Nord-Kivu: plusieurs écoles à Butembo ont besoin de moyens pour améliorer les conditions (CongoForum)
BUTEMBO – Dans la ville de Butembo, au Nord-Kivu, certains milieux d’éducation exposent eux-mêmes la formation. Cela est consécutif aux conditions inacceptables dans lesquelles les apprenants sont formés. Et pourtant, au regard de la situation à la fois sécuritaire et environnementale, le gouvernement congolais aurait une attention particulière à cette région.
CongoForum a visité certaines des écoles qui, jadis, étaient appuyées par des bienfaiteurs belges. Actuellement, l’appui coupé, les conditions d’études dans ces institutions scolaires sont vraiment déplorables. Les élèves y sont exposés à toutes sortes d’intempéries, pendant les heures d’études. Si dans certaines écoles lorsqu’il pleut tout s’arrête immédiatement, dans d’autres c’est la poussière qui rime avec l’apprentissage, alors dans d’autres encore c’est l’écroulement des murs de classes qui est imminent.
Ces écoles qui fonctionnent dans une zone sinistrée de l’Est de la RDC, font aussi face aux difficultés du genre l’accueil des déplacés de l’instabilité sécuritaire dans les villages environnant Butembo. L’activisme des Allied Democratic Forces (ADF), des groupes armés négatifs et d’autres forces negatives pose un énorme problème. Outre l’accueil des déplacés, les écoles encadrent également des orphelins dont les parents sont décédés des massacres en territoire de Beni et ceux dont les parents sont morts de la maladie à virus Ebola.
Certaines écoles reçoivent des enfants vulnérables récupérés dans la rue, ayant été délaissés par les parents par manque de moyens, des jeunes filles-mères, des enfants vivant avec handicap et autres catégories.
Institut LYAMBO, conventionnée catholique
Dans cette école secondaire, dont la plupart des classes sont construites en planches et sont en délabrement avancé, le reporter de CongoForum fait un constat amer. Selon MASIKA KAMWIRA Hubertine, présidente du conseil de gestion, la formation est transmise aux élèves dans des conditions déplorables. Cette école est publique conventionnée catholique, avec près de 355 élèves dont 169 filles et 186 garçons. Parmi cet effectif d’élèves, on note trois (3) vivant avec handicap, cinq (5) récupérés dans la rue, vingt-sept (27) orphelins dont 17 garçons et 10 filles et enfin cinq (5) déplacés de guerre.
La présidente du conseil de gestion révèle que cette institution d’enseignement secondaire fait face à l’exiguïté de la concession, avec 13 classes, seulement quatre construites en dur alors que d’autres sont faites en planches et sont dans un mauvais état. Toutes ne sont ni cimentées ni plafonnées et les parents se trouvent dans l’incapacité de transformer cette école par manque de moyens financiers. Une classe fonctionne même en dehors de la concession. Les bureaux administratifs travaillent dans un chantier inachevé suite aux limites financières et il yavait eu une catastrophe naturelle suite à une pluie accompagnée d’un fort vent violent qui avait emporté la toiture du chantier. « Il nous faut encore plus de 30.000 dollars pour la sa reconstruction. »
Pas de lieux d’aisance ou de sanitaire confortable, pas d’eau et la concession est non clôturée.
Cette école fonctionne dans des conditions inhumaines, c’est une école technique mais sans atelier pour les pratiques professionnelles, afin de marier la théorie à la pratique. Elle est dépourvue des matériels didactiques et manuels scolaires.
D’où ce souhait de trouver un bienfaiteur pour améliorer la qualité de la formation de la jeunesse congolaise. Cela pourrait être atteint si et seulement s’il y a l’amélioration des bâtiments et de son mobilier scolaire.
Selon les autorités scolaires de l’Institut LYAMBO, les travaux de construction des bureaux et de deux salles de classes non achevés jusqu’à aujourd’hui avaient été amorcés grâce à l’appui dont il avait été bénéficiaire de la part de la communauté locale avec l’accompagnement technique de l’organisation l’ULC DDI, il y a de cela plus de deux ans.
