Kinshasa: l’activiste Jean-Claude Katende met en garde contre la « Loi Tshiani » (CongoForum)
KINSHASA – Pendant que l’Est de la République démocratique du Congo continue à faire face à la guerre contre le mouvement M23, c’est aussi la proposition de la Loi Tshiani qui fait parler d’elle dans la capitale congolaise, et particulierement au sein de la jeunesse.
C’est dans ce cadre que le président national de l’ASADHO (Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme), maître Jean-Claude Katende, vient d’échanger avec de jeunes leaders des mouvements citoyens et de partis politiques à Kinshasa ce jeudi 4 mai 2023. Maître Katende et ses interlocuteurs ont échangé sur la Loi Tshiani.
Selon Jean-Claude Katende, la Constitution congolaise est ancrée dans l’histoire du pays. La vie du pays doit être gérée par cette Constitution. La Loi Tshiani veut réserver la Présidence et bien d’autres fonctions importantes à des personnes qui sont congolais de père et de mère.
L’activiste des droits humains estime qu’il ne faut laisser ce dossier seulement aux députés nationaux: il faut que la population puisse s’exprimer à travers un référendum. Sinon les élus finiront par se faire corrompre pour faire passer facilement la Loi Tshiani.
« Il faut penser au Congo »
“Nous avons constaté qu’il y a une passion dans notre pays, il y’a des camps”, a martelé maître Katende à CongoForum. « Si vous soutenez cette proposition de loi, vous êtes dans un camp et si vous ne la souvenez pas, vous êtes dans un autre camp. Nous avons besoin de congolais qui pensent au Congo et non à des individus. »
M. Katende est d’avis que certains hommes politiques n’ont pas de vision pour le pays. Ils veulent plutôt se donner un positionnement politique ou se faire de l’argent en soutenant cette Loi Tshiani. L’homme de l’ASADHO appelle les jeunes congolais de prendre leur destin en mains et de rejeter cette loi : « Cette Loi Tshiani ne doit pas être votée ou promulguée. D’abord il faut avoir nos nouvelles élections, avec la Constitution dans sa forme actuelle. Il faut permettre à tous de se présenter aux élections. »
Le président national de l’ASADHO se pose aussi des questions sur le « timing » : « On veut changer les règles du jeu pendant le jeu ». L’activiste ajoute qu’il veut continuer à échanger avec les jeunes congolais pour mieux éclairer l’opinion publique sur la loi controversée.
Lors de l’échange, les jeunes participants n’avaient pas tous le même avis. Certains préféraient ne pas s’exprimer sur le dossier. Mais les critiques disent que la Loi Tshiani sera utilisée pour écarter certains leaders de l’opposition comme Moïse Katumbi. Plusieurs diplomates étrangers ont déjà dénoncé cette proposition de loi qui serait anticonstitutionnelle à leurs yeux.
© CongoForum – Paulin Munyagala, 05.05.23
Images – source : CongoForum