nationale », insiste-t-il.
Globalement, le tableau du cadre macroéconomique rd congolais est sombre. En cause, le caractère extraverti de l’économie. C’est bien plus qu’une évidence qui ne devrait échapper à aucun expert du secteur. D’ores et déjà, le ministre des Finances fait remarquer qu’à court terme, le pays dispose de très peu de leviers face à la conjoncture internationale. Quelle issue préconiser alors à long terme ? Pour le ministre des Finances qui ne considère pas la situation comme une fatalité, la solution consiste à réduire la dépendance et l’exposition de la RD Congo au choc exogène. D’où, l’impératif d’une production de richesses nationales. « C’est le meilleur moyen de soutenir la monnaie nationale », juge Sélé Yalaghuli.
Par ailleurs, Sélé Yalaghuli estime qu’il faille un contrôle sans complaisance du rapatriement des devises et l’utilisation interne de 40% des devises rapatriées. Ce, conformément à la règlementation ».
S’agissant justement de la demande des devises, le patron des Finances propose comme remède, le calibrage des dépenses en fonction des recettes, tout en accélérant la mise en œuvre des réformes touchant la mobilisation des recettes. Notamment, les caisses enregistreuses pour la TVA et l’informatisation de la chaine de la recette. Ce qui, selon lui, requiert un effort collectif.
Dans la même veine, les autres mesures qu’il préconise vont dans le sens de l’accélération de la mobilisation des ressources extérieures, spécialement les appuis budgétaires de la Banque mondiale (200 millions Usd), la Banque africaine de développement (140 millions Usd) et la BADEA avec 75 millions Usd. S’ajoutent à cela, l’affectation des ressources prioritairement aux dépenses d’investissement et au paiement des contreparties des projets à financement extérieur pour permettre leur mise en œuvre ; l’audit de l’état liquidatif pour améliorer la composition des dépenses publiques. Pas seulement.
Pour le technicien Sélé Yalaghuli, il est en outre impérieux de rendre le taux directeur positif, en plus de mettre en place des dispositifs de gestion base caisse pour la BCC, comme c’est le cas pour le Gouvernement. Une autre issue, suggère -t-il, consiste à assurer la constitution des réserves pour les crédits litigieux. La levée de la suspension de la TVA s’inscrit également dans le registre des actions à entreprendre.
VIVEMENT UN CONSENSUS POLITIQUE
Dans une métaphore soutenue par des statistiques, Sélé Yalaghuli compare la situation économique mondiale avec un édifice qui s’écroule du fait de la pandémie de Covid-19. Dans cet écosystème mondial lourdement frappé, la RD Congo n’est donc pas à l’abri.
L’argentier national fait remarquer que la situation économique actuelle de la RDC se place dans un environnement d’incertitudes renforcées. Selon les enquêtes d’opinion menées par la Banque centrale du Congo pour jauger le moral des hommes d’affaires, il a été démontré que le doute dans les perspectives économiques de la RDC avait déjà commencé à augmenter depuis décembre 2019 et qu’elle s’est accélérée à partir de mars 2020, coïncidant avec l’annonce de l’état d’urgence sanitaire. « Les conséquences n’ont pas tardé », rappelle le ministre des Finances.
« Étant rationnels, les agents économiques anticipent non seulement une détérioration future de l’environnement politique, mais aussi les capacités du Gouvernement de mettre en œuvre des mesures de stabilisation. C’est sur la base de leur perception de ce que sera le futur, qu’ils vont déterminer leur niveau de consommation et d’investissement aujourd’hui. Dans le cas où les signaux émis par l’environnement politique sont peu rassurants, le comportement des ménages et des entreprises aura tendance à être conservateur, en attendant de meilleures perspectives », explique le ministre des Finances.
Pour étayer son propos, il démontre que la devise sera recherchée, non pas seulement pour couvrir les transactions économiques, mais aussi pour des motifs de précaution, en la considérant comme valeur refuge. La situation économique en RD Congo est-elle désespérée ? Sans doute que nombre de Congolais y pensent. Mais Sélé Yalaghuli exclut tout pessimisme. » Nous ne sommes pas dans l’impasse. Il y a une prise en main au plus haut niveau de l’Etat pour aller de l’avant « , rassure-t-il.
