Plébiscite de Félix Tshisekedi pour le deuxième mandat: quelles leçons pour quelle gouvernance? (Gabriel Kamba)
(Tribune libre)
Le 20 décembre 2023, le peuple congolais a été convié aux urnes pour des élections générales, à l’issue desquelles le président sortant a obtenu un vote qui ressemble à un plébiscite. Même si certaines irrégularités ont été signalées, beaucoup de congolais semblent attribuer ces forfaits plus aux candidats des élections législatives qu’au président sortant. Ce qui a été une source de polémiques.
Mais, du point de vue d’analyste que nous sommes et au delà de ces controverses du reste fondé, nous pensons qu’il ait des leçons à tirer en vue d’une gouvernance qui rencontre les attentes de la population congolaise.
Des leçons à tirer
Une analyse froide de cette situation fait remonter à la surface quelques enseignements, il s’agit notamment d’une forte mobilisation autour de la Nation, d’une volonté de renouvèlement de la classe politique, de l’obligation de répartition équitable des revenus du pays pour ne citer que ceux-là.
S’agissant de la mobilisation autour de la nation, le congolais s’est montré acquis à la cause de son pays, à tel point que toute personne, toute organisation, toute puissance (Etat ou groupe d’Etats) désignée comme complice des dérives du Congo est un ennemi à combattre. C’est ainsi que, le président Tshisekedi, qui avait déclaré au début de son premier mandat être prêt à mourir pour la cause du Congo, est perçu comme le porte-étendard de ladite cause.
Quant au désaveu de la classe politique, la clameur publique qui a suivi la dénonciation des tricheurs aux élections législatives ne sont que des stigmates de cette perte de confiance envers ces politiciens carriéristes. A ce propos, on peut noter l’incompréhension dont la population a fait montre concernant certains de ces désavoués que la CENI n’aurait pas épinglés comme fraudeurs, au moment où ceux-ci n’étaient même pas coupables.
Concernant les attentes de la population, elles sont nombreuses et légitimes et ne pas en tenir compte est simplement suicidaire. Voilà pourquoi des options claires de gouvernance doivent être levées.
Des options possibles de gouvernance
Fort de ce message, le président devrait tabler sur des décisions innovantes notamment :
- Eviter de former un gouvernement trop politique: les gens sont fatigués de combines des politiques pour le partage du pouvoir. Pour la population, ce sont des arrangements égoïstes qui nuisent à ses intérêts. Dans le cas présent, le président, fort de la confiance du peuple, peut décider de passer outre la majorité parlementaire et désigner un premier ministre de son choix, pour vu qu’il soit compétent, expérimenté et intègre, le souverain primaire se moque de la procédure politique, l’essentiel est qu’il fasse le boulot.
- Une autre option à considérer est la gouvernance décentralisée du pays qui a institué trois niveaux de pouvoir (national, provincial et local) dont il faut tenir compte. Ceci devrait avoir comme conséquence la réduction des pouvoirs du gouvernement central au profit de la base, en limitant le nombre des ministères au niveau central pour permettre au niveau local de bien conduire une gestion de proximité. Former un gouvernement national de moins de 30 ministères peut être source d’efficacité et de maitrise des dépenses courantes.
- Enfin et pour répondre aux attentes socio-économiques de la population, le président devrait faire montre de plus d’autoritarisme dans le suivi des chantiers devant promouvoir le bien-être de la population. Cette dernière lui a confié individuellement le pouvoir et attend le voir à l’œuvre quitte à lui de prendre des décisions salvatrice pour corriger les erreurs du passé.
Le Grand penseur Aristote a dit qu’il n’y a pas de mauvais régime en soi, tout est question du bonheur que le peuple en tire. Donc un régime peut être autoritaire mais si c’est le prix à payer pour le bien de la population, la démocratie peut être rangée dans le placard.
Gabriel Kamba, analyste
10.02.24