Nord-Kivu: levée partielle de l’état de siège à l’Est, les forces vives dénoncent le non-respect des résolutions de la table-ronde par Félix Tshisekedi (CongoForum)
KINSHASA – L’état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, à l’Est de la République démocratique du Congo, était au centre du message du chef de l’Etat à la Nation ce jeudi 12 octobre 2023. Félix Tshisekedi a annoncé qu’il a décidé d’un allègement progressif et graduel du régime de restriction de l’état de siège en faveur des populations de du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Ouvertement, le président a opté pour la mise en œuvre d’un dispositif transitoire graduel, pour l’atteinte de la fin de ce régime exceptionnel et par conséquent le rétablissement également progressif des autorités civiles et des droits civils dans les entités décentralisées supposées paisibles.
L’état de siège mesure avait été décrété en mai 2021. L’objectif était de lutter contre les groupes armés et protéger les populations civiles. Cependant, des voix n’ont pas cessé de se lever pour réclamer sa levée. Et c’est dans ce sens qu’une table ronde a été tenue au mois d’août à Kinshasa sur l’ état de siège. A l’issu de celle-ci les participants avaient formulé plusieurs recommandations, remises au président de la République, dont la levée pure et simple de cette gestion militaire.
Réaction couches sociales
L’ adresse à la nation du président de la République sur la levée partielle de l’état de siège est diversement commentée par les différentes couches de la population au Nord-Kivu.
La société civile de Butembo parle d’une déception et dit ne plus comprendre les objectifs réels de l’état de siège. Mathe Saanane, son président, dit croire qu’il y aurait d’autres missions méconnues de cet état de siège que le président ne veut pas clairement communiquer. Raisons pour lesquelles il n’a pas procedé à la levée.
Stewart Muhindo de la LUCHA se dit très étonné parce que le président n’a pas répondu aux attentes de la population du Nord-Kivu et de l’Ituri conformément aux résolutions de la table ronde. Tout en se réjouissant de l’autorisation des manifestations publiques, il plaide aussi pour la libération des acteurs politiques et des activistes des mouvements citoyens arrêtés par les animateurs du régime de restriction.
Du côté de mouvement citoyen Filimbi, on estime que le président est tout simplement allé à l’encontre de la Constitution. Serge Mayamba, un member de Filimbi à Butembo, indique qu’aucun article de la Constitution n’autorise que des militaires et civils peuvent cogérer les provinces.
Réflexion analyste
Deux raisons auraient présidé à la levée progressive de l’état de siège. D’abord il fallait répondre aux demandes des participants à la table-ronde qui avaient sollicité la levée prudente de cette mesure. Ensuite le contexte électoral dans lequel seront bientôt plongés les acteurs politiques. C’est la campagne électorale qui pointe à l’horizon.
C’est de l’avis du professeur Augustin Kahindo Muhesi au lendemain de cette adresse. En ce qui concerne la constitutionnalité de cette mesure de Félix Tshisekedi, le professeur laisse entendre que cet aspect pose des questionnements sur sa légalité.
© CongoForum – Roger Mulyata, 13.10.23
Images – source: presse congolaise