Sud-Kivu: la neuvième édition du Festival Amani s’est bien clôturée à la satisfaction de la population de Bukavu (CongoForum)
BUKAVU – Organisé une fois l’année par le foyer culturel de Goma au Nord-Kivu, le Festival Amani s’est tenu cette année-çi du 10 au 12 février 2023 à Bukavu au Sud-Kivu. Les autorités provinciales au Nord-Kivu ne voulaient pas la tenue du festival à Goma suite à l’insécurité persistante et aux affrontements violents dans les territoires de Masisi et Rutshuru.
À Bukavu, la population locale a été dans une effervescence culture et artistique sans précèdent, comme certains l’ont confirmé. “Je suis venu par curiosité et j’apprécie ce festival culturel », explique Innocent Baruani, un festivalier à Bukavu. « J’aimerais qu’un tel festival soit organisé au moins une fois par an ici à Bukavu. »
Sandra Kanane, une jeune entrepreneure de Goma, s’est déplacée pour assister au festival à Bukavu. Selon elle le Festival Amani devrait changer de nom : « Le festival ne résoud pas l’insécurité. Il doit continuer mais sous un autre nom. »
D’après Guillaume Bisimwa, coordinateur du festival, il n’y pas un festival plus grand en Afrique centrale. « Et cela dans un contexte ravagé par des conflits armés et des guerres à repetition. Le Festival Amani met en symbiose la musique et la danse donnant espoir pour l’avenir. Il est la preuve vivante que la musique et la danse peuvent créer un espace où les gens peuvent se rassembler et communier par-delà la guerre. Chaque année, au moins 30 000 festivaliers participent à cette rencontre. 500 bénévoles, venus de différents coins du monde, sont dévoués pour la cause.”
Des centaines de journalistes, locaux, nationaux et internationaux, sont accrédités chaque année pour couvrir cet évènement, devenu de plus en plus planétaire. “Des artistes locaux et internationaux se produisent chaque année pour un public cosmopolite situé entre différentes cultures et ethnies de la region”, souligne M. Bisimwa.
Les festivaliers paient juste 1 dollar par jour pour assister aux concerts, aux expositions, aux concours et à d’autres activités. L’événement permet aux festivaliers d’écouter des artistes méconnus et d’apprécier des styles musicaux variés. L’artiste Reddy Amisi est parmi ceux qui sont présents : « Une occasion pour les compatriotes de se decomplexer en me regardant en chair et en os, car ils ont l’habitude de me suivre seulement à la télé ».
Le premier jour l’artiste congolais Innoss’B était la tête d’affiche. Après des artistes comme Reddy Amisi et le Tanzanien Ney Wamitego ont donné des concerts. Ces chanteurs utilisent la musique et la danse comme une forme de résistance non violente à l’oppression et à l’injustice. Le slameur rwandais Manzi le Poète s’exprime : « Nous sommes des activistes avant d’être des artistes ». Point besoin de revenir sur la prestation remarquable, à la saveur révolutionnaire, du rappeur sénégalais Didier Awadi ce dimanche à Bukavu.
« Ce qui m’a le plus impressionné ici au Congo, c’est le sourire que les gens gardent malgré ce contexte de guerre. Chez nous en France, pour peu que ça, les gens en font des montagnes”, a réagi l’artiste français HK.
Une résidence artistique a réuni 11 artistes slameurs et rappeurs venus de la RDC, du Rwanda et du Burundi. Leur concert, nommé « Sl’amani », a prêché la cohabitation pacifique. Les artistes ont chanté en swahili, en français, en anglais, en Kinyarwanda et en Kirundi, pour souligner un message d’espoir, de paix et de courage. « Le message que nous lançons aux présidents des pays de la région des Grands Lacs est que, nous, peuples, sommes unis malgré ce qui se passe. A leur niveau, ils doivent aussi se battre pour la paix car c’est nous le peuple qui subissons », propos de la slameuse congolaise Patricia Kamoso.
L’édition du Festival Amani à Bukavu a accordé à une population meurtrie trois jours de sourires et de rencontres exceptionnelles, avec l’idée de promouvoir la paix durable.
© CongoForum – Paulin Munyagala et Faustin Duniya, 14.02.23
Image – source : Festival Amani