Selon l’argentier congolais, de toutes les recommandations faites, la plus indispensable est de dégager dans le court terme, un consensus national autour de la stabilité du cadre macro-économique. Dire que Sélé Yalaghuli va encore plus loin. » Globalement, la formulation des mesures de riposte à la dépréciation du franc congolais requiert fondamentalement une forte coordination institutionnelle et une cohérence temporelle dans la mise en œuvre des mesures de politique économique « , juge-t-il.
CORRELATION ENTRE LE TAUX D’INFLATION ET LE TAUX DE CHANGE
A un ministre des Finances comme Sélé Yalaghuli, on peut lui dénier une littérature prolixe. Sauf des tableaux explicatifs de la situation économique. Comme il sait bien le faire. Il faut donc rappeler que d’entrée de jeu de son exposé, le ministre des Finances pose une évidence économique empirique qui, selon lui, n’est pas seulement une caractéristique propre à la RDC.
En effet, renseigne-t-il, il a été prouvé qu’il existe une forte corrélation entre le taux d’inflation et celui de change en RDC. Ce, en raison de 93,4%. Ce qui, selon lui, confirme un lien positif et statistiquement significatif entre ces deux principaux indicateurs conjoncturels (taux de change et taux d’inflation). Partant, des niveaux élevés du taux d’inflation sont plausiblement associés avec des niveaux élevés du taux de change. C’est dire que parler de la forte volatilité de l’inflation revient en réalité à parler implicitement de la volatilité du taux de change, a tenu à préciser le ministre des Finances.
Question : Quelles sont les sources potentielles de la pression inflationnistes qui secouent l’édifice économique congolais ? Le ministre des Finances y répond sans atermoyer. Si l’opinion en général a tendance à attribuer, a priori, la pression inflationniste que subit l’économie congolaise depuis mars 2020 au choc de Covid-19, le ministre des Finances quant à lui, estime que cette situation est justifiable dans la mesure où ce choc a impacté négativement l’offre des devises.
Cette situation, explique-t-il, est la résultante, du ralentissement de l’économie mondiale et la contraction de la production, notamment en raison des mesures sanitaires strictes; de la baisse des cours des matières premières et le recul de la demande mondiale; de la baisse de nos recettes d’exportation et des entrées de devises et des revenus à cause de notre dépendance au secteur extractif qui représente 30% du PIB et la quasi-totalité des recettes d’exportation .
Au-delà de toutes ces contingences, le ministre des Finances fait également mention de la baisse d’activités de l’industrie extractive (mines et pétrole) qui a été fortement exposée aux fluctuations du marché international, dont les paramètres échappent, hélas, à la volonté du Gouvernement.
Pour toutes ces raisons, Sele Yalaghuli est d’avis que » la dépréciation du franc congolais n’est pas un cas isolé. « A la suite de la Covid-19, le Ghana, l’Angola et l’Afrique du Sud ont vu aussi leurs monnaies s’effondrer », affirme le ministre.
Sans conteste, la pandémie de Covid-19 a considérablement fragilisé le franc congolais. Et, le ministre des Finances pense que plusieurs facteurs sont susceptibles d’expliquer possiblement l’accélération inflationniste et la volatilité du taux de change observées au premier semestre 2020. A cet effet, il fait part de l’incertitude qui a gagné du terrain, avec deux épisodes. Le premier apparu à partir de novembre 2019 et le second s’est ancré depuis mars 2020.
A la lumière de la sagesse contenue dans la maxime « l’argent n’aime pas le bruit », l’argentier congolais fait observer que « les fondamentaux de la stabilité économique ne sont pas restés indifférents aux tensions politiques entre les différents acteurs ». On rappelle qu’entre la Covid-19 et l’incertitude qui persiste depuis novembre 2019, les finances publiques se sont aussi invitées dans le débat.
De l’avis du ministre des Finances, la déconnexion entre le budget voté et la réalisation a creusé le déficit par le fait d’une augmentation des dépenses sans contrepartie au niveau des recettes .Ce qui, ,inévitablement, a exercé une forte pression sur la demande des devises, obligeant le Gouvernement à recourir au financement du déficit public par les avances de la Banque centrale du Congo sur les quatre premiers mois de l’année 2020 – avec une trêve observée en mai dernier où le financement monétaire a été nul.
