Nord-Kivu:Les journalistes aliment une bougie pour la liberté de la presse : » La place du journaliste n’est pas dans la tombe « (CongoForum)

GOMA -La campagne  » Une bougie pour la liberté de la presse au Nord-Kivu « , initiée par l’Union Nationale de la Presse du Congo, succursale du Nord Kivu ( UNPC-N/K ), s’est clôturée dans la soirée du vendredi 27 Août à Goma. Les journalistes présents ont rendu hommage à leurs confrères assassinés récemment et ils ont profité pour réclamer justice et liberté à ces autres journalistes vivant en clandestinité ou sous menaces. Cet événement inédit s’est aussi effectué dans les autres territoires de la province.

Ils étaient une centaine. Vêtus majoritairement en tenue noire. Bougie à la main. Ils se sont donnés rendez-vous au symbolique lieu de la ville touristique : le rond-point  » Tshikudu «  , en pleine rénovation. Certains passants, éblouis par les lumières de bougies illuminant cette place publique, ont décidé de se joindre aux hommages. Le temps passe et le nombre des participants s’accroît. Les photographes et les militants signent également leur présence comme pour signifier que la presse est fondamentale pour tout citoyen. Le monument du  » Tshikudeur  » accueillant ses invités inhabituels, les hommages peuvent commencer.

Deux journalistes tués en Août au Nord Kivu et en Ituri

Pour le retour sur fait, le 9 Août dernier, Héritier Magayane, un jeune journaliste de la Radio Télévision Nationale Congolaise ( RTNC ) a été tué à l’arme blanche à Rutshuru. Le 14 de ce même mois, cette fois en Ituri, Joël Musavuli, qui était directeur de la Radio Communautaire RTCB/Biakato, s’est fait assassiner par des hommes armés. Depuis, les enquêtes n’ont rien dévoilé. Ces deux morts ont suffit pour révolter tous les chevaliers de la plume à passer à l’action et cette action s’est résumée dans une seule phrase énigmatique :  » Une bougie pour la liberté de la presse au Nord-Kivu « .

Après une séance photo dans la foulée et un placement de bougies allumées sur les trottoirs décorés du rond-point, la présidente de l’UNPC-NK ouvre officiellement la cérémonie d’hommage. Avec ses habituelles lunettes, une robe noire et avec une voix révoltante, Rosalie Zawadi rappelle le but fondé de l’événement devant les multiples micros, caméras et téléphones de ses acolytes :  » Une bougie allumée ce soir symbolise un hommage pour tous les journalistes qui ont été tués par les hommes armés non identifiés jusque là, pour qui les enquêtes n’ont pas encore abouti « . Affûtée, elle continue sur le même ton :  » Cette bougie symbolise aussi l’espoir de la presse dans cette province. En tenant cette bougie, c’est pour nous une façon de montrer que la presse va continuer à faire luire la province du Nord Kivu dans sa belle image mais pour se faire, nous avons besoin de la liberté « .

Avant la tenue de la cérémonie, Rosalie a eu un entretien avec le gouverneur militaire de la province du NK, Constant Ndima, qui lui a rassuré son soutien dans la restauration de la liberté de la presse. La conversation entre la présidente de la presse nord kivucienne et l’autorité suprême n’était pas unilatérale. Devant ses confrères, Rosalie Zawadi a tenu à rappeler le dernier message qu’elle a eu à laisser :  » La place du journaliste n’est pas dans la tombe, dans la prison ou de vivre en clandestinité. Sa place est dans la rédaction pour aider le gouvernement. J’ai demandé aussi de rendre public les résultats de l’enquête « .

Rosalie Zawadi n’avait pas le monopole de la parole la soirée de ce vendredi. Plus d’un journaliste avait la pugnacité d’extérioriser ses émotions. Comme Saint Janvier Zihalirwa, Journaliste et DG de la radio Shekinah FM :  » Aujourd’hui, je tiens cette bougie. Une bougie de la lumière pour demander qu’il y est cette lumière de la presse partout dans la province du Nord Kivu « , déclare-t-il. Énergique, il poursuit :  » La presse est un droit inaliénable pour cette humanité et si on continue à tuer les journalistes c’est-à-dire on veut mettre fin à l’information. Nous n’allons plus accepter. Nous voulons que toute la communauté internationale et nationale puissent savoir que la presse à hausser le ton. La presse veut avoir cette lumière partout pour que l’information puisse circuler partout sans embage, sans limite partout au Nord Kivu et en RDC « .

Un collecte de fonds pour soutenir les familles de victimes

Selon l’organisation internationale Reporter Sans Frontières, depuis 2019, malgré l’arrivée au pouvoir de Felix Antoine Tshisekedi, les atteintes de la liberté de la presse se maintiennent à un niveau alarmant en RDC. Les arrestations, agressions, menaces, exécutions, médias suspendus, pillés ou saccagés sont toujours à noter. Pour la seule année 2020, 116 exactions ont été recensées par l’organisation Journaliste en danger ( JED ) en RDC.

À l’épilogue de l’événement, un collecte de fonds à été initié pour aider, peu soit il, les familles de deux journalistes assassinés dans les deux provinces sous état de siège. Ce dernier et une tutelle militaire ont été imposés depuis le 6 Mai sur ordre présidentiel pour lutter contre les groupes armés qui se sévissent dans cette partie du Congo depuis plusieurs décennies. Un tableau, réaménagé à l’occasion, les chevaliers de la plume ont laissé leurs empreintes par écrits.

© CongoForum, Paulin Munyagala, 29/08/2021

Image – source: presse congolaise

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