Justice : L’hôpital ou la voie de sortie de prison pour Vital Kamerhe ?
La détérioration de son état de santé a contraint l’administration pénitentiaire de la prison de Makala à signer un bon de sortie en faveur du « plus célèbre prisonnier du Congo », Vital Kamerhe pour un établissement médical spécialisé, le Centre Hospitalier Nganda de la commune de Kintambo à Kinshasa.
Personne dans son entourage, avocats et proches, ne connait la nature des ennuis de santé de Kamerhe, président national de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). Cependant, tous, unanimement se sont empressés de saluer son admission au Centre Hospitalier Nganda pour des soins appropriés.
Après neuf infructueuses demandes de liberté provisoire, la raison de maladie, paraissait encore la seule issue pour humer un petit air de liberté en dehors du très suffoquant et insalubre centre pénitencier de Makala. À l’hôpital, quoi que gardé, Kamerhe fin diplomate qui échappe désormais à toute la surveillance d’une prison, pourra en profiter pour élargir sa marge de manœuvre et activer davantage tous ses réseaux nationaux et internationaux et peser effectivement sur les évènements afin de sortir de son pétrin judiciaire, estime un observateur.
Quelques cas similaires
Avant lui, Roger Nsingi, a pratiqué la même tactique pour se retrouver en totale liberté à la suite d’une « surprenante » grâce présidentielle. Arrêté pour détournement et malversations financières à hauteur de plusieurs millions de dollars, l’ancien président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa était admis à l’hôpital de Kintambo avant d’être libéré quelques mois plus tard. Le corps médical de ce centre hospitalier témoigne que ce justiciable avait transformé ce site en vrai quartier général où il recevait chaque jour politiques, avocats, officiels, généraux d’armée et amis. Il s’agissait probablement d’intenses tractations qui ont conduit à sa sortie, pense un personnel soignant de l’hôpital. Ce qu’il ne pouvait pas faire en prison.
Avant lui un autre libanais, justiciable et prisonnier de son état, s’est volatilisé dans la nature quelques mois après son admission dans le même établissement hospitalier. Comme Nsingi, lui aussi recevait au quotidien énormément toutes catégories de personnes qui avaient l’air d’officiels, poursuit la même source.
Tout comme eux, le célèbre politicien Diomi Ndongala, a lui aussi était surpris par une grâce présidentielle, pendant un séjour doré dans un centre hospitalier où comme prisonnier malade, il était précédemment admis pour soins appropriés.
Au regard de cette actualité, une grande partie de l’opinion prête à l’évacuation de Vital Kamerhe au centre Nganda une manœuvre pour desserrer l’étau judiciaire qui l’étreint depuis quelques mois.
Condamné à 20 ans de prison et de servitude pénale en première instance par le tribunal de grande instance Kinshasa-Gombe, comme auteur « intellectuel », du détournement de plus 50 millions USD déboursés par le trésor public pour réaliser quelques infrastructures d’intérêt public. Vital Kamerhe qui clame son innocence est en appel devant la cour de cassation. Depuis lors, l’audience d’ouverture du procès a déjà été renvoyée à trois reprises. Mettra-t-il à profit ce séjour à l’hôpital pour peser librement sur les évènements ?
Jean Claude Bimwala