Kinshasa: une table ronde se penche sur l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri (CongoForum)

KINSHASA – Sur ordre du chef de l’État, le premier minister Jean Michel Sama Lukonde avait annoncé l’organisation d’une table ronde à Kinshasa du 14 au 16 août 2023 pour évaluer l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Les propos des congolais de ces deux provinces restent divergents quant à la levée de cette mesure exceptionnelle. L’état de siège existe dans les deux provinces depuis le 6 mai 2021.

Pour certains l’état de siège au Nord-Kivu avait raison d’être vu la situation sécuritaire qui caractérise la province car l’ennemi était infiltré presque dans toutes les institutions et principalement dans l’armée et la police congolaise. Avant l’état de siège on parlait de 14 000 militaires sur la ligne de front à Beni, mais en réalité jusqu’à 5 000 n’y étaient pas du tout. Pourtant le gouvernement avait libéré des rations, des munitions et des salaires pour 14 000 militaires.

Des faits expliqués à CongoForum par un acteur de la société civile qui souhaite rester anonyme. “Nous suggérons aux gouvernement de requalifier l’état de siège, en nommant des commissaires généraux. Plusieurs citoyens ne veulent pas voir des gouverneurs militaires à la tête des deux provinces. Une autre option est la déclaration de l’état de guerre vu les menaces extérieures qui pesent toujours sur nous via les M23/RDF et les AFD/Nalu”, a-t-il ajouté.

Certains estiment qu’il vaudrait mieux exclure tous les politiques de la table ronde puisqu’ils pensent plutôt à leurs propres intérêts et pas à l’intérêt général. L’état de siège a poussé des politiques dans le chômage; ils souhaiteraient la fin de l’état de siege pour retourner aux affaires. Ces personnes utilisent les réseaux sociaux pour critiquer l’état de siège même si cette mesure est constitutionnelle.

Encore moins de sécurité

Les mouvements citoyens constatent que tous les acteurs gouvernementaux et non-étatiques convergent sur le fait que la situation sécuritaire s’est davantage détériorée dans l’Est de la RDC. L’état de siège n’a pas permis de mettre fin aux cycles de violences et de rétablir l’autorité de l’État dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. En effet, se fondant sur les données crédibles du Kivu Security Tracker (KST), on révèle que 6 597 civils ont été tués et 3 685 ont été enlevés au Nord-Kivu et en Ituri durant cette période d’état de siège. Les mêmes données indiquent qu’avant l’état de siège, sur la même période de deux ans, 2 542 civils avaient été tués et 1807 enlevés. Ces chiffres montrent que l’état de siège a amplifié la crise sécuritaire.

En plus, des parties du Rutshuru, du Masisi et du Niyragongo sont occupés, contrôlés, exploités et administrés par les agresseurs, les M23/RDF et les troupes des pays de l’East African Community (EAC), qui commettent des meurtres, des viols, des pillages et des exactions en tout genre.

Il faut ajouter que plusieurs notables, parlementaires et activistes de la province du Nord-Kivu et l’Ituri prennent part à ces assises à Kinshasa.

© CongoForum – redaction, 14.08.23

Images – source: Présidence RDC

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