Sélé Yalaghuli souligne en outre que le déséquilibre dans les finances publiques reste toujours une source de tensions, avec de graves répercussions sur la stabilité du cadre macroéconomique. Cette situation s’explique, pense-t-il, en raison d’une « composition très déséquilibrée des dépenses publiques avec une éviction des dépenses d’investissement au bénéfice des dépenses de consommation ». En moyenne de mars à juillet 2020, « 75% des recettes ont été affectées aux rémunérations « .
PRIVILEGIER L’INTERET GENERAL
La suite du décor présenté par le ministre des Finances est plus qu’inquiétant : « On monte à 96% des recettes affectées au dépenses contraignantes, c’est à dire en y ajoutant le remboursement de la dette extérieure et les frais de fonctionnement des institutions notamment. On passe à 104% en rajoutant quelques charges courantes de l’État. Il se dégage un déficit structurel de 4% en moyenne par mois ».
Ainsi, considérant la faiblesse de la base productive interne, une bonne partie des dépenses de consommation de l’État se retrouve sur le marché de change et accroît la demande de devise. C’est cela la situation malheureuse qui s’impose. Et quand on y ajoute l’incapacité relative de l’autorité monétaire qui fait face à des contraintes dans le déploiement de ses instruments de stabilisation, on se trouve bel et bien dans une situation plus que jamais critique, a révélé le ministre des Finances.
A ce jour, la RDC subit une faiblesse et une baisse continue du niveau des réserves de change, estimé à 841 millions d’Usd, soit moins d’un mois d’importation, contre une norme de trois mois. En même temps, il y a le reflux sur le marché de change des excédents de trésorerie accumulé du fait de la suspension de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), sur certains biens de consommation de masse, couplé à l’augmentation des crédits litigieux des débiteurs auprès des banques, considérant la défaillance des entreprises à cause de la Covid-19. Sans oublier le taux d’intérêt négatif depuis fin mars jusqu’au 12 août 2020, entraînant un rétrécissement de l’attractivité des bons BCC.
Dans ces conditions, « le remboursement devient plus important que les souscriptions « , limitant le champ d’action de l’autorité morale.
En termes d’offre de devises, étant une petite économie structurellement extravertie, la RDC a certes très peu de leviers à court terme face à la conjoncture internationale, mais la solution de long terme consiste, selon lui, à « réduire notre dépendance et exposition au choc exogènes. Le meilleur moyen de soutenir la monnaie, c’est la production de la richesse nationale par une diversification intelligente ».
Par-dessus tout, il s’impose en général et à long terme, » en droite ligne avec la vision de Son Excellence Monsieur le Président de la République, de consolider les prémisses de l’État de droit et de la lutter contre la corruption afin de rationaliser la mobilisation des recettes publiques et de contrôler la circulation des capitaux « .
Sur le plan politique, l’argentier national recommande » aux différentes familles politiques de privilégier l’intérêt général, notamment en évitant de nourrir les tensions politiques, lesquelles amplifient l’incertitude et donc perturbent le cadre macroéconomique et affectent négativement la propension des investisseurs étrangers, notamment les grandes firmes, à investir au pays « .
Il est convaincu que les Congolais de tout bord, toutes tendances confondues, de gauche comme de droite, devaient s’inscrire dans cette vision. » On s’engage dans la politique pour rendre service à la population. La couche la plus pauvre a besoin de notre compassion, de notre engagement pour assurer son bien-être (…) La stabilité du cadre macro-économique profite à tous « , jure Sele Yalaghuli.
La vidéoconférence de « Makutano » du week-end dernier a mis en réseau le ministre des Finances, Sélé Yalaghuli, le président de la Fédération des Entreprises du Congo, Albert Yuma, le Directeur général de Equity Bank Congo, Célestin Mukeba, le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Deogratias Mutombo. La modération a été assurée, à tour de rôle, par André Nyembue, Prof d’économie à l’université de Kinshasa et à l’Université catholique de Louvain, la Directrice générale de BGFI Bank, Marlene Ngoyi et la fondatrice du cabinet-conseil EMAC Félicité Singa. L’initiatrice de ce Réseau est Mme Nicole Sulu. »
Economie /Immobilier
Business-et-Finance titre « La Corniche de Kinshasa : un nouveau scandale en perspective ? »
« Lors du Conseil des ministres du vendredi 7 août, Aimé Sakombi Molendo, le ministre des Affaires foncières, a sorti du tiroir le projet d’érection d’un site immobilier, La Corniche de Kinshasa, s’étendant de la commune de Gombe à la baie de Ngaliema. En fait, sa présentation n’a été que du réchauffé.
