RDC : un nouveau rapport dévoile la contrebande de l’or artisanal entretenue par des négociants et des exportateurs qui en retirent d’énormes profits (CongoForum)

OTTAWA – Un rapport de l’ONG IMPACT publié le 17 septembre 2020 à Ottawa (Canada) décrit comment des négociants et exportateurs déjouent les tentatives de démantèlement de leur système en reconfigurant leurs activités dans toute la région lorsque nécessaire ou en créant des entités fantômes.

« Des négociants et exportateurs dûment enregistrés en RDC, au Rwanda et en Ouganda exercent leurs activités sans crainte apparente de sanctions, même après avoir été dénoncés publiquement année après année par les Nations Unies et des organisations internationales comme contribuant au commerce illicite de l’or artisanal de la RDC « , peut-on lire dans le rapport intitulé « Les intermédiaires : ces négociants qui compromettent les efforts de la République démocratique du Congo en faveur de la production d’or sans conflit »

Ces commerçants d’or donnent un semblant de légalité à leurs activités en déclarant un faible pourcentage de leurs exportations d’or tout en empochant d’énormes profits du commerce illicite.

Ils déjouent les tentatives de démantèlement de leur système en reconfigurant leurs activités dans toute la région lorsque nécessaire ou en créant des entités fantômes.

Ainsi, l’or sorti en contrebande de la RDC et circulant sur le marché international légal est potentiellement lié à des activités criminelles, au blanchiment d’argent, à des groupes armés et à des violations des droits humains. « Beaucoup d’efforts ont été faits pour renforcer le commerce responsable de l’or artisanal en RDC, mais tant que ces intermédiaires magouilleurs entre les exploitantes et exploitants et le marché agiront en toute impunité, tous ces efforts seront futiles », a affirmé Joanne Lebert, directrice générale d’Impact.

L’organisme canadien fait donc un constat triste selon lequel malgré les efforts déployés par le gouvernement de la RDC et ses partenaires pour introduire la traçabilité et le devoir de diligence dans la chaîne d’approvisionnement en or artisanal en RDC, le commerce illicite semble être en plein essor.

Seule une fraction de la production est exportée légalement, c’est-à-dire déclarée aux autorités, tous droits et taxes payés.

Deux entreprises fictives ont été citées dans le rapport, notamment, Congo Golden Mining Ltd et Omega Gold Mining Ltd qui semblent ne voir aucun intérêt de respecter les mécanismes de traçabilité et de diligence. Ce sont des entités fantômes qui n’apparaissent que dans les documents de transit rwandais. Elles ont extradé en 2015-2016, 18 cargaisons d’or totalisant 627 kg.

De l’autre côté de la frontière, le Rwanda n’a pas détecté par exemple l’adresse vague indiquée sur l’exportation « Building Dubai, EAU », indiquée pour l’entité fantôme Al Haitham DMCC, présumé acheteur des cargaisons d’or de Congo Golden Mining Ltd.

Coopérer, enquêter et dénoncer

Comme recommandation, Impact demande aussi aux gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda de favoriser la coopération entre les organismes chargés de l’application de la loi afin de détecter les écarts commerciaux et resserrer les contrôles réglementaires de l’or déclaré comme provenant de la RDC.

Au gouvernement de la RDC, l’Ong canadien demande d’enquêter sur les intermédiaires bien connus, leur demander des comptes et les dénoncer, notamment en révoquant ou en refusant tout permis de commerce, d’exportation ou d’affinerie aux personnes et entreprises liées au commerce illicite. Mais aussi de simplifier les étapes à suivre pour exporter de l’or de façon à ce qu’elles soient claires et simples de manière à ce que les coûts associés ne soit pas un facteur favorisant le commerce illégal.

« Le moment est venu de sortir les intermédiaires de l’ombre. Cela fait trop longtemps qu’ils peuvent tromper le système et s’en tirer. Jamais il n’a été plus évident que maintenant, avec la COVID-19, que ces négociants tirent profit de la vulnérabilité des exploitantes et exploitants miniers. Les autorités doivent agir pour mettre fin à leurs activités », a renchéri Joane Lebert.

Il faut rappeler qu’Impact est un organisme indépendant sans but lucratif, qui mène une action commune avec des partenaires locaux pour réaliser un changement durable. Il œuvre pour transformer la gestion des ressources naturelles dans les zones où la sécurité et les droits de la personne sont menacés, en concevant des approches de gestion des ressources naturelles dans une triple optique de renforcement de la sécurité, de développement et d’égalité.

© CongoForum – Arnaud Kabeya, 12.09.20

Images – source : www.impacttransform.org

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