Ecole primaire MBUTO non conventionnée, publique
En entrant dans la concession scolaire, le premier constat c’est que c’est un établissement dont les 8 classes sont toutes faites en planches. Son directeur, KASEREKA MATHE Charles, révèle que cette école créée en 2006 héberge 465 écoliers dont 246 filles et 219 garçons.
Cependant, comme la précédente école, l’EP Mbuto se heurte également aux problèmes d’accueil des enfants déplacés en provenance de la zone de Beni, fuyant les massacres des ADF. D’autres sont des orphelins 24 au total dont 17 filles et 7 garçons qui ont perdu leur parents dans des massacres et lors des maladies à virus Ebola. A cela s’ajoutent aussi les handicapés qui sont au nombre de 6 dont 4 filles et 2 garçons.
KASEREKA MATHE Charles plaide ainsi auprès des personnes de bonne volonté de lui venir à la rescousse pour l’amélioration des conditions de formation de son institution. Son école a besoin des bons bâtiments, de l’eau, des latrines, des matériels didactiques mais aussi de mobiliers scolaires. Outre les matériels, l’appui à la scolarisation des vulnérables qui étudient dans cet établissement.
Cette autorité scolaire se rappelle aussi de l’appui dont certains écoliers vulnérables avaient été bénéficiaires de la part de la Fondation Roi Baudouin agissant au nom du Fonds Guido Heylen il y a de cela plus de deux ans. Celle-ci dotait des fournitures scolaires et payait des frais scolaires pour d’autres.
Centre de Rattrapage scolaire Kindugu 2
Composé de 3 classes et 150 élèves, ce centre récupère des vulnérables, des enfants abandonnés sur la rue, des filles-mères. C’est essentiellement les personnes qui ont dépassé l’âge scolaire. C’est notamment celles dont l’âge est déjà au-delà de 10 ans jusqu’à 40 ans.
Dans ce centre de récupération, pendant 3 ans, un cursus scolaire de 6 ans est résumé. Et après trois ans, on est admis aux études secondaires, du moins pour ceux qui ont l’âge requis. En défaut, les plus âgés ont pour la plupart opté pour l’apprentissage des métiers professionnels: la menuiserie, la coupe-couture, la mécanique-automobile, la maçonnerie, la coiffure, la pâtisserie, l’élevage et autres.
Malheureusement, d’après KAVIRA KATSWAMBA Aminata, beaucoup d’apprenants ont du mal à finir ce cursus de scolarisation en dépit de moyens. Rappelant que ce sont des jeunes abandonnés qui sont formés, le centre est confronté aux problèmes d’insolvabilité notoire. A cette enseignante d’ajouter que pendant 3 ans ils payent 18 dollars par trimestre. Mais étant des jeunes récupérés dans la rue, des démobilisés, des orphelins et des déplacés de massacres à Beni, ils sont incapables de payer les frais.
Ce qui est à la base de la déperdition scolaire surtout que beaucoup d’entre eux sont des bonnes, des domestiques, des filles-mères et des couples séparés. Cela conduit également aux départs des formateurs qui ne sont pas bien rémunérés.
D’où le besoin d’un partenaire pour appuyer le centre, payer les enseignants, équiper le centre en matériels didactiques, aider à créer une cantine scolaire et une ferme école. Un autre besoin demeure la construction des bâtiments, car ceux qui sont utilisés actuellement restent en état de délabrement très avancé. Il faudrait aussi construire des toilettes.
EP VULINDI, publique conventionnée catholique
Composée de 16 classes, cette école encadre 1 055 écoliers dont 547 filles et 508 garçons. Mais en entrant seulement dans les enceintes de cette école primaire, c’est une larme aux yeux qui coule d’une manière involontaire. Et pour cause, l’état vétuste des bâtiments des classes. Des fissures dans les murs, des plafonds, des fondations détruites et même toitures qui suintent.