Il a soutenu que le projet avait déjà été adopté par le précédent gouvernement. Et qu’au regard de différents problèmes qui restaient à résoudre pour la concrétisation de ce projet, une commission ad hoc a été mise sur pied. D’après lui, cette commission a abouti à la conclusion selon laquelle il faudra indemniser les occupants actuels et définir un chronogramme des opérations à mener jusqu’à la pose de la première pierre par le président de la République.
Pour obtenir l’accord du Conseil des ministres pour la réalisation de ce projet, du reste controversé, Aimé Sakombi Molendo (UNC) a été « complété » par Pius Mwabilu Mbayu Mukala, le ministre d’État, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat (FCC), ainsi que par Aggée Aje Matembo, le ministre de l’Aménagement du territoire (FCC).
« Un projet puant !»
Le ministre des Affaires foncières a rappelé que « ce vaste projet immobilier offrira des infrastructures modernes à la ville de Kinshasa, un site touristique de premier plan, un rayonnement de la ville et de la RDC, la résorption du déficit de logements à Kinshasa, des emplois, etc. Le ministre a indiqué par ailleurs que le financement de ce projet était assuré », a indiqué David Jolino Diwanpovesa Makelele Ma-Musingi, le ministre d’État, ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement.
Pour des fins connaisseurs des affaires politiques de la République démocratique du Congo, ce rappel n’est pas anodin mais cache mal l’intention derrière. Il vise à calmer déjà les esprits parce qu’il faut s’attendre à tout. L’un d’eux confie que « c’est bien regrettable que tout ce qui est présenté au Conseil des ministres soit accepté comme une lettre qui passe à la Poste, sans la moindre analyse ». Pour lui, Sylvestre Ilunga Iliunkamba, le 1ER Ministre, doit se ressaisir.
Pour les pros, La Corniche de Kinshasa est un projet immobilier futuriste, pharaonesque qui vise « la valorisation et l’embellissement de la zone côtière fluviale selon les standards internationaux ». Ou encore « c’est un des rares projets dont la RDC peut se vanter aujourd’hui ». Et il va donner « une très grande visibilité le long du côté du fleuve ». Pour les antis, « c’est un projet mirobolant », un « éléphant blanc » qui rappelle un autre, La Cité du fleuve, à Kingabwa dans la commune de Limete. Lequel avait promis Dubaï ou New-York à Kinshasa. Bref, tous les qualificatifs y passent : « un projet chimérique », « une vaste escroquerie », « un scandale foncier et urbanistique », « un projet absurde »… pour dénoncer un projet qui va, à coup sûr, « rompre les équilibres s’il venait à être réalisé » (lire nos articles publiés en mai 2019 en pages 3 et 4).
Les réactions les plus virulentes que nous avons enregistrées viennent des experts eux-mêmes. Curieusement ! Ceux-ci ne comprennent pas comment le ministre des Affaires foncières, pourtant connaisseur de l’immobilier et bien renseigné sur les contours de ce projet et sur les conflits fonciers dans cette partie de la ville de Kinshasa, a pu « endosser un tel projet puant ». Ils disent que « c’est une tache noire qui vient ternir son mandat de ministre, pourtant bien entamé à la tête du ministère des Affaires foncières ».
Pour la plupart des commentaires qui nous sont parvenus, « c’est une grosse erreur politique » de la part du gouvernement. Et Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, « ferait œuvre utile en ne validant pas ce projet qui n’est que la poudre de perlimpinpin ».
Dans des milieux d’affaires à Kinshasa, on rit sous cape : « C’est un passage en force », « des pontes sont derrière le dossier qui représente de gros intérêts », « on sait comment ça se passe ici : ‘je donne ma signature et en contrepartie je gagne quoi’ », « on n’ira pas jusqu’à dire que l’argent a circulé mais c’est le système »… Mais tout le monde comprend que « c’est une montagne de corruption et des mauvaises pratiques ».
Disons-le, ce projet a soulevé en son temps des avis d’objection de la part des administrations compétentes. Maintenant que le Conseil des ministres a donné son aval pour sa réalisation, les services publics concernés sont vraiment inquiets. Point n’est besoin de rappeler que le projet La Corniche de Kinshasa fait polémique. « C’est un vrai scandale foncier et urbanistique dont on parlera longtemps encore dans cette ville de Kinshasa ».
