La journée mondiale contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes: l’État rappelle aux hommes de médias leur rôle et devoir en période de guerre (Congoforum)
KINSHASA – Assistant à une cérémonie organisée par JED (Journalistes en danger), une ONG de défense de droits de journalistes, Patrick Muyaya, le ministre de la communication et médias a rappelé aux chevaliers de la plume leurs responsabilités en contexte de guerre. De son côté, le président l’Assemblée nationale, Christophe Mbosso les a appelés au patriotisme.
Faisant partie lui-même de la corporation, le ministre de communication a rappelé le contexte de guerre médiatique dans laquelle se trouve la RDC, suite à l’agression du M23 appuyé par le Rwanda pour insister sur le rôle et devoir du journaliste en cette période particulière. Il a, toutefois, souligner qu’il y a quelques avancées enregistrées.
« Nous sommes dans une guerre médiatique. Il y a lieu de nous interroger sur le rôle qui doit être le nôtre. Le journaliste lui-même doit être responsable de sa propre sécurité », a-t-il insisté, en sa qualité de chevronné de la presse, avant de rappeler la nécessité pour ce dernier à travailler en connaissance du contexte actuel et en tenant compte de la nécessité de rester professionnel à chaque occasion.
Il a également précisé que son département ministériel va réactiver le mécanisme qui existe déjà avec JED, pour s’assurer de suivre de manière étroite chaque cas répertorié de journalistes stigmatisés ou attaqués pour tel ou autre cas. Cela conformément à la promesse du Chef de l’Etat de ne pas aliéner l’indépendance des journalistes.
« C’est toujours bien d’avoir l’évaluation car JED est comme notre thermomètre de ce qui se fait. Mais il y a des points pour lesquels j’ai émis des réserves parce que globalement, la situation des journalistes est en évolution. Vous vous souvenez qu’en début d’année, nous avons eu à organiser les états généraux de la communication et médias. Et la recommandation principale était la nouvelle loi. La loi étant élaborée; elle est au Parlement et fera l’objet de discussions. Malheureusement, il y a encore de cas qui touchent à la liberté de la presse non seulement ici mais principalement dans l’est dans les zones à problème », a indiqué le ministre Muyaya.
Patriotisme et loi sur la cybercriminalité
Par ailleurs, lors d’une plénière tenue le mardi 1er novembre, le président de l’Assemblée Nationale, Christophe Mboso, a invité les professionnels des médias au patriotisme en ce moment précis. Pour le speaker de la Chambre Basse du Parlement, il urge de discipliner les médias et doter le pays d’une loi sur la cybercriminalité.
« Nous devons discipliner les médias aussi. Les réseaux sociaux racontent du n’importe quoi. Il faudrait que la proposition de loi sur la cybercriminalité soit examinée le plutôt que possible. Il faut qu’on trouve le texte. On va l’enrichir pour son adoption parce que pour l’instant, il y a risque de dépravation de nos mœurs. Même nos enfants risquent d’être corrompus par ses réseaux sociaux. Nous devons faire attention à ça en ce moment », a déploré Christophe Mboso.
Et d’ajouter: « Il y en a même qui balancent des vidéos ramassées, je ne sais où, je ne vais pas accuser tout le monde. Mais il y a des journalistes qui ne sont pas des patriotes. Ils mettent n’importe quoi dans les réseaux. Ils ne savent pas que le Congo nous appartient tous, y compris ceux qui ont choisi de venir travailler ici. Ils ont droit à notre protection et ils doivent aussi défendre le Congo », a-t-il soutenu.
Même son de cloche du côté de nos forces de défense qui ont, quelques jours avant, appelé les hommes de médias à plus de patriotisme et de responsabilité dans le traitement et la diffusion des informations relatives aux opérations militaires dans l’Est de la RDC.
Le commandant du Service de communication et d’information des FARDC (SCIFA), le général-major Sylvain Ekenge avait indiqué que « bien que la libre expression soit garantie par notre Constitution, une dose de responsabilité doublée d’un patriotisme s’avère nécessaire en cette période…(..)…Toute publication de nature à démoraliser les militaires engagés au front est constitutive d’un fait infractionnel punissable par la loi ».
Rappelons que la journée mondiale contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes se commémore dans un contexte où l’ONG JED publie un rapport qui a documenté 124 cas d’attaques diverses contre les journalistes et les médias dont 49 journalistes menacés ; 37 journalistes arrêtés ; 18 journalistes agressés ; 17 radios ou émissions interdites; 2 journalistes enlevés et 1 journaliste tué.
© CongoForum, Arnaud Kabeya, 05/11/2022
Image – source : officielle