KASERKA KIVINGU Melchior, directeur de cet établissement scolaire, regrette qu’un total de plus de 1 000 élèves n’ont que 20 toilettes y compris même celles des enseignants. Cette insuffisance de latrines est à l’origine des infections, surtout chez les écolières.
Cette autorité scolaire craint également pour la sécurité des écoliers de quatre classes, dont le bâtiment a été construit à l’époque coloniale. Il peut s’écrouler d’un moment à l’autre, d’après cette autorité scolaire.
Parmi les besoins majeurs de cette école, le directeur évoque la reconstruction de ces bâtiments, l’augmentation du nombre des toilettes, l’adduction en eau potable, l’informatisation des bureaux et des classes, l’équipement des classes, ainsi que leur multiplication.
EP LIVATE, publique conventionnée islamique
C’est une école primaire dont la majorité des classes est construite en planches. Sur les 18 classes 2 seulement sont faites en dur. Selon MASIKA MUSUBAO Florence, directrice de cette école, la population de son établissement est composée de 1 156 élèves parmi lesquels 632 filles et 524 garçons.
Cette enseignante assise fait entendre que son établissement éprouve plusieurs difficultés liées à aux infrastructures. Il s’agit entre autres des mauvaises conditions d’études dans lesquelles les écoliers apprennent. D’où elle émet le vœu de voir les personnes de bonne volonté leur venir en aide. Cela passe par la construction des classes, des latrines étant donné que celles construites par la Fondation Roi Baudouin agissant au nom du Fonds Franciscus O. restent insuffisantes. Cette école qui mérite d’avoir au moins 28 latrines dispose de seulement 16 latrines.
Les autres besoins majeurs de cet établissement demeurent l’assistance et l’appui des élèves vulnérables. Les déplacés, les orphelins, les enfants vivant avec handicap ont besoin de fournitures scolaires, d’uniformes etc.
La directrice note également le besoin en eau potable au sein de l’établissement et l’équipement des classes. En plus, il est impérieux pour l’école d’initier des projets d’autofinancement ou mieux d’auto-prise en charge. A l’instar de l’élevage, de pisciculture, de secrétariat public, cantine scolaire pour ne citer que ces exemples.
Complexe scolaire LA PERSEVERANCE, géré par l’asbl ADELUC
L’école primaire et l’institut secondaire La Persévérance est un établissement communautaire, initié par l’Association pour le Développement Socio-économique et de Lutte contre le Chômage. Ce complexe scolaire héberge respectivement 260 élèves au primaire et 89 élèves au secondaire. Avec 6 classes au primaire et 7 au secondaire, cette institution fait face à plusieurs défis.
Selon KAMBASU HANGI Japhet, cet établissement scolaire est dépourvu complètement de tout ce qu’il faut pour une école, pour une formation de qualité. Pas de classes, pas de matériels d’enseignement, pas de lieux d’aisance, et j’en passe.
D’où, demande cette autorité scolaire, il faudrait un appui de bienfaiteurs sans lequel l’établissement risquerait de fermer ses portes. Pourtant il contribue à l’encadrement des vulnérables enfants victimes du contexte sécuritaire que traverse la province du Nord-Kivu.
Il s’agit d’enfants déplacés victimes des massacres à Beni et groupes armés négatifs autour de la ville de Butembo, des orphelins de la même situation et autres.
Cette institution aimerait disposer de bonnes classes bien équipées, de fournitures scolaires et matériels didactiques, d’ordinateurs et autres outils électroniques, de latrines etc.
Tout en remerciant l’Organisation l’Union pour la Lutte Contre la Délinquance et pour le Développement Intégrale « ULCDDI ONG-ASBL » et la Fondation Roi Baudouin agissant au nom des Fonds Guido Heylen et Franciscus O. pour son soutien à leurs initiatives et dans les écoles de Butembo et ses environs, les différents chefs d’établissement scolaires et enseignants appellent celle-ci à leur appuyer davantage et de les mettre en contact avec d’autres bienfaiteurs et donateurs privés partout dans le monde.
© CongoForum – Roger Mulyata, 22.02.24
Images – source: presse congolaise