Actuellement un vent de revendication politique souffle sur le pays. « C’est bien de sortir dans la rue pour dire non à Ronsard Malonda [désigné par les confessions religieuses pour être le prochain président de la Commission électorale nationale et indépendante/CENI, ndlr], c’est bien aussi de sortir dans la rue pour manifester son opposition aux propositions de loi de réforme judiciaire initiées par les députés FCC Minaku et Sakata… Mais c’est mieux de le faire pour s’opposer à un projet qui va avoir de lourdes conséquences sur les générations futures », nous déclare Léon Sokolo, altermondialiste congolais.
D’après cet expert de la Terre, la société civile se doit de se mettre débout pour dénoncer et obtenir l’annulation d’un tel projet. « On ne devrait pas prendre à la légère le problème sensible du littoral, et pour cela, les médias doivent se mobiliser. Regardez ce qui se passe à Ouakam à Dakar. Le scandale foncier a secoué tout le Sénégal ! La population congolaise se doit de se mobiliser pour mettre fin aux pratiques illégales d’où qu’elles viennent », fait-il remarquer. Et de rappeler : « Au Sénégal, la pression populaire, la mobilisation des médias et l’opposition de certains politiques ont fini par payer. En effet, le président sénégalais Macky Sall a demandé que soient immédiatement arrêtés tous les actes de lotissement sur le littoral».
Un audit foncier
En réalité, la société civile devrait demander au chef de l’État de « faire faire un audit sur le foncier, notamment à Kinshasa pendant la période in tempore suspecto de 2016 à 2018. Kinshasa est devenu depuis quelques années le théâtre où les pontes s’octroient illégalement des terres, voire des immeubles et maisons de l’État. Ces audits devront conduire à des sanctions exemplaires contre les auteurs des spoliations foncières.
« Avant Sakombi Molendo, les ministres qui se sont succédé au ministère des Affaires foncières ont accumulé des énormités sans être pour le moins inquiétés. Et il ne faudra pas que cela puisse continuer », insiste Léon Sokolo. Qui pense que Kinshasa est assis sur un volcan des intrigues sourdes, des conspirations, des dangers cachés, des scandales qui finira un jour par entrer en éruption .
À propos du projet La Corniche de Kinshasa, Léon Sokolo estime que rien n’est réglé. « Il faut que la résistance s’organise maintenant contre ce projet. On ne peut pas laisser faire ça. Il faut que les riverains s’arment, pacifiquement, certes, mais qu’ils s’arment juridiquement pour empêcher le projet de se faire », encourage cet altermondialiste congolais ».
« Mission accomplie pour Muabilu, Molendo et Matendo », titre à la Une L’Avenir. En effet, la mission de travail effectuée en République du Congo pendant trois jours par le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme et habitat Pius Muabilu a été plus que satisfaisante. « C’est suite à l’invitation de notre partenaire Starstone que nous sommes à Brazzaville pour visiter certains lieux et sites déjà réalisés par ce dernier, afin d’avoir une idée précise sur le travail à effectuer dans le cadre du projet relatif à la Corniche de Kinshasa », a indiqué Pius Muabilu.
La Corniche de Kinshasa vise la valorisation de la zone côtière du fleuve Congo par l’aménagement des logements collectifs, des commerces, des bureaux, centre culturel, hôtels et restaurants.
Divers
Le Phare fait état des révélations troublantes du prof. Banyaku Luape sur la Cour constitutionnelle. Ancien juge à la Cour constitutionnelle, il a révélé à l’occasion de la présentation des trois derniers numéros de la Revue africaine de la démocratie et de la gouvernance (RADG) que la Cour constitutionnelle avait pris un arrêt qui n’a jamais été rendu public et qui n’a jamais été publié au Journal Officiel de la République. Ledit arrêt relatif à l’organisation d’un Congrès par le parlement, reconnaissait à cette réunion de deux chambres du parlement le pouvoir de mettre en accusation le chef de l’Etat. N’ayant pas été porté à la connaissance de l’opinion, l’application de cet arrêt est impossible, écrit LE PHARE, car comment en effet s’y référer alors que, faute de publication au Journal Officiel, il ne peut être opposable à qui que ce soit.
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© Dialogue, le lundi 17 août 2020