Histoire fdc

Entre délinquance et résistance au Congo belge : l’interprétation coloniale du braconnage (Patricia Van Schuylenbergh)

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La question du braconnage au Congo durant la colonisation belge (1885-1960) présuppose
un regard européen, des vues selon lesquelles toute chasse non conforme à des règles
édictées dans un contexte historique et social particulier est qualifiée d’illicite et stigmatisée
comme acte de braconnage. Cette catégorisation participe de la politique coloniale de
gestion des terres et des ressources naturelles, y compris la faune et la végétation sauvages.
L’encadrement administratif des espaces et des mouvements, et la catégorisation des
actes individuels et collectifs imposent un mode de penser et de vivre. Les populations
autochtones se trouvent exclues de lieux assignés à la protection et à la conservation
de la faune et de la flore. Les techniques et les périodes autorisées de chasse et pêche
sont désormais celles des colonisateurs. L’application de l’appareil européen importé
en colonie prévoit aussi la sanction des infractions où figurent les techniques locales
de chasse. Les Congolais y figurent comme ravageurs d’un environnement placé
sous la garde du pouvoir occidental.
La chasse illicite fut-elle acte de résistance ? Nous pouvons plutôt y voir la poursuite
d’activités normales au mépris d’un concept occidental imposé d’autorité. L’irréalisme
des mesures et les difficultés de contrôle laissèrent une marge d’action à la quête
d’aliments et de revenus des Congolais, aussi bien qu’au commerce croissant induit
par la colonisation elle-même.

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